3. Quelle compréhension par les acteurs du
Secours Catholique de la lutte contre la pauvreté. Limites et
potentialités rencontrées durant le stage.
Une fois établie une approche de la pauvreté selon
les capacités, nous avons essayé d'esquisser le contour d'un
indice contextualisé. Nous avons vu la difficulté de l'approche
avec des objections qu'il nous faut prendre en compte. Cependant la tentative
doit être menée. L'obstacle ne sera pas forcément la juste
critique des données de l'indice ou de la subjectivité du choix
de la pondération de l'agrégation. L'obstacle majeur nous semble
être la place des personnes dans le processus d'analyse et
d'évaluation. Nous verrons que les acteurs sont mues par des
visées différentes et parfois opposées. L'avenir de
l'association passe par le croisement de ces regards pour une cohérence
renforcée et dynamisante.
Nous proposerons une analyse du regard des acteurs de
l'association. Nous ne prétendons pas porter quelque jugement que ce
soit. Une association vit des mutations permanentes. Vivant au coeur de
l'association, nous avons conscience du manque de recul pour analyser celle-ci
de manière sereine et le plus objectivement possible. Nous tenterons
d'avoir un certain recul par rapport à notre place au sein de la
structure. Nous pouvons aussi regretter de ne pas avoir eu le temps de
questionner les différents acteurs pour avoir la parole des personnes
concernées.
3.1. Difficultés et ouvertures face aux
politiques de l'association et aux donateurs.
3.1.1. Communiquer aux donateurs les résultats par
des chiffres.
Le Secours Catholique fonctionne grâce à ses
donateurs nombreux et qui représentent 44% de ses ressources en 2006 et
66% si l'on y ajoute les legs54. Cet état de fait donne au
Secours Catholique des droits et des devoirs. Il doit expliquer aux donateurs
ce qu'il est fait de leur argent mais aussi l'utiliser en fonction de l'appel
qui a été envoyé pour cela. La Cour des comptes qui a
audité le Secours Catholique en 2006-2007 l'a
vérifié55. Le donateur donne pour une cause qui doit
être mise en oeuvre par l'association. La structure doit donc communiquer
sur ses résultats. Ceux-ci sont souvent centrés sur les chiffres.
« 1 600 000 personnes accompagnées par le Secours Catholique en
2006 : là est le coeur de l'activité de
l'association. »56 : C'est la première
phrase de l'éditorial du rapport d'activité qui ne vient que
renforcer la présentation de l'action en page 2 du rapport «
Actions En France : 1 600 000 personnes accueillies et accompagnées
chaque année dans plus de 2 000 lieux d'accueil. A l'international : 574
opérations menées en 2006 dans plus de 80 pays, en lien avec le
réseau Caritas Internationalis (162 Caritas nationales) ; 5 800 000
bénéficiaires directs de l'aide internationale. ». Sans
contester les chiffres, leurs présences semblent cacher la relation des
acteurs du réseau face à leur résultats. Ou encore, que
les résultats ne sont pas l'accompagnement mais le nombre de personnes
accompagnées. La suite du rapport va dans le sens inverse. Plutôt
que de décrire des chiffres ou donner des tableaux, il développe
des actions et la pédagogie du Secours Catholique tant en France
qu'à l'international. Il n'en reste pas moins que ce qui est mis en
avant n'est pas la réussite des personnes mais celle du Secours
Catholique !
|