I. LES DONNEES :
Notre travail débute par la recherche de
données, car sans donnée, nous ne pouvons modéliser donc
effectuer notre étude.
On s'est donc posé la question
suivante : « Qu'est ce qui expliquerait la production de
déchets ? »
A partir de là on a pu établir une liste de
différents facteurs et nous avons commencé notre recherche de
données sur ces derniers.
Etant donné que notre étude débute en
1949, nous avons eu du mal à trouver des données sur tous les
facteurs voulus, cependant nous avons pu en trouver sur nos deux principales
variables, que nous allons décrire dans la suite. Nous avons
constitué notre base de données principalement grâce
à la Direction de la Protection de l'Environnement (DPE) qui est un
service rattaché à la mairie de Paris.
A. La variable expliquée :
Nous allons étudier en détail la variable
expliquée.
Nous commencerons par l'analyser, regarder les dates
importantes, puis nous étudierons la stationnarité de cette
série.
1) Description :
Déchets ménagers parisiens
Notre sujet a pour but d'essayer d'expliquer la production de
déchets par habitant au niveau de Paris.
La variable expliquée est donc la production d'ordures
ménagères parisiennes rapportées à la population de
Paris (dit Dechp).
C'est une variable quantitative et continue.
Nous pouvons observer sur le graphique, que la production de
déchets par tête est croissante sur la période 1949-1989,
puis décroissante sur la période 1990-2004.
Source : DPE
reportez vous page 45 pour un graphique
détaillé
Plus précisément, on peut même dire que
cette variable suit une croissance linéaire jusqu `en 1975
où l'on constate une rupture.
C'est d'ailleurs à cette date qu'elle dépasse sa
moyenne, qui est de 405 kilogrammes par habitant et par an, soit plus d'un
kilogramme par habitant et par jour.
Sur la période 1975-1989, notre variable à
tendance à suivre une croissance linéaire plus forte (changement
de pente par rapport à la première période).
En 1989-1990, on observe une seconde rupture, assez violente,
la production de déchet chute de prés de 20%. On passe en 1989 de
568 kilogrammes par habitant à 468 kilogrammes par habitant en 1990.
Puis sur la période 1990-2004, la production de
déchet par habitant continue de décroître.
Qu'est ce qui explique une évolution si
mouvementée ?
En 1969, on dépasse le seuil de un kilogramme de
déchets par habitant et par jour.
A ce stade on ne parle plus de société de
« consommation » mais bien de société
de « déchet ».
La première grande loi sur la gestion des
déchets a été promulguée le 15 Juillet 1975.
Elle instaure l'obligation pour chaque commune de collecter et
d'éliminer les déchets des ménages, en précisant
que ces opérations doivent se faire « sans risque pour
l'environnement et pour la santé humaine ». Une commune a
le droit de déléguer cette responsabilité à un
syndicat intercommunal auquel elle adhère.
Cette loi instaure aussi le principe de
« pollueur payeur » pour financer son
application.
Ø Ce seront donc les ménages qui financeront la
collecte et le traitement des déchets ménagers.
Ø Quant aux déchets d'entreprises, ce sont les
entreprises qui en sont responsables et doivent en financer leur collecte et
l'élimination.
Cette loi vise aussi à réduire la production des
déchets à la source et à promouvoir la
récupération et le recyclage des déchets. Mais ces
dispositions ne seront pratiquement pas suivies dans les faits.
Pendant quinze ans, cette politique s'est trouvée
inversée, on a effectivement mis en place le traitement des
déchets, on a crée des usines d'incinération et de
recyclage, mais on a abandonné la question de leur réduction.
A la fin des années 80, la quasi-totalité de la
population française bénéficiait d'une collecte des
ordures ménagères éliminées dans des installations
conformes aux exigences réglementaires.
Mais le recyclage et la valorisation n'étaient pas
développés et pratiquement tous les déchets (70%)
étaient éliminés en décharge ou par
incinération, ce qui représentait un énorme gaspillage de
matières premières.
