a- L'utilisation agronomique des déchets
ménagers
Il est connu que depuis très longtemps, les
déchets animaux et végétaux sont utilisés dans
l'agriculture pour améliorer les terres arables. Ces déchets
peuvent être utilisés dans les exploitations agricoles à
l'état frais (ordures de cuisine composées fraîches) ou
décomposés (compost). Selon Mustin (1987) et Ngnikam (1992), le
compost présente les caractéristiques de l'humus. Vu la
composition hétérogène des déchets ménagers
mentionnée dans la première partie de ce travail, leur
utilisation agronomique ne peut être possible qu'après les
opérations de récupération et de recyclage.
a1- La
récupération
Selon Akinbamjo et al (2002), la récupération
est une décision qui milite en faveur de la préservation des
ressources naturelles qui circulent et qui peuvent se perdre par imprudence
dans l'exploitation ou hors de celle-ci. En cas de perte au détriment
des deux composantes de l'agro-écosystème qui soutiennent les
productions végétales et animales, la durabilité de
l'exploitation devient précaire.
La récupération au sein des
agro-systèmes préserve l'environnement interne ou externe de
l'exploitation ce qui réduit en aval le degré de pollution des
déchets. La gestion de la récupération interpelle la
gestion de la collecte et de la gestion de l'exutoire dans l'exploitation.
Selon Drechsel et al (1999), entre 0,4 et 0,6 kgs de
déchets sont produits au quotidien par personne dans les pays à
revenu faible avec seulement 10% de la valeur ajoutée impropre au
compostage. Ces produits au sein des exploitations agricoles jouent souvent le
rôle de matières premières pour un autre système
(sol, plantes, animaux) [Akinbamijo et al (2002), Hernandez et al (1999),
Sanchez et al (1989), Duthil (1973)].
Temple (2002) quant à lui relève que dans les
parcelles proches des maisons et dans les bas-fonds de Yaoundé, le
passage du système extensif au système semi extensif favorise la
récupération des déchets d'animaux et d'ordures
ménagères ainsi que l'enfouissement des herbes au sol.
a2- Le recyclage des
déchets
Selon l'ADEME (1994), le recyclage peut être
définit comme étant la réintroduction directe d'un
déchet dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement
total ou partiel d'une matière vierge (verre, papier, métal,
...). La valorisation quant a elle, étant l'utilisation d'un
déchet en profitant de ses qualités, soit à la production
de matériaux neufs dans un cycle de production (recyclage), soit
à d'autres fins (utilisation agricole de compost, production
d'énergie à partir de l'incinération des déchets).
Selon Ta thu thuy (1998), la récupération de matériaux
recyclables réduit la quantité de déchets à traiter
de 20 à 25%.
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Drechsel et al (1999), Duxbury et al (1989), Akinbamijo et al
(2002) soulignent que dans un système d'exploitation agricole, les
sous-produits utilisés comme fumier au-delà de leur rôle de
restitution des éléments nutritifs exportés du sol
après récolte jouent d'autres rôles. Ils contribuent par un
effet direct à pourvoir les éléments nutritifs à la
plante, à maintenir ou à accroître le niveau de
matière organique du sol et dans le sol, à accroître les
capacités de rétention et d'infiltration d'eau dans le sol.
De part ses effets sur les propriétés physiques
du sol et la vie des micro-organismes et animaux du sol, ils contribuent
à l'équilibre entre la fumure ou la matière organique du
sol, l'apport de nutriments, et le rendement de récoltes. Ils
contribuent de moitié aux besoins intrants en azote et potassium et
réduit de près de 25% les dépenses liées à
l'achat d'intrants chimiques (Akinbamijo et al, 2002). Selon Sanchez (1989),
environ 90% des déjections animales et 68% des résidus de
cultures sont retournés au sol aux Etats-Unis, car ils sont très
riches en azote et en potassium.
b- Modèles empiriques
b1- L'approche basée sur la
fonction de demande
L'estimation des fonctions de demande n'est pas du tout
aisée. Après le choix des variables pertinentes, l'un des plus
grands problèmes d'estimation des fonctions de demande réside au
niveau de la forme fonctionnelle. Chow (1983) remarque que la forme
fonctionnelle de la relation entre les paramètres dans un modèle
est souvent déterminée par des connaissances empiriques. Les
formes linéaires et logarithmiques sont les plus utilisées. Bien
souvent, les chercheurs optent pour plusieurs formes fonctionnelles au
départ de leurs travaux pour enfin retenir celle qui donne les meilleurs
résultats en fonction des critères précisés.
