Les ONG et la transformation des conflits dans le territoire d'Uvira.par Christian KIKA KITUNGANO Université Officielle de Bukavu, UOB - Licence en sociologie 2016 |
Conclusion partielleCe second chapitre retrace la nature des conflits dans son aspect global et spécifique du territoire d'Uvira. Ce chapitre se subdivise en trois sections, la première s'attèle au regard sur les conflits. Cette section essaie de dégager les relations entre la population et les groupes armés, les alliances entre société civile, groupes armés et le pouvoir public depuis 1999, ces alliances ont créés un attachement entre les trois parties dans le contexte politique particulier poussant l'implication des communautés locale dans les conflits. La deuxième section évoque les fonctions sociales des conflits. Nous essayons de démontrer l'importance des conflits sur les communautés du territoire d'Uvira. Ces conflits n'ont pas seulement les conséquences négatives ; nous avons aussi soulevé les fonctions positives qui affectent les liens sociaux, il assainit les relations et aident aux protagonistes de nouer des nouvelles relations. La troisième section qui constitue la dernière s'articule sur les causes et conséquences des conflits dans le territoire d'Uvira. Nous avons déniché les facteurs innés comme base de conflits d'une part, et les facteurs déclenchant et accélérant de l'autre. Quant à ce qui concerne les conséquences, nous y avons cités les conséquences économiques et celles sociales. Autre conséquence à titre particulier est celui des tensions dans la plaine de la Ruzizi. Cette chefferie apparait à notre sens comme une zone rouge. La cité de Sange se trouve à la fois dans la plaine de la Ruzizi et dans la collectivité chefferie de Bafuliru. Il s'observe ici, le conflit de pouvoir ; la communauté Barundi conteste le pouvoir de Bafuliru et vice versa. Et enfin, le massacre de Mutarule est perçu comme une conséquence des tensions entre les communautés locales. Il est alors impérieux de développer ce à quoi repose ce travail, en dégageant les stratégies utilisées par la CDJP, le RIO et l'ADEPAE dans le processus de transformation des conflits en territoire d'Uvira. CHAPITRE TROISIEME : LES STRATEGIES DE TRANSFORMATION DES CONFLITS A UVIRADans ce chapitre, nous présentons les stratégies forgées par les ONG dans leur processus de transformation des conflits en territoire d'Uvira. Ce chapitre est constitué de deux sections ; la première section est consacrée aux caractéristiques de la population enquêtée et la seconde se focalise sur les stratégies de transformation des conflits par les ONG à Uvira. 1. Profil des enquêtésA. Présentation de l'échantillon L'enquête est l'un des instruments le plus largement utilisé par les sociologues. Des études de marché jusqu'aux recherches purement théoriques en passant par le sondage d'opinion montrent qu'il ya peu d'investigations psychologiques ou sociologiques empiriques qui s'appuient particulièrement ou en totalité sur les informations recueillies par enquête97(*). Notre étude porte sur les stratégies de CDJP, de RIO et d'ADEPAE ; ainsi qu'aux habitants du territoire d'Uvira mais plus particulièrement à ceux appartenant aux communautés exposées aux conflits parmi lesquelles les communautés Bafuliru, Banyamulenge, Barundi et Bavira. Estimé à 1176956 habitants, la population est nombreuse de telle sorte que, du point de vue économique, temporel et scientifique, nous ne serions pas à mesure de les atteindre tous. C'est ainsi que durant notre enquête, nous avons utilisé l'échantillon par quota qui consiste à appliquer à chaque sous-groupe de la population un nombre choisi selon la variable. Ainsi, la taille de notre échantillon est constituée de 370 personnes enquêtées. Cet échantillon nous a permis de confirmer ou nuancer nos hypothèses. Pour ce faire, nous avons appliqué notre échantillon à deux catégories d'enquêté à savoir les agents et responsables des ONG(50 enquêtés) et aux habitants du territoire d'Uvira (320enquêtés)en majorité les membres des communautés actives dans le conflit. Notre étude est limitée dans le temps et dans l'espace. Il a été question au cours de cette recherche de couvrir toute l'étendue du territoire d'Uvira, à travers les zones les plus fortes démographiquement. Toutes les variables ont été couvertes en vue de faire une étude exhaustive de la réalité sociale étudiée. A ce titre, il nous est utile de présenter les caractéristiques des enquêtés dans cette analyse. B. Caractéristiques des enquêtés Pour rendre ce travail plus concret, nous clarifions les caractéristiques et catégories des enquêtés mis en exergue dans ce travail en vue d'affronter les mécanismes mis en place par les ONG dans la transformation des conflits à Uvira.C'est pourquoi les variables sexe, âge, Etat matrimonial, religion, tribu, milieu et niveau d'étude ont retenu notre attention. Tableau N°I : Répartition de la population selon l'Age
Il ressort de ce tableau que, sur 370 habitants enquêtés, 71 personnes soit 19,18 % se situant dans la tranche d'âge de 41 à 45 ans représente la classe modale de la population enquêtée. Cela s'explique par le fait que la plupart des acteurs dans le conflit se recrutent dans cette tranche d'âge. Il ressort ensuiteque 53 enquêtés soit 14,32% sont localisés entre 36 à 40 ans. Ils sont impliqués dans plusieurs cas de conflit foncier. Cette tranche se trouve confrontée à plusieurs problèmes d'héritage. Enfin, 160 Enquêtés soit 43,2% se retrouvent dans l'intervalle d'âge entre 36 et 50 ans. Il en résulte que pour intervenir dans la dynamique conflictuelle, il faut avoir une certaine maturité. En plus, les tranches d'âges qui se trouvent dans cet intervalle sont toujours des acteurs directs dans les conflits. Tableau N°II: Répartition des enquêtés selon la religion.
La variable religion nous donne une certaine explication de l'écart observé entre les fréquences dans ce tableau. Nous dans ce tableau que les fidèles de l'Eglise catholique sont estimés à 33,24 % soit 123 enquêtés.Suivis des fidèles de la religion protestante avecune fréquence de 69 personnes soit 18 % sur l'ensemble des enquêtés. Ces statistiques dégagent le degré d'implication des uns et des autres tant dans la transformation des conflits que dans leur entretien au sein des communautés. Tableau N°III : Répartition des enquêtés selon l'Etat matrimonial
Ce tableau ci-dessus, révèle que la majorité des enquêtés sont des mariés et constituent la population cible de notre échantillon dans cette variable à en croire 157 personnes sur 370 soit 42,43% de la totalité des enquêtés. Ce tableau indique que sur 320 personnes enquêtés dans notre milieu, excluant les enquêtés de différentes ONG, 41,25% sont des maries. L'on entend par marié, toute personne non seulement parce qu'elle n'a pas célébré son mariage mais plutôt parce qu'elle a pris l'engagement de cohabiter avec son épouse suite à un problème qu'on a l'habitude de qualifier « forces majeures » liés à la pratique sexuelle entre deux partenaires de sexes opposés. Au sein des ONG, nous avons remarqué un nombre important de mariés par rapport aux célibataires. Nous avons estimé qu'une personne mariée est capable d'aborder le processus de transformation des conflits par rapport aux célibataires dont le statut est douteux. Les ONG ont dit que les personnes mariées sont respectueusespar rapport aux célibataires dans le processus dudialogue et de négociation. L'on sait que le mariage est à la fois une cérémonie civile ou religieuse, un acte symbolique de l' union entre deux sexes opposés et qui sont soumis à des obligations réciproques c'est-à-dire reconnaissance des droits spécifiques98(*). Enfin, les mariés sont beaucoup plus impliqués dans le cas des conflits que le Célibataire. Les séparations précoces suivent en deuxième position avec une fréquence de 84 personnes soit 22,70%. Ces couples vivent en séparation, aucune déclaration de divorce n'est jusque là faite aux instances judiciaires ni à la coutume. De sa nature, la séparation précoce est conflictuelle raison pour la quelle sa fréquence est très élevée. Tableau N° IV : Répartition des enquêtés selon la tribu
Ce tableau montre que nos enquêtés se recrutent en grande partie dans les tribus majoritaires du territoire d'Uvira. Ces tribus sont dans l'ordre d'importance Bafuliru, Bavira, Barundiet les Banyamulenge. Il ressort de ce tableau que les Bafuliru et Bavira ont chacun une fréquence 67 enquêtés soit 18,10% personnes suivies de Banyamulenge et Barundi avec chacune une fréquence de 61 enquêtés soit 16,48%. Ces communautés sont impliquées dans la majorité des conflits identifiés dans le territoire. La proportion élevée de ces 4 tribus par rapport à d'autres s'explique par le fait que ces quatre communautés demeurent parfois l'obstacle majeur pour la restauration de la paix dans le processus de résolution et de transformation des conflits. Tableau N° V: Répartition des enquêtés selon le sexe
Il est noté dans ce tableau que 320 habitants sont du territoire d'Uvira. La plupart des habitants enquêtés sont des personnes dont leurs communautés sont exposées au conflit. Et 50 autres proviennent des organisations. Ils nous ont donné le climat qui règne dans l'organisation, le fonctionnement des ONG ainsi que leurs différentes actions. Il est donc observé que 170 personnes soit 45,94% appartiennent au sexe masculin et 200 ou 54, 05% appartiennent au sexe féminin. Les femmes sont nombreuses par rapport aux hommes pour multiples raisons à savoir, elles étaient permanentes pendant que nous étions entrain de mener notre enquête. En plus, elles sont serviables. Des hommes se sentaient occuper raison pour la quelle nous nous sommes repliés sur femmes pour compenser l'absence des hommes. Tableau N°VI : Répartition des enquêtés selon le niveau d'étude
Nous lisons dans ce tableau que 117 enquêtés soit 31,62% sur un total de 370 enquêtés sont du niveau secondaire. De l'autre coté, la majorité des enquêtés travaillant dans des ONG sont du Niveau universitaire (premier ou deuxième cycle) ; 44 agents soit 88% ont fréquenté les études universitaires. Cette dernière est expliquée par le fait que, les ONG exigent au minimum un diplôme de premier cycle pour être engagécomme travailleur. Ces organisations ont besoin des personnes qui possèdent un esprit critique de comprendre, d'expliquer, d'analyser et de trouver des solutions aux problèmes qui se posent dans le territoire d'Uvira. Le taux élevé d'analphabétisme au sein de la population s'explique par une pauvreté intense qui secoue la population d'Uvira et ensuite, les habitants n'ont pas le goût de faire inscrire les jeunes filles à l'école sous prétexte qu'elles ont l'obligation de garder les enfants et accompagner leurs mamans aux différents travaux de ménage. Tableau N° VII: Répartition de la population selon la chefferie
Ce tableau indique que 105 personnes soit 28,37% des enquêtés nous viennent de la cité d'Uvira. Elle est la plus peuplée par rapport à d'autres chefferies et cités du territoire. Différentes membres de communautés quittent leurs milieux pour se réfugier dans cette cité. La plaine de le Ruzizi est représentée à l'ordre de 35 personnes soit 9,55 %. Elle est la chefferie la moins peuplée du territoire. Cette partie du territoire constitue le véritable champ de conflit dans notre étude. C'est un véritable bastion des rebelles appuyés par les communautés locales à savoir le Barundi et le Bafuliru qui se disputent régulièrement les pâturages et le pouvoir coutumier. * (97 ) R. GHIGLIONE ET B. MATALON, Les enquêtes sociologiques, Paris, Arman Colin, Juillet 2004, p.29 * 98 GILLES FERREOLE, Dictionnaire de sociologie, 3ème édition, Paris, Armand Colin, 2004, p.100 |
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