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La saisie d'un compte bancaire se trouvant à  l'étranger.


par Paul Taglo Barré
Université de Ngaounderé ( Cameroun ) - Master recherche en Droit Privé Fondamental 2020
  

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B-LES CONDITIONS D'ORDRE SUBSTANTIEL.

Il s'agira de présenter l'ordre public international, le conflit de décision, ainsi que l'authenticité de l'acte notarié dans une certaine mesure.

Pour ce qui est de l'ordre public, il s'agit d'une notion fondamentale pour l'ordre dans un Etat. En droit interne, il s'agit de l'expression de l'impérativité de la règle de droit à laquelle personne ne peut déroger. De manière générale elle est assise sur le trypique de tranquillité, salubrité et sécurité publique. Mais selon la doctrine, elle est à la fois imprécise232, floue233et difficile à cerner234.Par ailleurs, l'on peut retenir avec PLANIOL qu'une disposition est d'ordre public toutes les fois qu'elle est inspirée par des considérations d'intérêt général qui se trouveraient compromises si les particuliers étaient libres d'empêcher l'application de la loi235.

En droit international privé, il s'agit d'un ensemble de valeurs considérées dans l'Etat du for à un moment donné comme fondamentaux du système. Par ailleurs celui-ci intervient dans la défense de ces valeurs que la cour de cassation appelle dans l'arrêt LAUTOUR236«des

230 Cette convention regroupe les pays suivants : le Burkina Faso, la cote d'ivoire, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Togo.

231 NGONO VERONIQUE(C.)op.cit.p11.

232. TERRE (F.), SIMLER (PH.) ; LEQUETTE (Y.), droit civil, les obligations, précis Dalloz, 9eme Edition, p371.

233 BUFFLIER(I), droit civil, biens et obligations, 2eme Edition, Bréal 1999, p119.

234 HAUSSER (J.), ordre public et bonnes moeurs, Encyclopédie juridique civil, 30 avril 1993, p2.

235 PH.MALAURIE in les contrats contraires à l'ordre public (étude de droit comparé : France, Angleterre, Russie), Reims Edition Matot-Braine, 1953, p23.

236 Cass civ 1ere, 25 Mai 1948 ; Lautour, RC DIP, 1949, 89, note BATIFFOL, grands arrêts du D.I.P,n°19.

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principes de justice universelle considérés dans l'opinion française comme douées de valeur internationale absolue ».Celui-ci a pour fonction de sauvegarder les conceptions juridiques et morales du for, soit en écartant le droit étranger auquel conduit normalement la règle de conflit, soit en l'empêchant qu'elle produise ses effets237.

Dans le conflit de juridiction, la condition de conformité de l'ordre public pareillement sert à éliminer les décisions qui nous paraissent choquantes ; en effet, ce n'est pas la loi appliquée par le jugement étranger que l'on déclare contraire à l'ordre public, mais le jugement lui-même qui choque, c'est-à-dire les résultats auxquels a conduit l'application de la loi étrangère238.

Depuis l'arrêt RIVIERE239, il est admis que l'exception d'ordre public peut avoir deux effets. Il sera radical lorsqu'il s'agira de créer un rapport juridique, et atténué lorsqu'il faudra simplement reconnaitre les effets sur le territoire du for, d'un droit acquis à l'étranger.

Notons cependant, qu'il s'agit d'une notion variante ; elle change et évolue en même temps que le droit du for. Ceci est dû au fait que l'ordre public est en effet lié à la politique législative d'un Etat à un moment donné. Par contre le problème qui peut se poser de cette variabilité est celui de savoir, si en cas de modification ou d'évolution de l'ordre public, le juge doit tenir compte de ce qu'étaient les exigences de l'ordre public au moment de la constitution de la situation, ou de celles qui sont au moment où il statue. La réponse à cette question généralement admise est que le juge doit tenir compte de l'ordre public dans son état actuel ; c'est le principe de l'actualité de l'ordre public240.

Le conflit de décision pour sa part doit être évité, c'est ce qui transparait à la lecture de la convention Franco-Camerounaise dans son article 34 alinéa (c) et (d) Dans ce cas, pour accorder l'exequatur à une décision il ne faudrait pas qu'il y'ait une procédure relative à cette dernière pendante devant l'Etats où est requis l'exequatur, et l'absence de décision rendue dans un autre Etat et réunissant les conditions nécessaires à son exequatur. C'est l'hypothèse des conflits de décision et de procédure en droit international privé241. Les conflits de décision

237 KOUAM(S.P),la réception du droit français dans la construction d'une théorie générale de droit international privé camerounais ,réflexion à partir de l'avant-projet de code des personnes et de la famille,p41.

238 NGONO VERONIQUE(C.)op.cit.p12.

239 Cass civ 1ere, 17 avril 1953.

240 ANCEL(B), LEQUETTE(Y), les grands arrêts de le jurisprudence française en droit international privé, 5eme Edition, 2006, p533.

