PARTIE IV
TENTATIVE D'AJUSTEMENT DES POLITIQUES LAITIERES AUX
REGLES DU COMMERCE INTERNATIONAL
I.- INTRODUCTION :
A la veille de l'entrée du pays dans le domaine du
libre échange global, en adhérant à l'Organisation
Mondiale du Commerce et en mettant en application les protocoles d'Accords avec
l'Union Européenne dont l'entrée en vigueur date de septembre
2005, les questions fondamentales auxquelles les politiques laitières
seront confrontées à l'avenir, dans ce contexte, sont fortement
liées à la part d'influence de la politique de protection
tarifaire qui n'existera plus.
La marge de manoeuvre de la politique laitière actuelle
par rapport aux disciplines de l'OMC reste très limitée. Les
formes d'intervention de l'Etat en matière de prix et de soutien
à l'investissement au profit de la filière lait n'ont pas permis
d'obtenir les résultats escomptés. Cet état de fait
conduit nécessairement les pouvoirs publics à une
réadaptation de la politique financière dans toute sa dimension
d'appui au développement du pays. La participation à
l'amélioration des ressources physiques par la capitalisation effective
des moyens de production constitue une des voies classiques de reformulation du
système et du dispositif d'appui économique et financier à
la filière. Toutefois, d'autres voies seraient à prospecter.
Dans cette quatrième partie de notre étude, nous
tenterons de cerner les possibilités éventuelles de changement de
la politique d'intervention et d'évaluer les effets sur les principaux
acteurs de la filière dans le cadre du nouveau contexte
économique mondial accéléré par le processus
d'intégration économique régionale.
Nous essayerons, sur la base d'un aperçu analytique de
la production mondiale de lait et des mécanismes qui la
régissent, d'une part, et d'autre part l'impact des règles du
commerce international sur la production locale, de proposer des voies à
prospecter en vue d'asseoir une politique laitière appropriée aux
besoins du moment et dotée de dispositifs de régulation lui
permettant de s'adapter au aléas du commerce international.
II.- LE LAIT A L' ECHELLE MONDIALE :
La production mondiale de lait est en
accroissement constant ; elle a été de 557 millions de
tonnes en 1998, et se situe en fin 2004 aux environs de 600 millions de tonnes
(FAO Last Reviewed 24/05/2005). Elle est structurée de manière
simple :
-Lait de Vaches : 85 %
-Lait de Bufflonnes: 11%
-Lait de Brebis : 2%
-Lait de Chèvres : 2%
Les pôles les plus importants de la production
laitière, en fin 2004, sont les Etats-Unis, (premier pays producteur
mondial de lait de vache avec 77,2 millions de tonnes) et l'Union
Européenne (des 15) avec 130,4 millions de tonnes (regroupant les zones
les plus intensives de production et de concentration du cheptel bovin laitier
telles que la Hollande, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne et l'Italie
où l'on rencontre souvent des moyennes journalières de lactation
supérieures à 40 litres / vache).
Avec les nouvelles intégrations en cours des pays de
l'Europe de l'Est (10 pays) dans la « Zone Euro », la
reprise après le fléchissement des années 90 de la
production laitière dans cette région a favorisé la
recherche de nouveaux modèles d'organisation et l'élaboration de
stratégies en mesure de maintenir à moyen terme la
prédominance de l'UE sur le marché international du lait.
Toutefois de nouveaux pôles de développement de la production
laitière à croissance rapide (supérieure à 5% /an)
ont fait jour, notamment le Brésil (passant de 10 à 23,5 Mt entre
1990 et 2004) et l'Inde (de 40 à 88 Mt durant cette période en
incluant le lait des bufflonnes).
Les volumes en équivalent lait faisant l'objet de
transactions dans le commerce international ne représentent qu'une
petite fraction de la production mondiale (environ 7% en 2004) mais
constituent, par la diversité des zones d'importation, un facteur
d'équilibre essentiel pour le maintien de l'activité
socio-économique des pays exportateurs (USA, UE et notamment
l'Océanie qui avec une production de 25 Mt contrôle le tiers du
commerce international du lait). D'autres pays producteurs de lait, capables de
modifier l'équilibre établi sur le marché international,
tel le Canada, tentent de s'introduire à travers les cloisonnements
réglementaires défendus par d'autres pays détenteurs de
parts de marché tels les USA et la Nouvelle Zélande.
Les principales zones d'importation sont l'Afrique du Nord, le
Proche et Moyen Orient (20%), l'Amérique latine (33%), l'Asie du Sud Est
(33%) ; le reste concerne les pays de l'Afrique Sub-saharienne.
Les prix au titre des transactions commerciales du lait, ont
augmenté au cours de ces dernières années. Cet état
de fait est dû essentiellement à l'influence des augmentations
successives des prix des hydrocarbures, du fléchissement du dollar US et
de la réduction des subventions accordées par l'UE à
l'exportation. Ce dernier aspect qui a une influence importante sur la
stabilisation du marché à l'exportation, fait l'objet
d'âpres négociations entre les Membres de l'UE pour arriver
à une solution en conformité avec les règles de l'OMC. A
titre indicatif, la réduction des restitutions à l'exportation
les a portés de 640 $US la tonne en 2000 à 150 $US en 2005.
Le prix de la tonne métrique de poudre de lait est
passé de 1500 $ US en 2000 à 2300 $ US en 2005 (Smati S.).
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