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La république démocratique du Congo et le défi planétaire du réchauffement climatique. Responsabilités et opportunités conventionnelles internationales.


par Matthieu MUKENGERE NTAKALALWA
Université de Kinshasa - Diplôme d’Etudes Supérieures en Relations Internationales 2018
  

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Chapitre II
PARTICIPATION DE LA RDC DANS LA LUTTE CONTRE LE
RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE : RESPONSABILITES ET
OPPORTUNITES CONVENTIONNELLES INTERNATIONALES

La question « environnement » se pose de façon globale, planétaire parce que la menace écologique et la mondialisation à ce jour ignorent les frontières. Cependant, elle se pose dans un monde hérissé de souveraineté étatique où le rêve d'une Communauté mondiale solidaire aux intérêts écologiques, se heurte aux murs encore solides qui ceinturent les nations. Pourtant, face à l'internationalisation du problème environnementale et au risque de la propagation transfrontière de catastrophes écologiques, l'idée d'une collaboration internationale semble trouver sa place.

En effet, le processus d'élaboration des Traités est aussi excessivement long. Il a fallu une décennie pour passer à l'étape de l'élaboration d'agendas, à l'aide d'un Accord-cadre, à la négociation du premier Protocole opérationnel pour l'action collective. Après un Accord protocolaire, la ratification de ce dernier prend, en outre, du degré de capacité des Gouvernements à créer un consensus à l'échelle de l'Etat. Ils font souvent marche arrière et laissent à nouveau

[109 ]

apparaître la question de l'incertitude scientifique pour des raisons politiques, ce qui freine le processus et exige davantage de temps pour le compléter112.

Jusqu'alors, la formulation de politiques environnementales à l'échelle internationale a été fragmentée par thème, secteur ou territoire, ce qui aboutit à la négociation des Traités qui se superposent ou entrent en conflit entre eux. Cela engendre des complications inutiles à l'échelle de l'Etat car les signataires essayent de respecter des obligations liées à de multiples Accords. A l'échelle internationale, il existe des tentatives de coordination entre des institutions environnementales comme le Comité de Coordination inter-Agences et la Commission pour le développement Soutenable, mais ces institutions sont très faibles pour intégrer de façon efficace, les trois dimensions du développement durable (économique, sociale et environnementale)113.

De ce fait, au niveau mondial, plusieurs Conventions ont été assorties de grandes rencontres internationales sur l'environnement, dénommées les « Conventions de Rio.

La toute première Conférence internationale sur l'environnement humain à Stockholm (sous l'égide des Nations Unies) remonte de 1972. Par contre, en 1983, il y a eu mise en place par les nations Unies d'une Commission Mondiale pour l'Environnement et le Développement «CMDE » présidé par le Premier-ministre Norvégien Brundtland114.

La République Démocratique du Congo s'est impliquée dans d'importantes initiatives dont la moindre n'est pas la « Charte mondiale de la nature » ; c'est le président du Zaïre, à l'époque, Mobutu qui, en 1975 au cours de l'Assemblée Générale de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature « UICN » tenue cette année-là à Kinshasa, en lança l'idée pour la première fois comme un défi sur le modèle de la DUDH.

L'UICN mit en place un projet de cette charte. La RDC a ainsi recouru aux Conventions et Accords internationaux. Parmi ces conventions, il y en a qui imposent des obligations contraignantes et il y en a d'autres qui ne lient pas les parties. Dans le cadre de l'environnement, plusieurs Conventions et Accords internationaux ont été signés. Ex : la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières des déchets dangereux et de leur élimination, du 26 Mars

112 Ziaka et alii, Education environnementale. Six propositions pour l'Action Citoyenne, Cahiers de propositions de l'Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire, 2001 cité par Aksanti, Ciribuka, D., Op.cit., p.34.

113 Bauer et alii, Administering International Governance: What Role for Treaty Secretariats? Global Governance Working Paper, n°29, Amsterdam, The Global Governance Project, 2006, cité par Aksanti Ciribuka,D., Idem , pp.34-35.

114 Jean-Berckmans Muhigwa, B, Op.cit., pp6-7.

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1989115. Il est question de voir comment les diplomates congolais défendent les intérêts de la République Démocratique du Congo dans les différentes négociations sur le changement climatique116.

