WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Approche pluridisciplinaire de l'absentéisme maladie, de l'accidentéisme et de l'externalisation des coûts de santé au travail : Le cas d'une entreprise de la grande distribution en France : CASINO

( Télécharger le fichier original )
par Daniel SANCHIS
Université Paris I - DEA Politiques sociales et société 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

b) Des contraintes organisationnelles en progression dans un cadre d'horaires déréglementé

Nous avons évoqué les bouleversements dans les organisations du travail qui ont marqué l'évolution du commerce de détail, avec l'avènement et la multiplication des grandes surfaces. Ces bouleversements sont décelables, à travers les réponses des employés de commerce aux enquêtes nationales sur les conditions de travail, pendant la période 1994 - 1998 pour toutes les questions qui concernent les horaires et l'organisation du travail et leurs résultats sont aussi cohérents avec ceux de l'enquête SUMER 2003.

On peut constater, en effet, des progressions éloquentes dans la proportion des contraintes subies sur le plan organisationnel mises en évidence par :

1. Des horaires de travail de plus en plus déstabilisants :

· La proportion des employés de commerce qui déclarent : « Avoir des horaires de travail identiques tous les jours » a baissé de 13,8 points pour passer de 63,6% à 49,7%. Cette évolution s'est traduite par une augmentation du travail en équipes alternantes qui est passé de 2,5% à 6,5% et surtout à une progression des horaires variables fixés par l'entreprise (de 18,4% à 29,3%).

· La proportion des employés de commerce qui « ne disposent pas de 48 heures de repos consécutifs » est passée de 45,3% à 60,5% soit près de 3 fois plus que l'ensemble des salariés (20,8% en 1998). Cette progression s'explique en partie, par un quasi doublement de la part des employés qui ont été amenés à travailler le dimanche (de 19,2% à 34,3%), en sachant que neuf salariés sur 10 travaillent le samedi (90,9% en 1998). Il faut souligner que si la législation du travail a été assouplie avec un certain nombre d'autorisations d'ouverture des grandes surfaces le dimanche (zones touristiques, périodes de fête, etc.), dans de nombreux cas, la législation n'est pas respectée ce qui entraîne régulièrement des procès à l'initiative des petits commerçants ou des organisations syndicales.

· Si le travail de nuit reste, encore, relativement marginal, parmi les employés de commerce, on peut noter un doublement de leur proportion (de 2,2% à 5,5%) pendant la période 1984 - 1998.

· L'évolution de la répartition des horaires de début et de fin du travail dans la journée (Fig.5 et 6) montre bien un étalement progressif, particulièrement marqué, pour les plages de 9 à 10 heures pour le début de la journée et de 18 à 18h30 pour la fin de journée.

Fig. 7 Fig. 8

45,0

40,0

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Evolution de la répartition des horaires de début du
travail parmi les employés de commerce

(a)1 984
(b)1991
(c)1 998

50,0

45,0

40,0

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Evolution de la répartition des horaires de fin du travail
parmi les employés de commerce

(a)1984
(b) 1991
(c)1998

Source : DARES ENCDT 2006

On constate une tendance à une embauche à la fois plus tôt et plus tard dans la journée et, par conséquent à une débauche décalée, elle aussi, dans la journée.

· Enfin, si deux salariés sur trois déclarent dépasser leurs horaires, ils sont 44% d'entre eux à dire dans le commerce, que c'est « pour absences de certaines personnes, contre 25,2% pour l'ensemble des salariés.

Ces évolutions sont significatives d'une progression de la flexibilité des horaires de travail, modulés en fonction du niveau de l'activité qui contribue à une déstabilisation de l'organisation et des rythmes de vie. En 1998, à la question posée pour la première fois sur la connaissance des calendriers prévisionnels de travail, 27,2% des employés de commerce, déclarent « ne pas les connaître avec plus d'une semaine d'avance ». Par ailleurs, l'ajustement des effectifs à l'activité contribue à une tension permanente dans le travail laissant de moins en moins de place aux « temps morts » ou aux périodes « plus calmes » dans la journée et qui permettaient de récupérer pendant les périodes d'activité moins soutenue. Dans ce sens, les évolutions constatées mettent en évidence une forte tendance à l'intensification du travail et à la déstabilisation de la vie personnelle et familiale.

