Introduction :
On a longtemps pensé que les déchets
étaient un problème nouveau.
En effet, depuis quelques années on nous demande de
trier nos ordures afin de mieux les recycler, on apprend à nos enfants
à mieux consommer. Tout cela dans le but de protéger notre
environnement, de préserver les générations futures, et de
réduire notre facture car le traitement des déchets à un
coût que nous payons à travers nos impôts.
Mais les déchets ne sont pas un problème
récent.
En effet, les Romains, les Egyptiens et même les Grecs,
avaient des habitudes d'hygiènes qu'ils ont introduites en Gaule mais
qui n'ont pas perduré à cause des invasions.
Du coup, plus personne ne se souciait de la propreté
des villes, seule la pluie, quand elle tombait, lavait la chaussée.
Durant plusieurs siècles, dans les villes, le sol des
rues étaient recouvert de boue produite par la terre, les
excréments humains, les eaux usées, les ordures
ménagères et autres crottins. Il n'existait pas de système
d'évacuation efficace. Paris était d'ailleurs surnommée
« ville de boue ».
Cette stagnation, de boue et de déchets, fût la
cause de nombreuses épidémies, comme la peste noire ou la
coqueluche, qui firent des millions de victimes à travers l'Europe.
Pour régler le problème des boues et lutter
contre les odeurs à Paris, Le roi Philippe Auguste ordonne, en 1185 *,
le pavage des rues boueuses de la ville. Mais aucun empressement ne fût
observé, quatre cents ans plus tard la moitié des rues de Paris
n'étaient toujours pas pavées.
L'histoire de la propreté à Paris continue en
1522, où un système mixte est mis en place pour organiser la
collecte. Le balayage et la mise en tas des immondices sont assurés par
les habitants, tandis que le transport est organisé par
l'autorité royale. François 1er prescrit de
présenter les ordures dans des paniers.
En 1767, Louis XV, impose aux riverains, par ordonnance, le
tri des boues, des ordures ménagères et des débris de
vaisselles et autres solides.
Cependant tout le monde ne le faisait pas, et continuait sous
risque d'amende, à déverser ses ordures dans la Seine. Aussi en
1882 Jules Ferry remplaça la cour de catéchisme par celui
d'hygiène. La propreté devient alors un devoir.
C'est en 1884 que la poubelle s'impose à tous les
propriétaires, après la publication de l'arrêté du 7
mars 1884 signé par Eugène Poubelle. Trois boîtes
étaient obligatoires, la première pour les matières
putrescibles , la seconde pour les papiers et chiffons et la dernière
pour le verre, la faïence ou les coquilles d'huîtres. Mais il
ordonne également le balayage par les riverains du trottoir devant leurs
façades.
Comme le dit Gérard Bertolini : « le
déchet est associé à l'activité humaine »
donc tant que les scientifiques, industriels ou agriculteurs regardent la ville
comme une mine de matières premières et participent à la
réalisation d'un projet urbain visant à ne rien laisser perdre,
projet garant de la salubrité urbaine, du dynamisme
économique et de la survie alimentaire, tout va pour le mieux.
* rendez-vous à l'annexe page 43-45 pour de plus
amples détails sur les grandes dates de la propreté à
Paris
terme définit en annexe pages 58-59
Cependant, Sabine Barles, dans son ouvrage «
l'invention des déchets urbains », nous explique qu'à
partir des années 1880, on assiste à une dévalorisation
progressive des résidus urbains. L'industrie et l'agriculture ont pu se
passer de la ville, car de nouvelles matières premières plus
rentables et résistantes sont apparues.
En effet, en 1863 aux Etats-Unis, la première
matière plastique : le « celluloïd »
apparaît.
Dès la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les
applications se multiplient et on fabrique des matériaux composites, qui
allient plastique et autres fibres ou différents plastiques.
Dans les années 70, le sac plastique fait son
apparition dans la vie des ménages et remplace rapidement le sac en
papier, moins résistant. Il pèse 5 grammes et supporte environ 10
kilos, en plus on le fabrique en une seconde. C'est le début de
l'ère de la société de consommation.
Le sac jetable est le symbole de notre société
de consommation, on pourrait même dire :
« Société de déchets » car
nous en produisons plus d'un kilo, par jour et par personne.
Tout cela nous montre bien que le problème des
déchets ne date pas d'aujourd'hui. Et les restrictions que l'on nous
impose comme le tri sélectif est une idée vieille de plusieurs
siècles.
Ce problème dure depuis la nuit des temps et
il est toujours d'actualité.
En plus des épidémies, on doit faire face
à un manque de place pour les stocker, le coût de leur traitement
ne cesse d'augmenter et on commence à connaître leurs impacts
négatifs sur l'environnement. Les conséquences ont changé
mais le problème reste le même, celui de la production de
déchet.
La loi du 15 juillet 1975, qui est la première loi
cadre sur les déchets, stipulait que l'on devait produire moins de
déchets, s'efforcer de valoriser et d'éliminer ceux qui ont quand
même été produits.
Pourtant depuis 15 ans, cette politique s'est trouvée
inversée. Pour éradiquer le problème des déchets il
faut les quantifier, les analyser et trouver les facteurs explicatifs de leur
production. Ce sera l'objet de notre étude :
« Expliquer la production de déchets ménagers
parisiens et leur évolution sur la période
1949-2004 ».
Pour réaliser cette étude, nous nous sommes
déplacés aux archives de la ville de Paris ou encore à la
Direction de la Protection de l'Environnement afin de constituer notre base de
données, nécessaire pour modéliser la production de
déchets. Avec l'aide de la version 3.1 du logiciel EViews, nous avons
réussi à estimer la production de déchets, mais sur une
période plus courte que prévu.
Notre Analyse débutera par la description de la base de
données, on expliquera l'évolution des variables et on
étudiera leur stationnarité. Ceci étant fait nous pourrons
commencer la partie économétrique dans laquelle nous montrerons
les facteurs explicatifs de la production de déchets, tout cela en
élaborant le modèle, testant sa validité et en
interprétant les résultats.
Avant de conclure, nous proposerons dans une troisième
partie, quelques solutions pour moins produire de déchets, nous y
montrerons notamment l'effet d'une taxe sur la production de déchets.
mot définit en annexe pages 58-59
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