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Contrainte Psycho-Physiques et Electrophysiologiques sur le codage de la stimulation électrique chez les sujets porteurs d'un implant cochléaire

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par Stéphane GALLEGO
Université Lyon I - Doctorat 1999
  

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V/ Le système auditif et l'implant cochléaire

Généralement l'étude du système auditif se fait avec des stimuli acoustiques. La possibilité d'effectuer des recherches chez les sujets porteurs d'un l'implant cochléaire est intéressante. Elle permet de stimuler directement les fibres auditives afférentes du modulus en s'affranchissant de toute la biomécanique cochléaire active ainsi que des fonctions de transfert non-linéaires de l'oreille externe et de l'oreille moyenne.

La possibilité d'étudier l'adaptation de la stimulation électrique aux contraintes physiologiques et psycho-physiques du sujet implanté, ainsi que le type de traitement et codage du signal qui va permettre au sujet une compréhension de la parole sans les trois oreilles (externe, moyenne et interne) permettrait peut-être de mieux comprendre le fonctionnement du système auditif.

L'IMPLANT COCHLEAIRE

II Généralités sur l'implant cochléaire

Article 1 :

TRAITEMENT DU SIGNAL DE PAROLE POUR SOURDS-PROFONDS : L'IMPLANT COCHLEAIRE
S. Gallégo, S. Garnier, C. Berger-Vachon

Revue d'électronique et d'électricité 1997, 8: 50-53

L'objectif de cet article est de définir de manière didactique le principe de fonctionnement de l'implant cochléaire. Il retrace brièvement son histoire en décrivant la phase expérimentale, l'utilisation clinique et les évolutions en performance liées au traitement du signal. Les différentes étapes pour l'implantation du patient ainsi que l'organisation nécessaire à une bonne réhabilitation du sujet porteur de l'implant cochléaire sont succinctement décrites.

 

T

 
 
 
 
 

DOSSIER

 

Mots-clés :

Implant
cochléaire,
Surdité,
Codage
du signal,
Instrumentation
médicale.

 
 

raitement du signal de parole

pour sourds-profonds : l'implant

cochléaire

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

par S. GALLEGO, S. GARNIER, Ch. BERGER-VACHON, CNRS - UPRESA 5020, Université Claude Bernard de Lyon

L 'ESSENTIEL

Ill L'implant cochléaire est un appareil qui vise à remplacer, dans l'oreille interne, la fonction de l'organe de Corti.

n Le succès d'une réhabilitation de la surdité à l'aide de cette méthode nécessite une étroite collaboration entre l'équipe médicale et paramédicale en charge du patient et l'équipe scientifique qui doit adapter au mieux les possibilités de la machine et faire évoluer la technique.

A la jonction de l'homme et de la machine, l'implant cochléaire recode le signal de parole.

Le cerveau devra interpréter.

1. INTRODUCTION

S Y N O P S I S

n The cochlear implant is a device that is intended to perform the functions usually performed by the Corti organ.

n Successful application of this method will require close cooperation between the healthcare team and the scientific team responsible For optimizing machine capabilities and developing the technique.

On connaît depuis longtemps, l'existence de liens entre l'électricité et l'audition. Dès la fin du XVIII; siècle, Volta avait remarqué qu'en mettant une différence de potentiel d'une cinquantaine de volts entre ses deux oreilles, il percevait une espèce de chuintement. Cette expérience, qui frisait l'inconscience, ouvrait, sans le savoir, un chapitre très important des relations entre la science et la santé.

Par la suite, autour de l'année 1930, Stevens à Boston et Gersuri en URSS ont déclenché des sensations auditives chez des sujets sourds, en reproduisant (avec des tensions moindres) l'expérience de Volta.

Une date importante est à retenir avec la travail de Clarke à Melbourne (1979) qui érigeait un principe longtemps considéré comme un dogme : "l'implant cochléaire doit transmettre les éléments qui caractérisent la phonation". Ces éléments sont classiquement le fondamental laryngé et les formants [2]. Cela a conduit à l'implant cochléaire Nucleus qui est toujours le plus diffusé sur la planète, notamment grâce à la structure commerciale et l'assistance technique mise en place sur tous les continents par la société Cochlear, filiale de la puissante compagnie Dunlop Pacific. Cette petite merveille technologique, parfaitement adaptée aux possibilités de l'électronique de 1980, a ensuite été remise en cause pour revenir au codage classique du spectre de la voix en bandes de fréquences distribuées dans l'oreille. Ce principe a été beaucoup défendu, notamment par l'école française du professeur Chouard et du physiologiste Mc Leod.

L'article de référence dans la discipline, date de 1957. Il est l'oeuvre des Français Djourno et Eyries dans la Presse Médicale [1]. Les auteurs avaient produit une sensation auditive chez un sujet sourd en lui implantant une bobine délivrant sur la cochlée une tension électrique alternative. Il était donc possible de passer, en transcutané, une information depuis le milieu extérieur vers l'organe sensoriel de l'ouïe. Néanmoins, les résultats qu'ils avaient obtenus étaient d'une qualité tellement mauvaise qu'ils ne dépassaient pas le domaine de l'anecdote.

Reprise aux Etats-Unis, la technique allait connaître un nouvel essor, notamment avec les travaux de House à Los Angeles qui réalisait le premier implant cochléaire portable et obtenait l'agrément de la FDA (Food and Drug Administration). Ensuite le premier congrès était organisé sur ce thème en 1973 à San Francisco. Il réunissait les chirurgiens et scientifiques interpelés par la question.

Peu de temps après (1974), le professeur Chouard à l'hôpital St Antoine de Paris réalisait la première implantation en France et il prenait place parmi les pionniers de la discipline.

rampe vestibulaire
membrane basilaire

rampe tympanique

fenêtre
ovale

étrier

BASE

APEX

fenêtre
ronde

I. Membrane basilaire déroulée : sélection d'une fréquence sonore.

Exemple d'implants cochléaires.

(Le DIGISONIC

de la société MXM).

L'oreille interne a pour propriété d'analyser l'onde acoustique et de la distribuer le long de la cochlée, en fonction de la fréquence qui est détectée par la membrane basilaire (figure 1).

L'implantation cochléaire s'est disséminée à grande vitesse au cours des années quatre-vingt et maintenant plus de 20 000 personnes portent cette technologie de par le monde.

Quelques implants cochléaires dominent actuellement le marché mondial. Nous pouvons citer :

le Nucleus (société Cochlear, Melbourne),

le Clarion (société Advanced Bionics, San Francisco),

le Digisonic (société MXM, Vallauris),

le Combi 40 (société Med-el, Innsbruck),

le Laura (société Antwerp Bionic Systems, Anvers)... En France, la plupart des grandes villes .possèdent des équipes qui posent l'implant cochléaire.

En Juin 1997, la section Automatique du club EEA (Electronique, Electrotechnique, Automatique) a organisé à Montpellier les journées Automatiques et Santé axées sur l'interpénétration des techniques scientifiques et médicales. De par son aspect "traitement du signal pour la réhabilitation des surdités profondes" l'implant cochléaire faisait partie du programme [3].

2. PRINCIPE DE L'IMPLANT COCHLÉAIRE

On sait que l'oreille, récepteur d'information, est constituée de trois parties [4] :

oreille externe,

oreille moyenne,

La membrane basilaire, ainsi que l'organe de Corti qu'elle supporte, sélectionne de façon spatiale les composantes fréquentielles qui constituent l'onde acoustique.

L'implant cochléaire cherche à reproduire ce mécanisme. Il est représenté figure 2.

2. Représentation synoptique du fonctionnement de l'implant cochléaire.

oreille interne.