2. Les contraintes cognitives et leur évolution :

· Près de 6 salariés sur 10 déclarent en 1998 « qu'une erreur dans leur travail pourrait entraîner des sanctions à leur égard ». Ils sont en progression de 12 points par rapport à 1991.

· Ils sont une proportion équivalente en 1998, à travailler dans l'urgence (« abandon d'une tâche pour une autre non prévue ») et en progression de 10 points par rapport à 1991.

· Ils sont près de 8 sur 10 à être soumis à des « indications d'objectifs données par les supérieurs hiérarchiques », en progression de 4,6 points sur 1991. Dans le même temps, on note un recul de la prescription des tâches, puisque la part de ceux qui disent avoir « des supérieurs qui disent comment faire le

travail » est de 20,8% en 1998, en baisse de 3,5 points sur 1991.

Fig. 9 Fig. 10

35,0

30,0

25,0

20,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Rotation sur plusieurs
postes

1991

1998

5,0

Tous salariés

6,6

En fonction des
besoins de
l'entreprise

22,8

23,2

25,0

20,0

35,0

30,0

15,0

10,0

5,0

0,0

Rotation sur
plusieurs postes

1991

1998

4,3

Employés de commerce

9,5

En fonction des
besoins de
l'entreprise

26,9

29,1

Source : DARES ENCDT 2006

· La polyvalence, a elle aussi, fortement augmenté pendant la même période, et de manière plus nette parmi les employés de commerce que pour le reste de la population.

· Les rythmes de travail sont de plus en plus contraints par plusieurs types de facteurs : « les automatismes et autres contraintes techniques » qui concernent 19,1% des employés de commerce (multipliés par plus de six) depuis 1984, « la dépendance des collègues qui est passée de 3,1 à 14,5%), « les normes ou délais à respecter » de 5,9 à 25,2%, « une demande extérieure exigeant une réponse immédiate » de 79,5 à 85,6% et « un contrôle hiérarchique permanent » de 13,2 à 38,1%.

· Le comportement en cas d'incident, dont l'évolution montre une plus grande prise de responsabilité de la part des employés de commerce : « ils le règlent personnellement la plupart du temps » de 41,4 à 47,8% de 1991 à 1991, « ils le règlent personnellement dans des cas prévus à l'avance » de 13,4 à 17,2% et « ils font généralement appel à d'autres » de 45,3 à 35,1 %.

· Du point de vue de la tension avec le public, c'est l'enquête SUMER qui nous renseigne sur le niveau ressenti par les salariés dans le commerce de détail. Ils considèrent à 68,2% en 2003, « être exposés à un risque d'agression verbale du public » contre 42,2% pour l'ensemble des secteurs et 71,2 contre 51,2% « avoir un contact tendu avec le public, même occasionnellement ». Ce résultat montre le rôle actif du secteur dans l'avènement d'une société de services, comme nous l'avons vu dans le chapitre précédent.

· Enfin, les enquêtes montrent une forte augmentation des responsabilités hiérarchiques des employés de commerce : « déclarent exercer une autorité hiérarchique sur un ou plusieurs salariés » de 9,3 à 11,6% dont « peuvent agir sur les primes ou sur les promotions » de 18,1 à 26,7%.

Ce dernier résultat met en évidence la fragilisation de la relation entre le statut
social et le contrat de travail qui semble reconnaître de moins en moins une
augmentation des responsabilités, et en particulier, les responsabilités

hiérarchiques pour une catégorie de personnels (les employés) qui ne sont pourtant pas censés les exercer selon les accords de classification en vigueur.

D'une manière plus générale, l'ensemble des contraintes organisationnelles et leur évolution suggèrent, clairement, un terrain de plus en plus propice au développement de la souffrance au travail et aux pathologies qui lui sont associées.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille