B. DEMONSTRATION
Le bilan des banques est, en majorité, exprimé
en dollars américains. Par ailleurs, les dépôts, tout comme
les crédits, sont exclusivement constitués dans cette devise. Une
tendance qui s'est confirmée en 2017 (environ 85 % en 2016 contre 83 %
en 2015). Face à cette prédominance du dollar américain,
le franc congolais a perdu 31 % de sa valeur entre 2016 et 2017. Outre la
dépréciation de la monnaie nationale, la performance des banques
n'est pas des plus brillantes : 14 % de hausse du total bilan et 13 % de
croissance des dépôts (Rapport annuel BCC
2018).
On constate aussi une baisse de 10 % du volume des
crédits nets sur la période 2016-2017 alors que les chiffres en
CDF dévoilent une hausse apparente (+18%). La part des créances
sur la clientèle dans le bilan des banques est passée de 45% en
2016 à 36% en 2018. Cette baisse s'explique en partie par le gel de
cette activité de la part de quelques acteurs (Rapport BCC
Idem).
Au cours des années 2016 et 2019, les résultats
du secteur bancaire congolais ont connu une baisse drastique. Celle-ci
s'explique principalement par une contraction des revenus mais surtout par
l'augmentation des charges générales d'exploitation : le
coefficient d'exploitation a augmenté, passant de 79% en 2016 à
83 % en 2019. Ce niveau est très élevé si celui-ci est
comparé aux banques de la zone UEMOA (66%) et à la constitution
des provisions (Rapport annuel de la BCC 2019).
Malgré cette situation, toutes les banques locales ont
réalisé des résultats positifs en 2017 : la part du PNB
généré par les banques locales est ainsi passée de
49 % à 52 % en 2017. Les banques panafricaines et les multinationales
ont quant à elles connu une baisse, passant de 41% à 38% d'une
année sur l'autre alors que l'impact réel de ces mesures reste
encore à évaluer, l'autorité de régulation s'est
lancée dans la production de plusieurs textes réglementaires
(Rapport BCC 2019 idem).
La Banque Centrale projette également de publier les
modifications de certaines instructions ainsi que les projets portant sur les
services bancaires gratuits, la continuité des activités ou
encore la gestion des plaintes de la clientèle. La digitalisation et
l'agency banking
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apparaissent comme un atout majeur pour le relèvement
du taux bancaire car il existe un potentiel inexploité si l'on
considère que 35 millions d'habitants en République
Démocratique du Congo utilisent un téléphone mobile
(Kabwe, F. [ janvier 2020, p.18]).
Le taux de souscription active aux services internet mobile
est passé de 37,3% au 4ème trimestre 2017 à 39,5% au 1er
trimestre 2018, tandis que celui des services mobiles money est passé de
25,5% à 28,3% sur la même période (Claudia H et
Pierre D, Rapport annuel 2018 de la FPN).
Au regard des 65% de la population vivant en milieu rural,
l'Agency Banking (qui consiste à sous-traiter certaines activités
bancaires à des agents tiers) contribuerait à améliorer
l'inclusion financière du pays.
En République Démocratique du Congo (RDC), le
crédit bancaire a augmenté rapidement mais reste rare, cher, de
court terme, peu diversifié, peu efficient, fragmenté et
très concentré. Entre 2016 et 2019, le crédit
intérieur a plus que triplé, mais a augmenté seulement a
environ 11% du PIB. L'accès aux services financiers classiques est
difficile pour l'essentielle de la population, en 2019, seulement 2% des
adultes avaient obtenu un prêt bancaire et seulement 4% d'adultes ont un
compte dans une institution financière (World Bank's 2011
Findex survey).
Les zones rurales qui regorgent l'essentielle de la population
ne disposent quasiment pas de guichets de banques classiques, très peu
de banques et autres institutions financières sont
spécialisées dans le financement du secteur agricole et secteur
PME. Pourtant ces secteurs contribuent de manière significative au PIB,
et offre un potentiel énorme pour la relance de la croissance
économique et le développement.
Pourtant, l'agriculture, l'industrie, le service, et le commerce
permettent la diversification de l'économie et impactent positivement
sur la croissance, mais le niveau souhaité pour une croissance
économique plus diversifiée en R.D Congo n'est pas encore atteint
Les crédits à court terme (les découverts bancaires et les
prêts de moins de 2 ans d'échéance) étaient
d'environ 68% de tous les crédits à la fin de 2017, et le
crédit à moyen terme a représenté environ 21%
contre 16% en 2018 (Bomda, J. (2019, p19).
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