WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

( Télécharger le fichier original )
par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

B. Réintroduire le point de vue du travail : Une nécessité pour la responsabilisation des acteurs

Il nous a semblé utile de questionner cette problématique à travers le point de vue du travail3 dans une démarche d'économiste, empruntant à diverses disciplines scientifiques qui se donnent le travail comme objet d'étude.

Nous souhaitons nous intéresser plus particulièrement aux mécanismes du développement d'un certain nombre de pathologies liées au travail (et au chômage) qui contribuent largement à une progression des indicateurs de morbidité et qui participent à celle des dépenses de santé.

En effet, d'après l'enquête emploi de l'INSEE de Mars 2002, parmi les personnes de 15 à 64 ans travaillant ou ayant travaillé, une sur quatre attribue ses problèmes de santé chroniques au travail (INSEE Premières, n° 19.1 Mars 2004).

Il nous semble donc utile de réintroduire dans le jeu des acteurs de la santé, le travail et l'organisation de l'entreprise qui jouent un rôle central dans les mécanismes de santé. Cette démarche diffère sensiblement de celle d'un débat public dominant semblant réduire le problème aux comportements des patients qui « se soigneraient trop sans accepter de payer plus » et aux professionnels de santé « trop dispendieux dans leur fonctionnement »4.

Les politiques de santé actuelles relèvent, pour l'essentiel, d'un raisonnement à partir de l'offre qu'il faudrait contenir afin d'enrayer la demande de soins. Nous pensons, au contraire, qu'il convient de s'interroger sur cette demande, afin de mieux l'identifier, en évaluer les enjeux et la traiter, en particulier, par une politique de prévention (LORIOL, 2002) dans laquelle la place du monde du travail paraît déterminante.

Poser le problème en ces termes, conduit à s'intéresser au financement de la santé dans l'entreprise, et notamment à sa répartition entre les acteurs en fonction de leur rôle dans l'évolution des dépenses de santé.

Au delà de la souffrance physique qui existe encore dans les entreprises,
malgré le progrès technique permis par la mécanisation et l'automatisation, se
développe une souffrance psychique, liée à la fois, à la non reconnaissance

2 En effet, dès 1981, un rapport de l'OCDE donne le ton. Sous le titre « La crise de l'Etat-providence », c'est en fait, une condamnation sans appel de la place de la protection sociale accusée de miner le sens des responsabilités, de la famille et de l'effort. Cité par F.X. MERRIEM in MERRIEM F.X., PARCHET R., KERNEN A. (2005), page 259.

3 Il ne s'agit pas d'un point de vue idéologique, mais, « géographique », c'est-à-dire, à partir des observations et des analyses que l'on peut faire dans les milieux du travail.

4 Le rapport (2004) commandé par la CNAMTS à l'ANAES pour préparer un argumentaire à utiliser dans le cadre d'un accord de bon usage de soins (AcBUS) concernant la prescription des arrêts de travail pris en charge par la branche maladie, pose le problème dans les termes suivants : « L'existence de macro-facteurs pose évidemment la question de la part évitable dans la croissance des dépenses, c'est-à-dire dues à des stratégies comportementales des acteurs (patients et médecins) et des outils à mobiliser ».

des savoirs et des savoir-faire au travail, et à de nouvelles formes de l'organisation du travail qui participent fortement à la dégradation de la santé des salariés.

Moins médiatisées que les maladies psychiques, malgré la brûlante actualité des ravages de l'amiante, se développent de nombreuses pathologies toxicologiques, sous l'effet de la multiplication des produits chimiques utilisés au travail, et dont on ne connaît pas bien les effets sur le plan cancérigène, et mutagène, notamment.

Si les professionnels de santé ont vu exploser, ces dernières années, les pathologies musculosquelettiques, les troubles cardiovasculaires, les cancers et la souffrance psychique, leur lien avec le travail n'est pas souvent recherché. Pourtant, le parlement et la Sécurité sociale (article L.176-2 du Code de la Sécurité sociale), reconnaissent, la prise en charge par la branche maladie (cofinancée par les salariés) de nombre de ces pathologies, en lieu et place de la branche accidents du travail et maladies professionnelles (l'ATMP est strictement financée par les seuls employeurs), pour un montant inscrit dans la loi de financement de la sécurité sociale, de plusieurs centaines de millions d'euros chaque année.

Certains auteurs (ASKENAZY, 2005) considèrent même, que la branche ATMP ne prend en charge que la moitié du coût réel, soit 5 milliards d'euros par an correspondant à une sous-déclaration des accidents du travail de l'ordre de 20% et par une reconnaissance très incomplète des maladies professionnelles, comme en atteste, par exemple, la création d'un fonds public (FIVA) pour l'indemnisation des victimes de l'amiante5. Ce phénomène est aggravé par une forte mutualisation du risque pour les petites entreprises6, ce qui permet d'externaliser les risques les plus importants par la sous-traitance des travaux les plus pénibles ou dangereux. Cette technique est largement utilisée dans le BTP, par exemple. Le système actuel ne responsabilise guère les entreprises, malgré les apparences.

C'est dans cet ordre d'idées, que nous proposons d'explorer les fondements théoriques de notre pratique, de confronter notre expérience avec l'état de la recherche en gestion et en sociologie, de systématiser et formaliser notre démarche.

Le thème de la protection sociale et de l'assurance maladie, en particulier, récurrent dans le débat social depuis 40 ans, peut être l'occasion d'utiliser une partie des matériaux accumulés depuis 15 ans de pratique professionnelle. C'est dans ce cadre que s'inscrit notre contribution sur l'analyse des enjeux de ces problématiques qui traversent le monde du travail.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld