II PRÉSENTATION DU DIAGNOSTIC FINANCIER
Disposant de documents retraités et analysés, il
s'agit désormais de procéder à leur étude afin de
tenter de définir si :
Ø L'entreprise est ou non financièrement
saine ?
Ø L'entreprise dispose ou non des moyens financiers
nécessaires à la mise en oeuvre de sa stratégie ?
Ces deux questions doivent être traitées
successivement.
1) Le diagnostic de la situation financier
Celui-ci sera réalisé par comparaison
pluri-annuelle et par la comparaison des ratios.
A Comparaison pluri-annuelle
Le premier travail à réaliser consiste à
reprendre les présentations analytiques des bilans et des comptes de
résultats ainsi que les tableaux de financement. Le but est dans un
premier temps d'examiner si la situation financière de la
société s'améliore ou se détériore. Cette
étude doit être menée non seulement en réalisant des
comparaisons de poste à poste, mais également en tentant
d'expliquer les évolutions constatées les unes par rapport aux
autres. Comparaisons entre années permettre de voir si la situation de
l'entreprise : est stable, Se détériore, S'améliore.
Exemple :
Prenons les trois postes suivants : Le chiffre d'affaires
(CA), Le besoin en fonds de roulement (BFR), Et le fonds de roulement (FR).
L'étude de leur évolution les uns par rapport aux autres
donne :
On observe que si le chiffre d'affaires de la
société progresse régulièrement et de façon
importante, le BFR, lui, s'accroît proportionnellement au chiffre
d'affaires, ce qui est tout à fait classique. Le FR progresse
également. Toutefois, cette progression est inférieure à
celle du CA et du BFR.
Il se produit dans ce cas une détérioration de la
situation puisque l'écart entre les évolutions du FR et du BFR
amène un accroissement de la trésorerie négative. Si la
société poursuit son développement dans les mêmes
conditions, on risque de se trouver confronté à une grave crise
de trésorerie.
Cette première analyse comparative n'est pas suffisante
puisqu'il faut tenter d'expliquer pourquoi le BFR croît plus rapidement
que le FR.
A priori, le problème ne se situe pas au
niveau du BFR puisque celui-ci augmente proportionnellement au
développement du chiffre d'affaires, ce qui est logique.
Il faut donc analyser les variations du FR sur la période
concernée. On pourra trouver plusieurs explications :
Ø Les immobilisations nettes augmentent plus rapidement
que le chiffre d'affaires,
La société recourt peu à l'emprunt et son
endettement s'accroît moins que son chiffre d'affaires,
Ø Les fonds propres ne s'accroissent pas assez rapidement,
soit parce que les résultats sont insuffisants, soit parce qu'une part
trop importante de ceux-ci sort de l'entreprise sous forme de dividendes.
L'examen de l'évolution des différentes rubriques
concernées devrait permettre de choisir, entre les explications
ci-dessus, celle qui correspond à la réalité. Rien
n'interdit d'imaginer que plusieurs de ces explications soient en cause
simultanément.
B comparaison par L'utilisation des ratios
Un ratio financier d'une entreprise est un outil d'analyse
financier Un ratio se définit comme le calcul du rapport entre deux
grandeurs significatives. Voici à titre d'exemple un ratio que
connaissent tous les dirigeants : (Bénéfice
net × 100) / chiffre d'affaires = %.
Ce ratio indique la rentabilité de l'entreprise,
exprimée en pourcentage du chiffre d'affaires. Il diffère
évidemment selon l'activité exercée par la
société.
Classification des ratios :
Les ratios peuvent être classés en quelques grandes
catégories :
Les ratios de productivité :
Ces ratios comparent des éléments représentatifs de
l'activité (chiffre d'affaires, production, valeur ajoutée)
à des données représentatives des moyens mis en oeuvre
(effectifs, immobilisation). L'évolution de ces ratios est importante
à suivre car elle indique l'amélioration ou la
détérioration de la productivité d'une
société.
Les ratios de rentabilité,
d'exploitation : Ils comparent un des éléments
significatifs de la rentabilité (bénéfice net,
résultat d'exploitation, etc.) au chiffre d'affaires ou à la
production.
