III NOTIONS D'INVESTISSEMENTS
Il faudrait en fait parler d'investissements et de
désinvestissements, puisque les deux cas peuvent se présenter.
Nous étudierons donc tout d'abord le problème de l'investissement
corporel et incorporel puis celui des cessions. Comme chacun le sait, il existe
deux types d'investissement que peuvent envisager ou que doivent
réaliser les entreprises :
Ø Les investissements corporels.
Ø Les investissements incorporels.
La comptabilité recense un troisième type
d'immobilisation qu'elle qualifie de « financière ».
Cette troisième catégorie sera évoquée par la
suite, lorsque sera abordé en détail le problème de la
croissance externe.
Avant d'étudier les problèmes spécifiques de
prévision que pose chacune des deux catégories, une double
constatation s'impose :
Ø Les immobilisations corporelles sont dans la plupart des
cas : choisies, prévues, organisées, financées,
suivies.
Elles font l'objet de procédures précises et
définies.
Ø Les immobilisations incorporelles, sauf si elles
constituent le coeur du métier comme dans le cas des
sociétés d'informatique, ne bénéficient en
général pas d'un suivi aussi rigoureux.
Cette constatation est d'autant plus importante que la tendance
est de nos jours à investir de plus en plus dans l'immatériel.
Même les sociétés industrielles dépensent de plus en
plus d'argent pour ce type d'investissement qu'il s'agisse :
Ø De l'étude, de la conception de nouveaux
produits ;
Ø De la mise au point d'outils d'assistance à la
conception ou à la production. Par exemple, les systèmes de
conception assistée par ordinateur (CAO) ;
Ø Du lancement commercial des nouveaux produits.
Nous examinerons donc tout particulièrement comment
intégrer dans le business-plan la prévision des besoins de
l'entreprise au niveau de ses immobilisations immatérielles. Il est
cependant, auparavant, indispensable de rappeler quelques principes au niveau
des actifs corporels.
1) Les investissements corporels
Ils concernent : les terrains, les constructions, le
matériel ou les installations de production.
D'autres investissements de moindre valeur tels que : Le
matériel de transport, Le matériel de bureau, Divers autres
investissements.
Notons que dans certains métiers ces investissements
peuvent être essentiels. Tel sera par exemple le cas du matériel
roulant dans une affaire de transport, qu'il s'agisse du transport de
marchandises ou de personnes.
L'investissement à envisager peut correspondre :
Ø À l'achat ou à la création d'un
nouvel investissement. Celui-ci permettra alors à l'entreprise de
disposer de moyens nouveaux ;
Ø À la remise en état d'immobilisations
déjà existantes. Cet investissement n'aura alors pour effet que
de maintenir en état l'outil de l'entreprise.
Cet investissement peut être
réalisé :
Ø En achetant à l'extérieur soit un
matériel existant sur le marché soit un bien
élaboré spécifiquement pour les besoins de la
société. Construction ou extension d'un immeuble, installation
complexe et spécifique...
Ø en fabriquant elle-même l'investissement
nécessaire.
Cette réflexion sur les investissements se
concrétisera par un tableau annuel prenant en compte les investissements
externes, les investissements internes ainsi que la durée et le mode
d'amortissement en précisant la nature des acquisitions.
L'établissement de ce tableau pose un certain nombre de
problèmes, au niveau de sa conception mais également au niveau de
son contenu. Voyons quels sont ces problèmes afin de voir comment leur
apporter une solution.
A Utilisation du tableau
Dans la pratique, on travaillera généralement non
pas par rubrique comptable, approche trop globale, mais par investissement ou
ensemble d'investissement. Les colonnes durées et mode d'amortissement
n'ont pas d'utilité directe à ce niveau. Elles seront cependant
indispensables ultérieurement pour calculer les amortissements à
prévoir pour chacune des années.
Ce choix des durées et du mode d'amortissement pose un
problème car deux approches sont envisageables :
Ø Une approche économique qui amènerait
à s'interroger sur la durée réelle d'utilisation probable
de l'immobilisation concernée. La dépréciation annuelle
serait calculée en pratiquant un amortissement linéaire, qui
correspond en général le mieux à la perte de valeur
économique du bien. Cette démarche correspond à la
recherche d'une valeur d'utilisation et non d'une valeur vénale.
Ø Une approche fiscale qui amène, de manière
générale, à rechercher l'amortissement le plus rapide
possible et à bénéficier, chaque fois que possible, d'un
mode d'amortissement accéléré. c'est souvent
l'amortissement dégressif qui sera alors utilisé.
Si l'approche économique est intéressante, elle
présente l'inconvénient d'aboutir à des valeurs qui ne
sont comparables ni avec les pratiques passées ni, ce qui est plus
grave, avec les résultats « réels » qui
apparaîtront en comptabilité dans les années à
venir.
La comparaison entre les résultats prévus par le
business-plan et les réalisations constitue une des clés du
système. C'est pour cette raison que l'on retiendra en
général des systèmes et modes d'amortissement
correspondant à ce qui devrait probablement être enregistré
par la comptabilité de la société. Cette démarche
privilégie la comparabilité entre résultats prévus
et résultats réalisés, ce qui évitera par la suite
de nombreuses explications, en particulier vis-à-vis des interlocuteurs
externes de l'entreprise (banquiers, financiers, etc.).
B Contenu du tableau
Définition de
l'investissement : Part de la richesse destinée
à accroître la production, par l'accroissement ou le
renouvellement des capacités productives
La définition de ce contenu suppose d'examiner plusieurs
points, Examinons les principaux problèmes qui se posent à ce
niveau :
Ø Le seuil d'investissement : à partir de quel
montant considérera-t-on qu'il y a investissement et, à
l'inverse, quel montant sera assimilé à des dépenses
d'exploitation ?
Ø La nature de l'investissement : ce problème
se pose en particulier pour le gros entretien. Celui-ci peut concerner, selon
les cas, et les métiers des bâtiments ou du matériel. On
peut s'interroger longuement pour définir si le remplacement du moteur
d'un camion constitue ou non un investissement ;
Ø Les pratiques comptables : lorsqu'une
société produit elle-même une partie de ses
immobilisations, on sait bien qu'il peut exister à ce niveau des
politiques fort différentes. Le choix à réaliser porte
à la fois sur le fait d'immobiliser ou non et sur l'estimation du
montant à immobiliser, en fonction du niveau des frais indirects, que
l'on intégrera au prix de revient ;
Ø Les frais liés à l'investissement. Pour
qu'une machine achetée un certain prix, connu et définissable,
fonctionne effectivement, il est de plus indispensable de dépenser
certaines sommes pour :
Ø Installer le matériel en question,
Ø relier le matériel aux différents
réseaux de fluides de l'entreprise (électricité, gaz, air
comprimé, etc.),
Ø faire tourner le nouveau matériel dans des
conditions optimum (rodage)....
Il faudra définir clairement ce que l'entreprise doit
considérer comme un investissement ou comme une dépense de
fonctionnement courante de la société.
Là encore, la règle la plus efficace consiste
à retenir comme définition de l'investissement celle qui sera
utilisée par la société dans l'avenir. Ce choix permet
d'assurer la comparabilité entre les résultats prévus et
ceux qui seront annoncés dans l'avenir par la comptabilité.
Quel que soit la définition retenue, il est essentiel de
s'assurer qu'il n'y aura ni double emploi ni omission. L'entreprise qui a pour
politique de n'immobiliser que le strict nécessaire pour éviter
tout problème fiscal et qui décide d'aligner la prévision
sur cette politique devra en tenir compte au niveau des charges d'entretien. Si
tel n'était pas le cas, les prévisions seraient alors
anormalement optimistes, puisque certaines dépenses prévisibles
ne figureraient ni en immobilisations ni en charges d'exploitation.
Il faut enfin noter que si l'on retient pour l'élaboration
du business-plan des règles différentes de celles
antérieurement pratiquées, cela aura pour effet de fausser les
résultats futurs. Ainsi, si la société prévoit de
passer en charge des dépenses qu'elle immobilisait préalablement,
les résultats prévus devront intégrer à la
fois :
Ø Les amortissements restant à courir sur les
dépenses immobilisées au cours des années
passées,
Ø Les dépenses désormais assimilées
à des charges d'exploitation qui seront engagées dans les
années couvertes par la prévision.
Il y a donc double emploi et de ce fait diminution
injustifiée des résultats présentés.
