Partie I Histoire
Tout d'abord il s'agit de situer « le moyen âge
» qui en général apparaît plus comme une expression
qu'une période réelle, ainsi évoquée par les
humanistes* Italiens à la Renaissance pour définir cette
période obscure située selon eux entre la « Chute de
l'Empire Romain » et la fin du XV siècle à la reconstruction
éclatante de la Rome Pontificale. Le Moyen Age est donc divisé en
trois périodes suivies de la Renaissance :
- Le haut moyen âge = de 410 à 1050
- Le Moyen Age classique = du XIe au XIIIe siècle - La fin
du Moyen Age = du XIVe au XVE siècle
*« Les humanistes passionnés par les civilisations
anciennes, romaines et grecques, mais aussi araméennes et proche
orientales disaient que les "Anciens" avaient accompli de grandes choses. A la
chute de Rome avait succédé cette période d'obscurantisme,
un âge dit « moyen" d'ignorance et de barbarie. Mille ans plus tard,
l'humanité connaissait enfin « la rinascita » la Renaissance.
Les humanistes avaient l'ambition de rendre les hommes modernes aussi
distingués que les Anciens, Ils entreprennent d'éditer et de
traduire tous les textes antiques à partir des témoins
subsistants, pour certains redécouverts (comme Quintilien par Le Pogge)
ou trouvés dans l'ancien Empire romain d'Orient par des Grecs
chargés par les princes occidentaux d'enrichir leurs collections comme
Antoine Éparque et Janus Lascaris. Ce sont très souvent des
magistrats ou des juristes, ou du moins ont une formation juridique.C'est avec
Pétrarque ( 1304-1374) que naît l'humanisme en Italie,
poète qui a étudié le droit, sous la direction de juristes
aussi éminents qu'Oldratus de Ponte et Jean André. Ils incarnent
la mobilisation spirituelle de la bourgeoisie industrieuse et
négociante, et des gentilshommes urbains, contre l'ingérence des
seigneurs et leur soldatesque. Ce faisant, l'humanisme juridique
déconstruit l'autorité temporelle des Papes que ceux-ci jugeaient
irréfragable, et ouvre la voie à l'autonomisation du pouvoir
politique, celui des républiques populaires ou des monarchies».
Extraits Philippe Forget 1
1 Philippe Forget est l'auteur de la revue « l'Art du
comprendre » qui traite de sujets philosophiques qui mettent en jeu la
compréhension de l'homme dans son rapport à soi, autrui et le
monde.
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A/ L'Occident et de l'Orient médiéval
L'Occident médiéval
Depuis toujours l'Occident (le Couchant, ou le Ponant) s'oppose
à l'Orient (le Levant). Il définit un territoire et une
civilisation au Moyen Âge qui couvre l'ouest de l'Europe sans recouper
exactement les limites de l'Empire romain d'Occident. C'est le territoire du
christianisme romain dont la langue est le latin.Fidèle au pape de Rome
: il s'oppose aux territoires des païens, des "schismatiques" et des
musulmans et il correspond à l'aire de diffusion du christianisme
catholique (et ultérieurement protestant) en pays latin, celte ou
germanique. Cela n'est pas toujours explicitement défini et les limites
orientales de cet ensemble sont floues et mouvantes au cours de la
période : tantôt elles incluent, tantôt elles excluent
l'Europe centrale.Après le Schisme de 1054 en effet, l'Occident exclut
l'Empire byzantin, resté orthodoxe, fidèle aux quatre autres
patriarches (Constantinople, Antioche, Jérusalem et Alexandrie). Cette
dichotomie religieuse et culturelle correspond aux deux anciennes
moitiés de l'Empire romain issues du partage de 395 : l'Occident (de
culture surtout latine, mais aussi celtique et germanique) et l'Orient (de
culture surtout grecque, mais aussi slave, arménienne ou
araméenne).
La rupture avec Byzance est consommée en 1204, lorsque
Constantinople est prise par les croisés de la quatrième
croisade. Cet épisode laissera des blessures profondes. Le primat
unificateur de la culture ne doit pas faire oublier les divisions politiques et
linguistiques qui émergent dès l'époque carolingienne.
L'apparition des langues vulgaires et plus tard du protestantisme remet en
question la prétendue unité occidentale. L'Occident
chrétien est donc au Moyen Âge synonyme de
chrétienté latine et s'étend de façon
remarquable grâce à l'action des missionnaires et des
croisés, avant de conquérir des mondes nouveaux, avec les grandes
découvertes du XVIe siècle.
On y distingue deux branches : la féodalité et le
clergé, le prince et l'évêque sont au même rang.
Dessous se trouvent les nobles, la petite noblesse et les propriétaires
terriens. Le système social constitue donc une pyramide, au pied de
laquelle se trouvent les paysans qui représentent 90% de la population
et au sommet le roi.
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L'Orient médiéval
Le mot orient désigne l'est de l'Europe et correspond
à l'aire de diffusion du christianisme orthodoxe en pays grec, dans les
Balkans ou en pays slave. Mais là encore les limites occidentales de cet
ensemble sont floues et les pays baltes, la Hongrie, les pays slaves de
tradition catholique (Pologne, Bohême, Slovaquie, Slovénie,
Croatie) sont tantôt inclus, tantôt exclus.
L'Orient de l'Europe médiévale se définit
plutôt par l'exclusion de la notion d'Occident chrétien que par la
religion. En effet, après Cyrille (dit Constantin le Philosophe) et son
frère Méthode ( Evêque de Sirmium) considérés
comme les Apôtres des Slaves de l'évangélisation des
peuples slaves achevée au IXe siècle, il n'y aura dans l'Europe
orientale médiévale ni missionnaires, ni croisades, ni
inquisition, et les églises orthodoxes, multiples, vont se trouver en
position de subordination face aux pouvoirs politiques des tzars, des
voïvodes2, des hospodars chrétiens, voire des sultans
musulmans de l'Empire ottoman.
En pratique, l'Europe orientale médiévale
correspond en gros aux peuples dont la référence spirituelle est
le Patriarcat de Constantinople, de tradition orthodoxe ou initialement
orthodoxe, sauf pour certains, tels les Bosniaques, la majorité des
Albanais ou les pomaques, devenus musulmans.Dans le système social de
l'Orient médiéval, la féodalité et le clergé
ne sont pas à égalité : ce dernier est en position
subordonnée. C'est le « césaropapisme».3
L'église orthodoxe ne perçoit pas d'impôts (de nombreux
popes sont pauvres et travaillent), mais les aristocrates peuvent lui faire des
dons, et les princes lui offrir des domaines : certains monastères
s'enrichissent et deviennent des centres culturels et artistiques importants.
Par ailleurs l'aristocratie n'est ni étanche ni endogame : les
voïvodes ont le pouvoir d'anoblir des roturiers et de les élever
socialement, de sorte que l'Église n'est pas le seul ascenseur social
ouvert aux roturiers , et si elle l'est, c'est aussi par décision des
pouvoirs séculiers.
2 Voïvode est un terme d'origine slave, qui désigne
au départ le commandant d'une région militaire.
Dérivé du slavon, voï (armée) et voda (qui conduit),
il était utilisé à l'époque médiévale
dans toute la zone de l'Europe centrale et orientale. Malgré son origine
slave, il est aussi utilisé en Roumanie pays de langue latine.
3 Le césaropapisme désigne un système de
gouvernement temporel (césar) qui, dans une volonté de domination
universelle, cherche à exercer son pouvoir sur les affaires religieuses
(pape). L'Empereur empiète donc sur les affaires de l'Église.
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B /L'Italie Médiévale : du
Haut Moyen Âge à la Renaissance
Unité politique
Au Ve siècle, l'Italie perd son unité politique,
conséquence de la chute de l'Empire romain. La péninsule est au
coeur de graves conflits internes mais subit également l'invasion des
Ostrogoths, la guerre des Goths, et se trouve ainsi divisée en deux
zones (byzantine et lombarde) jusqu'à la moitié du XIe
siècle, période durant laquelle Byzance maintient son
autorité seulement sur quelques territoires du sud. En effet, au VIIIe
siècle, les Francs, soutenus par le Pape, arrivent à
réduire les domaines romano-orientaux. Au XIe siècle, dans le
sud, l'invasion des Normands réussit à créer un royaume
moderne, centralisé et étroitement contrôlé par des
dynasties successives. Le féodalisme disparaît peu à peu au
centre nord de l'Italie.