La société française s'est trouvée
confrontée à un profond décalage entre les déchets
ménagers qu'elle produisait et les moyens qu'elle s'était
donnée pour les traiter et les éliminer. Décalage qui a
conduit le gouvernement de l'époque à instaurer une nouvelle loi,
la loi Royal (la loi du 13 juillet 1992), et à
définir de nouvelles règles pour la gestion des
déchets.
Cette loi marque un tournant dans nos modes de
gestion de déchets.
Outre l'objectif de réduction des
déchets à la source, on peut en retenir trois grands
principes :
Ä L'obligation de valorisation et de recyclage
des déchets.
Ceux-ci représentent désormais un gisement
d'énergie et de matières premières que l'on n'a plus le
droit de gaspiller, ni de détruire. Les communes doivent donc mettre en
place les moyens et équipements nécessaires au
développement du recyclage et de la valorisation.
Ä La mise en place de Plans
départementaux.
Ils définissent les grandes orientations de la gestion
des déchets ménagers à l'échelle du
département, dans un souci de rationalisation et de cohérence des
moyens de collecte et de traitement à l'échelle d'un territoire
administratif. Les communes sont toujours responsables des déchets
ménagers, mais doivent suivre les prescriptions du Plan
départemental. Par exemple, une commune ou un groupement de communes ne
peut pas créer de nouvelle décharge ou de nouvel
incinérateur si le plan départemental ne l'a pas prévu.
Ä La mise en décharge
réservée aux seuls déchets ultimes.
Les anciennes décharges où étaient
enfouis tous nos déchets ménagers doivent être
fermées. Seuls les déchets qui ne pourront être
valorisés ou recyclés à un coût acceptable pourront
toujours être enfouis. D'ailleurs, on ne parle plus de décharge,
mais de centre de stockage de déchets ultimes.
Les années 90 sont donc marquées par
l'engagement des politiques et l'adoption de loi nécessaire pour obliger
les gens à prendre conscience du problème que sont les
déchets et les faire réagir pour qu'ils réduisent leurs
détritus ou qu'ils consomment mieux.
Cependant la réglementation mise en place ne suffit pas
à expliquer une chute de 20% de la production, nous pensons que cette
baisse en 1990 est due à un changement d'estimation du tonnage d'ordures
ménagères. Nos pensées ont été
confirmées par des responsables de la DPE. En effet en 1990 on ne
comptabilise plus dans les ordures ménagères les encombrants, le
verre, les magazines et les journaux.
mot définit pages 58-59
Evolution de la composition des poubelles
françaises :
Source : ADEME
Regardons le document présenté ci-dessus, il a
été réalisé par l' « Agence
gouvernementale de l'Environnement » et de la
« Maîtrise de l'Energie » (ADEME) pour une
étude sur les déchets ménagers des français.
On remarque qu'environ 40 % du poids humide des ordures
ménagères provient des emballages (bouteilles, cartons, sacs,
boîtes de conserve...). En poids sec, cette proportion atteint 47%.
Parmi les emballages présents dans le gisement
d'ordures ménagères, les trois premiers matériaux sont :
le verre, le plastique puis le carton. Ils
représentent à eux seuls près de 83 % des tonnages
d'emballages (poids sec).
Cette moyenne a beaucoup évolué depuis 1960, la
part en poids des matières organiques est passée de 26% à
29% et celle du verre de 4% à 13%. Les papiers cartons restent stables
tandis que les plastiques, inexistants à l'époque,
représentent 11% des quantités totales à l'issue des
mesures de la campagne 1993.
Ce qui nous conforte dans l'idée que la consommation a un
rôle à jouer, puisque en étudiant la composition des
poubelles des français, on observe des changements alors même que
nous savons que les modes de consommation ont également changé
dans les années 70.
définition donnée pages 58-59
2) Etude de la stationnarité
:
L'économètre doit faire face à un
autre problème que le manque de données. Il ne peut observer
qu'une partie de la trajectoire du processus étudié, pour notre
part il s'agit de la période 1949-2004.