Cadencement de
l'investissement : Si des investissements sont
réalisés sur plusieurs exercices, il faudra évidemment
prévoir leur date de mise en service. C'est le montant total investi qui
figurera dans le tableau de l'année de mise en service. Il faudra en
annexe de ce tableau prévoir le cadencement annuel des dépenses.
Cette information sera indispensable pour estimer les besoins de financement de
l'affaire.
Mode d'acquisition des
investissements : La définition des besoins
d'investissement de l'entreprise amène à s'interroger sur deux
notions distinctes :
Ø La nécessité pour l'entreprise de disposer
des moyens de production au sens large du terme,
Ø Les moyens de disposer de ces moyens de production.
Nous n'étudierons pas ici le troisième
problème qui consiste à savoir comment financer
l'investissement.
Pour une entreprise, il est possible de disposer de moyens de
production en recourant à trois techniques :
Ø Acheter l'immobilisation. Nous assimilerons à
l'acquisition la conclusion d'un contrat de crédit-bail qui ne constitue
qu'une modalité de financement particulière. Dans le cas d'un tel
contrat, l'entreprise acquiert la propriété de biens mais,
à terme, lorsqu'elle a payé l'ensemble des annuités et
versé le prix de rachat contractuellement prévu.
Ø Louer l'immobilisation. Dans ce cas, la
société dispose également du bien mais elle n'en devient
pas propriétaire. Elle versera des loyers, du moins tant qu'elle aura
l'usage du bien considérer. Si le bien concerné prend de la
valeur, ce qui peut être par exemple le cas pour un immeuble bien
situé, la plus-value échappe au locataire. Cette prise de valeur
aura pour effet de générer une augmentation des loyers. On
constate que cette solution présente selon les cas des avantages mais
également des inconvénients. Notons enfin que tous les biens ne
peuvent pas forcément être loués. Il est difficile, voire
impossible, de louer des actifs spécifiques que, du fait de leur
particularisme, le propriétaire ne pourrait relouer si son locataire
dénonçait son contrat ou devenait insolvable.
Ø sous-traiter. Cette technique permet de rejeter vers le
sous-traitant la charge de l'investissement. Comme « toute peine
mérite salaire », le prix de sous-traitance inclura
normalement, en dehors de coûts de production, l'amortissement des biens
utilisés ainsi qu'un profit raisonnable. Cette formule est souvent
très attrayante, s'il existe des capacités de production
disponible sur le marché. On peut dans ce cas espérer
bénéficier de tarifs de sous-traitance particulièrement
attractifs.
Les deux dernières techniques
énumérées sont particulièrement
intéressantes puisqu'elles permettent d'échapper aux contraintes
de financement classique. La contrepartie naturelle réside dans une
diminution de la rentabilité puisque le loueur ou le sous-traitant doit
évidemment inclure dans le coût de leur prestation une marge qui
échappe de ce fait à l'entreprise.
Il faut enfin savoir que les actifs d'une entreprise sont le
« gage » des créanciers. L'absence d'immobilisation
risque donc de fragiliser l'entreprise, tout particulièrement dans sa
relation avec son banquier mais également vis-à-vis de ses
fournisseurs.
2) Les investissements incorporels
Une distinction importante consistera tout d'abord à
isoler deux types d'investissements, non pas en fonction de leur nature mais de
la manière dont l'entreprise entend ou peut se les procurer :Les
immobilisations acquises en l'état, et Les immobilisations
créées ou développées par la
société.
À titre d'exemple, une société exploitant
des fonds de commerce de détail peut les acquérir si
l'emplacement de la clientèle existe déjà. Elle peut
également procéder à la création de nouveaux points
de vente dans des centres commerciaux lors de leur ouverture. Le
résultat sera à terme identique, du moins si l'ouverture des
nouveaux emplacements est un succès. Par contre, les dépenses
à envisager sont différentes. Dans le premier cas, il faudra
racheter le fonds existant à son ancien propriétaire. En
échange, le démarrage devrait être immédiat puisque
l'exploitation existe et qu'il suffit de la poursuivre, voire de
l'améliorer. Dans le second cas, il faudra procéder à une
ouverture qui entraînera des frais : Publicité de lancement,
Aménagement des locaux, Loyers à payer entre la prise du bail et
l'ouverture effective du point de vente et Perte de démarrage à
subir tant que le point de vente n'aura pas trouvé son équilibre
d'exploitation....
