La performance des PME au NIGER( Télécharger le fichier original )par zakari H.NIANDOU Université Canadienne du Niger - Maitrise en sciences de gestion option Finance 2006 |
Première Partie : Cadre théoriqueLa notion de la performance a fait l'objet de plusieurs écrits. Cependant, elle se concentre généralement sur un aspect de l'organisation, du système de production ou de sa stratégie. En ce qui concerne les PME, il est essentiel pour les dirigeants d'avoir une vue globale de leurs entreprises ou même de leurs secteurs d'activité. En effet, les dirigeants se tournent de plus en plus vers une évaluation multicritère de la performance touchant aussi bien au social (performance humaine), au technique qu'à l'économique. Dans les chapitres et sections à venir, les différentes idées concernant la performance des entreprises seront présentées, cela permettra de retenir la méthode à expérimenter pour le cas des PME Nigériennes. Chapitre I : Revue de la littérature sur la performance des PMECe chapitre présente les résultats des différentes analyses sur le problème de la mesure de la performance. Etant donné que les écrits abondent sur ce sujet, un recensement des idées à été effectuée et, après classement deux grandes idées ont été dégagées, à savoir : · la méthode financière (les mesures issues de la recherche financière) ; · la méthode moderne de Norton et Kaplan. Le chapitre permettra d'une part de présenter les idées retenues et d'autre part de faire une comparaison entre elles pour pouvoir déterminer la méthode la plus appropriée pour la mesure de performance des PME en tenant compte des spécificités de l'environnement général de ces entreprises au Niger. Section I : le modèle traditionnel (recherche financière)Dans toutes les économies des « pays en voie de développement » particulièrement au Niger, les petites et moyennes entreprises jouent un rôle capital car elles sont les moteurs de l'activité commerciale formelle et de la création d'emplois. C'est ainsi qu'au Niger dans la stratégie de réduction de la pauvreté (SRP) élaborée par le cabinet du Premier ministre en janvier 2002, il est prévu qu'au cours de la période 2001-2005, la croissance serait essentiellement tirée par le secteur agro-pastoral et le secteur privé. On peut alors sans exagération affirmer que les PME constituent un pilier de l'économie de ces pays. C'est pourquoi il est nécessaire de tout mettre en oeuvre pour pérenniser leur existence, mieux trouver les voies et moyens pour leur éventuel développement. Ceci ne pourra se faire que si elles arrivent à survivre à la concurrence qu'elles subissent du fait de la mondialisation. Pour cela il faut que ces entreprises soient performantes. Et la performance ne se limite pas à des résultats financiers positifs (approche traditionnelle), car l'entreprise est un agencement de plusieurs fonctions qui sont entre autres le commercial, les ressources humaines, la production. C'est pourquoi il faut trouver un modèle de mesure de performance des PME qui associe toutes les fonctions de l'entreprise, en d'autres termes un modèle multicritères. 1. Approche traditionnelle de la mesure de la performance Les entreprises utilisent depuis longtemps des indicateurs de performance de nature généralement financière, tels que le bénéfice net1(*), le bénéfice par action2(*), et le rendement sur le capital investi3(*). Ainsi l'approche traditionnelle s'inscrit dans le cadre de la finance néoclassique, dont le but est d'élaborer des règles d'allocation optimale des capitaux. La question de la mesure de la performance de l'entreprise, si elle trouve une réponse théorique simple dans le cadre de la théorie financière traditionnelle, devient particulièrement complexe dès qu'on écarte les hypothèses traditionnelles qui la sous-tendent, notamment celles d'identité des objectifs des différents agents. La multiplicité et la diversité des critères d'évaluation utilisés par les entreprises et le rôle marginal qu'occupent les critères issus de la théorie financière traditionnelle laissent à penser que la question de la mesure de la performance est loin d'avoir reçu une réponse satisfaisante. Or cette question, loin de se réduire à un aspect technique, est fondamentale pour comprendre la formation même de la valeur, en relation notamment avec les systèmes de gestion des entreprises qui encadrent les processus de création et de répartition de la valeur. 2. Les résultats issus de la recherche financière Les multiples études empiriques qui ont porté sur la performance des entreprises, révèlent une pluralité de critères qui supposent tous que la valeur boursière représente fidèlement le problème de la mesure. Les critères principaux peuvent être regroupés en deux catégories. La première quantitative et prévisionnelle, la seconde regroupe les mesures issues de la théorie du portefeuille, dont l'utilisation se fait principalement ex post, dans l'objectif d'évaluer la performance réalisée sur une période donnée.
