Le transfuge politique au sein des partis politiques implantés à Kisangani.par Marien Mwamba Ngwabi Université de Kisangani - Licence en sciences politiques et administratives 2004 |
I.2. LES CAUSES DE L'ALTERADHESIONSi l'adhésion à un parti politique tient de la conciliation de sa cause aux intérêts de l'adhérent et que la désadhésion s'avère renonciation aux valeurs du parti à la suite des frustrations subies par l'adhérent au sein du parti, l'alteradhésion qui, se veut reprise de l'adhésion dans un autre parti politique, pose alors le problème pertinent de son motif. Pour répondre à cette préoccupation, nous avons posé la question suivante à nos enquêtes : Quelle est la raison qui vous a, en définitive, poussé à quitter votre dernier parti pour adhérer à un autre ? Tableau n° : l'opinion des enquêtés sur les raisons de l'alter adhésion.
Source : Notre enquête sur terrain Il se dégage clairement de la lecture de ce tableau que l'alteradhésion tient à plusieurs raisons. Elle est d'abord l'effet de la croyance, de la foi à un autre leader : 24 sujets sur 60 soit 40 % de nos enquêtés l'affirment. Elle est également la conséquence d'une poursuite des intérêts apparemment non satisfaits : 20 sujets sur 60 soit 33,3 % de nos enquêtés l'attestent. L'alteradhésion est, en outre, dûe à d'autres raisons liées à la comparaison des partis, l'activisme patriotique et à la nécessité d l'engagement politique : 11 sujets sur 60 soit 18,4 % de nos enquêtés l'ont affirmé ; elle est aussi le fait d'un attrait par un parti plus organisé : 3 sujets sur 60 soit 5% de nos enquêtés l'affirment ; elle est enfin le produit de la conversion idéologique : 3,3 % de nos enquêtés l'affirment. Il est donné de constater que l'alteradhésion tient aux nombreuses raisons singulières ou juxtaposées que nous tentons de regrouper sous différentes sections. I.2.1. Idolâtrisme des leadersLes techniques modernes de communication à savoir, la radio et la télévision, ont façonné dans la masse d'adhérents une psychologie de crédulité aux leaders politiques en général et aux coryphées des partis en particulier. R.G. SCHWARTZENBERG l'a constaté en qualifiant les systèmes politiques contemporains de « star-systm politic »29(*) En effet, par la vedettisation des leaders et par l'effet de séduction qu'ils provoquent, les mass média subornent les partisans des principes moraux et des critères normatifs devant les servir des repères à la lumière desquels ils devraient orienter leur attachement aux leaders à travers l'adhésion à leurs partis. Franchement, les coups de presse rhétoriquement menés par les leaders, leurs publicités et marketing politique... Bref leur médiatisation a, un grand dam des critères moraux, conduit à l'élévation des leaders conduisant d'abord à l' « adhésion affective, sentimentale à un candidat ou à un parti »30(*) puis, à la propension dans le chef des partisans à tenir pour vrais les discours et pour grands, les leaders de partis ainsi médiatisés. Ainsi donc, la cohabitation des plusieurs partis et partant, la coexistence des divers leaders fait que la déception par l'un conduise à la séduction par l'autre. Cette obstination des partisans à toujours s'attacher à l'un ou l'autre leader tient notamment aux effets du charisme de ceux-ci comme l'a constaté Michel BONGRAD : « le charisme, c'est l'intime conviction qui passe, qui revient, qui charme et qui convainc, qui suggère et qui s'impose »31(*) Cette extase envers les leaders est le dénominateur commun des activités des partis politiques, laquelle les préserve du scepticisme en les disposant à toujours « avoir confiance en quelqu'un, le tenir, non seulement pour véridique mais encore pour honnête, capable d'une oeuvre importante »32(*), à une croyance qui, susceptible de changer d'objet mais non de sujet, reste constante. C'est pourquoi, 40 % de nos enquêtés ont affirmé qu'ils ont adhéré à un autre parti politique parce qu'ils ont cru à un leader autre que le premier. * 29 Roger-Gérard SCHWARTENBERG, cité par Michel BONGRAD, op. cit. p. 52 * 30 Michel BONGRAD, op. cit. supra, p. 54 * 31 Idem, p. 199 * 32 Paul FULQUIE, Dictionnaire de la langue philosophique, P.U.F., Paris ? 1962 |
|