On peut dire sans le contester que les TIC bouleversent la
pédagogie sous tous ses aspects sans toutefois la détruire. De
l'enseignement traditionnel en face à face ou l'enseignant dispensait
son cours selon une dynamique verticale : « du haut vers le bas », on
passera à une pédagogie horizontale dans laquelle
l'élève est l'artisan de sa formation. Ce changement a des effets
en ce sens que les TIC permettent et améliorent l'acquisition des
compétences tant chez l'apprenant que chez l'enseignant.
Les TIC bien qu'elles offrent des atouts immenses sur le plan
socio-économique et éducatif, ont aussi leurs revers de la
médaille. Dès lors, beaucoup d'auteurs ont mis en relief dans
leurs ouvrages, articles, thèses et mémoires, les
perversités et méfaits tant scolaires que socio-culturelles
suscitées par l'usage chaotique par les jeunes Africains des
Technologies innovantes communicationnelles, en l'occurrence l'Internet. Comme
le relève Le Bouclier (2003) dans son article qui traite justement des
« Dangers de l'Internet pour les mineures », les TIC recèlent
des données diverses qui se révèlent « comme les
dangers réels qu'il présente en terme de contenus, d'absence de
sécurité et de protection des données personnelles font
d'Internet un média peu accueillant pour les enfants. La
délinquance et la criminalité qui y trouvent une place
grandissante, comme le manque d'éthique d'un grand nombre de sites,
présentent de sérieux dangers pour les enfants comme pour les
adolescents »
Pour Ramatha (2003) la situation parait alarmante dans la
mesure où nombreux sont les jeunes internautes qui «
déclarent visiter les sites pornographiques, ce qui culturellement
pose problème » puisque ces pratiques étrangères
ne font guère bon ménage avec les normes socio-culturelles de
l'Afrique au sud du Sahara. La prostitution est légalisée sur le
Net, à travers des femmes de moeurs légères qui
dévoilent les parties intimes de leurs corps à travers photos et
vidéos pornographiques à but lucratif. Ces déviances
sociales normalisées sur la Toile mondiale sont mises à l'index
par Kent (2000) lorsqu'il note que la pratique de l'arnaque s'intensifie dans
ce monde virtuel : « Le cyberespace n'est pas un monde réel :
les personnes que vous y rencontrerez ne sont pas forcément identiques
sur le Net et dans la vie réelle ». Certaines filles
africaines ambitieuses l'ont souvent appris à leurs dépens.
Souvent, les rêves fous qu'elles ont longtemps caressés en surfant
sur les nombreux sites de rencontre se sont transformés en cauchemars.
Leurs « maris ou amis du Net » se sont mués en bourreaux,
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proxénètes et autres trafiquants d'êtres
humains une fois le contact physique établi loin de leur milieu social
sécurisant.
Les enfants de nos jours disposent presque tous des
téléphones portables peuvent aisément
télécharger ces vidéos et images moralement nocives sur
leurs cartes mémoires pour s'en délecter discrètement,
parfois en plein cours au grand dam de leurs enseignants.
A côté des risques liés à l'usage
des TIC par les jeunes apprenants en l'occurrence les lycéens, certains
auteurs tels que Larose, Grenon, et Palm (2004) notent que les
difficultés de diverse nature entravent l'intégration
aisée et satisfaisante de ces technologies communicationnelles dans le
champ de la pédagogie en Afrique noire. « Les obstacles à
une mise en oeuvre plus efficace et surtout mieux intégrée des
TIC en enseignement sont nombreux. Outre ceux qui relèvent des contenus
et de la cohérence de la formation initiale ou continue qui leur est
offerte, les praticiens sont confrontés à plusieurs irritants
environnements qui, à la fois réduisent la probabilité
qu'ils utilisent plus et mieux ces ressources et qu'ils en diversifient le
profil d'intégration. Qu'il s'agisse de la disponibilité des
équipements, de leur qualité (...), de celle des ressources
humaines qualifiées ou compétentes qui sont rapidement
accessibles pour les praticiens (...)