 

DOSSIER

LE GÉNIE BIOMÉDICAL

 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

canal

compression

logarithmique

 
 
 

antenne

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

filtrage

 
 

détection

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

microphone

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

construction

des

--

 

étage
fréquence

ence

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

impulsions

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

signal acoustique amplificateur

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

compression

logarithmique

canal n

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

filtrage

 
 

détection

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

3. Représentation synoptique de la partie externe.

3. RELATION AVEC LE PATIENT

Les personnes concernées par l'implant cochléaire sont porteuses de surdités profondes liées à une défaillance complète de l'organe de Corti. Dans l'oreille interne, l'organe de Corti transforme les vibrations acoustiques en un stimulus électrochimique qui est distribué sur les terminaisons du nerf auditif. Les voies de l'audition transmettent ensuite cette information vers le cortex cérébral qui va interpréter ce message comme venant du sens de l'ouïe. Cette interprétation fait appel, bien sûr, à toutes les fonctions supérieures de l'homme, à ses possibilités et à tout le passé qu'il a emmagasiné depuis sa naissance et même peut-être avant.

Donc, lorsque l'organe de Corti est totalement détruit, les amplifications du signal resteront sans effet. Par contre, on peut court-circuiter sa fonction à l'aide du mécanisme décrit ci-dessus. Il est bien clair que ceci est seulement sensé copier le fonctionnement physiologique de l'oreille. selon l'état actuel de nos connaissances. Le message qui est transmis au cortex cérébral est très appauvri par rapport à celui qui arrive avec une audition normale. Il est important que le patient puisse s'y adapter. On admet donc que les conditions suivantes doivent être requises avant une implantation cochléaire :

le patient est porteur d'une surdité totale bilatérale,

les excitations électriques tests sont positives, ce qui indique que le nerf auditif est toujours fonctionnel,

l'examen orthophonique montre que le patient pourra utiliser la "lecture du visage" de son interlocuteur et a un bon niveau de langage, ce qui devrait lui permettre de reconstituer la teneur du message,

les essais de réhabilitation avec les aides auditives classiques se sont avérés négatifs,

le profil psychologique du patient et son soutien familial indiquent sa motivation pour s'adapter au nouveau code auditif qui lui sera fourni,

Le signal acoustique, capté par un microphone, est soumis à un étage d'analyse. Le résultat du traitement sert ensuite à moduler une radiofréquence qui franchit la barrière cutanée par induction électromagnétique.

Le signal est ensuite reçu et démodulé par la partie interne.

Les différentes fréquences sont détectées et l'énergie correspondante est distribuée sur les électrode réparties le long de la Cochlée, pour simuler le phénomène physiologique observé sur une cochlée normale.

Considérons maintenant la partie externe. Son fonctionnement est représenté sur la figure 3.

Le signal acoustique est capté par un microphone, puis amplifié. Il est ensuite décomposé selon l'énergie contenue dans les bandes spectrales réparties sur la gamme utile de l'audition. Puis cette énergie est compressée pour que la dynamique acoustique soit adaptée à la dynamique électrique des terminaisons du nerf auditif arrivant sur la cochlée.

Pour chacun des canaux, une impulsion est construite. Sa surface est proportionnelle à l'énergie électrique issue de la compression logarithmique. Un séquenceur permet de construire un jeu d'impulsions séquentielles représentant l'énergie détectée dans les n canaux.

Une porteuse est ensuite modulée en amplitude avec ces impulsions.

De l'autre côté de la peau, les impulsions sont détectées de manière séquentielle et distribuées le long de la cochlée les unes après les autres. Cette stratégie est désignée sous le nom de CIS (Continuous Interleaved Samples).

Actuellement, le fonctionnement décrit figure 3 est réalisé numériquement [5]. Le signal d'entrée est échantillonné, puis une FFT permet de déterminer, à l'aide de raies, sa structure spectrale. Les raies sont ensuite rassemblées en bandes avant d'attaquer la compression logarithmique. Ce mode de fonctionnement est très répandu ; il correspond notamment à celui qui est effectué par l'implant français Digisonic [5].

52

I REE N° 8 5z Septembre 1997

mieux comprendre et faire évoluer une technique coûteuse et qui fait appel aux fonctions supérieures de l'homme. Autant pour la Société que pour le Patient, on doit tirer le meilleur parti des systèmes de traitement du signal très ouverts qui sont actuellement mis en place.