Ces ratios sont les plus classiques. Ils peuvent être
utilisés quelle que soit l'entreprise concernée.
Les ratios de rentabilité
financière : Ces ratios comparent là encore des
éléments représentatifs du résultat, mais cette
fois-ci aux capitaux mis en oeuvre (capitaux propres, immobilisations...)
Ces ratios d'usage beaucoup moins courants sont pourtant parmi
les plus utiles et les plus significatifs.
Les ratios d'analyse du besoin en fonds de roulement
(BFR) : Ils permettent de constater ce que
représentent les postes constitutifs du BFR par rapport à
l'élément correspondant du compte de résultat (chiffre
d'affaires ou achats par exemple).
Pour que ces comparaisons soient significatives, il est
nécessaire de comparer des données homogènes.
Les ratios de structure
financière : Certains de ces ratios comparent entre
eux les différents postes ou rubriques constituant le bilan. D'autres
mettent en évidence le poids de la dette, au niveau des frais financiers
ou du principal à rembourser.
Les ratios sont évidemment intéressants à
étudier en tant que tels, mais l'intérêt principal se situe
au niveau des comparaisons possibles.
Comparaisons entre ratios :
C'est fréquemment en mettant en corrélation deux, voire plusieurs
ratios, que l'on pourra le mieux comprendre les évolutions
constatées.
Une entreprise en fort développement voit souvent son
résultat relatif baisser car elle doit recourir à plus de
financement externe et donc supporter des frais financiers plus importants.
Une telle situation peut se révéler par l'examen
des ratios suivants :
Par exemple, prenons tout d'abord le taux de rentabilité
économique qui correspond au quotient du bénéfice net sur
le chiffre d'affaires, celui-ci est en baisse. Nous constatons en revanche que
le taux de rentabilité d'exploitation (Résultat
d'exploitation / Chiffre d'affaires) reste stable et que le taux
d'indépendance financière (Endettement à
terme / Capitaux propres) est en hausse.
On constate bien ici que la baisse relative de rentabilité
trouve son origine dans le poids grandissant des frais financiers et non dans
une détérioration de sa rentabilité économique.
C Comparaisons inter-sociétés
(Norme)
Pour réaliser ce dernier travail, il faut disposer non
seulement des documents financiers de la société (ce qui ne pose
en général pas de problème) mais également de ceux
d'autres sociétés du même secteur. Il est également
possible de se référer à des moyennes sectorielles.
Deux types de comparaisons sont intéressants à
réaliser :
Ø Comparaison à la moyenne. Que ce soit celle de la
profession ou d'un échantillonnage restreint de société,
cette comparaison est intéressante car elle permet de positionner
l'entreprise par rapport à la profession ;
Ø Comparaison aux meilleures. Cette comparaison est
probablement la plus intéressante car elle permet de fixer à
l'entreprise des objectifs de progrès. La comparer aux meilleures ne
veut pas obligatoirement dire de se comparer au leader de la profession mais
plutôt de rechercher, pour chaque ratio ou donnée significative,
la société la plus performante. Il faudra ensuite comprendre
comment cette société atteint cette performance afin de tenter de
l'égaler, voire de la dépasser.
2) Analyse élémentaire et complète
Parmi toutes les études et analyses qui peuvent être
menées, deux sont essentielles et leur étude est indispensable
à la construction d'un business-plan.
A L'analyse du résultat
Très fréquemment, pour juger de la
rentabilité d'une entreprise, la tendance est de se baser sur le
ratio : (Bénéfice
net × 100) / (Chiffre d'affaires) = %
Si ce ratio est professionnellement intéressant, il
n'exprime pas la réelle rentabilité d'une entreprise. En effet,
la rentabilité doit se mesurer par le rapport au capital mis en oeuvre.
C'est cette comparaison qu'opère le ratio: (Bénéfice
net × 100) / (Capitaux propres) = %.
En matière financière, ce qui compte c'est le
rapport entre les sommes placées (les capitaux propres) et les revenus
récoltés (le bénéfice de l'entreprise). Ce ratio
est intéressant il permet de comparer la société :
Ø Avec toute autre entreprise, quelle que soit sa taille,
son secteur d'activité, voire le pays où elle opère. Cette
dernière comparaison est toutefois plus aléatoire dans la mesure
où, si l'on prenait comme référence des pays à
inflation très différente, on pourrait en tirer des conclusions
erronées ;
Ø Avec un autre placement. La comparaison sera
fréquemment réalisée avec des placements financiers sans
risques (obligations garanties par l'État). On peut en effet se demander
quel est l'intérêt pour l'actionnaire d'avoir investi dans une
entreprise pour obtenir une rentabilité supérieure à celle
d'un placement financier sans risque.
L'autre intérêt de ce ratio est de pouvoir
être à son tour analysé de manière à
apprécier comment l'entreprise opère pour dégager des
résultats.
Deux niveaux d'analyse sont possibles :
Analyse élémentaire
Le ratio de rentabilité va se décomposer
ainsi :
Le quotient Bn/CP est égal au quotient Bn /CA
multiplié par le quotient CA/CP
Cette analyse met en évidence que le résultat
dépend :
Ø Du taux de marge (Bn / CA) ;
Ø De la rotation des capitaux propres (CA / CP),
c'est-à-dire de la capacité de l'entreprise à
réaliser un maximum de chiffre d'affaires en mettant en oeuvre le
minimum de capitaux propres.
Notons enfin que les deux facteurs (marge ou rotation) sont en
général interdépendants. Pour augmenter les ventes et donc
la rotation, il faut le plus souvent baisser les prix de vente et donc la
marge. Il existe un équilibre à trouver. Ce futur
équilibre sera l'un des choix à opérer lors de
l'élaboration des hypothèses de base du business-plan.
Analyse complète
Le ratio s'analyse alors de la manière suivante :
Soit, le quotient Bn/CP est égal au quotient Bn/ CA
multiplié par le quotient CA/ Total actif multiplié par le
quotient Total passif sur FP
C'est le second terme de l'analyse précédente qui
est détaillé pour faire apparaître des nouvelles
notions :
Ø La rotation qui s'exprime cette fois-ci en comparant le
chiffre d'affaires à l'ensemble des moyens mis en oeuvre par la
société (ses actifs),
Ø Le levier qui exprime le rapport entre les ressources
totales de l'affaire (le passif) et la part de ses ressources fournies par les
actionnaires (capitaux propres).
B La croissance équilibrée
Cette analyse va permettre de mettre en évidence le
rapport entre le développement d'une société et
l'évolution de ses besoins financiers. Ce point est essentiel puisque
une affaire qui se développe trop rapidement risque de
déstabiliser sa structure financière et de se trouver dans
l'impossibilité de faire face à ses échéances.
Principe de croissance équilibrée
Cette règle s'exprime ainsi :
Tc = Tr - Td
Tc = taux de croissance (augmentation du chiffre
d'affaires)
Tr = taux de rentabilité Bn / CP
Td = taux de distribution de
dividende / CP
Ce principe est exact sur une période suffisamment longue.
Il peut exister des exceptions sur une période courte (une année
par exemple). Tel sera le cas si l'entreprise accepte provisoirement une
détérioration de sa trésorerie. Encore faut-il que les
banquiers acceptent également d'aider la société au cours
de cette période.
Notons enfin que, si la société dispose de
capacité non utilisée, la règle ne commencera à
s'appliquer qu'après que la société ait consommé
ses réserves. Celles-ci peuvent être constituées par :
Une trésorerie positive, des investissements sous employés, un
recours limité au crédit fournisseur, un endettement à
terme inférieur à ce qui est admissible.
Apprécier le déséquilibre
financier
Avant d'aborder ce point, il convient de préciser que
l'analyse réalisée sur des comptes à une date
donnée risque de ne pas être significative si l'activité de
l'entreprise est cyclique. Ainsi, une société du secteur du
jouet, qui réalise une part importante de son chiffre d'affaires sur les
quelques derniers mois de l'année, peut présenter selon la date
d'arrêté de ces comptes des situations très
différentes. Une bonne approche de ce problème peut être
réalisée en examinant :
Ø La ventilation mensuelle du chiffre d'affaires
annuel,
Ø L'évolution mois par mois de la
trésorerie.
Dans de tels cas, il conviendra de raisonner sur des situations
établies à des périodes représentatives d'une
activité moyenne de l'entreprise.
