III. Solutions au problème des
déchets :
A. La prévention :
Après avoir modéliser l'évolution de la
production des déchets par habitant sur Paris, nous constatons que la
tendance de la consommation par habitant à une influence positive, et
significative, ce qui est logique : plus en consomme, plus en produit de
déchets.
Le constat actuel nous dit que nous produisons trop de
déchets. En effet, nos poubelles débordent, le
risque de pénuries d'exutoires pend de l'ampleur, le coût de la
gestion des déchets est de plus en plus important, ainsi que les
problèmes de pollution de l'environnement surtout avec
l'incinération.
Toutes les politiques misent en place avant les
années 90 par les pouvoirs publics avaient pour objectif :
l'efficacité du ramassage des déchets ainsi que la
bonne gestion de l'élimination de ces derniers de telle sorte a
éviter, dans la mesure du possible, l'impact négatif sur
l'environnement et la santé publique, menacée par les pollutions.
Cela n'étant pas suffisant, on a mis en place
le tri sélectif des déchets, le recyclage et d'autres modes de
traitement sans résultats significatifs puisque il y a toujours cette
croissance de 1 à 2% en moyenne chaque année.
Maintenant il va falloir mettre en place des
politiques incitatives et des campagnes de sensibilisation du
grand public à la réduction de la production
des déchets puisque désormais, il nous faut en produire
moins. En effet, le meilleur déchet est celui qui n'existe pas.
Afin d'atteindre cet objectif, il faut agir sur les
facteurs qui influence la production de déchets c'est-à-dire la
consommation des ménages. Les alternatives sont les
suivantes : mieux consommer ou moins consommer voir même
revoir le mode de financement puisque selon la théorie
économique le mode de financement est loin d'être sans effets sur
le comportement des usagers.
La deuxième option est peu réaliste du
fait qu'elle va remettre en cause notre civilisation matérielle puisque
elle incite au ralentissement économique inadapté à la
conjoncture actuelle Française. La consommation des ménages est
le moteur de la croissance économique. Elle est nécessaire
à la création d'emploi pour atténuer le problème du
chômage qui touche maintenant prés de10% de la population active.
Finalement agir afin de freiner la croissance de la
consommation aurait des conséquences néfastes sur
l'activité économique et le bien-être global de la
société.
Avant d'arriver à l'incitation contraignante,
il faut d'abord essayer de convaincre tous les acteurs concernés,
les consommateurs, les producteurs et les collectivités, que si
l'immobilisme continu, dans les années à venir on ne pourra plus
gérer ce problème et les conséquences, surtout sur
l'environnement, seront désastreuses avec notamment le grand
problème du réchauffement climatique.
A ce titre, on peut citer les propos de Madame Roselyne
Bachelot-Narquin, ancienne ministre de l'Ecologie et du développement
durable, qui disait : « Je pense qu'il faut laisser nos
concitoyens libres de leurs choix. Il faut par contre les éclairer sur
les impacts de ces choix. ».
De toute évidence la prise de conscience, de nos jours
sur ce phénomène des déchets, est plus de l'ordre des
écologistes et de ceux qui les collectes et les gère au
quotidien, du fait que ces derniers voient mieux la réalité en
face.
Du coté des citoyens consommateurs la priorité
est de se débarrasser du déchet sans se préoccuper de la
suite des évènements, alors que pour les industriels l'objectif
est de convaincre les clients afin de maximiser leurs profits et donc l'impact
sur l'environnement ne rentre pas vraiment dans leurs calculs.
Afin de changer les mentalités et les comportements, en
partant du principe qu'il vaut mieux prévenir que guérir, un plan
national de prévention de la production de déchets a
été présenté le 11 février 2004 par le
ministère de l'Ecologie.
L'objectif est de stabiliser la production des déchets
d'ici 2008, en se basant sur les axes suivants : mobiliser, agir
dans la durée, évaluer.
Dans ce qui va suivre, nous allons essayer de définir
ce qu'est la prévention des déchets , les différentes
méthodes et moyens simples qui permettent de produire moins de
déchets , pour finir les domaines sur lesquels il faut agir dans
l'immédiat comme le sac plastique et les emballages.
De manière générale, la prévention
des déchets peut être définie comme l'ensemble des mesures
et des actions situées en amont de la production du déchet (de
l'extraction de la matière première jusqu'au réemploi du
produits en fin de vie) et qui visent à réduire la
quantité et la nocivité des déchets produits et à
améliorer leur caractère valorisable.
Par cette approche, on voit que la prévention
s'étend à toutes les actions permettant de réduire les
flux de déchets à la charge de la collectivité. On parle
alors de flux évités et de flux détournés. En
analysant bien notre quotidien, on voit bien qu'il y a beaucoup de petits
gestes qui permettent de limiter le volume de nos déchets.