Nous ne traiterons ici que le second cas, c'est-à-dire
celui des immobilisations incorporelles créées. En effet, le
premier cas sera traité à l'identique des immobilisations
corporelles.
Pour examiner ce problème, nous nous interrogerons tout
d'abord sur la manière dont la comptabilité traite classiquement
ces investissements. Ce n'est qu'ensuite que nous définirons le
traitement à envisager au niveau du business-plan.
A Le traitement comptable
Les principes comptables généralement admis en
Maroc pour les dépenses correspondant à la création
d'actifs incorporels: étaler les charges correspondantes sur plusieurs
exercices en immobilisant les dépenses supportées puis en les
amortissant sur une période de deux à cinq ans.
Quelle que soit la formule retenue, elle a pour effet de
créer une différence de traitement entre les
éléments incorporels. Ceux acquis resteront inscrits à
l'actif du bilan de la société pour leur valeur d'acquisition
(sauf obligation de provisionner dans certains cas), ceux créés
par l'entreprise seront immédiatement ou à terme imputés
sur les résultats de la société et disparaîtront de
ce fait de l'actif de la société.
B Quels sont les investissements incorporels ?
On définit ceux-ci comme les éléments dont
dispose une entreprise et qui concourent à son activité sans
être matérialisés par des actifs tangibles.
On peut citer : Le nom / la marque, Le
savoir-faire, Les études de produits ou de procédés, Les
progiciels informatiques...
Ce sont souvent ces éléments qui constituent la
véritable richesse des entreprises puisque ce sont eux qui permettent de
se différencier de la concurrence. On sait aussi, et c'est probablement
ce qui justifie la prudence du comptable, que ces éléments sont
souvent fort volatiles. Notons enfin, dernières particularités
de ces éléments, que la valeur réelle de ces biens n'a pas
de lien mathématique avec des sommes effectivement investies.
C Traitements au niveau du business-plan
Deux traitements sont possibles à ce niveau.
Ø Rester strictement conforme aux règles
comptables. L'avantage de cette solution est, comme nous l'avons
déjà noté au niveau des actifs corporels, d'assurer une
comparabilité des prévisions établies avec les
résultats réels qui apparaîtront dans l'avenir.
Ø Envisager une règle différente. C'est
fréquemment cette solution qui sera retenue car elle permet de mettre en
évidence les efforts réalisés par l'entreprise pour
créer ou accroître son fonds de commerce.
La règle proposée consiste à ventiler les
dépenses concernées en deux catégories :
Les dépenses permettant de maintenir le fonds
de commerce : Il s'agit du coût des efforts que
réalise toute entreprise afin de rester à son niveau de
compétence et de conserver son positionnement sur le marché.
Une entreprise qui réalise chaque année des
dépenses publicitaires peut, sans inconvénient, les
considérer comme des dépenses courantes et non comme des
investissements. Il n'en est pas moins exact que chaque campagne assure les
ventes du moment et participe à préparer celles des années
à venir, ainsi qu'à l'amélioration durable de la
notoriété de la marque concernée.
Ce choix ne présente normalement aucun inconvénient
au plan des résultats. Si l'on prenait la décision de
considérer une partie de ces dépenses comme des immobilisations,
il faudrait alors les amortir. Les amortissements cumulés
amèneraient normalement une charge équivalente à la
dépense annuelle immobiliser.
Si on décide d'immobiliser cette décision, il en
résultera deux conséquences :
Ø Le montant annuel est transféré des postes
de charges aux postes d'amortissements. La marge brute d'autofinancement se
trouvera de ce fait majorée d'autant. Notons que le même effet
serait obtenu en immobilisant chaque année les dépenses
considérées et en les amortissant au cours de l'exercice
considéré.
Ø L'actif net de la société sera
majoré de la partie non encore amortie des dépenses
immobilisées.
Les dépenses destinées à
accroître le fonds de commerce : On peut classer dans
cette catégorie toutes les sommes que l'entreprise dépense afin
de faire évoluer son positionnement. Parmi celles-ci, on peut citer,
à titre d'exemple et de manière évidemment non
exhaustive :
Ø L'étude, la conception et la mise au point de
produits nouveaux. Dans ce cas, ces produits doivent correspondre à la
satisfaction de nouveaux besoins ou s'adresser à une nouvelle
clientèle ;
Ø Les dépenses d'implantation sur de nouvelles
zones géographiques, que ce soit à l'intérieur du pays
d'origine ou à l'étranger ;
Ø La création d'une nouvelle formule de
distribution ne se substituant pas à celle actuellement exploitée
par la société ;
Ø La création d'une marque nouvelle ou
l'implantation d'une marque existante sur un marché nouveau ;
Ø Etc.
Ce type de dépenses correspond réellement pour
l'entreprise à un développement. Doivent-elles être
traitées comme des investissements ?
Le choix du mode de traitement est important dans la mesure
où il permet de mettre en évidence les efforts de
développement qu'envisage l'entreprise. Un tel traitement n'interdit
nullement de demeurer prudent et de prévoir l'amortissement de ces
dépenses au cours de leur année de constatation. Si par la suite
et pour des motifs fiscaux ou comptables, la société est
amenée à considérer les dépenses réellement
réalisées comme des charges d'exploitation, le résultat
final qu'elle dégagera restera comparable à celui initialement
prévu. Il suffira de tenir compte de la différence de traitement
entre prévisions et réalisations pour pouvoir procéder de
manière pratique à la comparaison du cash-flow.
3) Les cessions d'actif
Le problème diffère selon l'utilité pour
l'entreprise des actifs concernés.
A Cession d'actifs hors exploitation
On définit les actifs hors exploitation comme ceux dont
l'entreprise dispose mais qui ne concourent pas à son activité
professionnelle.
On peut citer à titre d'exemple :
Ø Certains terrains non utilisés.
Ø Les maisons ou appartements loués au personnel
à condition toutefois que le fait de mettre à disposition de ces
derniers un logement ne constitue pas pour l'entreprise une contrainte
incontournable. Si, par exemple, fournir un logement est le seul moyen
d'attirer et de conserver des salariés, les logements correspondants ne
peuvent être considérés comme hors exploitation. Ils sont
dans ce cas stratégiques puisqu'ils constituent un des moyens pour
l'entreprise de se procurer une des ressources rares de l'entreprise : les
hommes ;
Ø l'évolution du niveau de vie des consommateurs
et la part consacrée à l'alimentation par rapport aux autres
postes du budget des ménages...
Tous les actifs énumérés présentent
l'avantage de pouvoir être cédés sans nuire à
l'activité de l'entreprise. Ils constituent de ce fait la plus
évidente et la plus efficace des opérations de
désinvestissement possibles.
Pour planifier ces désinvestissements, il conviendra de
prévoir :
Ø Le prix de vente probable,
Ø Les délais de négociation à
envisager. Ceux-ci peuvent être très différents selon
l'état du marché et le type de bien concerné. Le
délai dépend également du prix recherché. Si
l'entreprise est prête à céder ses actifs à un prix
modéré, elle peut alors espérer réaliser rapidement
l'opération. Si au contraire elle veut obtenir le meilleur prix, les
délais peuvent fortement s'allonger. Dans le cas d'entreprises en
difficulté, pour qui la récupération de cash est
souvent une condition de survie, la rapidité est en
général privilégiée, même si cela
nécessite d'accepter un effort important sur les prix.
Certains des actifs hors exploitation peuvent
générer des revenus ou des coûts :
Ø Loyers, impôts, charges d'entretien pour les
immeubles et les actifs de production non utilisés
Ø Dividendes provenant des filiales ou des
participations.
Il sera indispensable de tenir compte dans la partie exploitation
du business-plan de la disparition de ces charges et de ces produits.
B Cession d'actifs d'exploitation
Il s'agit cette fois de céder des biens que la
société utilise mais dont elle pourrait se passer en modifiant
ses conditions d'exploitation ou qu'elle pourrait utiliser sans en être
propriétaire. Ces deux cas doivent être traités
distinctement :
Actifs dont la cession modifie l'exploitation :
Les exemples sont assez nombreux et l'on peut citer parmi
ceux-ci :
Ø La vente et le déménagement d'un
siège social. Cette opération est particulièrement
intéressante au plan financier si le siège social se trouve dans
une ville importante où les prix de l'immobilier sont
élevés. À l'inverse, elle est parfois illusoire si aucune
autre entreprise n'est intéressée par le rachat de l'immeuble en
vue de s'y installer ;
Ø La cession d'activités non stratégiques.
