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La gestion du personnel dans les services public au Zaire: Cas du Département Régional de l'O. ZA. C siège de Kisangani de 1990 à  1996

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par Jean Paulin Makasi Iteke Moles'sya
Université de Kisangani - Graduat en Sciences Politiques et Administratives 1997
  

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CHAPITRE TROISIEME : LES CAUSES DU CONTRASTE DANS L'AVANCEMENT

DES GRADES A L'O.ZA.C SIEGE DE KISANGANI

Sur base des données empiriques au chapitre précédent, nous avons regroupé les causes des injustices constatées au département de l'O.ZA.C Haut Zaïre, siège de Kisangani en deux catégories.

La première est celle des causes professionnelles. Ce sont des raisons pour plupart soutenues par les responsables de l'O.ZA.C Kisangani en vue de justifier les cas des agents qui n'ont pas accédé à la promotion quoique méritant.

Ces causes trouvaient leur explication dans le désastre économique du pays et le mode de gestion de l'O.ZA.C. UN désastre qui n'avait pas épargné les services générateurs des recettes.

Quant au mode de gestion, il est trop centralisé. Ce qui pose des difficultés au niveau des provinces.

La seconde catégorie des causes est politique. Ce sont des motivations surtout d'ordre ethnique ; soutenues par d'autres considérations liées au clientélisme, népotisme ...etc.

III. 1. CAUSES PROFESSIONNELLES

Les autorités de l'Office Zaïrois de Contrôle, par manque des moyens de couvrir ponctuellement tous les départements du pays, ne parviennent pas à améliorer le système de cotation, ni à maîtriser l'évaluation de la cotation des agents. Elles ne parviennent pas à contrôler la prestation de chaque agent en vérifiant sur le terrain ce qu'il fait.

En Conséquence, le désintéressement, la paresse, l'irrégularité et le désordre ont élu domicile dans l'Office.

Tout cela par manque de décentralisation. Le seul centre de décision étant la Direction Générale qui se trouve à Kinshasa.

Cette forte centralisation entraîne la lenteur administrative. Une situation qui affecte le traitement et la résolution rapide des problèmes posés par les départements régionaux ou provinciaux.

A ces problèmes posés par le mode de gestion centralisé, s'ajoute la conjoncture économique difficile. Et cette crise a provoqué la dépréciation sans cesse du climat social du travail, entraînant ainsi la démotivation du personnel et les difficultés de suivie, des agents par le service du personnel. Malgré le caractère intéressant des dispositions de la convention collective, la réalité est autre sur le terrain. Car ce beau texte n'est pas scrupuleusement appliqué.

Il en est de même des bulletins de signalement, dont les contenus ne sont pas pris en compte.

L'économie a vraiment joué sur le manque de promotion dans cet Office, comme le dit SERGE. A. VIEUX : « Quelle que soit cependant la forme qu'il emprunte, le régime des avancements de grade pose un certain nombre de problèmes,... » (1).

(1) SERGE. A. VIEUX ; Opcit, P. 456

Car, qui dit promotion (avancement en grade) dit augmentation de rémunération et tous les avantages sociaux et professionnels y afférents.

Or l'Office, comme la plupart des services publics de l'Etat a connu de sérieuses difficultés de gestion financières : Les détournements, la gabegies ont crée d'important manque à gagner aux services de l'Etat.

C'est ce qui a rendu l'O.ZA.C impuissant à satisfaire ses agents en grade, parce qu'il ne serait pas en mesure de les garantir tous les avantages liés à leur promotion.

Et pour ne pas donner totalement l'impression que tous les agents n'avançaient pas en grade, alors que certains ont rempli les conditions, les responsables de cet Office essayaient de promouvoir quelques personnes en privilégiant des critères subjectifs liés aux motivations sociologiques et politiques.

C'est dans ce cadre qu'on assistait à la promotion des originaires de la région (province) du MANIEMA à l'O.ZA.C Kisangani.

III. 2. LES CAUSES EXTRAPROFESSIONNELLES.

Nous considérons comme causes extraprofessionnelles, celles qui ne sont pas logiquement liées aux difficultés rencontrées dans le fonctionnement normal de l'O.ZA.C Kisangani. Mais des causes qui influent dans l'organisation et le fonctionnement de ce service de l'Etat.

Parmi ces raisons, il y a l'appartenance ethnique ou régionale et les convictions politiques.

III. 2. 1. LES CONVICTIONS POLITIQUES.

Le problème d'avancement en grade à l'O.ZA.C Kisangani a été beaucoup plus façonné par des passions politiques sous le régime MOBUTU.

Avant la restauration du pluralisme politique et syndical en 1990, tous les hauts responsables de cet office étaient des hauts cadres du M.P.R parti-Etat.

Du président délégué général au chef de département, ils étaient tous présidents sectionnaires du M.P.R, chacun à son niveau.

Ainsi la promotion était-elle conditionnée par le degré du militantisme de l'agent ou du cadre.

Il en était de même d'autres avantages (comme l'envoi en stage de perfectionnement, la participation aux colloques, séminaires ...etc.).

A ce sujet, nous avons mis en exergue le cas d'un agent du niveau d'étude primaire, qui est passé, après 7 ans de service du grade d'échelon 9 à celui de chef de service 1 sans passer par le grade de maîtrise. Car pour y accéder, il faudrait avoir une ancienneté d'au moins 12 ans.

Alors, le militantisme comptait plus pour l'avancement en grade que le mérite et la compétence. Cela au détriment du principe de mettre « l'homme qu'il faut à la place qu'il faut ».

A cette époque, il fallait tout simplement faire montre d'assuidité dans la défense de la cause du parti unique (M.P.R) pour bénéficier de la chance de diriger un service à l'O.ZA.C.

Et cette situation était presque générale dans tous les services publics de l'Etat. Car l'administration était politisée.

Après 1990, quand bien-même le retour du pluralisme politique, la situation n'a pas suffisamment changée.

Face à la compétition, l'ancien parti unique, restant toujours au pouvoir, a voulu conserver un plus grand nombre de ses anciens membres.

Il a profité de sa présence au pouvoir pour mettre la plupart de ses militants à la tête et aux postes de commandement dans les services publics. Et les responsables ainsi désignés, jouaient la carte dans leurs services au profit de leur parti politique privilégiant l'appartenance politique comme critère d'accession à certains postes de responsabilités. Un critère subjectif qui bloquait les promotions dans la mesure où les idéaux défendus pour le M.P.R en cette période de mutations politiques ne rencontrait plus l'assentiment de la majorité.

Ce parti étant accusé de ruiner le pays et d'appauvrir sa population parmi laquelle on notait plusieurs agents et fonctionnaires de l'Etat.

III. 2. 2. L'APPARTENANCE ETHNIQUE.

Dans un Etat mosaïque comme la République Démocratique du Congo (Zaïre), l'ethnicité peut constituer un élément fondamental pour l'intégration nationale.

Cela ne pourra être possible que si l'ethnicité qui est une donnée sociologique incontournable est exploitée dans sa dynamique positive. Ainsi on pourrait dans les diversités ethniques du pays, les valeurs ou les éléments positifs qui contribuent à l'unité et au développement de la nation.

En conséquence, on s'abstiendrait de la dynamique négative de l'ethnicité, qui constitue un élément périlleux pour l'unité et la concorde nationale. Car, exploitée dans sa dynamique négative, l'ethnicité est un facteur de division, un obstacle au développement harmonieux et intégral de la nation. Elle conduit très souvent dans ce cas au développement d'un esprit séparatiste, d'un nationalisme séparatiste.

Ainsi on arriverait à ce que soutenait LANCINE SYLLA, qu'il y a des vrais citoyens hégémoniques ou au groupe périphérique, groupe subordonné. (1)

Somme toute, les manifestations de la conscience ethnique négative se sont plus fait sentir dans la gestion du personnel de l'O.ZA.C Kisangani.

Malgré les difficultés économiques et politiques qui émaillaient la gestion du pays, l'O.ZA.C Kisangani procédait quand même à l'avancement en grade de quelques agents, de 1993 à 1996.

Après une analyse sociologique approfondie, nous avons constaté que les agents promis étaient à majorité de l'ethnie Tetela du Sankuru.

La même analyse a démontré également que le chef de département régional de l'O.ZA.C en cette période appartenait à l'ethnie précitée.

Sur un effectif de 43 agents, 35 sont originaires de la région (province) du Kasaï Oriental au sein de laquelle se trouve le Sankuru : soit une majorité absolue (plus au moins 75%).

Cela était le résultat des permutations entretenues par ce haut responsable de l'O.ZA.C qui voulait s'entourer des « siens ».

(1) LANCINE, S, cité par Joseph NTAMAHURIGO, « Qui au multipartisme » in Dialogue, Kigali, Janvier - Février 1991

Depuis le remplacement de cet originaire du Kasaï Oriental par un autre chef de département ressortissant du MANIEMA, la situation a changé. Et les quelques agents promus se retrouvent à majorité originaire du MANIEMA, province du responsable.

En 1993 par exemple, sur les 2 agents avancés en grade, tous sont du MANIEMA soit 100%.

Simple coïncidence ou acte délibéré, il y a lieu de s'interroger sur la corrélation qui existe entre les actions administratives menées par les responsables de l'O.ZA.C Kisangani et les bénéficiaires des avantages qui pour la plupart de cas appartiennent aux même ethnies ou contrées que les décideurs. Car cela prouve qu'il existe un lien étroit entre l'appartenance ethnique et la promotion dans ce service public de l'Etat.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle