I/ Le travail des enfants dans les monde,
caractéristiques et déterminants.
a) Qu'est ce que le travail des enfants
aujourd'hui ?
L'âge auquel nous devons définir l'enfance est
difficile. En effet il s'agit d'une période de développement
physique et psychique qui nécessite la protection des adultes, qui est
plus naturellement consacré au jeu qu'au travail, mais qui admet
l'apprentissage progressif d'un travail. Par conséquent l'âge de
l'enfance varie entre les pays. Dans certains, l'enfant est très
tôt considéré comme un membre productif et son
développement et son ouverture à la vie passe par un
apprentissage pratique et donc non scolaire. Les enfants peuvent être mis
au travail très tôt : cinq ou six ans. Toutefois de nombreux
travaux requièrent un minimum de force et la grande majorité des
enfants actifs se recrutent entre dix et dix-huit ans. Ces distinctions vont
être nécessaires pour comprendre que le travail des moins de 18
ans est pour une part illégal et pour une part légal. On retient
que le droit international considère l'âge de 18 ans comme
l'entrée dans l'âge adulte. La plupart des pays du monde rendent
la scolarité obligatoire jusqu'à 14, 15 ou 16 ans : avant
ces âges, les enfants ne sont pas censés travailler. Le Bureau
International du Travail retient le même concept, tout comme l'ONU qui ne
fait débuter la catégorie statistiques des jeunes demandeurs
d'emploi qu'à 15 ans et donc entre 15 et 18 ans le travail des enfants
est souvent considéré comme légal.
Selon les pays le travail des enfants évolue dans des
environnements très divers et sous d'innombrables formes. Il peut
être saisonnier ou juste une activité d'appoint pour quelques
heures. On distingue tout d'abord le travail au sein de la famille qui consiste
à aider à la tenue du foyer ou à la culture d'une parcelle
agricole. Ce travail appelé child work est considéré comme
une participation acceptable à la subsistance et une formation à
la vie adulte s'il n'affecte pas le bien être générale de
l'enfant. En réalité les parents attribuent aux enfants une part
des tâches qu'ils assurent eux aussi. Il ne s'agit ni d'exploitation ni
d'esclavage, et cette contribution à l'économie familiale
n'empêche pas la scolarisation. Cette activité
régulière et durable, plus souvent exercée par des
fillettes n'est pas mesurée économiquement. Dans ce cadre entrent
aussi les jobs visant à gagner de l'argent de poche, s'ils restent
occasionnels et limités à des travaux légers.
La notion de child labour représente un degré
supplémentaire dans l'intensité du travail. Elle renvoie à
une activité à plein temps, incompatible avec une scolarisation,
intérieure ou extérieure de la famille. L'enfant est ici
très pauvre et doit contribuer à la survie de sa famille.
Le cumul de deux vulnérabilités c'est à
dire être enfant et être pauvre ouvre souvent la voie à des
formes intolérables de travail. L'exploitation abusive par des
employeurs sans scrupules dans des activités informelles se
caractérisent par des horaires sans rapport avec la faible
rémunération, un effort physique qui dépasse les forces de
l'enfant et des conditions éprouvantes qui mettent en danger son bien
être physique et psychologique.
Quand il y a une soumission totale et une absence de
rémunération, le travail forcé et l'esclavage constituent
les degrés ultimes de l'exploitation d'un être humain où
l'enfant est réduit à l'état de marchandise sexuelle ou de
chair à canon.
Les chiffres disponibles ne constituent que des estimations.