Le Royaume Ostrogoth L'Italie à l'an Mille
L'Italie en 7504
Puissance de l'Eglise
L'Eglise, n'a de cesse de s'opposer à l'influence des
autres puissances européennes et de lutter contre les différentes
invasions préservant ainsi la culture latine.Durant les invasions arabes
au sud, les Etats de l'Eglise continuent de défendre l'autonomie du Nord
mais l'influence papale et les conflits internes essoufflent les diverses
oppositions.C'est dans ce contexte de luttes permanentes entre l'Empire et
l'Eglise, que la société italienne voit naître des courants
divergents entre le XIIe et le XIVe siècle (les factions de Guelfes et
Gibelins et les factions médiévales)5, qui s'opposent
militairement, politiquement et culturellement.
4 Source images :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Ostrogoti.jpg
5 Les guelfes et les gibelins sont deux factions
(parte ou plus souvent brigate, ou setta médiévales qui
s'opposent militairement, politiquement et culturellement dans l'Italie des
Duecento et Trecento. Elles soutiennent respectivement et initialement deux
dynasties qui se disputent le trône du Saint-Empire romain germanique.
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Croisades et invasions
Les croisades, auxquelles participent beaucoup d'Etats italiens,
ont pour objectif d'éradiquer la progression de l'Islam et
d'étendre le commerce vers l'Orient. Les derniers siècles du
moyen âge voient l'association de représentants de l'antique
féodalité (les Visconti 6à Milan) avec des
républicains (les Savoie7 dans le Piémont). Au XVIe
siècle, une bonne partie de l'Italie est au centre de la lutte entre la
France et l'Espagne (bataille de Pavie en 1525) pour la domination de
l'Europe.
Domination espagnole
Les conquérants espagnols (Tercios Castillans) gagnent une
région clé de la Lombardie. C'est durant un siècle et demi
que l'Espagne va dominer toute l'Italie méridionale et insulaire.
Malgré le soutien politique de différents Etats face à
l'impérialisme espagnol, la république de Venise et celle de
Gênes gardent leur indépendance mais cela n'évitera pas
leur déclin, alors que le duché de Savoie devient un champ de
bataille entre la France et l'Espagne, malgré ses efforts de
conciliation.
Guerres et économie
L'impérialisme lattant, les guerres successives et leur
coût, qui oblige l'Espagne à exercer une forte pression fiscale
ainsi que la peste (les villes perdent une bonne partie de leur population),
ont des effets dévastateurs sur l'économie.
Dynamisme, art et culture
Jusqu'à la première moitié du XVIIe
siècle, l'Italie reste un pays dynamique, dont la culture perdure
malgré le déclin général. La philosophie (Giordano
Bruno), la science (Galilée), la peinture (le Caravage), l'architecture,
unique en Europe, (le Bernin), la musique et le mélodrame (typique de
l'ère baroque) fait que la renaissance italienne, par l'art et la
pensée baroque, s'impose à l'Europe. Les influences de
l'illuminisme, diffusé par les philosophes français, ont un effet
bénéfique, dans le sud de l'Italie, qui connaît une timide
reprise de l'économie. Dans la partie centrale et septentrionale,
l'Autriche, par Joseph II, apporte les réformes salutaires au
développement économique et social.
6 *les Visconti : famille de Lombardie, du parti Gibelin et qui
régna sur Milan de 1277 à 1447
7 *La Maison de Savoie : la Maison de Savoie est une dynastie
européenne ayant porté les titres de comte de Savoie (1033), puis
de duc de Savoie (1416), prince de Piémont, roi de Sicile (1713), roi de
Sardaigne (1716) et roi d'Italie (1861).la Maison de Savoie remonte en 1032
lorsque la Savoie est intégrée avec le second royaume de
Bourgogne, au Saint Empire Romain-Germanique. Loin de l'empereur allemand, les
seigneuries se créent au hasard des guerres, des mariages et des
donations.
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