Paragraphe 3. Compenser le déficit REDD
Bien que certains peuples autochtones soient convaincus que le
REDD ne pourra jamais leur apporter un quelconque avantage, des Organisations
de plusieurs pays participant au REDD+ croient qu'il pourrait, dans certaines
conditions, aider les communautés à réaliser leurs droits
sur leurs terres et ressources, protéger leurs moyens de subsistances
durables et procurer d'autres avantages économiques à leurs
communautés. Il peut aussi leur permettre de renforcer leurs
connaissances traditionnelles et leurs activités de conservation de la
biodiversité.
Depuis le Sommet mondial des peuples autochtones sur les
changements climatiques, tenu à Anchorage, Alaska, en 2009, des peuples
autochtones participant à l'élaboration de politiques
internationales pour le REDD+, ont insisté que le REDD+ ne doit
être mis en oeuvre qu'à condition qu'elle soit fondée sur
le plein respect des droits des peuples autochtones, notamment des
[264 ]
dispositions de la Déclaration des Nations Unies sur
les droits. Cette position a été exprimée dans les
documents de position du Forum International des Peuples Autochtones sur les
Changements Climatiques « FIPAC » et dans ses propositions pour le
texte de négociation de la CCNUCC.
En outre, les pays et Agences qui interviennent dans le
financement et l'exécution des projets se doivent de respecter aussi
leur propre engagement dans le processus REDD. Ce que devrait faire le REDD+
s'il était fondé sur la reconnaissance des droits des peuples
autochtones, c'est d'aider les communautés à protéger leur
mode de vie :
- Le REDD+ pourrait servir à promouvoir la mise en
oeuvre des réformes progressives des lois et politiques relatives aux
terres, aux forêts et aux aires protégées de sorte qu'elles
respectent pleinement les droits des peuples autochtones, y compris le droit
à consultation culturellement appropriée et au consentement libre
et éclairé ;
- Le règlement des revendications des territoires en
suspens pourrait être une exigence ou une condition préalable pour
tout projet de REDD+. Les peuples autochtones pourraient exiger la
réforme des politiques d'attribution de titres fonciers et de
démarcation des terres afin que leurs terres et territoires soient
reconnus en fonction de l'occupation et de l'utilisation traditionnelles, et
que des titres fonciers puissent être délivrés ;
- Le REDD+ pourrait servir de moyen d'assurer le financement,
la reconnaissance et le soutien des territoires ou forêts de conservation
communautaire, et la mise à disposition de fonds pour soutenir les
pratiques de conservation et gestion des peuples autochtones ;
- Le REDD+ pourrait permettre d'assurer la reconnaissance, au
niveau national, du fait que les connaissances traditionnelles des peuples
autochtones sont essentielles à la conservation des forêts. De
plus, leurs connaissances traditionnelles peuvent aussi être mises
à profit et enrichies afin de développer des mesures d'adaptation
et d'atténuation appropriées pour faire face aux impacts des
changements climatiques ;
- Le REDD+ pourrait faciliter l'attribution aux peuples
autochtones de pleins droits de propriété sur les territoires
traditionnels en vue de leur permettre d'accéder directement au
financement international du REDD+ et autres fonds connexes ;
- Du moment que leurs droits sur les terres et ressources sont
pleinement respectés et protégés, les peuples et
communautés autochtones pourraient envisager de se joindre à des
programmes de REDD+ ou prendre eux-mêmes l'initiative et nouer des
partenariats au REDD+ avec des fondations, des Organismes de conservation, des
entreprises privées ou
[265 ]
autres entités offrant une compensation
financière pour les efforts qu' ils déploient pour
protéger leurs forêts.275
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