241 NGONO VERONIQUE(C.)op.cit.p23.

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surviennent en droit international privé du fait de la diversité des ordres juridictionnels et les critères qu'ils prennent en compte pour retenir leur compétence242.

Une décision est passée en force de chose jugée lorsqu'elle n'est pas susceptible de recours, tant ordinaire qu'extraordinaire, par ailleurs nous allons constater qu'en ce moment-là le jugement bénéficie d'une efficacité de plano, du fait qu'il est opposable à tous243.De ce fait l'on pourra conclure que toutes les fois que la décision étrangère n'aura pas acquise force de chose jugée, elle sera contraire à une décision devenue définitive dans l'Etat du for244.

Nous convenons à la suite de VERONIQUE NGONO que Comme aucune autorité supranationale n'est compétente pour repartir les litiges entre divers ordres juridictionnels, chaque Etat doit pour son compte tenter de pallier cette carence245, en concluant des conventions aussi bien bilatérales que multilatérales cohérentes relatives à la compétence juridictionnelle. En droit interne, il existe des mécanismes permettant de prévenir l'existence de deux décisions rendues sur les mêmes faits, entre les mêmes parties. C'est l'exception de litispendance qui oblige la juridiction saisie en dernière à se dessaisir, et la connexité qui permet de jouer au profit de la juridiction la mieux placée pour trancher le litige ; Le conflit entre une décision déjà prononcée et une procédure nouvelle prend fin par l'admission de l'exception de chose jugée qui rend la nouvelle demande irrecevable246. La cour de cassation française a eu à décider que : «l'exception de litispendance peut être reçue devant le juge français en vertu du droit commun français, en vertu d'une instance engagée devant le tribunal étranger également compétent»247 .

Malgré cela, lorsqu'une décision est rendue dans un Etat et son exequatur demandé dans un autre, l'exception de litispendance ne devrait pas empêcher d'accorder l'exequatur car il faut respecter les droits acquis248. Ce principe général de droit international privé qui domine toute la matière de l'effet des jugements étrangers impose de faire application de la règle Prior tempore potior jure fait prévaloir le premier jugement dans le temps249 Nous

242 NGONO VERONIQUE(C.)op.cit.p15.

243 PERROT(R.) «Chose jugée : efficacité de la chose jugée à l'égard des tiers», revue trimestrielle de droit civil 2007, chroniques, p383.

244 MESSI ZOGO (F.R) op.cit.p19.

245 NGONO VERONIQUE(C.)op.cit.p15.

246 NGONO VERONIQUE(C.)Op.cit.

247 Cass civ, 26 novembre 1975 ; JDI 1975, 108, note Ponsard.

248 NGONO VERONIQUE(C.)Op.cit.p24.

249 H.ROLAND et L.BOYER, adages du droit français ; 4eme Edition, Paris litec 1999, p 674.

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aurions aimé que ces exceptions soient transposées au niveau international, dans une codification bien harmonisée et cohérente.

Terminons enfin par l'acte authentique. Aux Celui-ci doit être remplir les conditions d'authenticité de son pays d'origine. Le juge doit rechercher l'authenticité de cet acte comme s'il recherchait la preuve de la loi étrangère .Pour cela, la cour de cassation française a rendu le 28 juin 2005 deux arrêts dits «jumeaux», de la chambre civile et de la chambre commerciale, une même solution s'est dégagée : « il incombe au juge français qui reconnait applicable un droit étranger d'en rechercher, soit d'office, soit à la demande d'une partie qui l'invoque, le teneur, avec le concours des parties et personnellement s'il y'a lieu, et de donner à la question litigieuse une solution conforme au droit positif étranger250».

Nous pensons à la suite de MESSI ZOGO (F.R) que pour faciliter la tâche au juge, lorsque l'acte notarié provient d'un pays externe à la sous-région à laquelle appartient le juge du for, il devra requérir l'aide du ministère de la justice pour obtenir les informations, mais il faut noter que ce dernier ne sera pas lié par les informations. Par contre si l'acte en question provient de la sous-région, il faudra mettre en place un système d'échange d'information sur les droits de ces pays dans le cadre d'une convention, comme c'est le cas en Europe avec la signature par plusieurs Etats de la convention européenne dans le domaine de l'information sur le droit étranger du 7 juin 1968. Ceci facilitera la tâche du juge, et lui permettra de mieux opérer la vérification de l'authenticité des actes notariés251. Cependant il existe d'autres conditions supplémentaires posées par les différentes conventions, nous ne citerons que quelques-unes.

PARAGRAPHE 2 : LES AUTRES CONDITIONS SUPPLEMENTAIRES. Certaines conditions supplémentaires sont exigées par certaines legislations, tel est le cas du contrôle de la loi appliquée au fond du litige(A), et d'autres conditions(B).

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus