3-Les forêts camerouno-congolaises
D'après une observation des experts, «
elles couvrent environ 8 100 000 ha, soit 17.4 % du territoire national ;
ce sont essentiellement des forêts semi-sempervirentes relativement
humides. La diversité de la flore est généralement plus
faible que dans les forêts du littoral atlantique. Les affinités
avec les forêts du bassin congolais sont nettes, comme en
témoignent les espèces suivantes : Lannea welwitschii,
Cleistopholis patens, Xylopia staudtii, Bombax buonopozense, cordier
platythyrsa,Swartzia fistuloides, Irvingia grandifolia et entandrophragma
utile. À l'exception notable de Gilbertiodendron dewevrei qui peut
former des peuplements sempervirents, cette forêt, contrairement à
certaines parties de l'aire atlantique, n'est pas caractérisée
par des Caesalpinaceae grégaires . On trouve aussi dans cette aire les
forêts marécageuses du Haut Nyong avec Sterculia subviolacea et
Macaranga spp , des forêts marécageuses avec Phoenix reclinata et
Raphia monbuttorum et des forêts périodiquement inondées
avec Guibourtia demeusei »".
4-Les forêts situées sur l'aire
atlantique
Elles s'étalent plus précisément
sur la région nigéroCamerouno-gabonaise, et est
composées,« des forêts sempervirentes qui couvrent
environ 4 700 000 ha, soit 10% du territoire national. La diversité
floristique y est très élevée et l'endémisme
marqué. La flore a certaines affinités avec les forêts
d'Amérique du sud. Par exemple, les arbres Erismadelphus exsul et
Sacoglottis gabonensis appartiennent
54 MONZA Jean-Pierre ,
L'Atlas pour la conservation des forêts tropicales d'Afrique,
Paris, 1996, p_134. " Idem.,p.134.
à des familles médiocrement
représentées en Afrique, mais abondantes en Amérique du
sud >>56.
5-La mangrove
Certaines zones côtières du Cameroun,
soumises à un envahissement des marées, ont favorisé
l'installation des formations arbustives déterminées par la
nature du soL « II
s'agit d'une forêt plutôt basse,
d'environ 10 à 15 mètres qui, par rapport aux forêts denses
humides qu'elles côtoient, est composée d'un nombre limité
d'espèces dont les palétuviers sont les représentants les
plus caractéristiques. Ces formations sont typiques tant par la
physionomie générale qui se dégage de
l'enchevêtrement des racines-échasses et par la
multiplicité des formes vivipares que par la faune étrange
qu'elles abritent. On trouve des mangroves avec une strate ligneuse très
basse dans les zones tropicales sèches ou même arides, comme au
sud de la péninsule arabique. D'un point de vue fonctionnel, elles
jouent un rôle essentiel dans le maintien des vases côtières
et dans la reproduction de certains animaux marins
»57.
Sur tout le territoire, « il restait 243 400
ha de mangroves au Cameroun en 1985. Deux aires principales, couvrant ensemble
quelque 230 000 ha, se trouvent à l'est et à l'ouest du mont
Cameroun. Le palétuvier rouge Rhizophora racemosa occupe au total 90
à 95% de la surface des mangroves. IL peut atteindre 25 m de haut tandis
que les deux autres espèces de Rhizophora dépassent rarement 6 m.
On trouve aussi le palétuvier blanc Avicennia germinans. Les mangroves
et les eaux côtières voisines, qui atteignent jusqu'à 50 m
de profondeur, hébergent et nourrissent d'importantes ressources de
pêche d'une valeur économique et alimentaire non
négligeable. La production annuelle de poisson dans le Rio del Rey et
l'estuaire du Cross est d'environ 12 800 tonnes dont au
56 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la
conservation des forêts tropicales d'Afrique, Paris, 1996,
p.134
57 BERGONZIMI Jean-Claude et LANDY Jean-Paul
, Les forêts tropicales ( cirad)
,Montpellier,2000,p.17.
moins le tiers ( d'une valeur de 8 millions de
dollars) provient du secteur camerounais »58.
Selon le Centre Mondial de Surveillance de la
Conservation des Forêts, les forêts camerounaises sont
subdivisées en sept grandes parties avec les pourcentages très
variés comme l'indique le tableau suivant.
Types de forêts rencontrées au
Cameroun
|
Pourcentages et superficies
forestières
(((1112)
|
Forêts ombrophile sempervirente
à
larges feuilles plaines
|
56%
163582 km2
|
Forêts altimontaine
|
1%
|
|
3188km2
|
Forêts
|
1%
|
marécageuses
|
2208 km2
|
Mangrove
|
1%
|
|
2275km2
|
Forêt dégradée
|
22%
|
|
63438km2
|
Arbres épars
|
8%
|
|
24163km2
|
Forêts ombrophile
|
11%
|
décidue et semi- décidue à
larges feuilles
|
31111km2
|
|
Source : Observatoire mondial des forêts ( OMF) :
Aperçu de la situation de l'exploitation forestière au cameroun.
Washington, 2000,p. 20.