Il est souhaitable que les propriétés
statistiques mesurables sur ce tronçon de la trajectoire soient
reproductibles dans le temps, c'est le cas si la série est
stationnaire.
Une série est dite faiblement stationnaire, si la
moyenne du processus étudié, sa variance sont des moments finis
et indépendant du temps. La dernière conditions est que sa
fonction d'auto covariance soit indépendante du temps. Si ces trois
conditions sont vérifiées, on peut affirmer que la série
est faiblement stationnaire.
Nous cherchons à expliquer une
évolution, pour avoir de meilleures interprétations nous avons
choisis d'utiliser le logarithme des déchets par habitant (dit ld) et le
logarithme des dépenses moyennes de consommation par habitant (dit lc).
Une autre justification de la prise des logarithmes se trouve dans
l'étude des variances de nos séries.
En effet, en utilisant les logarithmes nous réduisons
les fluctuations des variables, la variance de la série des
déchets passe ainsi de 7029.14158 à
0.04745377 et de 36241091.4 à
2.59099712 pour celle de la consommation.
Pour information, la variance correspond à
l'écart quadratique entre les observations de la série et sa
moyenne, c'est-à-dire qu'elle correspond aux fluctuations de la
série autour de sa moyenne.
Autrement dit, nous allons étudier la
stationnarité de la série des logarithmes des déchets par
habitant (dit ld).
Pour ce faire, nous étudierons le corrélogramme
de la série, puis nous ferons plusieurs tests et conclurons à la
stationnarité ou non. Si on conclut à la non stationnarité
de la série, nous la stationnariserons alors.
confère page 51, pour visualiser les sorties EViews
des test effectués
a. Etude du
corrélogramme :
Corrélogramme de
ld
A première vue, on aurait tendance à croire que
ce processus est un AR (1) minimal.
En effet on observe une cassure à l'ordre 1 au niveau
des autocorrélations partielles, et un cycle sur les
autocorrélations (les treize premières sont significativement
différentes de zéro).
Cependant, la décroissance des auto-corrélations
est trop lente pour être celle d'un processus AR (1).
Si cela avait été un processus AR (1),
l'écart entre deux auto-corrélations aurait été
plus grand Nous soupçonnons que nous avons à faire à un
processus « Difference Stationnary » (dit DS). Si
tel est le cas cela voudrait dire que notre processus n'est pas
stationnaire.
Cependant pour la stationnariser, il suffirait d'appliquer
l'opérateur différence première. Pour tester la
stationnarité, nous allons utiliser le test de « Dickey-Fuller
Augmenté » (ADF), si on conclut à la
stationnarité, nous devrons confirmer ce résultat par un autre
test : celui de Philips Perron.
b. Test ADF :
Le test de « Dickey-Fuller
Augmenté » est un test de stationnarité. Ce test doit
s'effectuer sur plusieurs modèles.
Ø Le premier correspond à la variable
étudiée que l'on pose égale à sa valeur
retardée plus un résidus : ld (t) = ñ ld (t-1) +
Ut
Ø Le second correspond au premier modèle auquel
on rajoute une constante :
ld (t) = C + ñ ld (t-1) + Ut
Ø Le troisième reprend le second modèle
dans lequel on ajoute une tendance :
ld (t) = C + T + ñ ld (t-1) + Ut
Ce test suppose que les perturbations Ut sont des bruits
blancs, c'est-à-dire qu'ils suivent une loi normale de moyenne nulle et
d'espérance égale à ó, mais cela signifie aussi
qu'ils sont stationnaires.
Ce test est aussi appelé « test de racine
unitaire », c'est pour cela que si |ñ| <= 1, notre
série est stationnaire, l'effet des chocs serait transitoire. Autrement
dit, si jamais notre série connaît un choc, on sait qu'elle
reviendra sur sa trajectoire d'équilibre.
