III/ Pathologie : les grand types de surdité
a/ Les surdités de transmission
Tout obstacle à la transmission normale de la vibration
sonore pourra être à l'origine d'une surdité de
transmission. Ce type de surdité se caractérise par
l'altération de la conduction aérienne avec conservation de la
conduction osseuse.
Les surdités de transmission par atteinte de l'oreille
externe peuvent avoir des causes variées : bouchon de cérumen,
corps étranger dans le conduit, otites externes, malformation du
pavillon ou du conduit.
Les principales causes des surdités de transmission par
atteinte de l'oreille moyenne sont les otites moyennes (aiguës ou
chroniques ), les obstructions tubaires, les traumatismes (directs ou
indirects) et l'otospongiose.
Ces surdités peuvent le plus souvent
bénéficier d'un traitement médical ou chirurgical, les
réhabilitations prothétiques ne sont envisagées qu'en cas
d'échec de ces traitements.
le Les surdités de perception
Une surdité de perception est une atteinte de l'appareil
de réception qui peut se situer à différents niveaux :
1. surdités de perception cochléaires :
toxiques (médicamenteuses ou causées par des produits
ototoxiques), traumatiques (traumatisme crânien, traumatisme sonore,
traumatisme pressionnel), brusques (vasculaires ou virales), maladie de
Ménière, presbyacousie (processus physiologique normal lié
au vieillissement).
2. surdités de perception
rétrocochléaires dont la principale cause est le neurinome de
l'acoustique.
3. lésions centrales au delà du premier
neurone dont les causes sont variées : tumeur, lésions
vasculaires, maladies dégénératives...
Dans les surdités de perception la conduction
aérienne et la conduction osseuse sont altérées.
ci- Les niveaux de surdité
Le Bureau International d'Audiophonologie définit quatre
types de surdité en fonction du niveau de la perte
pondérée sur les fréquences conversationnelles (500, 1000,
2000 Hz) :
· surdité légère 20 à 40 dB de
perte
· surdité moyenne 40 à 60 dB de perte
· surdité sévère 70 à 90 dB
· surdité profonde à partir de 90 dB (peut
être de type I, Il ou III)
· surdité totale ou cophose
La réhabilitation des surdités de perception est
essentiellement prothétique. L'implant cochléaire qui stimule
électriquement les extrémités du nerf auditif peut
être proposé aux sujets atteints de surdités profondes ou
totales par atteinte de l'oreille interne ayant un nerf auditif encore
fonctionnel et qui ne tirent pas de profit de l'utilisation de leurs
prothèses conventionnelles. Dans le cas d'une altération
bilatérale trop importante du nerf auditif, l'implant cochléaire
ne peut être prescrit. On peut envisager une implantation du tronc
cérébral avec une stimulation électrique du noyau
cochléaire.
IV/ Acoustique et phonétique
Le réglage des implants cochléaires se fait en
fonction de la structure phonétique de la langue. Nous allons
définir ce qu'est un son, puis nous décrirons les
caractéristiques acoustiques des consonnes et des voyelles. Nous
aborderons enfin leur mode de production.
a/ Les sons
Les sons sont des phénomènes vibratoires qui se
propagent dans l'air à 340 m. s-'. Un son peut être
apériodique (impulsionnel ou continu) ou périodique (simple ou
complexe).
Un son périodique simple peut être
représenté par une courbe sinusoïdale, un son
périodique complexe par une courbe complexe régulière.
L'analyse fréquentielle par transformé de Fourier permet de
décomposer une onde périodique complexe en ses composantes
sinusoïdales , les harmoniques, caractérisés chacun par une
fréquence et une amplitude. Les fréquences des harmoniques sont
des multiples entiers d'une fréquence de base : le fondamental.
L'oreille est sensible aux caractéristiques de hauteur
(fréquence fondamentale), d'intensité (amplitude), de timbre
(densité relative des harmoniques) et de durée (temps de la
vibration).