58 MONZA Jean-Pierre , L'Atlas pour la
conservation des forêts tropicales d'Afrique,
Paris,1996,p.135.
instituées dans six localités. Les
principaux grands acteurs de la décentralisation au Cameroun sont : le
FEICOM ( Fonds spécial d'équipement et d'intervention communale
), ACVC ( association des communes et villes du Cameroun), UCVC ( Union des
communes et villes du Cameroun ) et la MAETUR.
Les politiques de décentralisation visent le
plus souvent « la mise en place d'organes locaux ( les
collectivités territoriales) auxquels 1 'Etat transfère
d'importants pouvoirs de décision. La décentralisation suppose la
personnalité juridique, la notion d'affaires propres, l'élection
de représentants, ainsi que des moyens humains, techniques etftnanciers.
Les organes décentralisés restent soumis à un
contrôle de tutelle de la part de 1 'Etat dont les modalités
varient ( contrôle a priori ou a posteriori)
»61.
D'après GONTCHAROFF George, les raisons
fondamentales de la décentralisation ont pour objet : « une
volonté de dégraisser les services centraux de l'Etat,
considérés comme trop lourds. Les politiques des Etats
menées depuis plus de quarante ans en faveur de leurs
administrés, par l'intermédiaire de services techniques
déconcentrés, appuyés ou non par la coopération
internationale, ont souvent déçu et sont actuellement ouvertement
remises en question : L'Etat central prendrait trop de place-ponctions
démesurée sur les ressources d'une société- il
serait irresponsable-les fonctionnaires nommés n'ont pas de compte
à rendre aux populations- il serait inefficace-gaspillage, effets
pervers des politiques-,une volonté de rapprocher le pouvoir du citoyen
»62.
L'idée de la décentralisation occupe
aujourd'hui une place importante dans les discours : « elle implique
une répartition différente du pouvoir, voire une notion
différente du pouvoir, et personne ne se dessaisit volontairement d'un
pouvoir qui assure des avantages dans l'immédiat
»63. Mais comme remarque, la
décentralisation donne aussi une possibilité de créer un
édifice au niveau du pouvoir traditionnel local :
061 JACOB jean-pierre , Quelques
considérations sur les politiques de mise en place de la
décentralisation en Afrique rurale, Ouagadougou,
1996,p.l.
62 GONTCHAROFF, Georges ,
Démocratie, citoyenneté dans la décentralisation. Etat
des lieux de la citoyenneté locale : décentralisation et
participation, territoires, no 321, 1991, p.8.
63 DDC ,
Décentralisation et développement, Berne ,1999, p.6.
« 1 'Etat central peut aussi 1 'utiliser
pour se décharger de tâches essentielles sur des
communautés locales sans pour autant leur donner la maîtrise
nécessaire sur les ressources financières correspondantes
»m.
L'exploitation forestière a commencé au
Cameroun depuis de longues années. Elle est faite sous titre (
concession forestière, vente de coupe, assiette de coupe ), et sous
licence. Elle a commencé dans la région du littoral, et s'est
progressivement étendue dans les autres régions au fur et
à mesure que le pays a intensifié des infrastructures
routières et ferroviaires. Et, comme remarque, « la gestion
décentralisée des ressources naturelles est 1 'un des nouveaux
sésames du développement. Elle est devenue la
référence convenue du discours des ONG rurales ou de la banque
mondiale. Il est vrai que plus d'un siècle de gestion centralisée
des forêts de L'Afrique francophone, sur le modèle de l'ancienne
métropole, n'a guère apporté de preuves d'une grande
efficacité en matière de bonne gestion ou de contribution au bien
être des habitants des zones forestières »65
.
Eu égard au caractère vital des
ressources naturelles, au nombre élevé des demandes d'offre de
titres d'exploitation, et la gestion illicite, le gouvernement camerounais
à travers son ministère de l'environnement et des forêts
s'est doté d'une législation forestière qui n'autorise que
les résidents camerounais ou à des sociétés
inscrites au registre du commerce de mener une exploitation forestière.
Cette législation forestière n'est qu'une décentralisation
du pouvoir central du ministère via l'action des exploitants forestiers
sur le terrain : « les sociétés d'exploitation du bois
bénéficient de trois ans pour déposer auprès du
Ministère de l'Environnement et des forêts un plan de gestion. Une
fois ces plans acceptés, les droits d'exploitation sont finalisés
et la période de 15 ans de droits débute
»66.
Mais, comme contact, « la nouvelle
loi forestière du Cameroun, inspirée par les bailleurs de
fonds, véhicule des conceptions de l'aménagement des espaces
éloignés des
64 DDC ,
Décentralisation et développement, Berne ,1999, p.6.
65 GONTCHAROFF, Georges ,
Démocratie, citoyenneté dans la décentralisation. Etat
des lieux de la citoyenneté locale : décentralisation et
participation, territoires, no 321, 1991,
p.8.
66www.globalforestwatch.org
pratiques locales. Rompant avec les
clichés de la gestion durable des forêts par les
communautés, le mouvement de privatisation collective des espaces qui se
dessine tend vers une diffusion du modèle rentier à de nouvelles
couches sociales et favorise des alliances politiques inédites. Mais il
risque de faire exploser les fondements de l'état forestier
»67.
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