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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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Paragraphe 4. Greenpeace

Celle-ci est parmi les acteurs non étatiques les plus présents dans la gestion de la forêt congolaise. Elle demande que le Gouvernement de la RDC participe activement à la recherche de solution pour le réchauffement climatique. Pour elle, les agents de développement de par le monde doivent maintenant soutenir les efforts de protection de forêts congolaises plutôt qu'une industrie destructrice.

Greenpeace a fait la campagne (l'alerte) sur la déforestation internationale et le commerce illégal des bois en RDC177.

Paragraphe 5. Banque Mondiale et réforme forestière

Avec l'appui et les conseils de la Banque Mondiale, la réforme du secteur forestier de la RD Congo a été orientée vers la logique d'un développement conduit par l'exploitation industrielle du bois.

Beaucoup sont les projets que soutient la Banque Mondiale dans le cadre de la reforme forestière, c'est dans cette optique qu'elle a soutenu le projet pilote de zonage à travers un volet forestier de 4 millions sus dans le cadre du Projet d'Urgence de Soutien au Processus de Réunification Economique et Social « PUSPRES », qui a été approuvé par le Conseil d'Administration de la Banque Mondiale en 2003 ; en vertu de ce projet, la Banque devait soutenir la préparation d'un Plan de Zonage visant à classifier les zones rurales en trois grandes catégories selon leurs vocations, (développement rural, production durable et protection environnementale).

La Banque a affirmé que le zonage était fondamental pour garantir les droits fonciers et l'accès aux ressources forestières par toutes les parties prenantes, elle a aussi mentionné que le projet allait préparer le terrain pour la nouvelle loi sur les concessions forestières.

:

Le projet avait pour objectif principal d'assister le Gouvernement dans le processus de réunification économique et social afin de parvenir à la stabilisation de la RD CONGO. Entre autres activités à réaliser dans le cadre de ce projet pour appuyer le gouvernement congolais citons

177 Entretien avec CT Halisi Tikala, Lundi 08 Janvier 2018 à 14h°°, à Kinshasa.

[176 ]

- L'appui à la préparation d'un document de stratégie de réduction de la pauvreté participatif ;

- L'assistance dans la restauration d'Institutions forestières efficaces dans les provinces réunifiées, ceci comprenait aussi l'appui à un observateur indépendant dans le cadre de la revue légale des contrats d'exploitation détenus par des Sociétés forestières ou par des particuliers et l'élaboration d'un Plan pilote de Zonage participatif des forêts.

? Reproches à la Banque Mondiale dans le cadre de son assistance à la réforme forestière Congolaise

Nombreux sont les griefs contre la Banque Mondiale concernant sa politique d'intervention en RD CONGO. Voici, par exemple un extrait de la lettre adressée au Ministre de l'environnement, conservation de la nature et tourisme de la RD Congo en date du 02 Mars 2009, par la Dynamique de Groupes des Peuples Autochtones « DGPA », lettre dans laquelle les Organisations autochtones fustigent, entre autres, le comportement de la Banque Mondiale en RD Congo.

»178

« ... la Banque Mondiale soutenait que le Code forestier congolais préparait le terrain pour la relance d'un secteur-clé pour la croissance économique et pour l'augmentation des revenus à l'exportation, l'application des reformes forestières à travers le pays, visait, selon la Banque, à créer un environnement favorable à un développement conduit par le secteur privé. D'ailleurs les indicateurs de performance de la composante forêt du PUSPRES ne se réfèrent qu'au seul nombre de nouvelles concessions attribuées de manière transparente, comme qui dirait que l'évaluation du succès des reformes forestières en RD CONGO ne se baserait que sur le nombre de nouvelles concessions attribuées, sans envisager des hypothèses ou des risques comme la non consultation et la non prise en compte des intérêts et droits des communautés tributaires des forêts, ...

Le 19 Novembre 2005, le Panel d'inspection a reçu une demande d'inspection émanant des Organisations autochtones pygmées accompagnant les autochtones pygmées en RD Congo. Les demandeurs ont soumis la demande en leur nom propre et au nom des communautés locales

178 DGPA, Lettre ouverte à S.E. Mr le Ministre de l'Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme de la RDC, p.2, in CAMV, Le Forestier 8, Op.cit., p.37.

[177 ]

touchées vivant en RD Congo. Les représentants des communautés locales de plusieurs Provinces de la RD Congo ont signé la demande.