En effet, le compostage dans le jardin des déchets
organiques de la cuisine (épluchures, restes alimentaires...) et du
jardin (tontes, coupes...) contribue dans le sens préventif. Le
réemploi permet de prolonger la durée de vie du produit et donc
en amont de la production de déchets. A ce titre, les encombrants comme
les vieux téléviseurs, vêtements usés peuvent
être donné à d'autres personnes qui sont dans le besoin
voir même à des associations.
Avec un peu d'imagination, je réutilise certains
emballages pour une nouvelle utilisation. Je ne m'encombre pas d'objets que je
n'utilise que très peu. De préférence, je les loue ou les
emprunte. Je peux aussi acheter en commun des outils avec mes voisins, mes
amis. Sinon, j'évite les jetables (lingettes, vaisselle en plastique,
essuie-tout, mouchoirs en papier), qui coûtent cher et produisent
beaucoup de déchets.
Des études sur l'eau de robinet à Paris, disent
qu'elle est de bonne qualité et 100 fois moins chère que l'eau de
source en bouteille. Et pourtant les parisiens consomment 240 millions de
bouteilles par an. Concernant l'administration, le papier représente 80%
des déchets produits.
Par des gestes simples comme imprimer que si c'est
nécessaire sur du papier recyclé, recharger les cartouches
d'encre, acheter du matériel durable et récupérable... Il
a été montré que l'on pouvait parvenir à
réduire d'au moins 20% la production de déchets de papier.
En plus de rompre avec l'immobilisme, il faut aussi
combattre le gaspillage qui n'est pas compatible avec la
rationalité. A titre d'exemple, les poubelles de cantine
représentent 80% des déchets d'une école, cela est
dû aux desserts suremballés et les assiettes dont on jette la
moitié du contenu. Des débats peuvent être menés
dans les conseils de classe, dans les réunions de vie scolaire afin
d'influencer la préparation des repas.
la définition est donnée pages
58-59
Après avoir passé en revu les changements que
chaque citoyen doit incorporer dans son quotidien, nous allons voir ce qui a
lieu de faire du coté des industriels et distributeurs pour
réduire à la source les déchets, toute en dissociant la
croissance de ces derniers et celle du PIB.
Pour les industriels, les efforts doivent porter sur
la durabilité des produits ainsi que dans le domaine de l'emballage.
En effet, le passage du durable au jetable a fait que les
produits se reconvertissent en déchets juste après la fin de la
garantit et en général pas réparable pour orienter les
clients vers de nouveaux produits plus sophistiqués qui sont le fruit de
l'innovation continue.
Sur ce point, le passage à l'économie de
fonctionnalité, qui consiste à acheter le service et non pas le
bien en lui-même qui restera dans la propriété du
producteur, ce dernier sera incité a mieux concevoir le bien de telle
sorte qu'il ait un plus long cycle de vie et que son élimination
soit la moins coûteuse possible.
Concernant l'emballage, les producteurs ne font que
réponde de la manière la plus adéquate à la demande
sur le marché. Pour cela, avant le lancement du produit, des
études sont faites sur les caractéristiques de la population
concernée.
Dans ce cadre, l'emballage est le symbole de notre
société de consommation grâce à son adaptation
à nos modes de vie. On regardant bien notre poubelle,
on constate que les emballages forment la majorité de nos
déchets, plus de 100 milliards d'emballages sont utilisés chaque
année en France. Leur nombre croît avec l'augmentation de la
population et du nombre des ménages, ainsi qu'avec l'évolution
des modes de vie, des besoins et des attentes des gens.
L'augmentation de la population (plus de 21% depuis 1975) et
celle du nombre des ménages (plus de 50% sur la même
période) génèrent mécaniquement la hausse de la
consommation de produits emballés dans notre pays.
Depuis les années 70, le nombre de personne vivant
seules a doublé, l'individualisation de la consommation conduit à
l'accroissement du nombre de portions individuelles et, donc d'emballages. La
réduction du temps consacré à la préparation des
repas (aujourd'hui 50% des femmes ont une activité professionnelle)
conduit à une hausse de la consommation de produits tout prêts,
préemballés.
Maintenant, est ce qu'il faut arrêter
d'emballer ? La réponse est non puisque l'emballage est
indispensable pour la protection, la conservation, l'hygiène,
l'information et la présentation du produit. Par contre il faut
distinguer l'emballage utile et le suremballage. Ce dernier doit être
évincé.
Dans ce sens, le Conseil National de l'Emballage (CNE) essaye
de conseiller les producteurs sur
l' « Eco-conception » de
l'emballage.
Pour finir, dans le domaine des distributeurs, les
efforts doivent être concentrés dans la lutte contre le sac
plastique à usage unique qui est produit en une seconde, sert en moyenne
20 minutes et met plus de 400 ans à se dégrader naturellement.
Plutôt, il faut encourager la production de sacs
réutilisables ou mettre un signal prix pour inciter les consommateurs
à prendre leurs dispositions pour faire les courses. Il faut savoir que
le plastique ne permet pas d'autre traitement que l'incinération qui
pose des problèmes de santé publique.
En effet, la combustion des matières
fermentescibles contenues dans les sacs plastiques entraîne la production
de dioxines (résidus classés cancérigènes par
l'Organisation Mondiale de la Santé). L'incinération des sacs
à usage unique contribue donc au réchauffement climatique, cela
produit du CO2 et de la vapeur d'eau, deux gaz à effet de serre.
Cette disposition, avec aussi
l'autocollant « stop pub » qui épargne ceux qui
ne veulent pas de prospectus dans leurs boîtes aux lettres, est incluse
dans le plan de prévention. Etant appliqué depuis juin 2004 par
un grand nombre de grandes surfaces, une baisse de 15% a été
enregistrée sur cette même année.
Pour que la prévention donne de bons
résultats en matière de réduction des déchets, il
faut l'adhésion de tous les acteurs concernés. A ce
sujet, nous pensons que les chances de réussite de ce plan sont
très minces étant donné que les individus ne sont pas
contraints de l'appliquer.
Toujours est-il que cela est tout de même un pas
en avant, qui permet au moins d'ouvrir un grand débat et de maintenir
cette vigilance autour d'un sujet qui plus on avance dans le temps plus il
prend de l'importance.
A court terme, il faut plus jouer sur le mode de
financement vu que ce que payent les citoyens (taxe proportionnelle à la
valeur locative de leur logement) est loin d'être incitant comparé
au coût de gestion des déchets.
Ainsi, tandis que les déchets des
ménages continuaient leur progression funeste, les entreprises prenaient
un chemin inverse. Cela tient à ce que les entreprises payent
l'élimination de leurs déchets à la tonne.
B. Effet d'une taxe :
Si il n'y pas une prise de conscience collective pour
régler le problème de la production de déchets
ménagers, la prévention ne marchera pas.
La solution va passer par une incitation contraignante tel que
le principe de « pollueur payeur »
généralisé aux ménages ou encore une taxe sur les
déchets, c'est à dire payer de manière proportionnelle et
non forfaitaire notre production de déchets.
Nous avons voulu tester l'effet d'une telle taxe sur
la production des déchets.
Pour ce faire, nous avons inventé une variable que l'on
a nommé : « taxe ». Pour la construire on a
imaginé une mesure que pourrait prendre le gouvernement pour
réduire la production de déchets ménagers.
Nous avons taxé la consommation de 10%, le pourcentage
choisi est totalement arbitraire, notre but étant de montrer qu'une taxe
inciterait à produire moins de déchet. Pour faciliter
l'interprétation nous avons pris le logarithme de la taxe (lt).
Voici le modèle obtenu :
Dependent Variable: LD
|
Method: Least Squares
|
Date: 05/31/06 Time: 14:50
|
Sample(adjusted): 1950 1989
|
Included observations: 40 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
LC
|
0.659787
|
0.267800
|
2.463728
|
0.0185
|
LT
|
-0.597480
|
0.244501
|
-2.443669
|
0.0194
|
LRD
|
0.692476
|
0.124473
|
5.563265
|
0.0000
|
R-squared
|
0.983899
|
Mean dependent var
|
5.927354
|
Adjusted R-squared
|
0.983029
|
S.D. dependent var
|
0.225276
|
S.E. of regression
|
0.029348
|
Akaike info criterion
|
-4.147171
|
Sum squared resid
|
0.031868
|
Schwarz criterion
|
-4.020505
|
Log likelihood
|
85.94342
|
Durbin-Watson stat
|
2.277453
|
En supposant les hypothèse nécessaires, pour que
les estimations obtenues par MCO soient les meilleures, soient
vérifiées. On voit clairement que le coefficient associé
à la variable « lt » est significativement
différent de 0 et négatif.
Ainsi notre modèle montre qu'une variation de 1% de la
taxe aurait comme conséquence de réduire la production de
déchets ménagers de 60%.
On démontre ainsi que si la prévention ne donne
aucun résultat, alors la mise en place d'une taxe contraindra les
personnes à faire plus attention et donc à produire moins de
déchets.
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