I-2-3. Les différentes politiques de gestion des
déchets
Plusieurs actions sont généralement
associées aux politiques de gestion des déchets. Il s'agit
notamment des opérations collecte et de gestion, et des
opérations de récupération et de valorisation.
a- La collecte et la gestion des
déchets
Selon l'ADEME (1994), la collecte est une opération
qui consiste en l'enlèvement des déchets chez le producteur (les
ménages pour les ordures ménagères) ou aux points de
regroupement alors que la précollecte est définit comme
étant l'ensemble des opérations d'évacuation des
déchets depuis leur lieu de production, jusqu'au lieu de prise en charge
par le service de collecte public.
Dans les PVD, la précollecte peut être
définit comme étant le transfert des déchets
ménagers des zones inaccessibles aux camions de ramassage (surtout dans
des quartiers spontanés) vers des bacs à ordures ou des centres
de regroupements. Elle est généralement assurée par des
associations de quartiers et ONG plus ou moins structurées qui
s'autofinancent par la contribution des ménages adhérents et par
les produits tirés de la vente des matières
récupérées et du compost produit.
De manière historique, la première
expérience de précollecte des déchets ménagers dans
les quartiers remonte à 1990 à Rufisque au Sénégal
ou elle se faisait dans des charrettes à traction animale à un
coût mensuel de 450F CFA (o,675 euro) par ménage et concernait
3500 ménages. Aujourd'hui, cette expérience est répandue
dans tous les PVD et le montant des contributions mensuelles des ménages
se situe entre 0,2 euro (à Lucknow en Inde) et 2,5 euros (à
Conakry en Guinée). Dans certaines villes indiennes, des associations de
rue de quelques 75 à 100 propriétaires de maisons
établissent des contrats avec des ramasseurs locaux de déchets
pour collecter les déchets et nettoyer les rues. Les associations
récupèrent les redevances des ménages, paient les
ramasseurs de déchets, encouragent le
tri des déchets au niveau des ménages et font
des campagnes d'éducation7.
Le traitement des déchets est un processus permettant
la réduction du potentiel polluant initial du déchet dans des
conditions contrôlées ainsi que du flux des déchets
à mettre en décharge. La gestion quant à elle regroupe
toutes les actions menées par les gestionnaires des déchets afin
d'assurer un service efficace de collecte. Selon Smith et al (2004), les
techniques de traitement des déchets et effluents doivent aboutir
à des coproduits facilement utilisables pour l'agriculteur, sans dangers
pour la santé et avec risque minimum sur le milieu naturel.
Dans les PVD, la proportion des matières plastiques
dans les déchets est de 5%, soit 60 tonnes /jour et une quinzaine de
Kilogrammes par personne et par an. On distingue trois voies de valorisation :
La voie énergétique qui remonte le plus en amont de la
chaîne de transformation, la voie chimique qui en est proche et la voie
mécanique qui exploite le mieux le niveau d'énergie atteint par
la matière, c'es la voie la plus directe.
En 1994, la consommation en matières plastiques a
été de 28 millions de tonnes en Europe de l'Ouest. Elf Atochem
fait partie des 10 principaux producteurs Européens.
7 Source : T.K. Ramkumar, community initiatives in
municipal solid waste management : case of EXNORA in India. EXNORA
International, Madras, India; UMP/SDC, 1996.
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Tableau 1.2 : Comparaison des politiques nationales de
traitement des déchets (juin 1997)
États
|
Recyclage
|
Incinération
|
Décharge Stockage
|
France
|
12 % (dont 6 % de compost)
|
|
40 %
|
|
|
48 %
|
|
Allemagne
|
18 % (dont 2 % de compost)
|
|
34 %
|
|
|
48 %
|
|
Suède
|
23 % (dont 5 % de compost)
|
|
40 %
|
|
|
37 %
|
|
Norvège
|
13 % (dont 1 % de compost)
|
|
18 %
|
|
|
69 %
|
|
Danemark
|
20 %
|
|
60 %
|
|
|
20 %
|
|
Pays-Bas
|
43 % (dont 20 % de compost)
|
|
26 %
|
|
|
31 %
|
|
Belgique (Flandre, Wallonie)
|
35 % - 11 %
|
29
|
% - 31
|
%
|
36
|
% - 58
|
%
|
Italie
|
9 % (dont 2 % de compost)
|
|
6 %
|
|
|
85 %
|
|
Royaume-Uni
|
25 %
|
|
5 %
|
|
|
70 %
|
|
Etats-Unis
|
24 %
|
|
15 %
|
|
|
61 %
|
|
Japon
|
11 % (dont 2 % divers)
|
|
74 %
|
|
|
15 %
|
|
Canada
|
30 %
|
|
4 %
|
|
|
66 %
|
|
Suisse
|
39 %
|
|
47 %
|
|
|
14 %
|
|
Autriche
|
33 % (dont 17 % de compost)
|
|
12 %
|
|
|
55 %
|
|
Espagne
|
13 % (compost)
|
|
4 %
|
|
|
83 %
|
|
Source : ADEME
|
|
|
|
|
|
|
|
Selon une étude menée par Odunze et al (2004)
dans la ville de Zaria au Nigeria sur les méthodes de collecte et de
traitement des ordures ménagères, 54% des ordures
ménagères sont collectées, 22% sont
déversées anarchiquement dans la nature, 19% sont
incinérées. L'absence des méthodes de traitement des
déchets dans cette ville comme dans bons nombres de villes au Sud du
Sahara est de nature à
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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/
Octo6re 2005
dégrader considérablement le cadre de vie des
habitants de cette ville. C'est ainsi que les méthodes de traitement des
déchets doivent vulgarisées.