La demande avait trait à deux opérations financées par la Banque : le Projet d'Urgence de Soutien au processus de Réunification Economique et Sociale « PUSPRES » et l'Appui Transitoire à une Opération de Crédit au Redressement Economique « TSERO ». Le PUSPRES visait à appuyer la mise en oeuvre des réformes économiques en RD Congo et il comporte cinq composantes. La demande portait principalement sur la composante 2 qui a, entre autres, pour objectif de, d' :

? Restaurer des institutions effectives dans le secteur forestier au sein des Provinces de la

RD CONGO ;

? Améliorer la gouvernance locale des ressources naturelles ;

? Favoriser l'entrée en vigueur du nouveau Code forestier ;

? Se pencher sur le problème de l'exploitation forestière illicite.

Au départ, cette composante fixait deux priorités :

1) La préparation d'un Plan de Zonage Forestier visant, avant tout, les Provinces ayant le plus de couvert forestier, en particulier la province de l'Equateur et la Province Orientale ;

2) La préparation du terrain pour l'entrée en vigueur de la nouvelle loi sur les concessions forestières avec un accent particulier sur la conversion des anciens contrats forestiers en concessions conformes au nouveau régime.

Le projet ultérieur TSERO est une opération d'appui budgétaire décaissée en une seule tranche et ayant un cadre politique à moyen terme. Il est défini par la Banque comme un Crédit d'appui aux Politiques de Développement (Développement Policy Lending « DPL »). Il constitue la troisième opération en vue d'appuyer le redressement économique de la RD CONGO. L'un des objectifs du TSERO est d'améliorer la gouvernance dans le secteur des ressources naturelles.

PUSPRES et un Crédit d'appui aux politiques de développement dans le cas du TSERO a entraîné l'inapplication de ses politiques de sauvegarde. Les peuples autochtones pygmées ainsi

[178 ]

? Revendications des plaignants

Les plaignants (Associations autochtones et celles qui les accompagnent) avançaient qu'ils sont et seront lésés par les activités émanant de la réforme du secteur forestier financé par le PUSPRES et le TSERO. Ils craignaient que la conception et la mise en oeuvre d'un nouveau système de concessions forestières à vocation commerciale provoquent des dommages irréversibles aux forêts dans lesquelles ils vivent et dont dépendent leurs moyens de subsistance. Ils soutenaient que ces développements se déroulaient sans que des informations leur aient été données, sans qu'ils aient été consultés et sans avoir eu l'occasion d'y participer.

Les plaignants sont aussi préoccupés par les effets pervers d'un Plan de Zonage Forestier qu'ils pensent être en cours de préparation avec le soutien de l'IDA et sans consultation ni prise en compte des intérêts des populations autochtones.

Les plaignants soutiennent que la mise en oeuvre du PUSPRES concourra à la violation de leurs droits d'occuper leurs terres ancestrales, de gérer leurs forêts et leurs ressources conformément aux pratiques et au savoir traditionnels et de protéger leurs valeurs culturelles et spirituelles. Ils affirment que cela entraînera la destruction de leur cadre de vie naturel et de leurs moyens d'existence, des modifications contraintes et forcées de leur mode de vie et provoquera de graves conflits sociaux. Ils soutiennent qu'ils n'ont pas été consultés et redoutent que le zonage des forêts puisse se faire sans prise en compte des intérêts des populations autochtones.

Les plaignants affirment que leurs griefs découlent de la non application par la Banque, des sauvegardes applicables et du fait que la Banque mondiale a « favorisé l'adoption précipitée du Code forestier congolais » sans participation de la Société Civile et sans aucune implication des (communautés autochtones.

En particulier, ils soutiennent que la Banque ne s'est pas conformée à ses politiques et procédures relatives à une Evaluation Environnementale « EE », aux populations autochtones et aux forêts. La demande soulève aussi des questions de conformité avec les politiques et procédures de la Banque concernant les ressources culturelles, la réinstallation involontaire et la supervision. En outre, les Plaignants arguent que l'utilisation par la Banque de certains instruments de prêt (un prêt de redressement d'urgence dans le cas du

[179 ]

que les Organisations qui les accompagnent ont toujours exprimé leurs inquiétudes concernant l'avenir des forêts de la RD Congo et le sort de nombreuses populations forestières et tributaires des forêts du pays et plus particulièrement des populations autochtones pygmées.

Leurs droits traditionnels : droits à utiliser les ressources de leurs forêts traditionnelles auxquelles ils sont attachés ; droit à préserver leur propre culture, leur propre spiritualité brève, le droit à décider à leur propre destinée ; ces droits sont littéralement ignorés dans le processus actuel de mise en oeuvre du code forestier que parraine la Banque Mondiale. La responsabilité de cette Institution financière mondiale est grande à cet égard.

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