Nous testons l'hypothèse :
H0 : la série est non stationnaire et de type DS,
équivaut à ñ = 1 (effet des chocs permanents)
Contre
H1 : la série est stationnaire, autrement dit
|ñ| <= 1 (effet des chocs transitoires)
Nous précisons que les résultats
présentés correspondent au « test ADF » fait
pour un seul modèle, celui avec la constante (modèle 2). Pour
information : les tests ont été effectués dans les 3
types de modèles, mais comme les conclusions sont les mêmes, pour
des raisons de clarté et pour ne pas encombrer les annexes de
résultats, nous avons décidé de présenter les
résultats que pour un seul modèle.
ADF Test Statistic
|
-1.474876
|
1% Critical Value
|
-3.5547
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9157
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.5953
|
On voit que la statistique du test « ADF
statistic » est supérieure à toutes les valeurs
critiques. Avec un seuil de confiance de 95%, on ne peut donc pas rejeter
l'hypothèse H0, on conclut alors que notre série est non
stationnaire et de type DS.
Pour pouvoir utiliser cette variable, on doit la
stationnariser. C'est ce que nous allons nous efforcer de faire dans la
suite.
3) Stationnarisation de la série
« ld » :
Il est important de stationnariser notre processus,
afin de connaître son ordre d'intégration, car c'est une
information clé pour le test de co-intégration que nous ferons
après avoir stationnariser nos deux processus.
Pour en parler brièvement, on peut dire que comme nos
variables ne sont pas stationnaires, nous ne sommes pas sûr d'avoir une
relation stable à long terme, mais si on a une relation de
co-intégration, nous sommes sûr d'avoir une relation stable
à long terme et ce, malgré le fait que nos séries ne
soient pas stationnaires.
La variable « déchets ménagers par
habitant » est donc une série non stationnaire DS.
La particularité d'un processus DS est qu'il est non
stationnaire en moyenne et en variance, plus particulièrement on sait
que la variance croît avec le temps, ce qui signifie que cette
série subit les effets de chocs de façon permanente. On dit
qu'elle a une mémoire.
Le plus intéressant avec les séries DS
c'est que l'on sait les stationnariser. Il suffit d'appliquer
l'opérateur de différence première.
reportez vous à la page 51-52, si vous
désirez voir les sorties Eviews de test faits
a) Différenciation au premier
ordre :
Nous avons donc appliqué l'opérateur
« différence première () » à notre
série brute.
Cela signifie que l'on soustrait à notre processus, le
même processus mais décalé d'une période.
Autrement dit : ld (t) = ld (t) - ld (t-1).
On voit bien que notre série se stationnarise, on passe
d'une série brute qui suivait une croissance linéaire, puis
une décroissance à partir de 1990.
A une série différenciée au premier
ordre (DLD) qui se situe en moyenne autour de 0, mise a part en 1990 où
on observe une chute brutale dont la cause a déjà
été évoquée. Pour confirmer la stationnarité
de notre série différenciée, nous allons faire des
tests.
b) Test ADF :
Cette fois-ci, on constate que la statistique de test est
inférieure aux différentes valeurs critiques. Avec un seuil de
confiance de 95%, on conclut à la stationnarité de la
série différentiée.
ADF Test Statistic
|
-10.18520
|
1% Critical Value
|
-3.5598
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9178
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.5964
|
Notre série ld est intégrée
d'ordre 1 (dit I (1)).
Afin d'être sûr de ce résultat (car une
mauvaise stationnarisation peut créer des perturbations artificielles),
nous allons faire un deuxième test : celui de
Phillips-Perron.
c) Test
Phillips-Perron :
Les hypothèses sont les mêmes que pour le
test ADF.
