CHAPITRE IV : ANALYSE DES DETERMINANTS DE
LA DEMANDE DES DECHETS MENAGERS RECUPERES ET RECYCLES
INTRODUCTION :
Le lien très étroit qui lie les déchets
ménagers et l'AUP à travers les opérations de
récupération et de recyclage dans la ville de Yaoundé
permet de comprendre en partie, la faiblesse du taux de collecte des
déchets ménagers dans certaines zones périurbaines
où il existe des bas-fonds marécageux. L'impact de la
récupération et du recyclage des déchets ménagers
sur le développement de l'AUP dépendra dans l'optique de cette
étude, à l'identification des déterminants de
l'utilisation des déchets ménagers récupérés
et recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et
périurbaines de la ville de Yaoundé.
Le choix a donc été porté sur
l'utilisation des déchets ménagers recyclés comme
référence à toute mesure de l'expansion de
l'activité agricole urbaine et périurbaine du fait de leur
richesse en matière organique (déchets végétaux),
en azote et potassium (déchets animaux). Il serait tout aussi important
de s'intéresser aux effets négatifs que peuvent avoir ces
déchets ménagers sur la production agricole urbaine. Cependant
dans le cadre de notre étude, nous allons uniquement nous
intéresser à la première approche.
Ceci étant, la présentation du cadre conceptuel de
notre étude fera l'objet de la première section, tandis que la
deuxième section portera sur le modèle empirique et les
recommandations.
IV-1. Le cadre conceptuel : Le modèle Logit
Il s'agit dans cette section de présenter le
modèle théorique et les sources de données de notre
étude. Iv-1-1. Le modèle théorique
a- Motivation du choix du modèle
Logit
Les modèles Logit depuis très longtemps ont
été introduits comme des approximations de modèles probit
permettant des calculs plus simples. Selon Amemiya (1981), si les deux
modèles sont sensiblement identiques, il existe cependant des
différences. Nous évoquerons ici les principales
différences :
- Les modèles Logit sont construits sur
l'hypothèse des distributions cumulatives logistiques permettant un
traitement plus adéquat des données aberrantes du fait de leurs
extrémités épaissies contrairement aux modèles
Probit qui font l'hypothèse d'une distribution cumulative normale
centrée réduite ;
- Dans les modèles complexes, les modèles Logit
sont plus adaptés parce que sont de manipulation plus aisée, car
le Probit impliquerait la manipulation des intégrales à plusieurs
degrés.
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a1- Spécification du modèle
Logit
Les bases théoriques des modèles Logit ont
été données par Mc Fadden à travers une
théorie de l'utilité. Afin de décrire le comportement d'un
individu face à l'adoption d'une technologie (utilisation des
déchets ménagers récupérés et
recyclés dans les exploitations agricoles urbaines et
périurbaines), on suppose que l'individu fait face à deux choix
représentables par une fonction d'utilité aléatoire
à savoir U1 pour l'utilisation des déchets et
U0 pour la non utilisation.
Ainsi, soit << Z » le vecteur des variables retenus
au tableau 3.4, l'utilisation des déchets16 par un
agriculteur dans les bas-fonds de Yaoundé lui procure une utilité
U1 (Z)=V1 (Z) + e1 et leur non utilisation lui
procure une utilité U0 (Z)=V0 (Z) + e0
; Vi et ei représentent respectivement les composantes
déterministes et aléatoires, Z quant à lui
représente l'argument.
L'agriculteur rationnel va choisir l'alternative qui lui procure
plus de satisfaction. La probabilité qu'il demande les déchets
s'exprime de la manière suivante :
P(Y=1) = P [U1 > U0]
= P [V1 (Z) + e1 > V0 (Z) +
e1]
= P [V1 (Z) - V0 (Z) > + e0 -
e1] (1)
En prenant Vi comme fonction linéaire de Z,
c'est-à-dire Vi = âi Z on aura :
V1 (Z) - V0 (Z) = (â1 -
â0) Z
(1) devient : P(Y=1) = P [âZ > e] = F (âZ) avec
â = â1 - â0 le vecteur des
paramètres à estimer
et e= e0 - e1 le terme d'erreur.
F (âZ) est une fonction de distribution cumulative ; le
modèle Logit suppose que F suit une loi logistique. Dans ces conditions,
la probabilité qu'un paysan quelconque demande les déchets sera
donnée par :
)
exp(âZ
PY
)
1exp(
+ âZ
(1) == Par conséquent, la probabilité de ne pas
utiliser les déchets sera donnée par :
1
)
1exp(
+ âZ
PY PY (0) 1(1)
==- ==
Avec << exp » la fonction exponentielle.
a2 - Procédure d'estimation
Plusieurs méthodes permettent d'estimer les
paramètres du modèle ainsi formalisé. Il s'agit de la
méthode de Berkson, la méthode du Chi-deux minimum et la
méthode du Maximum de vraisemblance que nous allons utiliser.