A l'actif du Ministère de l'Environnement, Conservation de la Nature, Eaux et Forêts, peuvent être mises au crédit, les participations aux différentes réunions internationales où les questions concernant les forêts congolaises sont largement débattues, tout ceci en collaboration et en concertation avec les autres Ministères dont les attributions peuvent avoir une incidence sur le secteur forestier.117

Section 1ère. Participation de la ROC à des Conférences internationales, signature et
ratification d'Accords ad hoc

Avant de présenter et analyser les différentes Conférences internationales ayant été assorties d'Accords que la RDC a signés et/ou ratifiés aux fins de contribuer à l'atténuation du réchauffement de la planète, parlons tout d'abord des sources internationales du droit congolais de l'environnement de façon globale.

Paragraphe 1. Sources internationales du droit congolais de l'environnement

Nous donnerons, ici, les sources internationales du droit congolais de l'environnement étant donné que nous avons déjà détaillé celles internes ou nationales dans le deuxième paragraphe du chapitre précédent.

En effet, depuis plusieurs années, différents Traités et Accords signés dans le domaine de protection environnementale interpellent tous les Gouvernements à prendre toutes les précautions en vue de la protection environnementale :

? Convention internationale pour la protection des végétaux Rome du 6 Décembre 1951 ; ? Traité interdisant les essais d'armes nucléaires dans l'atmosphère, dans l'espace extra et morphique et sous l'eau, Moscou 05 Août 1963 ;

115Bukasa Lufuluabo, D.,Op.cit., in http://www.memoireonline.com/06/07/493/protection-environnement-droit-congolais.html consulté Mercredi, le 08 Février 2017 à 18h30'.

116Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., p.64.

117 CAMV, Le Forestier 08, Op.cit.., p.31.

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? Convention africaine sur la conservation de la nature et des ressources naturelles Alger, 15 Septembre 1968.

D'autres se sont intéressés à la présentation de la pollution des mers résultat de l'immersion de déchets, à la protection de la couche d'ozone et ensuite aux contrôles des mouvements transfrontaliers de déchets dangereux et de leur élimination, à l'élimination des maladies des plantes en Afrique et la prévention des nouvelles maladies.

Avant 1968, le concept de l'environnement avait inspiré la création de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature des ressources naturelles « UICN » qui ne relève ni du Conseil International des Unions Scientifiques « CIUS » ni des Nations Unies, bien qu'elle ait établi des rapports de coopération avec ces deux groupes. Un grand nombre d'Organisations internationales s'intéressent à toute une gamme d'activités liées, de près ou de loin, aux problèmes environnementaux. Les principales structures de l'action internationale en matière d'environnement sont représentées par la famille des Organisations des Nations Unies, ainsi que des agences spécialisées, dont plusieurs s'intéressent, sous divers angles, aux questions internationales. C'est ainsi que nous retrouverons que parmi ces structures, la majorité est dépositaire des Traités.

Malgré l'émergence de ces Organismes internationaux, les Etats ont manifesté une volonté remarquable dans la signature des traités. Ces traités ont été relayés dans l'Afrique postcoloniale par diverses Conventions couchant un champ plus varié que leur devancière. Le texte relatif à la conservation de la nature et des ressources naturelles est le premier du genre dans l'Afrique postcoloniale, ainsi que la question des déchets dangereux.

Nous ne manquerons de citer ici la Déclaration sur l'environnement. Il s'agit de la déclaration de Stockholm du 16 Juin 1972 et de la Déclaration de Rio sur l'environnement et le développement du 16 Juin 1992. Cette Conférence de Rio vient compléter la Conférence de Stockholm dont le but étant d'identifier les principaux problèmes de l'environnement et de fournir aux Gouvernements, les plus de renseignements possibles, afin qu'ils puissent prendre des mesures politiquement et économiquement réalisables.

Ces sources internationales sont, par ailleurs, d'une importance très capitale surtout avec l'implication des Organisations internationales qui sont, du reste, reparties conformément aux organes de l'ONU. Au sein de l'ONU, certains problèmes de politique générale relèvent de la compétence de trois Conseils subordonnés dont les moins définissent les fonctions. Il s'agit du

[112 ]

Conseil de sécurité, du Conseil de tutelle et du Conseil économique et social. Les préoccupations des Nations Unies à l'égard des problèmes de l'environnement relèvent, en grande partie, de la compétence du Conseil économique et social dont l'action passe par le canal de Commissions de Comités permanents.