Il n'existe aucun recensement exact du travail des enfants, ni au niveau
national ni au niveau mondial. Il est en effet impossible de répertorier
avec précision l'activité des enfant sur le terrain car elle est
souvent mêlée à celle des adultes,
irrégulière ou clandestine. De plus pour ce qui concerne
l'esclavage ou la prostitution il est impossible de mesurer le
phénomène. De plus la collecte d'information auprès des
familles est souvent sujette à des réticences de leur part car
des employeurs peuvent obliger les familles à ne pas dévoiler la
vérité. Donc on ne dispose que de mesures indicatives donc les
chiffres permettent de situer le travail des enfants par rapport à des
réalités sociales, ils ne livrent qu'un ordre de grandeur. La
plupart des mesures proviennent du BIT qui se mobilise depuis sa
création sur l'enfance au travail. Il établit des normes
internationales de protection et a mis sur pied un programme
dédié, le Programme internationale pour l'élimination du
travail des enfants. L'UNICEF(Fonds des Nations Unies pour l'Enfance) fournit
également des données pertinentes. Ces deux agences de l'ONU
disposent de multiples implantations locales qui leur permettent de travailler
avec les gouvernements, les ONG et les syndicats.
Le seul organisme à avoir établi une
méthodologie globale sur le travail des enfants est le BIT et à
ainsi pu établir une première estimation mondiale, publiée
en 1996 où 250 millions d'enfants de cinq à quatorze ans exercent
une activité économique, en majorité dans les pays en
développement. Pour 120 millions d'entre eux il s'agit d'un travail
à plein temps. Puis le Bit a affiné sa recherche en fonction de
la dangerosité du travail. Il a ainsi estimé qu'en 2002 351,7
millions d'enfants de 5 à 17 ans exerce une activité soit un
enfant sur quatre. Les évaluations globales sont trop rares pour se
prononcer avec certitude sur une hausse ou une baisse du nombre d'enfant au
travail. Il est apparu qu'une faible majorité des enfants travailleurs
est constituée de garçons, surtout parmi ceux qui sont astreints
à un travail dangereux. Le travail des filles a tendance à
être plus invisible car le plus souvent cantonné à la
sphère domestique.
On répartit l'activité des enfants dans le monde
de la manière suivante (en %)
Proportion
|
5-9 ans
|
10-14 ans
|
15-17 ans
|
D'enfants actifs qui ne vont pas à l'école
|
12%
|
23%
|
42,5%
|
D'enfants actifs qui vont aussi à l'école
|
7%
|
13%
|
31%
|
D'enfants qui vont à l'école sans travailler
|
68%
|
67%
|
43,5%
|
D'enfants sans école ni travail
|
20%
|
10%
|
14%
|
Les deux estimations successives du BIT s'accordent en tout
cas sur un point : aujourd'hui le travail des enfants n'est ni
résiduel, ni marginal, et reste d'une importance considérable. En
classant uniquement les activités en fonction de leur activités
en fonction de leur caractère intolérable ou non, le BIT estime
que, sur ce total estimée de 351,7 millions d'enfants seuls 107 millions
travaillent dans des conditions acceptables, mais 245,5 millions sont astreints
à des formes d'activités qui devraient être abolies selon
le BIT. Enfin 180 millions d'enfants sont assujettis aux pires formes
d'activités. Dans cette tranche 170,5 millions sont contraints à
un travail dangereux et 8,4 millions subissent des formes condamnables
d'exploitation.
Voici à présent deux tableaux montrant pour le
premier la répartition du nombre estimé d'enfants actifs dans le
monde selon l'âge et les types d'activités. Et le second montrant
le nombre estimé d'enfants astreints à des formes condamnables
d'exploitation
|
5-14 ans
|
15-17 ans
|
Total
|
Enfants exerçants une activité économique
|
210,8 millions
|
140,9 millions
|
351,7 millions (23% des enfants de 5 à 17 ans)
|
Dont : Enfants ont des formes de travail qui devraient
être abolis
|
186,3 millions
|
59,2 millions
|
254 millions
|
Dont : Travail dangereux
|
|
59,2 millions
|
|
Travail forcé et servitude
|
5,7 millions
|
Recrutement forcé dans les conflits armés
|
0,3 millions
|
Exploitation sexuelle et pornographique
|
1,8 millions
|
Autres activités illicites (délinquance, trafic
de drogue)
|
0,6 millions
|
Total monde
|
8,4 millions
|
|