5.2. IMPACT SUR LES POTENTIALITES FORESTIERES
Les dangers provoqués à la forêt à
cause du pâturage sont considérés à un certain
nombre de facteurs :
· La nature du bétail introduit.
· Le nombre de têtes de bétail à
introduire.
· La répartition du bétail à
l'intérieur de la forêt.
· La façon d'utiliser les ressources
fourragères de la forêt.
5.2.1. Nature du bétail introduit
Bien que tous les animaux qui font partie du bétail
domestique broutent accidentellement, surtout lorsqu'ils y sont obligés
par l'absence d'autre fourrage certaines parties des arbustes ou des jeunes
arbres, ces animaux peuvent se classer en deux catégories :
- La première catégorie renferme ceux qui
broutant à la fois des végétaux herbacées et
ligneux ont une préférence, souvent très marquée.
Ce sont essentiellement la chèvre et les animaux de la même
famille. Le danger pour la forêt de cette première
catégorie de bétail domestique est donc qu'il détruit les
jeunes semis des arbres forestiers et aussi les jeunes arbres qui dans leurs
premières années ont pu échappé à sa dent,
de sorte que la forêt se trouve dans l'impossibilité de se
régénérer, naturellement et même artificiellement et
que les peuplements deviennent ainsi de plus en plus clairs et composés
d'arbres rabougris. C'est pourquoi en Tunisie au temps passé, la
chèvre est strictement exclue de la forêt.
- La seconde catégorie de bétail comprend tout
ce qu'on est convenu d'appeler le gros bétail (bovin local). Ce
bétail a des habitudes fourragères beaucoup plus
sélectives et en général préfère les
végétaux herbacés aux végétaux ligneux. Il
est donc moins dangereux pour la conservation des peuplements forestiers.
Certains animaux domestiques ne peuvent être
classés ni dans l'une ni dans l'autre de ces deux catégories de
bétail. Le mouton a des habitudes fourragères sensiblement plus
sélectives que les bovins, mais ses préférences se portent
aussi bien sur certains végétaux ligneux que sur certaines
plantes herbacées. Ce caractère peut être mis à
profit pour l'élimination de certains arbustes.
En général, le mouton est
considéré comme plus dangereux que les bovins pour la
conservation des peuplements forestiers.
5.2.2. Nombre de tête de bétail à
introduire (charge)
Les forêts ont vu successivement une augmentation
progressive de la population animale, vivant sur les arbustes et les jeunes
semis, puis une surpopulation, utilisant des arbustes de moins en moins
appréciés. Les divers types de forêts affectées par
ce pâturage intensif ont subi et subissent encore des modifications de
leurs compositions.
On observe sur les forêts pâturées une
végétation présentement existant sur un terrain de
parcours déterminé, bien souvent n'est plus celui qui correspond
à ces potentialités normales.
5.2.3. La répartition du bétail à
l'intérieur de la forêt
On a déjà insisté sur les
dégâts causés par le nombre de tête de bétail
introduit dans une forêt. Il ressort de tout ce qui vient d'être
dit que la répartition de ce bétail sur les différentes
parties de la forêt présente une importance presque égale.
On entend ici par ce mot la répartition dans le temps aussi bien que
dans l'espace.
5. 2.3.1. Répartition dans l'espace
Puisque la forêt présente sur ses diverses
parties des caractères très différents du point de vue de
l'abondance du fourrage et de l'attirance pour le bétail et aussi la
sensibilité au pâturage des essences forestières diverses
par apport aux autres espèces disponibles, il est clair que ces diverses
parties devront porter des charges de bétail à grand nombre. Ces
dernières vont être surpâturées d'où la
dégradation de ses potentialités, cause de pâturage
concentré sur une partie par rapport à une autre de la
forêt.
5.2.3.2. Répartition dans le temps
Suivant les conditions climatiques aux quelles sont soumises,
certaines forêts peuvent toute l'année être utilisées
tandis que dans d'autres le système de pâturage ne peut être
appliqué que de façon saisonnière. Dans notre cas, le
pâturage s'exerce de façon continue et pendant la totalité
de l'année. Le pâturage sans arrêt pendant la période
de floraison s'oppose contre la période végétative
annuelle des plantes fourragères. Aussi dans d'autres surfaces
forestières que les différentes parties sont utilisées
successivement, le bétail revenant sur la première partie
parcourue après avoir visité toutes les autres où il n'y a
place au système de rotation ou la fermeture de certains endroits
forestiers pendant une période de temps pour qu'ils puissent se
régénérer, ce qui provoque une dégradation continue
des potentialités forestières.
5.2.4. La façon d'utiliser les ressources
fourragères de la forêt
Les ressources fourragères que produit la forêt
sont généralement utilisées en y introduisant directement
le bétail qu'elles sont susceptibles de nourrir. C'est assurément
la moins coûteuse, mais aussi la plus dangereuse façon de les
mettre à profit. Les dommages aux peuplements résultent de la
suppression des semis d'essences précieuses, de l'abroutissement des
jeunes arbustes qui déforme les tiges, du frottement des cornes et des
blessures aux racines ou à la partie inférieure du tronc, qui
provoque la pourriture ou la mort des arbres plus âgés.
A l'appui de ce qui vient d'être dit et pour terminer il
convient de montrer que le pâturage sur les terrains boisés
présentent relativement beaucoup de problèmes tant que les
charges de bétail et les aménagements pastoraux sont mal
organisés de façon que les ressources en fourrage soient
endommagées.
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