On voit que notre statistique calculée
« PP test statistic » est inférieure aux
valeurs critiques, notamment celle pour un risque de 5%, on accepte donc
l'hypothèse H0.
PP Test Statistic
|
-18.20010
|
1% Critical Value
|
-3.5572
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9167
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.5958
|
Autrement dit, on est sûr à 95% que notre
série (en logarithme) est intégrée d'ordre 1.
Nous en avons fini avec l'étude de la série des
déchets ménagers par habitant de Paris.
Pour résumer on peut dire que notre variable
expliquée croît sur la période 1949-1989, puis a tendance
à décroître.
Nous avons évoqué les principales lois sur les
déchets, comme la loi du 15 Juillet 1975 qui instaure le principe du
« pollueur payeur » et l'obligation pour chaque commune de
collecter et d'éliminer ses déchets, ou encore la loi Royal (13
juillet 1992) qui stipule que l'on doit s'efforcer de réduire les
déchets à la source et valoriser par le recyclage les
déchets.
Puis, nous avons démontré que notre série
n'était pas stationnaire mais intégré d'ordre 1.
B. La variable explicative :
L'analyse de notre variable expliquée étant
terminée, nous allons passer à l'analyse de notre variable
explicative : « dépense moyenne de consommation par
tête ».
En effet, on s'est demandé ce qui pouvait faire
augmenter la production de déchets, et toutes nos réponses ont
convergé vers la même réponse : « la
consommation ».
Tout comme nous, vous avez pensez au revenu
mais que fait-on avec ce dernier ?
Nous consommons. Cette variable est également
justifiée par certains auteurs urbanistes telle que Mme Barles qui
stipule, dans son ouvrage « l'invention des déchets
urbains », que la croissance des déchets est due à une
croissance de la population au dix-neuvième siècle, puis à
une croissance importante de la consommation unitaire au vingtième
siècle.
Il est très difficile d'obtenir des données sur
la consommation ou même sur le revenu parisien à partir de 1949
à nos jours. Pour cette raison nous avons été
obligés de prendre les chiffres de la consommation française,
cela ne pose pas de problème car on étudie la tendance (savoir
quand elle augmente, si elle diminue, etc.). Les chiffres sont disponibles
à l' « Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques ».
Nous commencerons cette étude par une description de
cette variable puis, on en étudiera la stationnarité.
1) Description :
Dépense moyenne de consommation par
tête
La seule variable susceptible d'expliquer la production de
déchet est la consommation, à cause du manque de donnée,
nous sommes contraint d'étudier les dépenses moyennes de
consommation des français (dit Consop).
C'est une variable quantitative et continue.
On observe graphiquement, que les dépenses de
consommations des français ont tendance à augmenter au fil des
ans.
Source : Insee
La moyenne, qui est de 6027 euros par habitant et par an,
sépare l'évolution de notre variable en deux sous
périodes.
La première partie qui se situe en dessous de la
moyenne correspond à la période 1949-1981, quant à la
seconde, qui se situe au dessus de la moyenne, correspond à la
période 1982-2004.
Plus précisément, on observe une rupture en
1980, on peut dire que sur la première période, la
consommation par tête suit une croissance géométrique,
tandis que sur la seconde période, elle, croît
linéairement.
Faisons un petit rappel historique
approfondi.
En 1949, nous sommes au lendemain de la guerre, les gens
reprennent une vie normale et reconstruisent le pays.
L'inquiétude des années de guerre a laissé place à
la joie de la reconstruction et de l'avenir. Jean Fourastié qualifiera
les trente années qui nous mènent de 1945 en 1975 de
« trente glorieuse », car les
Français connaissent trente années de croissance forte et
constante, c'est à ce moment que la société de
consommation est apparue.
Longtemps l'autoconsommation a été
prépondérante : le paysan d'il y a 200 ans n'achetait
presque rien, son lopin de terre suffisant à satisfaire ses maigres
besoins. Grâce aux progrès, il a de plus en plus produit, et a
vendu le surplus qu'il ne consommait pas. Avec cet argent, il a pu satisfaire
de nouveaux besoins, comme acheter un lit pour remplacer sa paillasse ou du
charbon plutôt que de ramasser du bois pour se chauffer.
Aujourd'hui, l'autoconsommation est très
réduite, et la consommation est si développée que l'on
peut parler de société de consommation. En effet, les principaux
besoins "vitaux" étant satisfaits, les producteurs essaient de susciter
de nouveaux besoins par l'innovation technique et par la publicité.
un graphique plus détaillé est
présenté page 46
Mais à partir de 1975, les « trente
Glorieuses » ont fait place aux « trente
peureuses » avec les mouvements de « Mai
68 » et l'apparition du chômage. Pour ne rien arranger, en 1974
a lieu le premier choc pétrolier et avec lui, la première
inflation sérieuse connue en France. En 1983, la crise économique
arrive avec l'explosion du chômage, la France rentre alors dans une phase
dépressive.
En effet, à cette époque les salaires
étaient indexés sur le niveau général des prix.
Ainsi l'inflation a eût comme conséquence d'augmenter les
salaires, cette hausse des salaires a induit une augmentation des prix et ainsi
de suite. On est rentré dans un cercle vicieux.
De plus, cette inflation continue a fait baisser le volume
des exportations car nos biens étaient devenus trop chers. Pour pallier
ce problème de compétitivité et freiner la croissance des
salaires, le gouvernement a mis en place une politique d'indexation des
salaires sur les prix, la tension sur le marché du travail et
l'inflation anticipée.
L'apparition, en 1991, de la guerre du Golfe ne remonte pas le
moral des Français. Mais les dépenses de consommation ne cesse
pas de croître pour autant, on remarque tout de même un changement
de type de croissance. On passe d'une croissance géométrique
à une croissance linéaire moins forte, mais toujours croissante.
En effet, la consommation est en progression constante depuis
quarante ans et représente plus des 2/3 du PIB. Ceci peut être
imputable au fait que le crédit à dorénavant une place
très importante dans les ménages.
De plus les délocalisations dans le but d'avoir une
main d'oeuvre bon marché, mais également l'engagement des grandes
chaînes d'alimentation tel que les centres « E.
Leclerc » ou encore « Carrefour » ont permis une
baisse des prix donc le maintient de la consommation, qui est nécessaire
à l'équilibre économique puisqu'elle crée des
emplois et fait tourner l'économie.
Mais il y'a un autre phénomène : notre mode
de consommation a changé. Dans les années 70 le sac plastique
fait irruption dans la vie des ménages et remplace rapidement le sac en
papier. C'est le début de l'ère de la consommation
jetable. Le papier journal, comme emballage, laisse place au film
plastique qui met les aliments a l'abri des contaminations extérieures
et constitue un facteur de sécurité alimentaire.
Et le progrès technique n'arrange pas les choses, les
conserves font leur apparition ainsi que différentes matières
plastiques et les emballages en cartons fréquemment utilisés
pour conditionner le lait. L'environnement du consommateur s'est modifié
(grandes surfaces, multiplication des enseignes, apparition de nouveaux
produits...) induisant chez lui de nouveaux comportements.
Aujourd'hui la consommation ne reflète pas un statut
social, et les cadres comme les ouvriers consomment globalement les mêmes
produits issus des mêmes réseaux de distribution.
Cependant, des crises alimentaires ou environnementales
récentes (" vache folle ", OGM...) ont fait naître des
inquiétudes et des exigences en matière de sécurité
et de qualité qui pourraient faire resurgir à nouveau des
clivages entre ceux qui auront les moyens d'acheter des produits de haute
qualité (produits " bio " ou labellisés, produits du terroir...)
nettement plus chers et les autres.