Des chercheurs ont inclus tout un éventail de
variables indépendantes pour évaluer les facteurs
influençant la décision d'adopter l'engrais (Eicher et Baker, op.
cit.). Par exemple, Falusi (1975) a utilisé un modèle Probit
à plusieurs variables pour analyser les facteurs influençant la
décision d'utiliser les engrais au Nigeria. En 1990, Zegeye utilise un
modèle Tobit pour isoler les déterminants de l'adoption et
d'intensité d'utilisation des engrais au Nord du Ghana. Dans son
étude sur les déterminants de la demande du compost urbain
menée dans les villes de Yaoundé et Bafoussam au Cameroun,
Nkamleu (1996) utilise un modèle Logit dichotomique univarié. En
1999 il utilise un modèle Probit bivarié pour analyser les
déterminants de la demande des engrais chimiques dans l'agriculture
périurbaine au Cameroun.
L'examen de ces travaux permet de dégager deux grandes
catégories de facteurs d'adoption des innovations qui sont : La nature
même de l'innovation et les caractéristiques
socio-économiques des exploitants et du groupe social. La
première catégorie comprend la capacité de l'innovation
à lever les contraintes du producteur, à réduire le
risque, à stabiliser le revenu, à donner de meilleurs
résultats.
Les facteurs socio-économiques de l'adoption d'une
innovation comprennent généralement le revenu, la taille de l
exploitation, l'accès au crédit et à l'information, le
niveau d'instruction, l'age, l'aversion au risque, etc.
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b2- L'approche basée sur la
fonction de production
L'existence d'une relation fonctionnelle entre niveau de la
production et fertilité a depuis longtemps été
établie par les travaux de Mitscherlich (Munson et al, 1959). Dès
lors, plusieurs recherches ont été menées en vue de
construire des fonctions de réponse aussi proche de la
réalité que possible. Nkamleu (2004), démontre qu'en
Afrique Subsaharienne durant ces trois dernières décennies, la
croissance de la productivité agricole a été
attribuée à une bonne progression de la productivité de
l'efficacité technique et non aux progrès technologiques. Il
indique également que la productivité agricole est
influencée par les facteurs institutionnels et
agro-écologiques.
Quelques formes fonctionnelles ont fait l'objet d'une large
diffusion pour cerner la réponse des cultures et la rentabilité
des engrais.
Foster (1978) utilise une série de fonction
linéaire pour déterminer l'effet de l'azote et du phosphate sur
la production du coton sur différents sols en Ouganda. Illy (1994)
montre à travers une fonction de production linéaire que les
fertilisants contribuent à l'explication du rendement du coton dans les
Sudouest du Burkina Faso. Cependant pendant les trois dernières
décennies, la majorité des agroéconomistes ont
suggéré l'utilisation des formes polynomiales pour
représenter la réponse des cultures aux engrais. C'est ainsi que
Vadlamudi et al (1973), sur la base de deux essaies conduits en 1968 et 1969 au
Kenya, se servent d'une fonction quadratique pour estimer la production du
maïs et les doses optimales de fertilisants. Kaboré (1988) quant
à lui, pour analyser la contribution des fertilisants sur le petit mil
et du sorgho blanc dans trois villages au Burkina Faso, estime une fonction
linéaire et une fonction quadratique.
Plusieurs critiques ont été formulées
à l'encontre des formes polynomiales. Certains auteurs estiment que la
forme polynomiale force la substitution des facteurs et surestime la production
et les doses optimales (Paris, 1981 ; Ackello-Ogutu, 1985). Ces critiques ont
favorisé l'émergence d'une nouvelle famille de fonctions de
production : Les fonctions linéaires et plateau qui sont basées
sur la loi minimum de Von Liebig qui stipule que la production croît avec
l'augmentation du facteur limitant (Lanzer et al, 1981 ; Jomini et al,
1990).
En conclusion, à la lumière des travaux
ci-dessus évoqués, le choix des méthodes d'analyses des
problèmes posés par l'agriculture en Afrique devrait cadrer avec
la réalité des modes de production africaines tout en
répondant avec rigueur aux exigences scientifiques.