Paragraphe 2 : Appui aux actions de protection de
l'environnement.
L'Afrique centrale est une région pauvre,
cette pauvreté ne permet pas la protection adéquate de
l'environnement, faute de moyens financiers et surtout de moyens techniques.
Cet état de chose ne laisse pas indifférent les multinationales
pétrolières qui, d'ailleurs sont tenues pour responsables de la
pollution de l'environnement. Elles apportent un soutien financier et technique
aux actions de protection de l'environnement.
a) Appui financier42
Les pays d'Afrique centrale sont très pauvres ;
ils se classent parmi les plus pauvres du monde, avec un produit
intérieur brut très faible.
La protection de l'environnement exige la
mobilisation de beaucoup de moyens financiers. L'Europe a dépensé
en 2006 près de 800000 millions d'Euro pour la protection de
l'environnement. Cependant, en Afrique centrale les Etats, pourtant avec des
budgets en hausse, plus de 1000 milliards pour le Congo Brazzaville en 2007, ce
budget ne consacre que peu d'argent à la protection de l'environnement.
En 2003, à la rubrique «environnement« du budget
d'investissement alloué au ministère de l'Economie
forestière sont inscrits 362 millions de francs CFA soit 550 000
euros.
conscientes de cet état de chose et du danger
qui pèse sur la population suite à la pollution de
l'environnement et aux conséquences socio-sanitaires et
socio-économiques que nous avons vu dans la première partie de ce
travail, les multinationales initient des projets et mettent les moyens
à la disposition des population dans le cadre du développement
durable qui n'est en fait que la prise en compte de la protection de
l'environnement pour préserver les intérêts des
générations présentes et futures dans les activités
de productions. C'est dans ce cadre que le Président Directeur
Général de la compagnie anglo-néerlandaise Shell Gabon,
Hans BAKKER, a annoncé jeudi 22 mars 2007 qu'un fonds d'une valeur de
300 millions de francs CFA sera octroyé au bénéfice du
développement communautaire de Gamba. « Le but de ce
programme, a annoncé monsieur BAKKER, est d'aider le département
de Ndougou et les parties prenantes locales à développer une
vision prospective dans un contexte « après pétrole« et
une stratégie réaliste pour atteindre cette vision ».
À cette même occasion, monsieur BAKKER a traduit son
« souci de vulgariser la sensibilisation aux actions de
développement durable et de permettre au personnel d'acquérir des
connaissances nouvelles ».
Hormis cet aspect qui concerne directement les
populations, les multinationales pétrolières sont souvent
sollicitées pour financer les actions liées à la
protection de l'environnement. Ces actions sont entre autres les
séminaires, ateliers et forums qui sont organisés dans la
cette région. Ainsi, il n'est pas rare de voir mentionné, lors de
ces événements les mentions telles que « TotalFinaElf,
Sponsor officiel » ou encore « Shell ou Chevron Sponsor
officiel ». Cette participation financière aux actions de
protection de l'environnement traduit à la volonté de ces
multinationales de protéger l'environnement.
42 - Au niveau international, les multinationales
pétrolières financent le FIPOL, crée en 1992 pour
indemniser les dommages dus à la pollution par les hydrocarbures.
Ces multinationales ne manquent pas également
à signer des accords de partenariat avec les organismes internationaux
ou régionaux dans leurs actions de protection de l'environnement et de
formation des populations. Elles soutiennent la COMIFAC et l'ECOFAC. En date du
13 octobre 2005 un accord de partenariat a été signé entre
Total Gabon et le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance (UNICEF) dans le but
d'apporter un appui au renforcement de la lutte contre le paludisme et la
promotion de la vaccination des enfants ». Cet accord paraît ne
pas inclure la protection de l'environnement, mais lorsqu'on sait le paludisme
découle aussi bien de la pollution de l'environnement, il vaut la peine
d'être cité.
b) Appui technique et scientifique
L'Afrique centrale, comme il a été
mentionné plus haut, est une région pauvre. Cette
pauvreté, cumulée au désintéressement des
autorités politiques, ne permet pas le financement à grands
coût des actions de protection de l'environnement. D'où la
tendance de faire la politique de la main tendue vers les organismes
internationaux et les grandes firmes pétrolières pour pouvoir
obtenir le financement nécessaire. Mais à cela s'ajoute le manque
de la maîtrise de la technologie et de la science dans leur acception la
plus large.
La protection de l'environnement fait intervenir
plusieurs sciences (la chimie, la biologie, la médecine, le droit,
.....) 43. Or cette région, aux ressources limitées,
ne dispose pas des grandes écoles en ces domaines. Cela entraine un
manque d'une bonne connaissance des milieux par les ressortissants de cette
région.
Sur le plan du droit, pour ne citer que celui
là, l'Afrique centrale n'a qu'un seul professeur de renommé
international en matière d'environnement. Il s'agit du professeur
Maurice KAMTO du Cameroun. D'où, pour élaborer les textes
régissant le domaine de l'environnement, les Etats sont contraints sinon
obligés de faire appel aux cabinets de juristes internationaux qui, pour
la plupart, de connaissent pas très bien cette région.
Dans ces conditions, les experts des multinationales
restent le dernier recours à défaut des cabinets internationaux.
Dans ces multinationales on trouve les chimistes bien assermentés en
la matière, des physiciens ou même des juristes qui constituent un
secours pour les institutions sous régionales de protection de
l'environnement comme ECOFAC, COMIFAC, etc. Pour aller plus loin, ces
multinationales signent des accords avec les instituions internationales qui
opèrent dans la région. Ainsi, Total Gabon a conclu en 2005 un
accord avec l'UNICEF dans le cadre de la sensibilisation de la population de
Gamba pour préparer l'après pétrole.
Ces experts des multinationales fournissent des
données qui contribuent à la connaissance des milieux de la
région d'Afrique centrale. Lors des sommets internationaux ou sous
régionaux organisés en Afrique centrale, on note la
présence des représentants de ces groupes pétroliers dans
les groupes techniques.
L'industrie pétrolière devient un mal
nécessaire dans double dimension en Afrique centrale. Non seulement le
pétrole génère de l'argent aux pays producteurs et
représente un grand pourcentage dans les budgets de ces Etats, mais
aussi un apport en technologie indispensable pour le développement de
ces pays.
Cependant, comme le disait un contemporain, « une loi
aussi en lettres d'or soit-elle écrite, n'a de la valeur que si elle est
effectivement appliquée«.
43 - SCET Tunisie : Etude d'impact sur l'environnement
dans le cadre de l'Aménagement et bitumage de la route Obouya - Bondie -
Okoyo - Frontière Gabon, juillet 2007
Cette phrase nous amène à voir la mise en
application des stratégies définies.
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