Paragraphe 2 : La gestion des déchets
L'Afrique centrale n'est pas en soit productrice de
déchets industriels de grande quantité, car elle ne dispose pas
de grandes industries de fabrication. Par contre, compte tenu de la
présence d'une grande forêt et l'exploitation du pétrole,
on dénote un accroissement des déchets provenant de ces secteurs.
Cependant, les compagnies pétrolières, productrices de
déchets dit dangereux s'emploi à protéger l'environnement
contre les effets de ces déchets.
a) Circonscription de la notion de déchets
Etats européens, conscients de la croissance
de production de déchets dangereux à travers le monde et de leurs
mouvements transfrontières, ont adopté à Bâle, le 22
mars 1989, la Convention sur le contrôle des mouvements
transfrontières de déchets dangereux et de leur
élimination. Selon cette convention, « On entend par
"déchets" des substances ou objets qu'on élimine, qu'on a
l'intention d'éliminer ou qu'on est tenu d'éliminer en vertu des
dispositions du droit national ». Article 2 de la
convention44
.
44 - La convention de Bâle signée le 22 mars 1989
est entrée en vigueur en juin 1992. Au niveau européen, elle a
été renforcée par une directive communautaire qui
catégorise les déchets selon trois listes : la liste verte,
la liste rouge et la liste orange.
Deux ans plus tard, on réaction à cette
convention qu'ils avaient refusé de signer du fait qu'elle ne
correspondait pas à leurs aspirations, les Etats africains ont
adopté à leur tour la Convention de Bamako sur l'interdiction
d'importer en Afrique des déchets dangereux et sur le contrôle des
mouvements transfrontières et la gestion des déchets dangereux
produits en Afrique. Celle-ci en son article 1er définit les
comme étant « des substances qu'on élimine, qu'on a
l'intention d'éliminer ou qu'on est tenu d'éliminer en vertu des
dispositions du droit national ».
Les déchets en soi ne poseraient pas de
problème s'il n'y en avait pas de dangereux45. La notion de
déchet dangereux a fait l'objet d'une abondante littérature. La
convention de Bamako, sans donner une définition de la notion de
déchets dangereux, les énumère et en donne la façon
de les gérer. A l'annexe 1, plusieurs substances sont citées et
parmi ceux-ci les « mélanges et émulsions d'huile / eau
ou hydrocarbure / eau » (Y9) mais aussi les
« résidus goudronneux de raffinage, distillation ou de toute
opération de pyrolyse » (Y11) qui concernent le domaine
pétrolier.
Cependant avant de faire cette
énumération la convention de Bamako préconise la gestion
des dits déchets. En effet, « on entend par gestion, la
prévention et la réduction de déchets dangereux ainsi que
la collecte, le transport, le stockage, le traitement, même en vue de
recyclage ou de réutilisation, et l'élimination des
déchets dangereux, y compris la surveillance des sites
d'élimination ». Il ne s'agit pas ici de n'importe quelle
gestion mais d'une « gestion écologiquement rationnelle de
déchets dangereux, toutes mesures pratiques permettant d'assurer que les
déchets dangereux sont gérés d'une manière qui
garantisse la protection de la santé humaine et de l'environnement
contre les effets nuisibles que peuvent avoir ces déchets »
art 1er 10). 46
45 - Sur différentes catégories de
déchets, voir aussi Agenda 21 chapitre 20 (Gestion écologiquement
rationnelle des déchets dangereux, y compris la prévention du
trafic international illicite de déchets dangereux ; chapitre 21
(Gestion écologiquement rationnelle des déchets solides et
questions relatives aux eaux usées).
46 - Malgré l'adoption de cette convention le 30
janvier 1991 par une conférence des ministres de l'environnement de 51
Etats africains, ceux-ci peinent encore à gérer leurs
déchets. Preuve palpable du fait que cette convention n'était pas
signée par conviction mais simplement par enthousiasme en réponse
à la convention de Bâle de 1989 dont ils avaient refusé de
signer.
En outre, non seulement cette convention n'est pas
appliquée par les Etats, pour preuve le déversement à
Abidjan en 2006 des déchets toxiques par le Probo Koala, faute d'une
transposition des conventions internationales sur plan national. (cf. Maurice
KAMTO, Les conventions régionales de conservation de la nature et des
ressources naturelles en Afrique et leur mise en oeuvre).
b) Pratiques de gestion
La des déchets est en quelque sorte le revers
de la médaille de l'exploitation du pétrole. En effet,
l'exploitation du pétrole est productrice de déchets à
chaque de son processus, des études sismiques, au forage d'exploitation
et au transport et au stockage des produits. Les déchets produits par
l'industrie pétrolière sont classés selon la directive
européenne sur la liste rouge.
En Afrique centrale, les multinationales
pétrolières qui y opèrent, conscientes de cette situation,
ont développé des pratiques et des stratégies de gestion
des déchets. Cette prise en compte de la gestion des déchets leur
a value des distinctions honorifiques dont la certification ISO.
Il ya dix ans, Shell Gabon devenait la première
société du Groupe Shell en Afrique, et la première de la
sous région à obtenir la certification ISO 14001 pour son
système de gestion de l'environnement, dans toutes ses activités.
En 2000 et 2003, Shell Gabon a été ré-certifiée ISO
14001.
Quant à Total Gabon, il a obtenu en juillet 2006
un trophée de la Direction Hygiène, Santé,
Sécurité, Environnement du Groupe Total pour la qualité de
ses actions menées et les résultats obtenus dans le domaine de
l'hygiène Sécurité Environnement (HSE) depuis plus de cinq
ans.47
Plus concret, Total E&P Congo, a mis en place
des installations de traitement de déchets par le procédé
Land-Farming. Ce procédé consiste d'abord en la
caractérisation en laboratoire des matériaux pollués et au
calcul des besoins en nutriments et autres apports. Les déchets
hydrocarburés sont ensuite mélangés à des
structurants tels que ; sciure de bois, copeaux, et à de l'engrais.
Ce mélange est homogénéisé puis étalé
sur une surface dite « plate forme biologique », il est
régulièrement arrosé et retourné par un tracteur,
pour faciliter l'aération, et donc le développement
bactérien « bactéries mangeuses
d'hydrocarbures ». Le sol est isolé de la plateforme de
traitement par une bâche (géotextile ou géo membrane) pour
empêcher l'infiltration dans le sol des eaux souillées par les
hydrocarbures. Un réseau de drainage permet de collecter toutes ces eaux
souillées par les hydrocarbures vers un séparateur des
hydrocarbures.
L'eau décantée est
contrôlée puis rejetée dans un drain naturel à un
taux en hydrocarbures inférieur à 5mg/1 suivant la
sensibilité de l'environnement.
Un suivi est régulièrement fait sur le site afin
de s'assurer du retournement, de l'homogénéité et de
l'aération du mélange. Il peut aussi être nécessaire
de ré-humidifier le mélange. Des échantillons sont donc
prélevés périodiquement afin de vérifier
l'évolution de la bio dégradation. Les matériaux doivent
avoir un résiduel de 0,5 à 2g/kg d'hydrocarbures de la masse des
matériaux traités. La durée moyenne d'un cycle de
traitement varie entre six et douze mois.
47 - Mr Alphonse MOUSSAVOU DOUKAGA, le Directeur de la
communication et des relations extérieures, « cette
distinction a été décernée à l'occasion du
séminaire HSE de la Direction Générale de l'Exploitation -
Production du Groupe Total qui a réuni dans la ville du Mans, en France,
du 29 juin au 1er juillet 2006 dirigeants et responsables HSE du
siège et de toutes les filiales du Groupe.
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