Pour produire les sons du langage il faut qu'un courant d'air
venu des poumons via la trachée (la soufflerie sub-glottique) rencontre
un obstacle : d'un point de vue acoustique cet événement est la
source du son. L'obstacle peut être constitué par les cordes
vocales ; on obtient un flux laryngé périodique, ou par un
rétrécissement ou une occlusion dans les cavités
supraglottiques, on obtient un bruit. Le flux laryngé est modulé
par le système pharyngo-buccal (pharynx, langue, lèvres, joues,
cavités nasales) qui a un rôle de résonateur. La forme, la
section et le volume des résonateurs déterminent la fonction de
transfert qui détermine les zones de renforcement de en fréquence
(les formants) et qui modifie le timbre de la source.
Pour la voix parlée la fréquence du fondamental se
situe :
·
|
chez l'homme
|
entre 100 et 150 Hz
|
·
|
chez la femme
|
entre 200 et 300 Hz
|
·
|
chez l'enfant
|
entre 300 et 450 Hz
|
le Les voyelles
Elles résultent du passage du flux d'air laryngé
à travers les cavités supraglottiques qui en déterminent
le timbre. D'un point de vue articulatoire on peut les décrire en
fonction de leur lieu d'articulation (antérieur ou postérieur),
de leur degré d'ouverture, de leur caractère oral ou nasal et du
degré d'arrondissement des lèvres. D'un point de vue acoustique
les voyelles du français peuvent être caractérisées
par les fréquences des deux premiers formants F1 et F2. La fondamentale
FO et le troisième formant F3 (sensiblement invariables chez un
même sujet quelle que soit la voyelle) permettent de caractériser
un locuteur et de calculer les valeurs absolues de F1 et F2.
2200 1300 800 Hz
F2
F1
250 Hz
850
Figure 8 : Représentation
biformantique des voyelles orales du français (Calliope, 1989)
cl Les consonnes
Le système consonantique du français peut
être décrit phonologiquement à partir des critères
mode d'articulation (occlusif ou constrictif), lieu articulatoire (labiale,
dentale, palatale), nasalisation (orale ou nasale) et source sonore
(voisée ou non-voisée).
Répartition spectrale en Hz
occlusives non-voisées
/p/ 1 bande grave 0 - 400
/k/ 2 bandes grave 20 -100
/t/ 2 bandes grave 20 -100
occlusives voisées
/b/ 1 bande grave 0 - 600
/g/ 2 bandes grave 0 - 600
/d/ 2 bandes grave 0 - 600
constrictives non voisées
If/ 2 bandes grave étroite 16 - 100
/ch/ 1 bande large de 2000 -9 10.000
/s/ 1 bande
Répartition spectrale en Hz
constrictives voisées
/v/ 2 bandes grave 20 - 400
/ / 2 bandes grave 100 - 600
/z/ 2 bandes grave 100 - 600
les liquides
|
|
|
Timbre sombre
|
aiguë large 1600
|
10.000
|
médian
|
aiguë large 2000 -9
|
16.000
|
clair sombre
|
aiguë
|
1600
|
9 5.000
|
médian
|
aiguë
|
2000
|
3 10.000
|
clair
|
aiguë large
|
1000
|
-916.000
|
médian
|
aiguë large
|
3.000
|
-916.000
|
clair
|
|
|
|
Timbre
|
aiguë
|
4000
|
-9 16.000
|
|
aiguë
|
1600
|
-9 8.000
|
médian
|
aiguë
|
3000
|
12.000
|
clair
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/R/ et Il/ : leur structure formantique est influencée par
leur entourage vocalique.
dl La chaine parlée
Dans la parole les sons ne sont pas isolés, ils
s'influencent les uns les autres. Une séquence voyelleconsonne--voyelle
peut se décomposer de la façon suivante :
1. Voyelle stable
2. Voyelle--consonne (transition formantique)
3. Consonne
4. Consonne-voyelle (transition formantique)
5. Voyelle stable
L'information sémantique est essentiellement
véhiculée par les transitions formantiques. Elles sont plus
marquées pour les occlusives que pour les constrictives, pour la
voisée que pour la non-voisée correspondante.
Les éléments suprasegmentaux (mélodie,
accent, rythme) sont principalement liés à la source
périodique. La mélodie est définie par les variations de
la fondamentale en fonction du temps et l'accent par les variations de
l'intensité en fonction du temps. Le rythme est lié à la
position des accents, le débit, à la vitesse d'élocution.
L'intonation dépend de la hauteur, de l'intensité et de la
durée.
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