Conclusion générale
Dans l'imagerie populaire et même chez certains
scientifiques, le conseil d'administration n'est qu'une << fiction
légale >> ; opinion d'autant plus renforcée quand il s'agit
des entreprises publiques.
Nous avons donc tout au long de cette étude montrer
que, le conseil d'administration - du moins pour ce qui est de certaines de ses
caractéristiques - exerce une influence sur la performance de
l'entreprise.
Pour ce faire, nous avons articulé notre propos autour
de deux grands axes.
Le premier visait à dégager sur le plan
théorique les éléments constitutifs de la gestion de
l'entreprise publique. Une appréciation quant au contexte camerounais a
aussi été proposée. Il en ressort que le système de
gestion de l'entreprise public, même s'il doit avoir pour leitmotiv la
<< rationalité économique >>, il n'en demeure pas
moins vrai que sa gestion est différente de celle des entreprises
privées. L'une des principales raisons de cette différence
réside notamment dans le fondement de la notion de service public qui
caractérise au premier plan les entreprises publiques.
Nous verrons donc, pour ce qui est du cas camerounais que des
entreprises publiques vont être créées pour palier
l'insuffisance voire l'absence de l'initiative privée au lendemain de
l'indépendance. L'Etat va ainsi s'impliquer dans la création
d'entreprises, le but ultime étant principalement la relance de
l'activité économique. Un gros arsenal juridique va suivre leur
mise en oeuvre, mais cela ne sera pas suffisant pour garantir leur
réussite. Le contexte de crise aidant, ces entreprises vont, pour la
majorité d' entre elles, faire faillite.
Le deuxième volet de cette recherche s'est
attaché à déterminer l'impact du CA sur
l'amélioration de la gestion des entreprises publiques camerounaises. En
effet, nous nous sommes demandés si la réadaptation de la gestion
des entreprises publiques camerounaises pouvait se faire au détour d'un
réaménagement des caractéristiques de leurs conseils
d'administration. Nous avons répondu à cette préoccupation
en examinant le poids des différentes caractéristiques du CA sur
la performance d'une entreprise.
Cela a nécessité que l'on présente dans
un premier temps le cadre théorique du conseil d'administration. Il est
sous-tendu par le courant du gouvernement d'entreprise lequel est issu de la
réflexion initiée quant à la limitation de l'opportunisme
né de la relation d'agence entre les propriétaires de la firme et
les décideurs de cette dernière.
Dans cette optique, le dirigeant ne serait pas un intendant
fidèle, il est donc nécessaire de créer des
systèmes d'incitation et de contrôle afin d'orienter les actions
des agents, d'où la place du conseil d'administration.
Un autre aspect du conseil, notamment son rôle
stratégique est dévoilé par l'approche cognitive des
conflits entre principaux et agents. Il en ressort que le conseil est une
source de création de compétences, sur le plan stratégique
notamment.
Quel est donc son impact sur la performance ?
Pour répondre à cette question, nous avons
défini un ensemble de variables lesquelles ont subies une analyse
factorielle afin de déterminer les quelles d'entre elles agissent sur la
performance des entreprises publiques.
Rendus à la fin de cette analyse, on retiendra que deux
éléments majeurs, en l'occurrence la composition
et les processus du conseil d'administration
influencent les performances des entreprises publiques
camerounaises.
Au regard de ce constat, nous proposons la création
d'un comité de réflexion sur le gouvernement des entreprises
publiques camerounaises et dont la principale mission consisterait à
redéfinir les orientations du conseil d'administration notamment par
rapport aux composantes les plus influentes en matière de gestion de ces
entreprises.
Il faut dire tout de suite qu'une telle commission ne vise pas
à modifier les textes légaux relatifs au CA ; nous pensons que la
loi n° 99/0 16 du 22 décembre 1999 actuellement en vigueur est
assez claire sure le rôle de cet organe. Elle devrait plutôt
chercher les voies et moyens afin de rendre cette réglementation
applicable.
C'est dans cette perspective que nous avons formulé les
propositions suivantes :
Proposition n°1 : La
création d'une agence des participations de l'Etat (APE) placée
sous l'autorité directe du ministère des finances.
Proposition n°2 : Distinguer
clairement le rôle d'actionnaire de l'Etat des autres fonctions qu'il
remplit à l'égard des entreprises dont il détient une part
du capital.
Proposition n°3 : La charge
d'administrateur doit être une fonction principale et non auxiliaire
comme c 'est le cas, et par conséquent elle doit être
rémunérée.
Proposition n°4 :
Réprimander l'exercice à la fois de président du conseil
d'administration et de ministre de tutelle.
Proposition n°5 : Afin d'assurer
l'efficacité des délibérations au conseil, limier à
10 le nombre d'administrateurs quelle que soit la taille de l'entreprise.
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