3.3 : ANALYSE QUANTITATIVE
Pendant plus d'une décennie, la RDC a enregistré
des taux de croissance négatifs dus essentiellement à la faible
contribution des secteurs porteurs de la croissance. Après une baisse
réelle ininterrompue du PIB de -5,34% en moyenne par an entre 1990 et
2000, le taux de croissance est devenu positif passant de -2,1% en 2001,
à 3,5% en 2002, suivi de 6,6% en 2 004, puis chuta à 5, 6% en
2006 et repris de 6,2% en 2008, peu après la crise financière
internationale, la croissance se ralentie de 2,8% en 2009 et depuis la fin de
cette crise, la RD Congo connait de taux de croissance positif près de
deux chiffres soient 7,2% en 2012, 8,5% en 2013 et avec un taux d'inflation
sous la barre de 10% les dix dernières années soit 1,03% en 2013
avec une projection de ce taux à 3,7% en 2014 et 3,5 en 2014,
accompagné d'une stabilité du taux de change depuis 2009 en
moyenne de 920 CDF/ $ jusqu'en 2015 et en 2016 le taux de change grimpe
jusqu'à 1500 CDF/$ (Rapport annuel de la Banque Mondiale,
2016).
A contrario, Parlant de la demande globale, la croissance
économique en 2017 a été tirée essentiellement par
la demande extérieure nette, laquelle a connu une amélioration de
17,4 % contre 8,6 % en 2016 et 10,3% en 2019. Cette
évolution est consécutive particulièrement à la
consolidation des exportations des biens et services, dans un contexte de
montée des cours des matières premières sur le
marché mondial. Pour sa part, la demande intérieure s'est
légèrement améliorée de 1,0 % en 2019 après
0,9 % une année auparavant donc en 2018, en raison notamment du bon
comportement des investissements et consommation privés, avec une
contribution positive à la croissance globale de 1,2 point
(Rapport annuel de la Banque Mondiale 2019).
En 2016, la demande intérieure a été
soutenue par l'investissement et la consommation privés, dans un
contexte de ralentissement de la consommation publique. Globalement, la
consommation finale s'est repliée de 1,2 % en 2018 contre un repli de
2,5 % en 2019, avec une contribution négative de 1,0 point de
pourcentage à la croissance. En poursuivant sa tendance
baissière, la consommation publique a été la faible
composante de la demande intérieure, avec une décroissance de
32,8 % et une contribution négative à la croissance de 2,8 %, en
raison essentiellement des mesures prises par le Gouvernement pour contenir
certaines dépenses courantes, dans un contexte de faible mobilisation
des recettes publiques. En ce qui concerne la consommation privée, elle
a enregistré une hausse de son rythme de croissance, soit 2,3 % contre
2,4 % l'année précédente, consécutive à
l'évolution modérée des revenus des ménages, de la
persistance du niveau élevé du chômage et de
poussées inflationnistées enregistrées au cours de la
période. Concernant les investissements, la
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formation brute de capital fixe (FBCF) a enregistré une
progression de 7,5 %, en volume, après 9,7 % en 2016, en liaison avec le
raffermissement des investissements privés, lesquels ont
progressé de 17,3 % après 16,8 % en 2016. Cette évolution
est corollaire à la reprise du dynamisme de l'activité extractive
favorisé par le relèvement des cours de produits de base. En
revanche, les investissements publics ont baissé de 73,6 % en 2017 sous
l'effet de la non-exécution de certains projets publics. A la faveur de
cette évolution, le taux d'investissement s'est ressorti à 30,3 %
du PIB après 29,2 % en 2016 (BCC, 2019,
p.260).
En ce qui concerne l'évolution de solde
extérieur, il sied de noter que le pays importe plus qu'il n'exporte, ce
qui a pour conséquence : le solde de la balance commerciale est
négatif.