b- La récupération et la
valorisation
Selon l'ADEME (1994), le recyclage peut être
défini comme étant la réintroduction directe d'un
déchet dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement
total ou partiel d'une matière vierge (verre, papier, métal,
...). La valorisation quant a elle, étant l'utilisation d'un
déchet en profitant de ses qualités, soit à la production
de matériaux neufs dans un cycle de production (recyclage), soit
à d'autres fins (utilisation agricole de compost, production
d'énergie à partir de l'incinération des déchets).
Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux
recyclables réduit la quantité de déchets à traiter
de 20 à 25%.
Du fait de son coût élevé, la
valorisation des déchets fait souvent l'objet d'une aide publique via un
organisme missionné par l'Etat. Dans les PVD, les matières
premières vierges sont généralement coûteuses ce qui
offre d'avantage d'intérêt au recyclage, d'où la naissance
des activités de récupération informelle autour des
décharges des grandes villes ; c'est le cas au Sénégal
autour de la décharge de M'beubess à proximité de Dakar.
Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux
recyclables réduit la quantité de déchets à traiter
de 20 à 25%.
Le compostage est un processus microbiologique de
dégradation de la matière organique non synthétique en
présence d'oxygène (en aérobiose). Selon Fritz (1992), le
compostage c'est la décomposition des matières organiques et leur
transformation en humus par l'action d'un grand nombre de micro-organismes dans
un milieu chaud, humide et aéré. Ce processus permet de
transformer les déchets organiques en compost, amendement organique
très riche en éléments nutritifs.
Cette opération permet de réduire
considérablement le tonnage des déchets à transporter
à la décharge.
Son équation globale s'écrit :
Matière organique + O2 Compost + CO2 + H2O + chaleur
En général, la fabrication du compost se fait de
trois façons différentes selon la disponibilité et les
quantités de déchets que l'on désire traiter. Ce sont : le
compostage artisanal en andain ou en tas, en fosse et en surface.
Selon une étude menée à Louga au
Sénégal, les meilleurs rendements du compost sont obtenus quand
ils sont combinés aux engrais chimiques et ceci selon des proportions
spécifiques à l'espèce et conditions agronomiques. A titre
d'exemple, nous avons le tableau suivant :
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CO2
Figure 1.7 : Un andain de compostage
Source : Guide de fabrication artisanale de compost :
Fondation Friedrich Ebert, Cameroun, 1994
Air (02) Micro organismes
Déchets Dégagement de chaleur
Bactéries, champignons, levures, vers, ...
Vapeur d'eau (H2O)
Speculation
|
Forme d'utilisation du compost
|
Dose (tones/ha)
|
Rendements (tonnes/ha)
|
Pomme de Terre
|
Frais
|
150
|
3.20
|
|
100
|
4.98
|
|
100
|
14.62
|
Tomate
|
Frais
|
150
|
30.13
|
|
150
|
12.55
|
|
150
|
64.40
|
Choux
|
Frais
|
100
|
5.37
|
|
100
|
5.75
|
|
100
|
18.35
|
|
200 kg/ha
Source : Thiam et al, 2005
Les études menées par Nkamleu (1996) au
Cameroun révèlent que la mauvaise organisation des circuits de
distribution constituait la principale raison de la non adoption du compost.
Hormis cette raison, 23% des non adoptants du compost doute de la non
rentabilité du compost. Pour lui, l'age, la pratique des cultures
maraîchères, la perception du compost, la pratique de
l'élevage, le niveau d'instruction et la vulgarisation sont les
déterminants de la demande de compost urbain.
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