Ce point étant précisé, voyons comment
tenter de découvrir de quel déséquilibre financier dispose
où souffre la société, à la date de construction du
business-plan.
De manière simplifiée, on peut assimiler le
déséquilibre financier à la somme de :
Ø La trésorerie positive ou négative
excédentaire ;
Ø La possibilité d'endettement non
utilisée.
Pour déterminer cette dernière, on partira de deux
ratios :
Ø (Dettes à terme) / (Capitaux propres),
qui doit ou pourrait être égal ou inférieur à
1 ;
Ø (Dettes à terme) / MBA, qui ne doit
être supérieur à 3 ou 4.
Le montant ainsi déterminé sera comparé
à l'endettement réel.
Situation financière
normative
Il s'agit ici de définir quelle devrait être la
situation de l'entreprise en fonction de ses spécificités, puis
de comparer cette situation normative à la situation réelle.
Afin de déterminer cette position normative, il sera
nécessaire de procéder ainsi pour les différentes
rubriques du bilan.
A Immobilisations
Celles-ci seront toutes d'abord classées en trois
catégories :
Les immobilisations hors exploitation :
Ce sont celles qui pourraient être cédées
sans modifier en quoi que ce soit le mode de fonctionnement de l'entreprise.
C'est le plus fréquemment parmi les catégories suivantes d'actifs
que l'on risque de découvrir de tels éléments :
Terrains, constructions, participations dans des activités non
synergiques.
Ce sont en général les sociétés
anciennes qui disposent de ce type d'investissements, fruits de leur
histoire.
Les immobilisations non
indispensables :
On classera sous cette rubrique les actifs qui pourraient
être cédés facilement, quitte à les relouer ou
à les prendre en crédit-bail
(« leasing »).
On trouvera dans cette catégorie les sièges
sociaux, dissociés des sites de production.
Les autres immobilisations :
Ces tous les autres actifs qui ne peuvent être
cédés sans modifier profondément le mode de fonctionnement
de l'entreprise.
Ce tri étant opéré :
Ø pour les deux premières catégories, on
procédera à une estimation en valeur vénale,
c'est-à-dire au prix auquel ces biens pourraient être vendus sur
le marché,
Ø Pour les biens d'exploitation, il faudra s'interroger
sur leur utilité réelle. Si l'entreprise dispose de trop
d'immobilisations, il faudra alors se demander :
v Si une partie peut être cédée,
v Si ce sur-investissement peut permettre un développement
en évitant de nouveaux investissements,
v Si ces actifs existent mais ne présentent ni
intérêt, ni possibilité de cession et constituent donc des
non-valeurs.
B Besoin en fonds de roulement
Pour déterminer celui-ci, nous utiliserons la
méthode dite des experts-comptables.
La méthode des experts-comptables consiste à
mesurer la valeur moyenne des différents éléments du
besoin en fonds de roulement, de manière normative, et à les
exprimer dans une unité commune qui est la journée de chiffre
d'affaires hors taxes.
Ce calcul est effectué à partir des délais
d'écoulement physique des postes circulants du bilan, obtenus par
enquêtes statistiques, mesures physiques, sondages, interviews, etc.
Stock : délai moyen entre
l'entrée en stock des marchandises et leur sortie
Clients : durée moyenne des
crédits consentis aux clients
Fournisseurs : durée moyenne
des crédits consentis par les fournisseurs
Ces délais, qui expriment la durée
d'écoulement de quantités mesurées dans des unités
différentes, sont rendus homogènes par l'application de
coefficients de structure.
Nous avons donc, les délais d'écoulement (actif et
passif) × le coefficient de structure × le besoin
en fonds de roulement
Les besoins financiers étant définis, il reste
à étudier comment les financer. Pour cela, on calculera
l'endettement normal selon la méthode déjà décrite,
ainsi que la trésorerie négative normalement acceptable. Le bilan
normatif peut alors être établi. En comparant la situation nette
ressortant de ce bilan et celui apparaissant au bilan réel, on obtient
un premier écart. Si l'on ajoute à cet écart la valeur
vénale nette (50 % de l'encours client) des
éventuels actifs hors exploitation, on dispose alors du besoin ou de
l'excès de fonds propres de l'entreprise.
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