4- Interprétation des résultats des
régressions
Notre étude conclue à une influence positive de
la taille du CA (TCON), notamment une grande taille (41% des entreprises de
l'échantillon ont un CA ayant au moins 13 administrateurs) sur la
performance, tant financière qu'économique de l'entreprise. Les
coefficients de cette variable (0,14 et 3,33 dans les équations [1] et
[2]) sont tous significatifs au seuil de 5%. Les arguments en faveur de ce
résultat peuvent être empruntés à la théorie
de la dépendance envers les ressources. En effet, plus l'incertitude est
grande, plus la prise de décision requiert des informations nombreuses
et difficiles à obtenir. C'est à ce niveau là que le
conseil de grande taille peut s'avérer nécessaire en ce sens
qu'il se servira de la réputation de ses nombreux administrateurs. De
plus, on supposera qu'un nombre élevé d'administrateurs est une
présomption de nombreuses aptitudes et de compétences au profit
de pareils conseils.
Cette approche peut cependant être relativisée
par les réflexions sur les décisions des groupes. Dans cette
optique, les avantages liés à une taille élevée du
conseil seraient plus que compensés par les inconvénients
liés au manque de consensus sur les décisions importantes.
L'idée à la base est que les grands groupes présentent un
plus grand potentiel au désaccord et au manque de cohésion (Brown
et Mahoney, 1992 ; Bantel et Jackson, 1989).
L'effet positif de la présence des administrateurs
externes (NADE) au conseil sur la performance de la firme est infirmé
(-1,77 et -1,82) par notre recherche. En effet, la présence de membres
externes indépendants est particulièrement importante parce
qu'ils sont exclusivement guider par la protection des intérêts
des actionnaires. Leurs intérêts personnels se résument
à valoriser leur capital humain, fortement liés à leur
réputation d'expert indépendant sur le marché des
dirigeants.
La non confirmation de cette hypothèse pour les
entreprises publiques camerounaises peut trouver explication dans ce que la
plupart des administrateurs externes rencontrés dans les conseils ne
présentent en réalité aucune réputation dans le
secteur d'activité de leur entreprise. De plus, leurs
compétences, quand il en existe, ne correspondent pas à celles
exigées dans le secteur d'activité dans lequel ils exercent.
Leurs autres
nombreuses occupations atténuent également
l'importance de leur présence au sein des conseils.
Cependant, comme pour les entreprises tunisiennes (2003), le
nombre (NREC) et la durée (DURE) des réunions des conseils
d'administration des entreprises publiques camerounaises sont des facteurs qui
influencent positivement les performances de celles-ci. Leurs coefficients dans
les deux équations sont significatifs et sont respectivement 0,24 et
0,33 pour la première et 6,03 et 2,21 pour la seconde. Les entreprises
dont les membres du conseil ne se réunissent que très peu et de
manière laconique présentent des performances médiocres.
En effet, les administrateurs portent très peu un regard de
contrôle sur la gestion des dirigeants en place, la conséquence
immédiate étant une prépondérance des coûts
d'agence.
L'identité du principal actionnaire (IPAC) nous a servi de
variable de contrôle.
Dans l'ensemble, les hypothèses formulées sont
vérifiées. Les modèles utilisés sont globalement
significatifs (R12=0,53 et R22=0,51) pour donner un sens
à notre ajustement.
Au terme de ce chapitre, il convient de rappeler qu'il avait
pour objectif de définir les caractéristiques du conseil
d'administration ayant un impact sur la gestion des entreprises publiques
camerounaises. Nous avons ainsi passé en revue l'ensemble des variables
du conseil d'administration notamment pour ce qui est des entreprises publiques
camerounaises retenues dans notre échantillon. Des exposés venant
de la littérature sur le gouvernement d'entreprise et de l'analyse du
cadre légal du conseil d'administration, nous avons recensé au
total 20 variables. A près analyse de ces variables par l'étude
des facteurs significatifs, on a pu aboutir à la conclusion que la
composition, et le processus du conseil d'administration sont les deux aspects
du conseil d'administration qui influence la performance des entreprises
publiques camerounaises. Il convient de ce fait d'ajuster ces
éléments dans l'intérêt de l'amélioration de
la gestion de ces entreprises, gage de leur survie.
CONCLUSION PARTIELLE
Dans la première partie de notre recherche, on est
arrivé à la conclusion que l'une des causes de la
défaillance des entreprises publiques camerounaises était le
conseil d'administration.
Ainsi, face à la multitude de variables
caractérisant le conseil d'administration, on a essayé de
déterminer celles qui influencent la plus la gestion de nos entreprises
en particulier celles qui relèvent du secteur public. Pour ce faire,
nous avons dans un premier temps analysé le cadre théorique du
conseil d'administration. Il ressort de cette analyse que le conseil
d'administration est un mécanisme de contrôle destiné
à limiter l'opportunisme des dirigeants. C'est cette approche qui est
retenue par le courant disciplinaire du conseil d'administration.
Le conseil d'administration peut aussi servir, surtout si on
suppose avec l'approche cognitive des organisations que le conflit
d'intérêts entre dirigeants et propriétaires n'est
qu'apparent. Dans cette optique, le conseil d'administration peut aider
à la création de compétences et d'opportunités
notamment lorsqu'il intègre en son sein des administrateurs ayant des
liens avec les autres acteurs de l'environnement.
C'est sur cette base qu'on s'est lancé à la
recherche de certaines de ses variables qui auraient un impact sur la
performance des entreprises.
Avec au départ une vingtaine de variables, nous avons
procédé à une analyse en correspondances multiple et il
ressort que la composition et le processus des conseils d'administration sont
les éléments qui influencent la performance des entreprises
publiques camerounaises.
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