En effet, force est de constater que jusque-là, dans
notre pays le Bénin, les équipements informatiques avec connexion
au Net sont encore rares, à part certains cyber-centres de la Capitale
et services administratifs publics et privés qui en disposent. Il est
vrai que beaucoup de bureaux de l'administration publique et les
établissements d'enseignement supérieur publics et privés
disposent des salles multimédias ou informatiques, mais l'accès
à la Toile mondiale pose encore problème. Des auteurs comme
Bideau (2006), Dufort (2004), Danoye (2002), Gervais (2000), ont analysé
ces difficultés qui sont entre autres :
- Difficultés économiques : elles sont
liées au financement des TIC, à l'acquisition légale de
certaines applications et contenus pédagogiques « qui
entraînent des coûts récurrents pour les commissions
scolaires ». Citons aussi les coûts des abonnements annuels
à des périodiques, journaux, vidéos en ligne, à
l'accès aux services d'animation pédagogique en ligne ;
- Problèmes de repérages des informations
utiles, pédagogiques et diffusion des ressources numériques.
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Les TIC et surtout l'Internet demeurent encore
élitistes, n'étant pas véritablement à la
portée de tous les Africains et particulièrement les
Béninois. Ainsi, même les usagers qui parviennent à
accéder au Net, se confrontent aux entraves liées au tri des
données informatives et éducationnelles. Selon Gervais (2000),
« Les enseignants et les élèves éprouvent de
grandes difficultés à trouver l'information sur les contenus
disponibles sur Internet. L'appropriation par ceux-ci de matériels
pédagogiques et didactique complémentaires en soutien aux
apprentissages des élèves et en complément aux ressources
imprimées (manuels scolaire notamment) semble toujours difficile
même si les technologies sont disponibles à l'école depuis
le milieu des années quatre-vingt »
Il n'est pas évident d'évaluer la masse de
données numériques communicationnelles disponibles sur le Web en
vue de distinguer l'utile du ludique ou futile. En fait, les contenues de ces
piles ou flots d'informations accessibles sur la Toile mondiale posent
légitimement le problème de leur validité et
crédibilité susceptibles d'être instructives ou
divertissantes. Alors que les éducateurs désirent se servir des
ressources numériques cognitives parfaitement adaptées aux
approches pédagogiques en vogue. Larose, Grenon et Palm (2004)
soulignent dans une enquête qu'ils ont effectué que seulement
« 62% des enseignants répondants demandent à leurs
élèves de faire des recherches d'informations sur Internet.
» Cela démontre à suffisance que les recherches
documentaires ordonnées par les enseignants à leurs apprenants ne
sont pas systématiques en Afrique.
A cet effet pour Pouts-Lajus (2001), la question de
l'efficacité pédagogique des TICE est redoutable et «
comme il y a des croyants et des athées, il y'a des partisans des
TICE et des adversaires des TICE ». Certains pourfendeurs estiment
que l'écran installe entre l'élève et l'objet de son
apprentissage, une distance préjudiciable sur le plan cognitif
(Cité par Poyet 2009). Ils soulignent aussi que l'outil informatique qui
fait l'objet de convoitise et d'attraction des adolescents produirait des
effets nocifs sur le plan physique et psychologique : les TIC peuvent nuire
à la santé de nos jeunes utilisateurs qui sont
désaxés sous l'angle éducationnel. On citerait en exemple
les effets nocifs de l'usage régulier des téléphones
portables sur la santé de ses utilisateurs.
Bideau (2000), lui souligne que l'usage des ordinateurs en
classe est quelque peu stressant, encombrant et voire importunant, comparable
à la cohabitation avec un éléphant. On tente de le dompter
sinon de l'apprivoiser au meilleur des cas. Il en est ainsi des technologies,
compare l'auteur, puisque ses usagers tant apprenants qu'éducateurs ont
intérêt à les adopter
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dans leurs pratiques et démarches pédagogiques
en changeant leurs habitudes et comportements. Mais changer de comportements en
situation d'enseignement ou d'approches pédagogiques,
s'inquiète-t-il, ce n'est pas évident, dans la mesure où
l'habitude a la dent dure, surtout quand elle devient une seconde nature.
Laferriere et al (1999), pour sa part, dans un article mis en
ligne, insiste sur le fait que l'intégration réussie des TIC dans
le domaine de l'enseignement exige que les enseignants et leurs apprenants
soient d'abord mieux équipés et aient accès à des
meilleures ressources pédagogiques et cognitives, pour éviter des
redites et redondances inutiles.
