3.4.3. Un contexte d'assistance
Le contexte départemental est à l'assistance. Lors
d'un déplacement à Tremblay en France, un bénévole
me lance : « Ici la mairie est communiste, nous devons donc donner les
vêtements du vestiaire aux personnes qui viennent ! ». Cet artifice
de langage n'est qu'un signe mais il révèle une attitude dans le
département. Le niveau des revenus de la population étant
très bas par rapport aux autres départements de l'Ile de France,
la tentation de l'assitance est
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grande. A Saint-Denis, les jours d'ouverture des « Restos du
coeur », 500 personnes attendent leur colis. Etant présents le jour
de l'évaluation annuelle de l'action de solidarité des
associations avec la présence de la mairie, il a été fait
mention de la violence des
« accueillis ». Nul n'a prononcé le terme
d'assistance mais il était présent dans la tête de quelques
uns. Nul n'a osé proposer son analyse. « Vous avez le devoir de
nous nourrir car vous recevez les produits de la banque alimentaire pour nous .
Ces produits nous sont donc dûs. » Il y a donc non pas une
charité du don mais un devoir de donner pour les « restos » et
un dû du don pour les « accueillis ». Nous retrouvons
l'essentialisation de la personne et la prise de responsabilité d'une
structure à la place des personnes qui ne sont plus reponsables de leur
alimentation mais l'ont dévolue aux « restos » qui en ont pris
la charge.
3.4.4. Des personnes et des structures prennent le parti
d'une autre relation
et place des personnes vulnérables.
Au Secours Catholique, sans avoir pris le parti d'une action en
faveur des capacités, les permanents et le bureau de l'association,
motivés par les orientations nationales ont le désir et la
volonté de proposer d'autres formes de solidarité. Certaines
personnes le demandent ou questionnent nos attitudes. Une personne d'un de nos
accueils nous a dit littérallement : « Ici, vous vous nourrissez de
la pauvreté ! ». Cette phrase provocante revèle beaucoup de
nos attitudes et de nos difficultés à donner à la personne
sa place. Elle a été bénévole mais sans que cette
démarche soit accompagné. Elle avait pris du pouvoir devant les
autres personnes accueillies. Aujourd'hui, elle est redevenue « accueillie
» ! Elle demande une place à laquelle elle a droit. Le Secours
Catholique met en avant depuis 20 ans la place et la parole des personnes,
c'est un défi mais c'est également l'unique piste pour grandir
avec les personnes. De plus en plus de personnes le souhaitent et le demandent.
Des activités culturelles se développent en ce sens. Il n'y a
plus accueillants et accueillis mais nous faisons ensemble. Des chercheurs
d'emplois accompagnent d'autres vers le même but à notre
plateforme emploi appelée « Carrières ». Ces nouvelles
pistes vont dans le sens de s'appuyer sur un capital humain vulnérable.
L'accessibilité et les potentialités peuvent être là
mais une vulnérabilité doit être combattue.
Essayons maintenant de conclure ce mémoire en se centrant
sur notre sujet, entre besoins et capacités des personnes, quelles
attitudes pour les acteurs du Secours Catholique ?
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