16 Déchets ici = Déchets animaux (fientes de poules
et lisiers de porcs) + déchets végétaux (Déchets de
cuisines frais et décomposés).
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Le vecteur des paramètres â est trouvé en
maximisant son logarithme ou la fonction de vraisemblance donnée par
:
)
L
( â
exp(
âZ)
1
? =+ ? = +
1exp()
1 0
1exp()
ââ
y y
ZZ
L'estimateur â' (estimé) du Maximum de
vraisemblance vérifie le système d'équations de
(2)
( )
vraisemblance donné par : 0
? â
??? ? L â ???
â=â '=
(2) représente la condition de premier ordre. En ce qui
concerne la condition de second ordre relative notamment à la
concavité de la fonction, elle est selon Gourieroux (1989) d'office
satisfaite pour les modèles Logit.
Les méthodes classiques de résolution
numérique des équations de vraisemblance sont toutes
basées sur la méthode de Newton. Son application conduit à
l'algorithme de Newton-Raphson que nous allons utiliser et qui fournit une
solution au système d'équations de vraisemblance de
manière itérative. Les méthodes du score et de
Berndt-Hall-Hall-Hausman sont souvent aussi utilisées.
Pour vérifier la significativité individuelle
des paramètres, le test de Student sera utilisé.
L'hypothèse de nullité du vecteur des paramètres quant
à elle sera testée par le test du rapport des maxima de
vraisemblance. Pour évaluer la qualité des ajustements, nous
aurons recours au R² de McFadden. En outre, le pourcentage de
bonne prédiction nous permettra de juger du pouvoir prédictif du
modèle.
Les valeurs numériques des coefficients du Logit n'ont
pas d'interprétation directe c'est pourquoi les économistes
s'intéressent aux signes des variables pertinentes et aux
réactions proportionnelles de la variable expliquée suite aux
changements proportionnels du niveau des variables explicatives c'est à
dire aux élasticités. La variable endogène dans notre cas
étant une probabilité, le calcul des effets
marginaux17 permet d'apprécier l'impact des variables
explicatives sur la probabilité d'adoption
(Cramer, 1992 ; Kaboré, 1996). Les effets marginaux
sont calculés à partir de la formule
[p(1-p)]âi , P
étant le taux d'utilisation des déchets
ménagers récupérés et recyclés de
l'échantillon.
Le modèle Logit dichotomique
univarié18 que nous allons utiliser sera estimé par la
méthode du maximum de vraisemblance. Toutefois, la fiabilité des
paramètres estimés (convergence et normalité asymptotique)
par cette méthode repose sur le caractère aléatoire et
indépendant des variables explicatives utilisées ; ce qui suppose
que leurs valeurs sont déterministes et donc bornées.
Si ces conditions sont satisfaites, compte tenu du très
grand nombre de variables à estimer l'autre difficulté
résidera au niveau du danger de multicollinéarité qui
rendrait les résultats obtenus moins efficaces et donc pas très
fiables. Pour résoudre ce problème, nous allons procéder
à une Analyse des Correspondances Multiples (ACM) à partir du
logiciel SPAD. Nous allons obtenir des grappes de variables explicatives
corrélées entre - elles et c'est ainsi que dans chaque grappe,
une seule variable
17 Les effets marginaux peuvent être
interprétées comme les pentes de la courbe logistique traduisant
l'adoption
18 Par modèle dichotomique, on entend un modèle
statistique dans lequel la variable expliquée ne peut prendre que
deux
modalités (variable dichotomique). IL s'agit d'expliquer
la survenue ou la non survenue d'un événement.
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Joë& Sotamenou Mémoire de DEA- PTCI /UY II/
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sera choisie pour l'analyse. L'avantage pour nous d'utiliser
l'ACM contrairement à l'ACP (Analyse des correspondances Partielles) est
que le premier est utilisé lorsque les variables sont aussi bien
discrètes que continues, comme c'est le cas pour nous, et le
deuxième l'est lorsque les variables sont uniquement discrètes.