El Methni Mohamed (2008), lui, tout en reconnaissant les
apports fructueux des TIC à l'enseignement et à la formation,
suggère que l'enseignant puisse avant tout maîtriser les
techniques informatiques en vue de demeurer maître et possesseur des
programmes éducatifs qu'il utilise dans sa classe. Car après
tout, c'est lui la pierre angulaire du système éducatif. Il
relève que le fait d'accorder une confiance exacerbée aux
apprenants sans pour autant les contrôler peut laisser germer en eux
l'esprit de paresse et surtout de passivité. Somme toute, l'enseignant
doit rester dans son rôle en vue d'optimiser ses résultats avec ou
sans l'usage des TIC.
Les effets nocifs des Tic et singulièrement du Net ne
se manifestent pas seulement sur la santé mentale des jeunes gens, mais
aussi peuvent pervertir, ou du moins entrainer les adolescents africains vers
une certaine déviance de leurs relations socio-culturelles. D'où
des cas d'arnaque et des rencontres qui se sont transformées en
cauchemars pour certaines jeunes filles noires. Serge POUTS-LAJUS dans «
L'école à l'heure d'Internet », affirme que les jeunes ont
« investi des machines à communiquer avec un tel engouement que
cela modifie leur être social, et aussi leur psychologie ».
L'Internet a en effet de plus en plus d'influence sur les jeunes modifiant par
ricochet leur personnalité. En effet à travers le chat, les
jeunes se forgent par goût du snobisme une nouvelle personnalité
qui ne leur sied guère. C'est ce que déplore Rigaut (2001) que
nous avons déjà cité, dans son livre « Au-delà
du virtuel : exploration sociologique de la cyberculture ». Il nomme cette
nouvelle tendance à se dépersonnaliser de la part des adolescents
« cyber convivialité » qui fait du
Net un facteur défavorable à la sociabilité des jeunes
utilisateurs d'où le développement de la «
cybercriminalité ». Il est à
craindre que les adolescents à la longue ne deviennent si accrocs
à la Toile mondiale, inaptes à s'affirmer en dehors de
l'Internet, dans la société, à travers la création
de personnalité virtuelle. L'auteur de conclure que le Net joue dans les
relations sociales un rôle bivalent, établissant une nouvelle
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dynamique créée par les adolescents instruits
tout en y constituant un frein majeur, les enferment dans un ghetto
psychologique.
Selon une étude menée sur les usages du Net par
les jeunes réalisée par deux sociologues des médias,
Kredens Et Fontar (2010), parmi les risques identifiés par les jeunes,
la mauvaise rencontre avec des personnes peu recommandables est la
réponse la plus fréquemment donnée. Les autres risques
sont les virus, les bugs et les spams ou pourriels qui sont les
publicités illégales expédiées sans le consentement
du récepteur. Les deux chercheurs ont aussi noté la
fréquence sur le Web des contenus documentaires et audio-visuels
violents ou réservés aux adultes tels les vidéos traitant
de la sexualité (pornographie) et en dernier lieu, les escroqueries et
autres problèmes inhérents au faux et usage du faux. Les dangers
se rencontrent donc dans tous les domaines : la mauvaise rencontre, les
atteintes à la vie privée, la violence du contenu de certains
sites visités, la cyber escroquerie, la cyber délinquance et la
désinformation (utilisation d'informations erronées), et la liste
n'est pas exhaustive. En clair, les TIC développent chez les apprenants
une intelligence inductive (qui part des effets aux causes) ce qui
diffère celle déductive pratiquée sur les bancs de
l'école contemporaine.
Pour d'autres, seul l'excès est néfaste comme
en toute chose. L'efficacité des TIC repose principalement sur le
recensement des « bons usages ». Pour évaluer l'impact des TIC
sur l'enseignement et l'apprentissage des élèves, il est
nécessaire de s'interroger sur le terme « impact » et sa
mesure. Pour mesurer l'impact des TIC, les performances des
élèves représentent une variable privilégiée
et de nombreuses recherches s'appuient sur l'amélioration des
performances des élèves.
Ces différents travaux ont le mérite d'avoir
mis en exergue plusieurs aspects liés aux incidences des TIC dans
l'enseignement en général, notamment dans d'autres contextes que
celui béninois, mais pas dans l'enseignement au CEG2-SAVALOU. C'est
justement ce vide que nous voudrions combler en initiant cette recherche qui
cherche à faire un bilan des risques auxquelles les élèves
pourraient se confronter dans l'usage des TIC capable d'influencer leurs
aptitudes scolaires et leurs personnalités au CEG2-SAVALOU.