Les exportations totales de biens et services ont connu une
reprise de 9,3 % contre une régression de 0,9 % en 2016, induisant une
contribution positive à la croissance de 2,5 points de pourcentage,
faisant de cette composante le principal moteur de la croissance en 2017. Cette
évolution est consécutive notamment à la vigueur de
l'activité extractive, laquelle a induit une hausse des exportations du
cuivre et du cobalt. Par ailleurs, les importations des biens et services,
quant à elles, ont légèrement chuté de 0,1 %,
après le recul de 3,7 % en 2016, renseignant une contribution quasi
nulle à la croissance, suite essentiellement à la baisse
drastique des importations des services (-8,9 %) « BCC,
Evolution de l'activité économique et financière en 2017,
pp.17-19 ».
Après avoir atteint 5,8 % en 2018, la croissance
économique a ralenti a 4,4 % en 2019, du fait de la baisse des cours des
matières premières, notamment du cobalt et du cuivre qui
représente plus de 80 % des exportations de la RDC. Le déficit
budgétaire est passé d'un quasi-équilibre en 2018 à
un déficit de 2 % du PIB en 2019, en raison de la hausse des
dépenses et de la stagnation des recettes. Les dépenses publiques
supplémentaires ont notamment soutenu l'augmentation des salaires de la
fonction publique, le programme de la gratuite de l'éducation de base et
des projets d'infrastructure. La baisse des recettes fiscales tient en partie
à la faiblesse du recouvrement de l'impôt sur le revenu des
entreprises, surtout dans le secteur minier. L'agriculture est freinée
par sa faible productivité, tandis que le déficit
énergétique limite les efforts d'industrialisation du pays. La
croissance a été soutenue par la demande intérieure, en
particulier par l'investissement privé et la consommation publique.
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Grace a une bonne coordination des politique monétaire
et budgétaire, le taux d'inflation, qui était 29,3 % en 2018, est
tombé a 4,5 % en 2019. Malgré une forte rationalisation des
dépenses publiques, le déficit budgétaire
représentait 0,14 % du PIB en 2019, induit par la mise en oeuvre du
programme d'urgence (l'excèdent budgétaire était de 0,4 %
en 2018). Le taux de pression a été de 10,2 % en moyenne sur la
période 2016-2019 (la norme au niveau continental est un taux minimal de
20 %). Le déficit du compte courant est estimé a 2,6 % du PIB en
2019, financé essentiellement par les investissements directs
étrangers. La faiblesse des réserves de change. Les
entrées des capitaux et autres flux financiers en 2019, y compris les
investissements directs étrangers (IDE), ont contribué à
préserver les réserves officielles, à limiter la
dépréciation du franc congolais et à contenir l'inflation
(Groupe de la banque africaine de
développement).
Bien que cette croissance soit marquée par
l'allègement de la dette, la maîtrise de l'inflation, cette
croissance économique reste insuffisante à court terme pour
transformer de façon significative les conditions sociales de la
population. Tout en étant largement supérieure à la
moyenne de l'Afrique subsaharienne qui se situe à 4,8%, elle est
caractérisée par sa faible capacité à
générer des emplois décents et durables et à
distribuer des revenus qui permettent de chasser la pauvreté
(Lonzo, L. G (2017, p.2).
A cet égard, le niveau d'intermédiation
financière est faible : le crédit est essentiellement informel et
le crédit bancaire formel au secteur privé représente
moins de 3% du PIB. Le service bancaire aux particuliers est en
général peu développé, et la plupart de banques
agit comme des agents financiers du gouvernement où n'octroyant des
crédits qu'aux institutions internationales opérant dans le
pays.
En outre, en se référant sur le rapport de suivi
de la situation économique et financière de la Banque Mondiale
sur l'économie congolaise, nous renseigne que : Le secteur bancaire en
RDC se développe mais les crédits à la population restent
faibles et coûteux. Les dépôts et les prêts bancaires
poursuivent leur accroissement, et ont augmenté respectivement de 11,7 %
et 14,4 % en 2015, contre 14,7% et 20,2 % en 2014. Mais leurs niveaux
respectivement de 11,2 et 6,8 % du PIB en 2015 demeurent encore très
faibles (Choc Exogène, Stabilité
Macroéconomique et Développement : Options de Politique
Economique).
Le faible niveau de dépôts bancaires signifie que
peu d'individus utilisent le système pour se constituer des
réserves pour les périodes difficiles. Le faible niveau de
crédit implique que la population ne dispose pas d'alternatives pour
surmonter les contraintes
Au-delà des politiques budgétaires, la RDC a
aussi besoin de se tourner vers d'autres options pour renforcer la
résilience macroéconomique, à savoir les politiques
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financières et lisser la demande en cas de chocs
négatifs. Le secteur bancaire comprend 18 banques commerciales et
près de 200 agences pour un pays de la surface de l'Europe de l'ouest.
Ainsi, les services bancaires n'atteignent qu'une faible partie de la
population, soit 3,4 % sur une population adulte de 37,7 millions d'habitants.
Le nombre de comptes bancaires est passé de 0,6 million en 2010 à
1,3 million en 2012, grâce au versement direct des salaires des
fonctionnaires sur leurs comptes bancaires. Le coût du crédit
demeure élevé, se situant à 19 % pour la monnaie nationale
et à 14,2 % en devises étrangères fin 2015. Les
écarts entre les taux d'intérêt pour les prêts et
pour les dépôts sont importants, se situant à 15,7 % en
monnaie nationale. Cependant, même avec cet écart, le rendement
des actifs en République Démocratique du Congo avant
l'impôt reste très faible, soit de 1,7 % fin 2014 contre 1,1 % fin
2012 (FMI, 2015), reflétant les charges d'exploitation, et les frais de
supervision bancaire équivalents à 0,6 % des dépôts,
ainsi que les coûts de liquidité élevés. En effet,
près d'un tiers des actifs est déposé auprès de
banques correspondantes sans aucun rendement(Banque Mondiale, Choc
Exogène, Stabilité Macroéconomique et Développement
: Options de Politique Economique).
En effet, il sied de rappeler que le système bancaire
congolais se caractérise par une forte dollarisation et les courtes
maturités des dépôts et des crédits : L'essentiel
des dépôts bancaires est libellé en devises
étrangères (85,6 % fin 2014 et 83,1 % fin 2015), ce qui souligne
l'importance des risques associés aux bilans fortement libellés
en dollars. En effet, ces bilans ne sont pas couverts par des réserves
en dollars suffisantes, et la couverture des dépôts en devises ne
dépassait pas 44 % à la fin de 2015, alors que celle-ci
était de 56 % fin 2014. Ainsi, la protection contre une
éventuelle sortie de dépôts en devises
étrangères s'est considérablement affaiblie en 2015.
Cependant, le niveau des réserves continuait à assurer une bonne
couverture de la masse monétaire en monnaie nationale (près de 95
%), permettant ainsi au secteur bancaire de faire face aux risques de
conversion en devises étrangères. Une autre
caractéristique du système est la prévalence des
dépôts à vue (72 % fin 2015), avec en corollaire des
crédits à court terme octroyés par les banques
commerciales (63 % du total). Les chiffres disponibles pour 2016 montrent un
renforcement des tendances observées en 2015. Ainsi, la dollarisation
des dépôts restait élevée en octobre 2016 (82,1 % du
total), mais la couverture par les réserves n'était plus que de
31 % pour les dépôts en devises et de 63 % pour la masse
monétaire en monnaie nationale (Banque Mondiale,
2018).
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monétaires. La dollarisation a été une
réponse spontanée du système à l'hyperinflation et
aux politiques fiscales erratiques ainsi que leur corollaire monétaire
dans les années 1980. À l'heure actuelle, la politique
budgétaire étant orientée vers la consolidation, les
problèmes des finances publiques sont plus liés à
l'insuffisance des recettes plutôt qu'aux dépenses non
contrôlées. Par conséquent, les avantages de la
dollarisation systémique sont en diminution, laissant plus de
conséquences négatives dans la balance (Banque
Mondiale 2018 Ibidem). Ces conséquences sont à deux
niveaux :
? Une faible efficacité de la politique
monétaire pour faire face aux chocs et gérer les
vulnérabilités ;
? Une plus grande vulnérabilité des
réserves en devises aux fluctuations dans le comportement des
déposants, soit par la conversion entre la monnaie locale et en devises,
soit par le biais des transferts de dépôts à
l'étranger.
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