B. Financement
Les crédits REDD, doivent être apportés
par les pays industrialisés et riches (la Norvège, suivie du
Danemark, étant les donateurs principaux). Ils doivent aider les pays en
développement à intégrer les préoccupations
environnementales de leur politique de développement.
La Banque mondiale a créé un fonds de 300
millions de dollars dédié aux aspects "carbone", le Forest
Carbon Partnership Facility « FCPF », dans le cadre du REDD.
Une autre institution de la Banque mondiale, le Partenariat
pour le Carbone « PCF », concerne des domaines comme le secteur de
l'énergie, les transports, le développement urbain et d'autres
180 IWGIA, AIPP, FPP, Op.cit., p.13.
[182 ]
domaines liés au développement de
l'efficacité énergétique, là où les gaz
à effet de serre sont générés.
Au clair, le REDD fait appel à une diversité
d'acteurs :
? Institutions internationales (programme Forest Carbon
Partnership Facility de la Banque Mondiale) ;
? Etats (ex. : International Climate and Forest Initiative
de la Norvège, International Forest Carbon Initiative de
l'Australie, etc.) ;
? Entreprises (le Programme REDD+ est soutenu, par exemple,
par l'International Tropical Timber Organization, un lobby
d'entreprises forestières travaillant dans le secteur des bois
tropicaux, qui défend une conception fondée sur le
développement durable de l'exploitation des forêts tropicales)
;
? ONG ;
? Certaines Agences de l'ONU (PNUD, PNUE et FAO) ont
créé le programme UN-REDD. Il doit aider les pays en
développement à mettre en place des politiques de lutte contre la
déforestation. Ces mesures comprennent le renforcement des
capacités, la gouvernance, l'engagement des peuples autochtones et des
besoins techniques.
La première série initiale de neuf pays
comprenait la Bolivie, la République démocratique du Congo,
l'Indonésie, le Panama, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, le
Paraguay, la Tanzanie, le Vietnam et la Zambie. A ce jour, ces pays auraient
bénéficié de la somme, modeste, de 48,3 millions de
dollars.
C. Objectifs, enjeux, tâches et principes
Le premier objectif est de lutter contre le
réchauffement climatique, mais le REDD implique et vise aussi d'autres
effets positifs, dont :
Un contrôle de l'implémentation réelle de
l'ensemble des Sous-Programmes visant à lutter contre la
déforestation, en particulier à travers un Programme de
monitoring (surveillance), dit de « mesure de vérification et de
publication » du couvert forestier : Monitoring, Reporting and
Verification of forestcover « MRV ». Le monitoring MRV fait
partie des tâches principales du programme REDD. Il tente ainsi d'estimer
le plus précisément possible les émissions de carbone de
chaque site, afin d'établir une base de données
référentielle permettant de suivre l'évolution du volume
du stock du carbone en temps réel. Ceci requiert une analyse
multifactorielle complexe. Les données incluent une
[183 ]
combinaison de mesures au-dessus du sol, au niveau du sol, de
la biomasse souterraine existante à l'intérieur de la zone du
projet, des photographies aériennes et des données issues de
programmes de télédétection. La mesure directe des
paramètres de la forêt, comme la hauteur des arbres, leur
diamètre, la taille des houppiers, le profil du tronc, l'identification
des espèces permet d'établir des équations
allomètriques. Pour effectuer ces mesures on utilise fréquemment
des solutions informatisées. Celles-ci combinent la
télédétection avec les mesures dendrométriques et
permettent d'obtenir des résultats précis (surveillance, à
long terme, des placettes permanentes ou transects, les mesures
répétitives). Les données recueillies sur le terrain lors
des inventaires forestiers nationaux peuvent être utilisées pour
la surveillance du couvert forestier (MRV). Cette méthode est
utilisée, par exemple, pour les inventaires en Russie, Hongrie,
Belgique, Islande, Pérou. Le Center for Global Development
(en), un think-tank américain, participe à ce programme
de télédétection via son programme FORMA.
Des efforts de préservation et restauration de la
biodiversité.
Son principe est de rémunérer les pays en
développement et émergents via des contributions provenant des
pays industrialisés, que ce soit par le biais d'un marché ou d'un
fonds. Bien que l'intensification, c'est-à-dire l'augmentation de la
productivité à l'hectare soit une variable clé pour la
conservation forestière à long terme, le problème ne peut
être résolu par cette simple prescription.
Il n'y a pas de relation simple et univoque entre
l'évolution des systèmes agricoles et la déforestation en
zone tropicale. Pourtant, la grande tendance à suivre reste
l'augmentation des rendements, sans pour autant faire reposer cette
augmentation principalement sur l'apport d'intrants chimiques qui accroissent
la quantité d'émissions de gaz à effet de serre.
Une des solutions pourrait théoriquement résider
dans la diffusion rapide d'un type d'agriculture intensif dans certains
pays/régions, et nonobstant, nombre de conséquences
problématiques, par exemple, la spécialisation
géographique impliquant une logique restrictive de conservation des
ressources naturelles pour le monde en développement.
Cette voie tend à exploiter au maximum les conditions
favorables de certaines régions pour l'agriculture, afin de
préserver indirectement d'autres pays/régions aux conditions
moins favorables (stratégie connue sous le nom de « common
agricultural pools »).
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Il reste à déterminer en quoi un
mécanisme REDD+ pourrait représenter une incitation pour cette
stratégie globale, dans la mesure où les zones peu favorables
à l'agriculture verraient un avantage économique à toucher
les dividendes de REDD+ en minimisant leurs surfaces agricoles, et inversement
pour les autres zones.
Des politiques publiques d'accompagnement sont
nécessaires. Cela peut se comprendre de quatre manières au moins
:
? Promouvoir les changements d'itinéraires techniques ;
? Harmoniser les politiques publiques sectorielles ;
? Adopter le principe des Paiements pour Services
Environnementaux « PSE » ; ? Agir sur la demande globale.
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