Ainsi dans nos estimations, les variables retenues sont celles qui offrent un
plus grand pouvoir d'explication.
b- Choix des sites d'étude et
monographies
b1- Choix des sites
Le tableau 4. 1 présente les principales
caractéristiques des sites potentiels pour notre étude. En
fonction des caractéristiques recherchées, nous avons choisis les
sites de Nkolondom, d'Etoug-Ebé et d'Ekozoa. Le premier est un quartier
périurbain relativement salubre et principale source de ravitaillement
de la ville de Yaoundé en condiments, le second contrairement au premier
est insalubre et constitue la mamelle nourricière d'Etoug-Ebé. Le
troisième quant à lui est le principal site de culture et de
vente des fleurs dans la ville ; Ce site est particulier en ce sens qu'il est
situé entre deux circonscriptions administratives, Yaoundé I et
II (planche 5).
Le choix des sites a été fonction de plusieurs
paramètres parmi lesquels la géographie (centre-ville,
périphérie, banlieue), la pression foncière (oui/non),
l'aménagement urbain (oui/non), l'insalubrité (oui/non), les
projets de développement (oui/non), les innovations (oui/non), les
informations disponibles (oui/non), les tensions maires - agriculteurs
(oui/non), etc.
b2- Monographie des sites
d'enquêtes
Etoug-Ebé, mamelle nourricière de
Yaoundé VI : Etoug-Ebé est l'un des principaux quartiers
de l'arrondissement de Yaoundé VI. Situé à 10 km du centre
ville dans la zone périurbaine, c'est un quartier accidenté,
difficilement accessible et caractérisé par ses bas-fonds
marécageux. Constituée dans sa grande majorité par les
allogènes, sa population est très dynamique et
hospitalière. L'existence des bas-fonds marécageux à
Etoug-Ebé a poussé certains de ses habitants à se lancer
dans la culture de divers produits agricoles tels que : les légumes, la
tomate, le mais, le haricot, le taro, le macabo, la banane plantain, les arbres
fruitiers, etc.
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Tableau 4. 1 : Les principales caractéristiques des
sites retenus
Quartiers
|
Etoug-Ebé
|
Ekozoa
|
Nkolondom
|
Arrondissement
|
Yaoundé VI
|
Yaoundé I et II
|
Yaoundé I
|
Accès
|
Difficile
|
Facile
|
Facile
|
Géographie
|
Périphérie (10 km du centre ville)
|
Centre ville
|
Périphérie (8 à 9 km du centre
ville)
|
Salubrité
|
Non propre
|
Propre en amont Non propre en aval
|
Propre
|
Aménagement
|
Non
|
Oui
|
Oui par endroit
|
Enjeux politiques (tensions Maires-Agriculteurs)
|
Fort, la mairie veut planter les eucalyptus dans les
zones exploitées (marécages)
|
Fort, zone frontière à deux communes.
Complicité inavouée entre mairies et horticulteurs
|
Fort, les exploitants déplorent le non encadrement
des politiques
|
Hospitalité des occupants
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Pression foncière
|
Forte (manque de terre)
|
Forte (la mairie casse)
|
Forte (manque de terre)
|
Présence d'ONG
|
Oui
|
Oui (jardins d'amour)
|
Oui
|
Habitants
|
Halogènes
|
Cosmopolite et composite
|
Autochtones
|
Principales cultures
|
Ndolè, Morelle noire, Nkui, Mais, Manioc, Haricot,
Taro, Banane, fruits, ...
|
Fleurs en grande majorité et un peu de maïs et
légumes
|
Céleri, Persil, Folon, salade, Amarante, Morelle
noire, Basiique, Concombre, Piment
|
Principaux problèmes rencontrés par
les agriculteurs
|
Inondations des parcelles, menace d'expropriation, manque
d'engrais
|
Marginalisation dans les chantiers
d'aménagement des jardins publics par la CUY
|
Menace d'expropriation, urbanisation croissante, baisse de la
production
|
|
Quartiers
|
Nkolbisson
|
Akokdoé
|
Nsimbock
|
Arrondissement
|
Yaoundé II
|
Yaoundé VI
|
Yaoundé VI
|
Accès
|
Facile
|
Difficile
|
Difficile
|
Géographie
|
Périphérie (5-6 km du centre ville)
|
Banlieue (12 - 13 km du centre ville)
|
Périphérie (10 km du centre ville)
|
Salubrité
|
Non propre
|
Non propre
|
Non Propre
|
Aménagement
|
Non
|
Non
|
Non
|
Enjeux politiques (tensions Maires-Agriculteurs)
|
Fort, conflit entre l'IRAD et les exploitants
|
Fort, la mairie interdit toute culture
|
Fort, la mairie interdit l'exploitation des bas-fonds
|
Hospitalité des occupants
|
Oui
|
Pas du tout
|
Oui
|
Pression foncière
|
Forte (manque de terre)
|
Forte (la mairie casse)
|
Forte (manque de terre)
|
Présence d'ONG
|
Ne connais pas
|
Ne connais pas
|
Oui
|
Habitants
|
Autochtones
|
Allogènes
|
Cosmopolites
|
Documents sur le site
|
Ne connais pas
|
Ne connais pas
|
Ne connais pas
|
Etoug-Ebé signifie « vieux trou ». La
légende conte que les ancêtres de la zone avaient un pouvoir,
celui de déplacer un trou au pied de la route pour empêcher les
Allemands de traverser la zone. Aujourd'hui le chef a perdu ce pouvoir. Le
Conseil de chefferie est essentiellement composé d'Ewondos et de
Bamilékés, toutes les ethnies n'étant pas
représentées. Dans les années 80, Etoug-Ebé
n'était
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qu'un petit village enclavé et perdu dans la
forêt. Il n'a connu un véritable essor qu'après la
création du centre hospitalier pour handicapés par le Cardinal
Leger. A cette époque le bitume ne se limitait qu'au Centre des
Handicapés. Mais grâce au dynamisme de ses habitants et aux engins
fournis par Messieurs Foumbi Jacques et Tchuenté Gabriel tous deux
habitants du quartier, contre 10 000 FCFA par détenteur de parcelle, les
premières routes furent crées et le quartier fut progressivement
habité.