Ces activités peuvent être exercées sous forme de filiale
ou d'exploitation directe. Dans ce dernier cas, une filialisation
préalable sera le plus souvent nécessaire ;
Ø La sous-traitance de certaines activités. Si
l'entreprise décide de sous-traiter certaines activités, elle
peut envisager de céder au futur sous-traitant, ou à un tiers,
les actifs correspondants. Tel est le cas d'une entreprise qui assure ses
transports en interne. Elle peut, si elle décide de sous-traiter, vendre
son parc de véhicules, son stock de pièces
détachées à son futur sous-traitant.
Dans tous les cas, il conviendra de chiffrer :
Ø Les prix de vente des actifs avec les problèmes
déjà évoqués pour la cession d'actifs hors
exploitation.
Ø Les coûts de l'opération. (licenciement
à un coût)
Ø Les nouveaux coûts de fonctionnement, après
réalisation de l'opération (loyers, coûts de
sous-traitance, etc.).
Cession d'actifs sans modification de mode
d'exploitation :
Il s'agit dans ce cas de simples opérations
financières destinées à dégager de la
trésorerie immédiate, sans pour autant modifier le mode de
fonctionnement de l'entreprise. Deux techniques sont envisageables :
Le lease-back : Le
procédé est bien connu. Il consiste à céder un bien
à un organisme financier spécialisé, tout en conservant
l'usage de ce bien, puis à en récupérer la
propriété dans le cadre d'un contrat de location, assorti d'une
promesse de vente de la part du nouveau propriétaire.
Si cette opération dégage de la trésorerie,
elle augmente sensiblement les charges futures. Il faudra en effet chaque
année verser des annuités, correspondant à la fois au
remboursement du prix de vente et aux frais financiers afférents au
montant restant dû après chaque remboursement.
Ces opérations peuvent porter sur : des immeubles,
des matériels, le fonds de commerce.
La location : Comme dans le cas
précédent, la société va céder un ou des
actifs, puis les louer au nouveau propriétaire. Le bail n'est pas dans
ce cas assorti d'une promesse de vente permettant à l'entreprise de
récupérer à terme le bien. Le loyer est donc, dans ce cas,
moins élevé que dans le précédent.
L'économie réalisée risque toutefois de
n'être que temporaire puisque l'on se situe alors dans le cadre d'un bail
normal. Un tel contrat prévoit la révision périodique du
loyer et celui-ci va donc augmenter régulièrement.
Cette solution est essentiellement applicable à des actifs
immobiliers peu spécifiques et bien situés. Le loueur doit en
effet pouvoir espérer relouer le bien, si l'entreprise prenait à
un moment donné la décision de ne pas renouveler son bail et de
s'implanter dans de nouveaux locaux. Le loueur doit également
s'interroger sur la solvabilité de son locataire, ce qui rend difficile
ce type de montage dans le cas d'une entreprise en crise.
C Conséquences des cessions d'actifs
Toutes les formules déjà envisagées ont, en
plus de celles déjà évoquées, deux
conséquences qui devront être prises en compte dans
l'élaboration du business-plan.
Conséquences fiscales :
Si, comme c'est en général le cas, les cessions
réalisées dégagent des plus-values, celles-ci feront
évidemment l'objet d'une taxation au taux en vigueur.
Il en sera de même en cas de moins-value. La
trésorerie dégagée par l'opération devra donc
être estimée en tenant compte de cette imposition. Si toutefois
l'entreprise dégage des déficits ou dispose de déficits
antérieurs, elle pourra alors opérer la compensation avec les
plus-values dégagées et, de ce fait, réduire ou faire
disparaître cette imposition. Dans le cas de moins-values, celles-ci
s'imputeront sur les bénéfices actuels ou futurs, ce qui
amènera un effet sur la trésorerie dont il devra
évidemment être tenu compte.
Conséquences comptables :
La cession d'une immobilisation avec constatation d'une
plus-value a un double effet de :
Ø Réduction des immobilisations de la valeur nette
comptable des biens cédés,
Ø Augmentation des capitaux propres de la plus-value nette
d'impôt.
L'effet sur la structure financière est donc très
important.
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