SECTION III : LES MOYENS MIS A LA DISPOSITION DES ETATS
AFRICAINS EN CAS DE SECESSION
1. CONFLITS SECESSIONNISTES AU SEIN DES ETATS
D'AFRIQUE A. DEFINITION
Les conflits sécessionnistes se définissent
comme une contestation des frontières étatiques venant de
l'intérieur, contrairement aux conflits frontaliers
interétatiques qui viennent de l'extérieur .Les deux
présentent une menace contre les frontières existantes et surtout
portent atteinte au principe de l'intangibilité qui avait
déclaré solennellement que tous s'engagent à respecter les
frontières existant au moment où ils ont accédé
à l'indépendance.
Malgré l'existence du principe de
l'intangibilité, des conflits sécessionnistes ont donné
lieu à des guerres civiles et des affrontements intercommunautaires qui
ont pour la plus part pris des dimensions sous régionales voire
régionale. Nous avons mis la lumière sur les principaux foyers
des conflits sécessionnistes, et nous les avons regroupé en
quatre : la zone sahélo-maghrébine, l'Afrique de l'Ouest,
l'Afrique centrale et l'Afrique Nord-Est.
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? LA ZONE SAHELO-MAGHREBINE
Dans cette zone nous parlerons de la question
touarègue ;
Les peuples Touaregs sont constitués par des
populations berbères nomades organisées en tribus.
Ils sont partagés entre le Niger (800 000 personnes),
le Mali (500 000personnes), l'Algérie (30000personnes) le Burkina Faso
(150000) et la Libye (10000 personnes) ; les indépendances des nations
africaines énumérées ci-haut ont paralysé le
quotidien politique et social des Touaregs. Ces derniers n'ont jamais
cessé de revendiquer leur autonomie depuis la première
rébellion de 1916 dite de la récolte de Koacen
jusqu'à celle de 2012 du Mali. Ce problème reste non
résolu depuis un siècle, et à chaque fois les
révoltes touarègues font l'objet des répressions, des
bains de sang malgré les tueries, ils reviennent toujours à la
charge.
Il incombe aux Etats les ayant dans leurs seins d'adopter une
démarche préventive inclusive, voire la perspective de mise en
place d'une zone internationale codirigée entre eux avec le soutien de
l'ONU et l'OUA.
? L'AFRIQUE DE L'OUEST
LES SANWIS : peuples de Cote d'ivoire,
héritiers d'un traité de protectorat négocié en
1843 entre leurs ancêtres et les envahisseurs français. Une partie
de l'Elite Sanwi a exigé une séparation de cette partie Sud de la
Cote d'Ivoire pour qu'elle soit rattachée au Ghana. Cette exigence n'a
jamais été accueillie favorablement, ainsi quand les
séparatistes sanwis ont réclamé leur cession en 1963 et
1969, la réponse du gouvernement ivoirien était une
répression sévère faisant plusieurs morts et l'exil des
leaders séparatistes.
? LA GUERRE DU BIAFFRA : au Nigeria, ce fut
une sécession de l'ethnie chrétienne minoritaire du Sud-Est du
Nigeria Ibo, comme les autres tentatives de sécessions vues ci-haut la
guerre du Biaffra a déclenché une guerre civile meurtrière
pendant 3 ans (de 1967 à1970) avec plus d'un million de morts.
? CASAMANCE : si la violence a résolu
un tant soit peu les mouvements sécessionnistes vus ci-haut, celui qui
se vit au Sénégal et plus précisément en Casamance
est très persistant.
En effet le groupe armé indépendantiste Diola a
constitué le Mouvement des Forces Démocratiques de
Casamance(M.F.D.C), vers la fin des années 1990, des milliers de
personnes ont trouvé la mort en Casamance ce qui a occasionné la
fuite de plus de 20000 sénégalais hors de la région. Un
cessez-le-feu a été signé en 1993 ce qui a mis fin aux
affrontements entre le
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MFDC et l'armée sénégalaise, toutes les
autres tentatives de résolution effective de cette crise se sont
avérées vaines et la crise perdure jusqu'à nos jours.
? L'AFRIQUE CENTRALE
La République Démocratique du Congo(RDC), jadis
connue sous le nom du Zaïre, a sans cesse été
déstabilisée par des conflits à caractère
sécessionniste. On a compté une vingtaine de tentatives entre
1946 et 1998. A ce jour la RDC est le pays le plus en proie à des
troubles sécessionnistes en Afrique. Apres l'indépendance
plusieurs conflits sécessionnistes ont été signalés
notamment :
Le Katanga : riche province du sud
du pays, a déclaré au monde entier sa sécession 11 jours
après l'indépendance du pays, soit le 11 juillet 1960.Sous le nom
de l'Etat du Katanga dirigé par Moise Tshombé .Cette crise a
été résolue grâce à l'implication des grandes
puissances mondiales, ce qui a précipité l'assassinat de Lumumba,
mais surtout grâce au coup d'Etat de Mobutu. Signalons que malgré
l'annexion de l'ancien Etat du Katanga au reste de la RDC, les menaces
sécessionnistes n'ont jamais cessé, en effet nous remarquons que
le mouvement sécessionniste des BAKATA KATANGA est très
opérationnel depuis plus d'une décennie, l'avant dernière
tentative à ce jour a eu lieu le 28 mars 2020 et s'est terminé en
bain de sang, plusieurs jeunes ont perdu la vie, abattus par les forces de
l'ordre nationales congolaises, l'on déplore le manque de respect de la
vie humaine. La toute dernière incursion de la milice
sécessionniste BAKATA KATANGA a eu lieu le 26/09/2020, aux allures
apocalyptiques pour les citoyens Loushois qui ont vu leur quotidien
paralysé pendant deux jours. Lors de cette dernière incursion
nous avons remarqué certaines anomalies au sein de l'armée et de
l'administration publique :
- Comment tous les patrouilleurs qu'on pense entrain de
protéger la ville pendant la nuit n'ont pas réussi à
remarquer l'incursion des BAKATA KATANGA sur plus de quinze kilomètres
avançant lentement en chantant à voix haute leur fierté
katangaise, de la périphérie de la ville jusqu'à la
Grand-Place de la Poste? Aucune explication logique n'a été
avancée par les principaux concernés laissant place à la
« théorie du complot » au sein de la paisible population.
- Pourquoi on a tué tous ces JEUNES gens-là sans
leur accorder une chance de répondre de leurs actes devant les
juridictions compétentes ? En effet ces JEUNES GENS-là,
manipulés étaient faiblement armés contrairement à
notre armée remplie des gens fous de la gâchette à la
quête d'une occasion pour vider des chargeurs.
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- En versant le sang de ces compatriotes-là, ont-ils
prévenu des incursions dans le futur ? La réponse est non, le
dialogue est la seule solution en vue d'un règlement des litiges
à l'amiable entre Congolais.
Le Kassaï : suite aux
persécutions subies par les Lubas de la part des Lulua, les populations
lubas ont demandé au gouvernement la création d'un espace
exclusivement luba pouvant leur garantir la sécurité. La
réponse du gouvernement Lumumba fut négative, cela a eu pour
conséquence directe la prise du pouvoir d'Albert Kalonji et l'annonce de
la sécession Kasaïnne le 08 août 1960.La réponse du
gouvernement de Kinshasa fut sanglante, il a fallu un fratricide pour
résoudre cette crise.
Les Lumumbistes : l'Occident ayant
réussi à assassiner Lumumba ,plusieurs nationalistes se sont
révoltés pour défendre les idées qu'avait notre
héros nationaliste et national qui est LUMUMBA Emery Patrice dans
l'Ouest du pays, au Maniema, au Kwilu et au Kivu. Cela a abouti à la
création de la République Populaire du Congo à
Stanleyville devenu Kisangani aujourd'hui. La réponse de Kinshasa a
été très sanglante, car les kamikazes ont massacrés
les africains et les européens sans distinction.
L'Est du pays : la tentative de
sécession la plus récente date du mercredi, 1er
juillet 2020,suite aux évènements politiques impliquant des
leaders d'opinion kivutiens et Kassaïns ayant causé une vague des
tueries tribalistes dans le Sud-Kivu .Cette sécession n'a jamais
été vraiment confirmée car les leaders
sécessionnistes n'ont présenté qu'un drapeau et une
capitale, mais aucun dirigeant, le seul mérite qu'ils ont eu est la une
des journaux à la télévision et à la radio et
quelques publications sur les réseaux sociaux. Nous disons que cette
tentative est un moyen d'expression du ras-le-bol populaire kivutien même
si elle vient de la partie sud. Elle résulte de la manipulation de
certains leaders Est-Africain car ça fait 20 ans que les kivutiens sont
tués, pillés, menacés, terrorisés, violées
et volés, le nombre des morts depuis 20 ANS DEPASSE largement les 4
millions.
* L'AFRIQUE DU NORD-EST
Contrairement aux échecs des tentatives
sécessionnistes citées ci-haut, le Nord-Est africain est une
terre favorable à la sécession. Nous aurons à soulever
deux succès sécessionnistes :
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A. l'Erythrée
Il a fallu 40 ans de vives tensions armées entre
l'Ethiopie et l'Erythrée, mais surtout la chute du mur de Berlin, pour
voir l'Ethiopie en 1992 autoriser l'Erythrée à organiser un
referendum d'autodétermination qui a abouti à
l'indépendance de l'Erythrée en 1993.
B. le Sud-Soudan
Ici, il a fallu 50 bonnes années de conflits
armés entre Khartoum et Djouba ayant fait 2 millions de morts pour voir
le Soudan autoriser sa partie Sud à passer un referendum
d'autodétermination, ce qui a été fait le 09 juillet 2011.
Ayant pour conséquences directes l'indépendance du Sud-Soudan et
la scission du pays le plus vaste d'Afrique.
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