Les bas-fonds quant à eux n'étaient que de
vastes parcelles inondées et constituaient un important foyer de
palétuviers sauvages. Les années 1990 ont vu ses premières
parcelles vendues à vils prix et exploitées. A titre d'exemple,
à raison de 75 FCFA/m² soit environ 0.12
€/m², monsieur Djoko en 1994 a pu acquérir une
parcelle de 2000 m² a un autochtone dénommé
Endegue Gerard. Aujourd'hui, après de nombreuses tentatives
d'expropriation de ces parcelles par les autorités municipales qui y
voient un espace potentiel de culture d'eucalyptus, les exploitants des
bas-fonds d'Etoug-Ebé vivent dans une incertitude absolue bien qu'ayant
convaincue le maire quant à l'importance de l'activité de
agricole qui s'y développe. Aujourd'hui le marécage
d'Etoug-Ebé est en majorité exploité par les
bamilékés (86%) et constitue le grenier de Yaoundé VI de
part sa production importante de légumes (Folon, Zoom, Morelle noire,
etc.). Soucieux du respect des normes sanitaires en matière de
production agricole, les maraîchers d'Etoug-Ebé ont mis en place
un bon système de drainage, les eaux d'arrosage proviennent des puits
qui sont creusés dans les parcelles et les latrines sont loin de leurs
champs (photo 14).
En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides
et insecticides, les agriculteurs d'Etoug-Ebé utilisent dans leurs
parcelles comme déchets recyclés : les fientes de poules, les
déchets de cuisine décomposés (compost) et les lisiers de
porc (pour les éleveurs). Les agriculteurs d'Etoug-Ebé
déclarent ne pas acheter le compost vendu du fait de leur poids et des
coûts relatifs à leur transport. En plus, ils doutent de
l'efficacité du compost par rapport aux fientes par exemple qui
d'ailleurs coûtent deux fois moins chères que le compost (3000
FCFA le sac de 50 kgs de compost contre 1500 FCFA le sac de 50kgs de fientes de
poules).
Ekozoa (Centre-ville), l'axe du prestige :
Ekozoa est en fait un affluent du Mfoundi (cours d'eau souterrain
longeant le centre-ville). Il traverse le sous-sol du centre-ville, des
quartiers Briqueterie, Tsinga et Bastos. Les bas-fonds de Ekozoa sont
caractérisés par la présence d'une intense activité
floricole et des eucalyptus plantés par l'Etat. Partagée entre
deux arrondissements, Ekozoa est plus propre en amont (Yaoundé I) et
qu'en aval (Yaoundé II).
L'histoire de la floriculture à Ekozoa date du
début des années 90 où certains floriculteurs dont
monsieur Amougou, ont estimé qu'en valorisant cette espace, à
l'époque plein de « sissongos19 », ils pourraient
non seulement y trouver une source de revenu mais aussi contribuer à
l'esthétique urbain. Bien que présentent dès le
début de l'occupation anarchique du domaine de l'Etat, les tensions
entre autorités municipales et floriculteurs, ont fini par céder
la place à une sorte de complicité inavouée.
