Elle est actuellement menée par le projet de
«Déconcentration de la gestion des personnels de l'Etat. »
C'est l'un des principaux projets du Programme National de Gouvernance (PNG)
approuvé par l'Etat. Ce projet figure dans le document cadre de la
facilité d'Ajustement Structurel Renforcé (ASR) pour la
période 1999/2000 à 2000/2002. Le projet vise à mettre un
terme aux nombreux dysfonctionnements révélés par
l'étude diagnostique qui a précédé
l'élaboration du PNG, dysfonctionnements mis à nu par les
résultats du recensement REGAINS. En un mot, le projet vise une plus
grande maîtrise de la gestion des personnels et de la solde par
l'élimination de ces dysfonctionnements.
L'instrument de ce projet est le SIGIPES. C'est un support
informatique mettant en réseau le MINFOPRA et le MINFIB d'une part, et
d'autre part, reliant tous les autres ministères au MINFOPRA et au
MINFIB. Le socle informatique constitué par SIGIPES doit permettre de
recueillir, au cours des opérations de GRH exécutées dans
les divers ministères, des données qui seront stockées et
transformées en informations, ces dernières étant à
leur tour distribuées et utilisées par les responsables de la GRH
des ministères utilisateurs, le MINFIB et le MINFOPRA.
Les résultats escomptés concernent entre autres
la réduction de la pauvreté par la limitation des
déplacements et la suppression des démarches de suivi des
dossiers, l'accroissement des performances des agents publics et
l'amélioration de la qualité du service au public.
La mise en oeuvre est rentrée dans sa phase
expérimentale dans quatre ministères pilotes : MINFIB, MINFOPRA,
MINEDUC, et MINSANTE. Ces ministères regroupent 43% des effectifs de la
fonction publique d'où la pertinence du choix. Après cette phase
expérimentale devant s'achever en principe le 30 mars 2002, l'extension
dans les autres ministères se fera après évaluation des
résultats obtenus, sur décision du chef du gouvernement.
Les entreprises publiques camerounaises sont le fruit d'un
long et pénible parcours. En effet, quelques dix ans après
l'obtention de l'indépendance, on dénombre très peu
d'entreprises publiques créées, celles qui existent à
cette époque résultent pour la plupart des nationalisations des
entreprises publiques autrefois sous le contrôle des colonisateurs.
L'Etat, conscient de ce que l'initiative privée est encore balbutiante,
va s'engager à créer des entreprises publiques ; au départ
cette création se fait sans préalables mais au fil du temps le
gouvernement va les doter d'un socle juridique c'est qui a justifié la
présentation des actes juridiques visant à réglementer le
secteur public et parapublic. Nous avons par la suite présenté
comment s'est opérée la gestion de ces entreprises, on aboutit
à la conclusion que cette dernière était
émaillée de nombreuses lacunes qui ont favorisé le
déclin des entreprises publiques. L'inertie du conseil d'administration,
organe chargé de définir la stratégie de l'entreprise et
de veiller à sa mise en place a été principalement mis en
cause. Les mandats de ses administrateurs
ne sont pas clairement définis, les compétences
sont insuffisantes sans oublier que le procédé de nomination des
administrateurs est trop politisé sont les principaux
éléments de l'inertie des conseils qui ont été mis
en exergue dans ce chapitre. La libération du système de gestion
en général et des organes de gestion en particulier s'impose.
C'est ce qui nous amène, dans ce qui suit à analyser l'importance
du conseil d'administration dans l'amélioration de la gestion des
entreprises publiques camerounaises.
CONCLUSION PARTIELLE
Nous avons, dans cette première partie, essayer de
dégager une vue d'ensemble de la gestion des entreprises publiques
camerounaises. Il en ressort que, les entreprises publiques camerounaises sont
décadentes à cause des nombreuses failles émanant de leur
système de gestion. Avant d'y revenir, rappelons ce qui a
constitué la base théorique de cette analyse en l'occurrence le
chapitre premier.
Le but principal visé par ce chapitre était
d'apporter des éléments de réponse, à tout le moins
sur le plan théorique, aux différentes interrogations qui
naissent lorsqu'on aborde le secteur on ne peut plus sensible des entreprises
publiques. C'est quoi une entreprise publique ? Quelle est sa raison
d'être ? En quoi cette dernière se distingue de l'entreprise
privée, forme quasi-dominante de l'organisation de l'activité
économique ?
A ces questions, nous avons trouvé d'innombrables
éléments de réponse. Pour ce qui est du premier
questionnement, nous sommes arrivés à la conclusion que
définir l'entreprise publique relevait d'une tâche complexe et que
en plus de cela elle ne faisait pas l'unanimité. On est parti ainsi
d'une approche par définition de critères afin de
déterminer les caractéristiques de l'entreprise publique à
une approche beaucoup plus directe ; c'est de cette dernière que
découle la définition qui a fait l'objet de critère de
sélection des entreprises de notre échantillon. Nous la devons
à Darbelet et Laugine (1984) et elle stipule que l' entreprise publique
est une entreprise dans laquelle tout ou partie du capital et du pouvoir de
décision appartient à une collectivité publique,
c'est-à-dire l'Etat, une région, un département ou une
commune.
Relativement à sa légitimité, nous avons
exploré le débat sur l'interventionnisme étatique et la
notion de service public. Pour le premier aspect, il est indispensable que
l'Etat, au moyen de l'entreprise publique vienne pallier aux
défaillances du marché, même si d'aucuns - les
libéraux notamment - pensent que cela doit se faire dans le strict
minimum possible. L'entreprise publique doit exister parce qu'elle assure une
mission de service public, c'est le point de vue mentionné par le second
aspect de la légitimité des entreprises publiques.
La différence entre entreprise publique et entreprise
privée va donc se faire à ce stade et aussi au niveau du
système de gestion.
Quand on analyse donc le secteur public camerounais, on
constate que celui-ci a eu du mal à se faire une place, non pas que le
secteur privé lui faisait concurrence - il était pratiquement
inexistant - mais parce que le contexte politique n'était pas favorable
à son épanouissement. Ce n'est donc qu'après l'accalmie
que le secteur public s'est mis en place, à travers un arsenal
juridique, et atteignant ainsi une forte ampleur soit un total de 170
entreprises pour l'année 1988.
Cependant, avec le début de la crise, elles ont
commencé à perdre de leur aura et la principale cause
évoquée est la mauvaise gestion mise en avant ici par l'inertie
des organes de gestion, notamment le conseil d'administration.
Le conseil d'administration n'a pas un mandat clairement
défini, les compétences sont insuffisantes, sa composition trop
politisée, la nomination des administrateurs et leur intégration
et formation se faisant au détriment de son bon fonctionnement. Il
convient donc, à partir de ce regard panoramique, de confirmer
l'implication du conseil d'administration dans la mauvaise conduite des
entreprises publiques camerounaises à travers l'analyse de l'impact de
ses dysfonctionnements sur leurs performances.