En bref, il y a, d'une manière générale, dans tous ces textes internationaux, la volonté des Etats et organismes internationaux, de renforcer les travaux sur la gouvernance internationale en matière d'environnement, travaux qui débouchent sur une architecture institutionnelle internationale en matière d'environnement plus cohérent et intégré, laquelle tous les pays pourraient participer sur un pied d'égalité.

Au clair, ces sources sont donc :

A. Les Traités

Les Traités internationaux dans le domaine de l'environnement sont nombreux. Ils peuvent être à vocation universelle, c'est-à-dire ouverts à tous les Etats souhaitant y adhérer. Dans ce cas, ils traitent de questions elles aussi universelles en ce sens que l'objet du Traité est susceptible d'intéresser tous les Etats. C'est le cas, par exemple, de la Convention-cadre 118 sur les changements climatiques, les Conventions-cadres présentant d'ailleurs la particularité de proposer

un canevas général qui sera complété par d'autres Conventions ou Protocoles, quel que soit le nom qu'on leur donne119.

? Accords Multilatéraux Environnementaux « AME »

118 Une Convention-cadre est un Traité international qui annonce de grands principes et les lignes générales d'un régime destiné à être précisé par des Traités ultérieurs.

119Omeonga Onakudu, J. et alii, Op.cit., p.42.

[113 ]

Il s'agit d'Accords entre plusieurs pays à l'échelle internationale ou régionale, qui concernent les questions environnementales les plus diverses tournant autour de l'atmosphère, de la matière vivante, de la vie marine, de la désertification, de la protection des écosystèmes, du rejet des substances dangereuses, de la contamination marine, etc.

Il existe, actuellement, plus de 500 Accords multilatéraux sur l'environnement, dont 45 relèvent du domaine géographique mondial et ont été signés par 72 pays ou plus. De nombreux Accords se rapportent à des problèmes environnementaux à caractère régional, comme la déforestation à Bornéo ou pollution en Méditerranée. Chaque Accord a une mission et des objectifs spécifiques auxquels un nombre variable d'Etats souscrit.

Les AME représentent le Droit international sur l'environnement. Ceci fait que le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, les AME et les Organisations de développement continuent à adopter la structure définie par les Sommets de Rio et Johannesburg pour la gouvernance de l'environnement, qui consiste à élaborer des évaluations et des politiques, à l'exécution de projets au niveau national. Et la structure de gouvernance dispose d'une série de phases, entre autres :

a) L'évaluation de la situation environnementale ;

b) L'élaboration de politiques à l'échelle internationale ;

c) La formulation d'Accords multilatéraux sur l'Environnement ;

d) L'application de politiques et de mesures coercitives ;

e) Le développement durable.

Traditionnellement, le PNUE a prêté une attention spéciale à la fonction normative de participation dans les trois premières phases. Les phases de a à d sont l'objet des AME, tandis que dans la phase liée au développement durable, participent des Organisations de développement comme le PNUE et la Banque Mondiale.

Qui plus est, l'absence de coordination entre les différents types d'acteurs affecte toutefois le développement d'une gouvernance cohérente. Ainsi, selon le même rapport, les Etats donateurs appuient les Organisations de développement en fonction des intérêts des uns et des autres pour la création des normes, et surtout pour leur mise en place, mais sans suivre aucun schéma commun.

[114 ]

Ce qui se traduit finalement par de nombreux chevauchements et un travail multiplié par deux. Ainsi, peut-on noter, d'une part, que les AME sont peu pris en compte comme cadre de référence commune et, par conséquent, qu'ils reçoivent des appuis financiers réduits, d'autre part, que les Etats et les différents Organismes préfèrent financer la mise en place de la réglementation existante plutôt que de la perfectionner et de l'adapter à une menace sur l'environnement qui peut varier.

En somme, on constate qu'il n'existe pas de lien adéquat entre les activités normatives et les activités opérationnelles120.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard