Microcrédit sur le site de N'djili/CECOMAF
5.1.15 . Conditions d'octroi de microcrédit
Selon les bénéficiaires interrogés, les
conditions d`octroi de microcrédit exigées par
les différentes IMF qui ont fonctionné sur
leur site, peuvent être classées en ordre d`importance
décroissant de la manière suivante :
Etre membre de la coopérative, avoir une caution
(épargne dans l`IMF), être propriétaire d'un terrain,
faire partie d'un groupe solidaire, être bon producteur et avoir une
ancienneté d`au moins 6 mois dans l`activité
maraîchère.
Comme on peut le constater ces conditions excluent
déjà un certain nombre des maraîchers qui n`ont pas pu
remplir telle ou telle autre condition. C`est ici qu`on trouve des
contradictions de certains projets sur terrain. En effet, tout en
prônant la réduction de la pauvreté, certaines
institutions de microfinance mettent conditionnent fortement l`octroi de
microcrédits ce qui, finalement, excluent la population
visée au départ, c`est-à-dire les pauvres et surtout
les plus pauvres.
Comme souvent l`objectif interne des institutions de
microfinance est d`avoir un bon taux de remboursement, elles souhaiteraient
plutôt s`assurer que le prêteur est potentiellement solvable. Ce
faisant elles laissent de côté toute une catégorie des
demandeurs qui pourraient peut être se révéler performant
dans la gestion du prêt.
A en croire les maraîchers enquêtés,
cinq Institutions de microfinance se sont partagées le site de
n`djili/CECOMAF, parfois à des périodes différentes.
Il s`agit de : la COOPACEM (Coopérative Agricole de Crédit
et d`Epargne Maraîchers), la COOPACEK (Coopérative Agricole
de Crédit et d`Epargne de Kinshasa), la COOPECMAKIN
(Coopérative d`Epargne et de Crédit des Maraîchers
de Kinshasa), l`ONG MOKILI MWINDA et la MUECKI (Mutuelle d`Epargne et de
Crédit de kinshasa).
Lors de nos enquêtes (juillet 2004), seule la
coopérative COOPECMAKIN était encore opérationnelle sur
le terrain. Et cette coopérative comptait 19 maraîchers
qui avaient contractés de microcrédits et 241 maraîchers
avaient leurs épargnes dans la coopérative. Or pour
bénéficier de crédit auprès de la COOPECMAKIN, les
maraîchers devaient, en plus de
la condition d`appartenir à groupe solidaire,
disposer d`une épargne en compte bloqué représentant
10% du crédit sollicité. Alors, pourquoi tous ces
épargnants ne prêtent pas ? la réponse la plus
évidente serait que leurs épargnes n`atteignent pas les
10 % requis pour pouvoir contracter un prêt. Mais une autre
réponse, est celle-ci nous a été rapportée par les
responsables de la COOPECMAKIN, c`est le fait que certains
maraîchers s`abstiennent simplement de s»endetter. La raison
fondamentale est la peur de pouvoir rembourser le montant emprunter en
cas de difficulté (aléas climatiques et autres).
5.1.16 . Raisons de demande du
microcrédit
Tableau 12. Raison de sollicitation du microcrédit
Raison
|
Nombre des cas
|
%
|
Difficultés financières
|
18
|
20
|
Augmenter la
production
|
57
|
64
|
Faire l'élevage
|
14
|
16
|
Total
|
89
|
100
|
Source : l`auteur, résultats d`enquête (juillet
2004)
Compte tenu du fait que certains maraîchers
s`abstiennent carrément de solliciter de crédit, nous avons voulu
savoir par cette question les motivations profondes à la base de la
sollicitation du crédit. Ainsi, le tableau ci-dessus nous montre
que dans 64% des cas les maraîchers sollicitent le
microcrédit pour augmenter leurs niveaux de production. Toutefois,
on note que dans 20% des cas le microcrédit
est sollicité pour résoudre des difficultés
financières parfois sans lien direct avec l`activité
maraîchère qui constitue l`activité cible des Institutions
de Microfinance sur le site.
Généralement le microcrédit est
sollicité sur base d`un projet individuel pour la quasi- totalité
des maraîchers (97%) et rarement sur base d`un projet communautaire ou de
groupe.
On remarque aussi que l`élevage commence de plus en
plus à intéresser les maraîchers qui le considèrent
comme une activité beaucoup plus rentable. Ainsi, dans 16% des cas la
raison profonde de la sollicitation du microcrédit est le financement
d`un projet d`élevage.
5.1.17 . Montant de crédit
Les montants de crédits octroyés par les
Institutions de Microfinance ayant exercé sur
le site de n`djili/CECOMAF oscillent entre 50 et 300 Dollars
US. Toutefois le montant le plus déclaré par les
bénéficiaires est 100 Dollars US. Ce montant est loin
d`être suffisant pour couvrir tous les besoins d`investissement des
maraîchers (Main d`OEuvre, semences, engrais, etc.), d`autant plus qu`une
étude sur la rentabilité de la culture d`Amarantes a
estimé le seuil
de rentabilité en chiffre d`affaire de cette
culture supérieur à 1000 Dollars US (Kinkela,
2004). Le seuil de rentabilité étant le niveau de
production ou du chiffre d`affaire pour lequel
il y a équilibre entre les produits et les charges (Ausset
G. et Margerin J., 1984). C`est donc
un niveau qui correspond à un résultat nul.
L`étude a conclu que ces maraîchers produisent sous leur seuil
de rentabilité. Le microcrédit octroyé, n`apporterait
donc qu`une petite contribution aux dépenses réelles
nécessaires pour atteindre ce seuil de rentabilité dans le cas
de la culture d`amarante. Cet exemple nous pousse à penser
que les prêteurs doivent chercher
à investir sur des activités plus rentables,
ainsi ils pourront devenir plus rapidement autonomes.
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