Le ratio Q, proposé par Tobin en 1994, constitue dans son principe une mesure de l'ensemble des rentes anticipées, sur un horizon infini. Cette mesure se fait en rapportant la somme de valeur de marché des titres détenus par les investisseurs financiers (actionnaires et créanciers) au montant des capitaux financés, le plus souvent évalué à partir des immobilisations. Q de Tobin = Valeur de marché (capitaux propres4(*)+dettes financières5(*)) / Coût de remplacement des actifs Un ratio Q supérieur à l'unité signifie que la rentabilité de l'ensemble des actifs de l'entreprise et anticipée par le marché, est plus élevée que le coût moyen pondéré du capital. Ce ratio très proche dans sa formulation des critères de la valeur nette et de l'indice de profitabilité transposé à l'ensemble de l'entreprise a fait l'objet d'un certain nombre de critiques, tenant en particulier à la non considération des actifs immatériels dans l'évaluation du coût de remplacement des actifs et à la difficulté de mesurer ce coût. L'importance actuelle des actifs immatériels conduit cependant à supposer que les performances estimées à partir du Q de Tobin sont vraisemblablement surévaluées, et peuvent fausser l'appréciation de la performance de l'entreprise considérée. Source: Chung K.H. et Pruitt S.W.(1994), A simple Approximation of Tobin's q, financial management , vol.23,N°3
Le ratio de Marris repose sur la même logique que le Q de Tobin, mais ne retient que les capitaux directement investis par les actionnaires. Il s'évalue en rapportant la capitalisation boursière à la valeur comptable des capitaux propres. Ratio de Marris = Capitalisation boursière6(*) / Valeur comptable des capitaux propres Source: Charreaux G. et Desbrières P. (1998), Gouvernement des PME et création de valeur,Finance contrôle stratégique.
Si dans le cadre des hypothèses de la théorie financière néoclassique les deux critères convergent pour identifier la création de valeur, le rejet de l'hypothèse d'indépendance entre la valeur de l'entreprise et la structure de financement peut induire une contradiction. Par ailleurs, le caractère d'indice relatif de ces critères conduit à une différentiation de la création de valeur. Enfin, un certain nombre de caractéristiques communes à ces deux mesures sont à souligner : · premièrement, elles tiennent compte du risque car, s'appuyant sur les valeurs de marché (si on suppose l'efficience du marché financier), elles procèdent implicitement d'une actualisation des flux qui est censée se faire aux taux de rentabilité requis par les différentes catégories d'investisseurs financiers, en fonction du risque encouru. · Deuxièmement, elles ne se mesurent pas dans l'absolu la valeur créée (ou plutôt le potentiel de création de valeur) mais représente des indices relatifs de création de valeur. · Troisièmement, elles font implicitement référence à une norme identique. Un ratio faisant apparaître une création de valeur (valeur supérieure 1) laisse supposer que la rentabilité anticipée est supérieure à la rentabilité requise7(*) à l'équilibre par les différents apporteurs de capitaux, évaluée par le coût moyen pondéré. Source: Charreaux G. et Desbrières P. (1998), Gouvernement des PME et création de valeur, Finance contrôle stratégique. 3. Pour une Nouvelle approche de la mesure de la performance Le cadre théorique de la mesure de performance de l'entreprise évacue d'une part, l'aspect incitatif que joue la mesure de performance choisie et d'autre part, tant pour des raisons idéologiques qu'opérationnelles, réduit la mesure de la valeur créée à la seule dimension actionnariale. Ces deux simplifications semblent dommageables aussi bien dans la perspective prescriptive qu'explicative des pratiques des entreprises. Sur le premier point, il importe de noter que la construction d'outils de gestion ne fasse pas abstraction des effets pervers qu'ils peuvent induire. Quant au second, il nous paraît essentiel de mieux comprendre pourquoi les critères issus de la théorie financière traditionnelle semblent relativement peu utilisés. On ne peut se satisfaire, en raison de l'ancienneté de ces critères qui, pour certains, ont été proposés il y a plusieurs décennies, des explications fondées sur l'ignorance ou la résistance au changement. Deux dimensions de la problématique traditionnelle nous semblent particulièrement critiquables : l'ignorance du rôle incitatif des mesures et leur critère réducteur, limité à la seule relation actionnaires /dirigeants. Source: Bergeron, H., (1998) ;''les tableaux de bord pour rendre compte de la performance : typologie et déterminants'', actes du XIX congrès de l'AFC, Nantes, volume II
* 1 Bénéfice net :excédent net des recettes sur les dépenses,a près une période qui est généralement d'un an. * 2 Bénéfice par action : excédent net des recettes sur les dépenses divisé par le nombre d'actions de l'entreprise. * 3 Rendement sur capital investi :calcul du rendement obtenu par l'activité. * 4 Somme versée par les actionnaires et qui permettent de financer l'actif. * 5 Montant du passif, résultant des emprunts bancaires. * 6Valeur en bourse des actions * 7 Rentabilité souhaitée |
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