Minitel, service télématique français
né au début des années 80 dispose toujours de 4000
services. Le nombre de terminaux encore utilisé s'élève
à environ 1 million.
Si le Minitel, avec ses quatre chiffres emblématiques
de l'annuaire 3611, a eu son âge d'or, aujourd'hui son avenir est
d'assurer des services pros selon Olivier Bon, directeur des kiosques
multimédias chez France Télécom.
Selon, Grégory Chenue, chef de produit Banque en ligne
chez LCL, Le retard français en matière de gestion de compte en
ligne est il imputable au Minitel, spécificité française,
qui a pu différer l'éclosion et l'adoption d'Internet
Toutefois, le retard de la France par rapport à
certains pays européens comme la Grande Bretagne ou l'Allemagne, ne
saurait masquer l'évolution des habitudes bancaires des français
notamment en ce qui concerne la banque en ligne via Internet.
Pour Grégory Chenue, l'évolution de
l'utilisation des services en ligne s'explique d'une part par le taux croissant
d'équipement en ordinateurs des ménages et d'autre part par le
nombre élevé d'abonnements à Internet haut
débit.
Le taux d'équipement en ordinateurs des ménages
s'approche des 50% contre 17% en 1997 selon l'INSEE. Au même moment le
nombre d'abonnements à Internet haut débit a atteint 8,4 millions
en fin septembre 2005 contre 3,6 millions en 2004.
L'âge d'or du Minitel
En 1996, un milliard d'euros de revenus était
généré par les quelques 25000 services
télématiques existants. 6,5 millions d'unités d'appareil
minitel étaient distribués en France à travers les
services administratifs, les foyers et les entreprises. Le trafic du Minitel
était à son apogée dans la période 1992-1996.
Le Minitel entre déclin et
résistance
Avec 100 millions d'euros de chiffres d'affaire en 2007
partagés entre France Télécom et les fournisseurs de
services télématiques, le Minitel résiste encore à
l'offensive d'internet. Environ 4000 services sont encore en ligne et il y a eu
en 2007, environ 220 millions de connexions. En raison du faible coût de
maintien des services par les entreprises, beaucoup d'entre elles continuent,
en plus d'internet, d'être présentes sur Minitel. Mais,
jusqu'à quand ? Se pose-t-on légitimement la question.
Avec l'arrivée de l'internet, le Minitel a perdu 90%
de son audience en 10 ans entre 1996 et 2006 et est depuis en chute libre. Rien
qu'entre 2006 et 2007, le Minitel a perdu 35% de son trafic. Tous les secteurs
du Minitel sont concernés par cette baisse, des « messageries
conviviales » à l'annuaire 3611 .Toutefois, le 3611 reste le
service le
plus utilisé et passe devant l'usage grand public
(météo, annuaire inversé, astrologie, PMU).
Après le service grand public, les services les plus
utilisés sont ceux réservés aux professionnels. Parmi ces
services, le plus utilisé est le service Lamy, bourse de fret pour
transporteurs routiers. Avec ce service, les camions ayant livré leur
marchandise peuvent trouver une cargaison pour leur retour. De la même
façon, les kiosquiers utilisent toujours le service Minitel
NMPP2 pour passer leur commande de presse française et
internationale.
Toujours parmi les services utilisés, les bases de
données Infogreffe ainsi que des services fournissant des informations
sur les entreprises.
Les entreprises n'ont donc pas abandonné le moyen de
communication qu'est le Minitel.
Le service télématique n'est donc pas mort car il
rapporte encore de l'argent.
S'il y une entreprise qui utilise largement Minitel, c'est la
société éditrice de l'Argus3de l'automobile,
qui vend à ses clients la cote des véhicules d'occasion.
Toutefois, les grandes entreprises ferment de plus en plus
leur service Minitel comme par exemple la SNCF dont les ventes via le Minitel
stagnaient depuis des années autour de moins de 1% des ventes
totales.
Le Minitel, affaire des séniors
Pour certaines personnes notamment les séniors, le
Minitel est plus facile à utiliser qu'internet. Selon, une note du
ministère de l'économie, Pour les plus de 50 ans, le Minitel est
plus simple à utiliser que l'ordinateur connecté à
internet. Chez les plus de 70 ans, le taux d'équipement des
ménages a augmenté entre 1996 et 2004 alors que 1996 marque le
début du chute exponentiel du Minitel.
Aujourd'hui, moins de 12% des foyers français
possèdent encore un Minitel dont une bonne partie se trouverait dans les
caves.
La fin annoncée du Minitel
2 Les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne,
distributeur de presse française et internationale, partenaire des
éditeurs, dépositaires de Presse
3 Magazine de référence
française en matière d'annonces auto.
Si en 2007, France Telecom s'est frotté les mains avec
les 100 millions d'euros de chiffre d'affaire générés par
le Minitel, les prévisions pour 2008 sont moins optimistes. Pour la
première fois, le chiffre d'affaire du Minitel pourrait passer sous la
barre des 100 millions.
Aujourd'hui beaucoup d'éditeurs sont dans une
perspective de migration vers internet d'ici 2010. Alors que le Minitel n'offre
plus que 4000 services, à cette date, il ne devrait pas rester plus de
1000 services.
On voit donc qu'on est plus à l'heure du bilan que dans
une logique de résistance. On commence à faire le deuil du
Minitel.
Olivier Bon, directeur des kiosques multimédias chez
France Télécom tire un bilan très positif du Minitel et se
réjouit du mérite qu'a l'invention française d'avoir
préparé le terrain d'internet. D'ailleurs certains
considèrent le Minitel comme un des précurseurs d'internet que la
France n'a pas su vendre à l'étranger.
Le parc Minitel en France serait de 4,2 millions dont 1
million seulement (environ 25%) seraient encore actifs. 800.000 de ces
terminaux enregistreraient au moins une connexion par mois. Face à cette
situation, aucune nouvelle machine n'est fabriquée d'où la fin du
cycle de vie du produit Minitel. Les anciennes machines sont recyclées
en fonction des demandes qui de toute façon sont de plus en plus faible.
C'est d'ailleurs pour cette raison que France Télécom ne
procède plus à des réapprovisionnements automatiques dans
ses agences même si la société vend encore des appareils
Minitel dont les prix sont encore en deçà du prix d'un ordinateur
portable. En effet, un appareil Minitel coûterait entre 136 à plus
de 400 euros selon les modèles.