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Les mécanismes de financement et de gestion budgétaire de la CEMAC

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par Marcel Williams TSOPBEING
Université de Dschang - Cameroun - Diplome d'Etudes Approfondies(D.E.A.) en droit communautaire et comparé CEMAC 2004
  

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B - L'organisation du contrôle

Les pouvoirs de contrôle budgétaire de la Commission interparlementaire ne sont pas clairement définis dans le Règlement intérieur de la commission. Mais une lecture pointilleuse des dispositions des articles 3 et 4 du Règlement intérieur permet de remarquer que le contrôle s'exerce à la fin de l'exercice budgétaire, lorsqu'elle reçoit et examine le rapport annuel élaboré par la Cour de Justice de la CEMAC et les Cours des Comptes des Etats membres. Ce contrôle peut également s'exercer en Cours d'année. Le contrôle politique de l'exécution du budget s'exerce à la fin de l'exercice budgétaire. Aux termes de l'article 3 de son Règlement intérieur en effet, la Commission interparlementaire reçoit et examine le rapport annuel établi par le Secrétaire Exécutif sur le fonctionnement et l'évolution de la Communauté. Elle est saisie du rapport annuel élaboré par la Cour de Justice de Communauté et les Cours de Comptes des Etats sur l'évaluation des systèmes de contrôle en vigueur dans la Communauté.

Le contrôle politique de l'exécution du budget pourrait aussi s'exercer en Cours d'année. L'article 4 du Règlement intérieur précise en effet que la commission peut à son initiative ou à leur demande, entendre le président du Conseil des Ministres, le président du Comité Ministériel, le Secrétaire Exécutif ou le Gouverneur de la BEAC. Faute de précision sur le moment d'intervention de cette prérogative, on peut croire que cette prérogative pourrait être exercée à la fin de l'exercice budgétaire ou en cours d'année.

La commission peut pour faciliter l'exercice de son contrôle créer des groupes de travail en vue de s'informer dans des domaines spécifiques. La commission peut rendre public les résultats de ses travaux.

C - Les limites du contrôle politique de l'exécution du budget

La Commission Interparlementaire exprime ses vues sous forme de résolutions et rapports et ses prérogatives en matières de contrôle budgétaire sont limitées contrairement à celles des Parlements de l'UEMOA et de l'Union européenne. Tout ceci peut donc contribuer à limiter le contrôle politique de l'exécution du budget si l'on ajoute aussi le fait que la commission ne participe pas déjà l'élaboration du budget.

Tout d'abord, et comme nous l'avons déjà mentionné, la Commission interparlementaire ne participe pas à l'élaboration du budget. Le budget de la Communauté est l'acte par lequel sont prévues et autorisées les recettes et les dépenses de la Communauté. La commission n'a donc pas beaucoup connaissance des prévisions et des autorisations budgétaires de la Communauté, ce qui rend le contrôle politique difficile.

Ensuite, la commission Interparlementaire tout comme le parlement de l'UEMOA exprime ses vues sous forme de résolutions ou des rapports dépourvus de force juridique. Les pouvoirs du Parlement européen semblent plus renforcés pour ce qui est de la force juridique qui s'attache à ses décisions notamment le vote de la décharge. La « décharge » est la décision par laquelle le Parlement donne acte de sa gestion à la commission(de l'Union européenne), après que le Conseil (de l'Union européenne) ait statué sur une recommandation de donner décharge. Le parlement accorde (ou refuse) la décharge après avoir examiner les comptes de l'exercice écoulé, le bilan et le rapport annuel de la Cour des Comptes. Il peut aussi entendre la commission avant de se prononcer. La décharge exprime le jugement politique de l'autorité budgétaire sur le comportement de la commission, institution responsable de l'exécution du budget. La force juridique qui s'attache à la décharge est importante : la commission est tenue de tout mettre en oeuvre pour donner suite aux observations du Parlement européen concernant l'exécution des dépenses.

Enfin les prérogatives de la Commission Interparlementaire en matière de contrôle de l'exécution du budget sont limitées contrairement à celles du Parlement de l'UEMOA et du Parlement européen. En effet, le Parlement de l'UEMOA tout comme le Parlement européen est doté des prérogatives importantes en matière de contrôle de l'exécution du budget. Ainsi, au-delà de l'examen du rapport de la Commission, le parlement de l'UEMOA, lorsqu'il relève des dysfonctionnements dans l'accomplissement des missions dévolues à la Commission par le Traité, peut de façon graduelle interpeller la Commission, saisir le Comité, saisir le Conseil, voter une motion de censure contre la Commission ou saisir à la Conférence des chefs d'Etat. Le Parlement de l'UEMOA peut dans son rôle de contrôle constituer des commissions d'enquête. Les députés peuvent poser des questions écrites, orales ou d'actualité au Conseil et à la Commission. Toutes ces prérogatives sont de nature à renforcer le contrôle politique de l'exécution du budget dans ces organisations régionales.

Toute fois, le contrôle politique de l'exécution du budget dans la sous région CEMAC ne semble pas encore bien construit. L'avant projet du Traité instituant le Parlement communautaire a été discuté à Yaoundé en juillet 2001. Il faudra attendre son adoption pour se faire une idée exacte des compétences normatives et surtout budgétaires du Parlement communautaire. Mais la perspective d'une prochaine transposition des pratiques parlementaires internes des Etats membres de la CEMAC au niveau sous régional n'augure nullement de l'efficacité du futur Parlement communautaire.

En définitive, le contrôle de l'exécution du budget s'analyse d'abord en un contrôle interne exerce principalement par le Contrôleur Financier et par l'Auditeur interne à côté du contrôle hiérarchique de l'ordonnateur et du contrôle préventif du comptable. Ensuite, le contrôle externe exercé par la Chambre des Comptes et la Commission interparlementaire. Le contrôle exercé par la Chambre des Comptes s'étend au niveau national à travers la coopération instituée par le statut de la Chambre des Comptes entre elle et les Cours des Comptes nationales. Dans l'Union européenne, le contrôle à l'échelon national est plus renforcé. En effet, étant donné que la Commission(de l'Union européenne) utilise les administrations nationales pour l'exécution matérielle des opérations qui concernent directement les Etats membres, l'article 209 du Traité des Communautés européennes prévoit que les Etats membres ont l'obligation de combattre la fraude qui porte atteinte aux intérêts financiers de la Communauté(actuellement Union européenne). Indépendamment de ces contrôles financiers effectués par les Etats membres en application des dispositions législatives, réglementaires et administratives nationales, des agents de la Commission(de l'Union Européenne) peuvent contrôler sur place les actions financées par des Fonds Communautaires. Pour ce qui est du contrôle politique de l'exécution du budget de la CEMAC, il est pour des raisons susmentionnées, relativement limité.

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