Il faut dire que les activités floricoles qui s'y
développent contribuent à l'esthétique urbain et
présente plus d'avantages que d'inconvénients. D'ailleurs, l'axe
allant du centre ville à la nouvelle route Bastos
19 Herbes sauvages servant en général de foin pour
le bétail
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en passant par l'échangeur simplifié
occupé par ces horticulteurs, a été dénommé
« Axe de prestige » parce que emprunté par le chef de l'Etat.
Cette dénomination née en 2002 à la suite de la
réunion de travail organisée par le Ministre d'Etat en charge de
la ville et du développement urbain Lékéné Donfack
avec les horticulteurs de Ekozoa, vient rassurer les floriculteurs quant
à une éventuelle délocalisation. Mais seulement, ces
horticulteurs se sentent lésés par les autorités
municipales qui les excluent de tous les projets d'esthétique urbain
notamment ceux liés à l'aménagement et à
l'embellissement des ronds points et jardins publics.
Les floriculteurs d'Ekozoa en plus des engrais chimiques,
fongicides, nématicides et insecticides utilisent dans leurs parcelles
comme déchets recyclés : les fientes de poules, les
déchets végétaux (gazon sec et sissongos). La "terre
noire"20 y est utilisée en grande quantité et est
aussi riche en matière organique que le compost.
Nkolondom, source de rayitaillement de la
yille en condiments : Nkolondom est une banlieue
Yaoundéenne située à 8 km du centre ville. C'est l'un des
sites de production maraîchère le plus développé de
la ville. Située dans l'arrondissement de Yaoundé I, Nkolondom
voit ses exploitations se concentrer sur un espace restreint du fait de la
croissance rapide de la ville. Ses agriculteurs, autochtones dans sa grande
majorité, déplorent le manque d'encadrement des politiques, qui
selon eux devraient leur permettre d'améliorer leurs techniques, leur
savoir-faire et leurs stratégies ; et ceci pour pérenniser
l'activité agricole urbaine et périurbaine.
Les bas-fonds de Nkolondom sont la principale source de
production de céleri, persil, basilique, salade, amarantes, piment,
concombre et légumes. C'est pourquoi ils bénéficient
très souvent de la visite des chercheurs aussi bien camerounais
qu'étrangers qui y trouvent un site important d'expérimentation
de nouvelles techniques culturales, d'engrais, fongicides, nématicides
et insecticides. Mais seulement, comme à Etoug-Ebé, les
exploitants agricoles vivent dans l'incertitude conscients du fait que le
marécage est un domaine public.
L'histoire du maraîchage à Nkolondom remonte dans
les années 60, les missionnaires de la mission catholique d'Etoudi
(Yaoundé I) faisait du jardinage ; les enfants sur le chemin de
l'école allaient y déposer des engrais organiques contre quelques
pièces de monnaie. Le fait pour ces jeunes enfants de voir travailler
les missionnaires et de consommer les fruits de cette activité encore
méconnue par eux, les a incité devenus grands à cultiver
à leur tour. C'est ainsi que depuis 1963, le jardinage est devenu l'une
des principales activités des habitants de Nkolondom. Jusqu'à
1985, la production était bonne, le sol était très riche.
Mais seulement, depuis lors, la production n'a cessé de chuter, le sol
devient de moins en moins fertile. Cette chute de la production
maraîchère est due selon les exploitants entre autres à
l'urbanisation croissante et au changement des comportements alimentaires.
En plus des engrais chimiques, fongicides, nématicides
et insecticides, les agriculteurs de Nkolondom utilisent dans leurs parcelles
comme déchets recyclés : les fientes de poules, les
déchets de cuisine
20 Cette terre noire comme son nom l'indique est noire et est
utilisée en très grandes quantités par les floriculteurs
d'Ekozoa qui la trouvent très riche en matières organiques. Elle
provient des quartiers périurbains de Yaoundé I (quartiers Emana
et Olembé) où la végétation cède tous les
jours la place à des constructions des maisons d'habitation. La terre
noire provient donc des terrassements des parcelles ; après leur
récupération, elle est testée puis vendu aux floriculteurs
d'Ekozoa.
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décomposés (compost) et les lisiers de porc
(pour les éleveurs). Comme à Etoug-Ebé, les agriculteurs
de Nkolondom n'achètent pas le compost pour les mêmes raisons. Il
faut dire que au fil des années l'activité de compostage des
déchets ménagers tend à disparaître. A
Yaoundé, elle se fait à petite échelle surtout au quartier
Briqueterie qui est situé à plus de 08 km des bas-fonds
d'Etoug-Ebé et à plus de 10 km de Nkolondom. On comprend alors
aisément la difficulté qu'ont les agriculteurs de Yaoundé
à se procurer du compost.
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