Enfin, les comportements ont changé, le même
consommateur peut acheter du bas de gamme et du haut de gamme, il connaît
les astuces du marketing, est devenu plus exigeant et n'hésite pas
à comparer les prix et à se servir auprès de plusieurs
réseaux de distribution. Il utilise la vente par correspondance et
Internet pour ses achats.
2. Etude de la stationnarité
:
L'économètre doit faire face à un autre
problème que le manque de données. Il ne peut observer qu'une
partie de la trajectoire du processus étudié, pour notre part il
s'agit de la période 1949-2004. Il est souhaitable que les
propriétés statistiques mesurables sur ce tronçon de la
trajectoire soient reproductibles dans le temps, c'est le cas si la
série est stationnaire.
Une série est dite faiblement stationnaire, si la
moyenne du processus étudié, sa variance sont des moments finis
et indépendant du temps. La dernière conditions est que sa
fonction d'autocovariance soit indépendante du temps. Si ces trois
conditions sont vérifiées, on peut affirmer que la série
est faiblement stationnaire.
Pour ce faire nous étudierons le corrélogramme
de la série puis nous ferons plusieurs test et conclurons à la
stationnarité ou non. Si on conclut à la non stationnarité
de la série, nous la stationnariserons.
a. Etude du
corrélogramme :
Corrélogramme de lc
A première vue, on aurait tendance à croire que
ce processus est un AR (1) minimal.
En effet on observe une cassure à l'ordre 1 au niveau
des autocorrélations partielles, et un cycle sur les
autocorrélations (les treize premières sont significativement
différentes de zéro).
Cependant, la décroissance des autocorrélations
est trop lente pour être celles d'un processus AR (1).
Si cela avait été un processus AR (1),
l'écart entre deux autocorrélations aurait été plus
grand
Nous soupçonnons que nous avons à faire
à un processus « Difference Stationnary »
(dit DS).
Si tel est le cas cela voudrait dire que notre processus n'est
pas stationnaire.
Cependant pour la stationnariser il suffirait d'appliquer
l'opérateur différence première.
Pour tester la stationnarité nous allons utiliser le
test de « Dickey-Fuller Augmenté » (ADF), si on
conclut a la stationnarité nous devrons confirmer ce résultat par
un autre test celui de Phillips-Perron (PP).
les tests sont présentés en détails
page 53
b. Test ADF :
Ce test nous permet de savoir si notre série est
stationnaire ou pas.
Nous testons l'hypothèse :
- H0 : la série est non stationnaire et de type
DS
Contre :
- H1 : la série est stationnaire
On voit que la statistique du test « ADF
statistic » est supérieure à toutes les valeurs
critiques. On ne peut donc pas rejeter l'hypothèse H0 avec un seuil de
confiance de 95%, on en conclut que notre série est non stationnaire et
de type DS.
ADF Test Statistic
|
-1.888797
|
1% Critical Value
|
-3.5547
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9157
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.5953
|
Pour pouvoir utiliser cette variable, on doit la stationnariser.
C'est ce que nous allons nous efforcer de faire dans la suite.
3. Stationnarisation de la série
« lc » :
Il est important de stationnariser notre processus, afin de
connaître son ordre d'intégration, car c'est une information
clé pour le test de co-intégration que nous ferons après
avoir stationnariser nos deux processus.
La variable « déchets ménagers par
habitant » est donc une série non stationnaire DS.
La particularité d'un processus DS est qu'il est non
stationnaire en moyenne et en variance, plus particulièrement on sait
que la variance croît avec le temps, ce qui signifie que cette
série subit les effets de chocs de façon permanente. On dit
qu'elle a une mémoire.
Le plus intéressant avec les séries DS c'est
que on sait les stationnariser. Il suffit d'appliquer l'opérateur de
différence première.
les sorties EVIews des tests, sont présentées
page 53-54
a. Différentiation au premier
ordre :
Nous avons donc appliqué l'opérateur
« différence première () » à notre
série brute.
Cela signifie qu'on soustrait à notre processus, le
processus décalé d'une période.
