CHAPITRE V : INTERPRETATION DES RESULTATS ET
RECOMMANDATIONS
Le présent chapitre va nous donner
l'opportunité de nous prononcer sur les résultats que nous avons
obtenus sur le terrain. Dans cette perspective, il est question pour nous de
faire ressortir les fondements de ces résultats, c'est-à-dire les
causes et les paramètres justificatifs qui permettent de cerner ces
résultats. Ce chapitre se structure en deux grands mouvements. Dans un
premier temps, la réflexion que suscitent les résultats
présentés dans le chapitre précédent est
exprimée. Dans un second temps, nous faisons des suggestions et des
recommandations.
V.1- INTERPRETATION DES RESULTATS
Il s'agit à présent, dans cette partie du travail,
de donner un sens et une signification aux résultats
présentés dans le chapitre précédent. Il est
question plus précisément de mettre en relief les facteurs
déterminants des résultats trouvés au cours des recherches
et présentés précédemment.
V.1-1- LA PERCEPTION DES ENSEIGNANTS
Nous avons remarqué que certains enseignants de
philosophie du secondaire à Yaoundé ignorent encore en quoi
consiste la NAP, tandis que d'autres développent des résistances
face à la nouvelle approche pédagogique pour plusieurs
raisons :
-Les effectifs pléthoriques
-Le temps imparti au cours de philosophie, insuffisant
-L'immensité du programme
-L'absence de recyclage sur les nouvelles méthodes
Ainsi, nous pouvons, au regard de ces griefs, affirmer que les
enseignants n'ont pas une perception favorable à la nouvelle approche
pédagogique.
V.1-2- LA PERCEPTION DES INSPECTEURS
PÉDAGOGIQUES
Du côté des inspecteurs, puisque la nouvelle
approche est inscrite dans les programmes scolaires depuis quelques
années, il revient aux enseignants de s'en approprier pour la mettre en
pratique dans les classes. Lorsqu'on leur fait part des raisons
qu'évoquent les enseignants pour justifier leur démotivation, ils
accusent l'esprit de facilité et de paresse qui caractérisent ces
derniers, mais ils reconnaissent aussi que le gouvernement ne met pas assez de
moyens à leur disposition pour encadrer les enseignants et les
imprégner aux nouvelles méthodes.
V.1-3- LA PERCEPTION DES ELEVES
Nombreux sont les élèves qui ignorent en
réalité le type de méthode dont se servent leurs
enseignants pour leur transmettre des connaissances. Cela est paradoxal parce
que, dans les programmes scolaires, il est indiqué que les enseignants
doivent d'abord définir la méthode et bien expliquer aux
élèves en quoi consiste la nouvelle approche, du moment où
il s'agit de la méthode qui met ce dernier au centre de ses
préoccupations. Les élèves sont presque tous
étrangers aux innovations pédagogiques qui interviennent dans le
système éducatif camerounais. C'est au regard de toutes ces
raisons évoquées plus haut que nous formulons quelques
suggestions afin de contribuer à l'amélioration de la
situation.
V.2-RECOMMADATIONS
Afin de résoudre ses problèmes majeurs qui
empêchent la mise en application des méthodes actives dans
l'enseignement de la philosophie au Cameroun, nous suggérons le
renforcement des activités suivantes :
1-Le recyclage
Il consiste à organiser des rencontres permanentes
entre les inspecteurs et les professeurs de philosophie. Au cours de ces
rencontres, les inspecteurs ont la lourde mission d'imprégner les
enseignants aux nouvelles approches pédagogiques. Il incombe aux
inspecteurs pédagogiques d'organiser plusieurs séminaires de
recyclage à l'intention des enseignants.
2-L'animation pédagogique
Les professeurs de philosophie d'un même
établissement forment un groupe de discipline. Au sein de ce groupe, ils
pourraient aborder les questions relatives à l'enseignement de leur
discipline et discuter entre eux des innovations pédagogiques. Au cours
de ces rencontres, l'animateur pédagogique qui est le plus ancien et le
plus gradé des enseignants de la même discipline, partage son
expérience de terrain avec ses collègues.
3-Le conseil
d'établissement
Un peu plus large que le groupe de discipline, il regroupe les
enseignants de philosophie et l'administration de l'établissement. Il
donne l'occasion de discuter de l'enseignement de la philosophie. Il permet aux
professeurs de solliciter au niveau des responsables, les auxiliaires
pédagogiques nécessaires au bon accomplissement de leur
mission.
4-Les journées
pédagogiques
Elles sont animées par les inspecteurs
pédagogiques provinciaux. Autour des inspecteurs, des animateurs
pédagogiques et des professeurs de philosophie de plusieurs
localités voisines se retrouvent pour des séances pratiques
d'imprégnations aux nouvelles méthodes.
5-L'autoformation
L'autoformation donne l'occasion aux enseignants de faire des
recherches personnelles dans les centres de documentation et sur Internet. Les
Nouvelles Technologies de l'Information et la Communication permettent ainsi
aux professeurs de pouvoir se former sans l'aide de formateur.
6-Les visites de classe
Elles permettent aux inspecteurs pédagogiques de
vérifier l'effectivité de l'application des nouvelles
méthodes pédagogiques par les professeurs dans leurs pratiques de
classe.
Pour des raisons diverses, notamment de contraintes
financières et d'organisation, le dispositif est réduit quasiment
aujourd'hui aux seules visites de classes. Or, les visites de classes suscitent
de nombreuses interrogations et sont au coeur de bien de controverses. En
effet, les opinions sont partagées si elles ne sont pas divergentes sur
leurs enjeux.
Nombreux sont les enseignants qui pensent que les visites de
classe ne leur apportent pas l'aide pédagogique attendue. Or pour
l'institution et pour le personnel d'encadrement, les visites de classes sont
prévues pour aider les enseignants à améliorer leurs
connaissances et leurs compétences professionnelles.
7- Au Ministère de tutelle
Le ministère des enseignements secondaires doit revoir
le temps allouer au cours de philosophie, revoir le programme et veiller
à la réduction des effectifs dans les classes d'examen. Il doit
mettre des moyens à la disposition des inspecteurs pédagogiques
afin qu'ils accomplissent efficacement leurs missions.
Au delà de ces cadres formels qui peuvent aider les
enseignants à s'imprégner des principes de la nouvelle approche
pédagogique, un travail de fond doit être fait pour les amener
à s'approprier cette innovation. Etant entendu que le problème au
Cameroun vient du fait que cette innovation est imposée aux
professionnels de l'éducation, par une simple décision politique
ou administrative, pour en sortir, il serait judicieux que l'instauration d'une
nouvelle méthode pédagogique soit le résultat d'une lente
construction psychosociale. Il s'agit de susciter l'intérêt, la
motivation et l'engagement consenti des enseignants.
En se conformant aux principes de la théorie de
l'innovation, la nécessité s'impose d'encourager la dimension
réflexive et de décentraliser les processus et instances de
décisions. Dans le même sens, il est question de
déléguer l'invention du changement aux praticiens, de faire appel
au fonctionnalisme et au constructivisme entant que paradigmes qui permettent
de déterminer le rôle des acteurs dans un système, d'une
part et de recourir aux processus mentaux que les acteurs de ce système
mettent en place pour s'adapter et apporter une touche particulière
à la nouvelle approche, d'autre part.
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