Remerciements

Les auteurs remercient les organismes et personnes qui soutiennent leur recherche, la société MXM, le groupement GIPA, les Hospices Civils de Lyon et le CNRS, ainsi que les professeurs L. COLLET, A. MORGON et E. TRUY de l'Hôpital Edouard Herriot de Lyon.

Bibliographie

[1] DJOURNO A, EYRIES C, VALLENCIEN B. " De l'excitation électrique du nerf cochléaire chez l'homme, par induction à distance, à l'aide d'un microbobinage inclus à demeure ", Presse Med., 35, 1417-1423 (1957).

[2] CALLIOPE. " La parole et son traitement automatique ", Masson, 1989.

[3] BERGER-VACHON C. " Implant cochléaire; aspect technique ", journées Automatiques et Santé, Montpellier 5-6 Juin 1997, Actes : partie Handicap 2.

[4] GRIBENSKI A. " L'audition ", collection "Que sais-je", PUF (1994).

[5] BELIAEFF M., DUBUS P., LEVEAU J.M., REPETTO J.C., VINCENT P. " Sound Processing and Stimulation coding of DIGISONIC DX10 15-channel Cochlear Implant ", Advances in cochlear implant, Ed. IJ. Hochmair (Innsbruck). 1994;198-203.

Stéphane GALLEGO prépare une thèse de doctorat en génie Biomédical sur les mesures objectives avec l'implant cochléaire au laboratoire "Neurosciences et systèmes sensoriels". CNRS UPRESA 5020 de l'Université Claude Bernard de Lyon.

Stéphane GARNIER prépare une thèse de doctorat en génie Biomédical sur l'évaluation de la perception du signal acoustique au laboratoire "Neurosciences et systèmes sensoriels". CNRS UPRESA 5020 de l'Université Claude Bernard de Lyon.

Christian BERGER-VACHON est professeur d'Instrumentation Médicale au laboratoire "Neurosciences es systèmes sensoriels". CNRS UPRESA 5020 de l'Université Claude Bemard de Lyon.

son QI atteste de ses possibilités à apprendre un nouveau langage,

son consentement 'éclairé' est nécesiaire pour qu'il connaisse à l'avance les difficultés qu'il va rencontrer et qu'il devra surmonter,

son état physique est assez bon pour lui permettre de résister au choc opératoire.

L'équipe d'implantation est pluridisciplinaire et elle corn prend :

le chirurgien bien sûr,

un médecin O.R.L. qui vérifie la surdité et éventuellement les signes associés dans le cas d'un polyhandicap,

l'orthophoniste pour assurer la rééducation,

l'audioprothésiste pour assurer l'entretien classique du processeur externe (fils, connecteurs....),

le technicien de réglage pour adapter au patient les multiples paramètres du traitement du signal (seuils, compressions, bandes de fréquence...),

le psychologue pour le nécessaire soutien à apporter,

le coordinateur pour optimiser les multiples rendez- vous et pour gérer l'ensemble des sujets implantés sur un centre,

l'assistante sociale, pour l'aide à la prise en charge financière des appareils (170 à 180 kF l'unité),

le groupe scientifique.

On ne peut pas se contenter de poser cette technologie sans essayer de la faire évoluer. De plus, le suivi des résultats du patient et l'adaptation de la stratégie de codage sont des éléments importants conditionnant la réussite ou l'échec de l'implantation. Le spécialiste du traitement du signal a donc totalement sa place dans le groupe de prise en charge des personnes implantées, avant et après le geste chirurgical, voire même pendant si on veut vérifier en temps réel au bloc opératoire le bon fonctionnement de l'appareil lors de sa mise en place.

4. CONCLUSION

La lutte contre le handicap associé à une surdité profonde ou totale, en employant la thérapeutique de l'implant cochléaire, fait appel à une prise en charge du patient très rigoureuse.

Il y a d'une part l'aspect médical (médecin, chirurgien) et paramédical (orthophoniste, audioprothésiste, psychologue, technicien) et d'autre part l'aspect scientifique pour

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