Autrement dit :
lc (t) = lc(t) - lc (t-1)
On voit bien que notre série se stationnarise, on passe
d'une série brute qui croissait sur toute sa période.
Alors que la série différenciée au
premier ordre (DLC) se situe en moyenne autour de 0, mise à part
quelques chocs.
Pour confirmer la stationnarité de notre série
différenciée, nous allons étudier son corrélogramme
et faire des tests.
b. Test ADF :
Cette fois-ci, on constate que la statistique de test est
inférieure aux différentes valeurs critiques, on refuse donc au
seuil de 5% l'hypothèse H0. On conclut donc à la
stationnarité de la série différentiée.
ADF Test Statistic
|
-3.914265
|
1% Critical Value
|
-3.5572
|
|
|
5% Critical Value
|
-2.9167
|
|
|
10% Critical Value
|
-2.5958
|
Notre série lc est intégrée
d'ordre 1 (dit I (1)).
Afin d'être sûr de ce résultat, car une
mauvaise stationnarisation peut créer des perturbations artificielles,
nous allons faire un deuxième test : celui de
Phillips-Perron.
c. Test
Phillips-Perron :
Les hypothèses testées sont les mêmes que
pour celui du test ADF.
Notre statistique de test est inférieure aux valeurs
critiques, rien ne nous permet de ne pas affirmer, que pour un seuil de 5%,
l'hypothèse H0 est fausse.
PP Test Statistic
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-4.743586
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1% Critical Value
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-3.5547
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5% Critical Value
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-2.9157
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10% Critical Value
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-2.5953
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Autrement dit, on peut dire que l'on est à 95% sur que
notre série est intégrée d'ordre 1.
Au vue de cette analyse on a constaté que la
dépenses moyenne de consommations des français a fortement
augmenté au cour du temps, et ne cesse pas de croître.
Il est vrai que tout est fait depuis un certain temps pour
augmenter notre pouvoir d'achat. L'essor du crédit ou l'engagement des
grandes enseignes de supermarchés permet de maintenir un certain niveau
de consommation.
Tout ceci est fait afin de maintenir l'équilibre
économique dont le principal moteur est la consommation.
Enfin on a montré que cette série est
intégrée d'ordre 1.
C. Analyse conjointe des deux
variables :
La description de nos données étant
terminé nous allons nous regarder la matrice des corrélations
entre nos séries afin de voir si il existe une relation entre eux.
Matrice des corrélations entre ld et lc sur
la période 1949-2004 :
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LD
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LC
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LD
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1.000000
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0.930790
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LC
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0.930790
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1.000000
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Le coefficient de corrélation indique si il y'a, ou
pas, une relation entre nos variables. Ce coefficient est compris entre -1 et
1.
Dans notre cas, on voit que le coefficient de
corrélation entre les déchets par tête et les
dépenses de consommation par habitant est égal à
0.930790.
La rupture qui s'est produite en 1989 ne présage rien
de bon, aussi nous allons regarder la matrice des corrélations sur une
sous période allant de 1949 à 1989.
Matrice des corrélations entre ld et lc sur
la période 1949-1989 :
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LC
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LD
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LC
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1.000000
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0.984611
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LD
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0.984611
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1.000000
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Le coefficient de corrélation entre les déchets
par tête et les dépenses de consommation par habitant est
égal à 0.984611. La relation qui lie nos variables est encore
plus forte sur la période 1949-1989 que sur la période
1949-2004.
Ainsi on a montré que notre variable explicative est
fortement corrélée, positivement, à notre variable
expliquée, ceci nous conforte dans l'idée que la consommation
peut expliquer la production de déchets, avec en théorie un
paramètre positif.
Le fait de savoir que nos deux séries ont le même
ordre d'intégration et qu'il existe une corrélation entres elles,
nous laisse fortement supposer qu'il existe une relation stable de long terme
entre nos variables.
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