2. LES THÉORIES DE LA CROISSANCE
ÉCONOMIQUE
Le point de départ de l'étude de la croissance
économique trouve son fondement dans l'explication du progrès
technique (Emile MOTA, notes de cours de fluctuation et croissance
économique/UNILU 2017, p. 10, inédit).
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rapport entre le taux d'épargne et le taux
d'investissement. Leur reflexion est en termes d'équilibre de taux de
croissance (taux de croissance effectifs, nécessaire et naturel).
2.1 THEORIE DE LA CROISSANCE EXOGENE
a. Version simple du modèle de
Solow
Cette première version du modèle est
qualifiée de simple en ce que le progrès technique n'est pas pris
en considération. Seuls les facteurs capital et travail expliquent le
niveau de la production et constituent les sources de la croissance. Le
modèle admet que le produit d'un travailleur se répartit entre sa
consommation et son épargne. Cette dernière est censée
financer l'investissement.
A cet état, l'investissement réalisé
compense exactement les effets négatifs de la croissance
démographique et de l'amortissement sur l'intensité
capitalistique. Ainsi, on n'observera pas une décroissance du produit
par tête quand bien même il y a croissance de l'effectif de la
population (Solow R.M, Le changement technique et la fonction de
production globale, The Review of Economics and Statistics,
1957).
b. Le taux d'épargne et la production
Le taux d'épargne n'a pas d'effet de long terme sur la
croissance de la production par travailleur : par évidence,
l'économie converge vers son état d'équilibre, auquel il
correspond un niveau de production constant par travailleur. Autrement dit,
dans le long terme, le taux de croissance de l'économie est nul, quel
que soit le niveau d'épargne (MUTAMBA LWANGA André,
Analyse empirique du développement financier et la croissance en RDC,
2015-2016).
Néanmoins, le taux d'épargne détermine
le niveau de production par travailleur dans le long terme : dans le long
terme, toutes choses égales par ailleurs, les pays ayant un taux
d'épargne plus élevé auront aussi un niveau de production
par travailleur plus élevé dans le long terme.
c. Effet d'une hausse du taux d'épargne sur la
croissance économique
Lorsque les individus relèvent leur taux
d'épargne, ils accroissent les possibilités de production de
l'économie en entraînant, toutes choses restant égales par
ailleurs, un approfondissement de l'intensité capitalistique.
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Il faudrait noter que le relèvement du taux
d'épargne exerce un effet de niveau, c'est-à-dire qu'il
entraîne un accroissement de l'intensité capitalistique et non pas
un accroissement du taux de croissance du produit par tête. En d'autres
termes, le relèvement ne fait que modifier le sentier de croissance mais
pas le rythme. Comme nous le verrons avec la deuxième version du
modèle, seul le progrès technique modifie le rythme de la
croissance. La croissance économique est fonction de la croissance
démographique et du progrès technique exogène. Ce dernier
est qualifié de résidu de Solow sans trouvé une
explication de sa source ou son origine (Solow R.M 1957
Idem).
d. Modèle de Solow avec progrès
technique
Dans la deuxième version du modèle, le
progrès technique est intégré en introduisant une variable
A dénommée efficience du travail dans la fonction de
production macroéconomique.
Tout compte fait, le modèle de Solow montre que seul le
progrès technique peut expliquer des niveaux de vie en hausse
persistante, c'est-à-dire le caractère auto-entretenu d'une
croissance enrichissante. Aussi, il permet d'expliquer d'où viennent les
écarts de niveau de vie entre pays. Le taux d'épargne pour
relever le revenu individuel et la consommation d'équilibre
(Solow R.M, Le changement technique et la fonction de production
globale, The Review of Economics and Statistics, 1957).
2.2 THEORIES DE LA CROISSANCE ENDOGENE
Jusqu'au milieu des années 1980, le cadre d'analyse
dominant la théorie de la croissance était constitué par
le modèle néoclassique, en particulier dans la formulation
proposée par R.M Solow (1956). Dans cette approche, il n'existe que deux
facteurs de production : le travail et le capital. La croissance suppose donc
un développement du capital par l'investissement et une expansion de la
population. La croissance de la population est bornée par un rythme
d'accroissement naturel qui est considéré comme une donnée
exogène (indépendante des facteurs économiques pris en
compte dans le modèle). La croissance du capital par l'investissement
est bornée par la « la loi des rendements
décroissant des facteurs : quand on utilise une
quantité croissante d'un facteur, l'autre facteur étant fixe, sa
productivité marginale (la production liée à une
unité de facteur supplémentaire) est nécessairement
décroissante. Intuitivement ; on comprend par-là que, passer un
certain seuil, on n'améliore pas la productivité d'un facteur en
multipliant les outils ou des machines. Dans le modèle de Solow, le
rendement est supposé être constant. Dans le
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long terme, les producteurs ne peuvent pas échapper
à la fatalité des rendements décroissants : plus le
capital par travailleur augmente (grâce à l'investissement) plus
la productivité marginale du capital diminue ; l'accumulation du capital
tend donc à annuler la productivité : à terme,
l'investissement ne permet plus d'augmenter la production et il n'y a plus
aucune incitation à investir. (Jacques
Généreux 2011, p. 305).
Si les premières théories de la croissance n'ont
pas parlé sur l'origine du progrès technique qui est le facteur
apparent essentiel de la croissance, les théories endogènes vont
tenter de donner une explication sur formation. Les économistes
pionniers de cette théorie sont principalement Paul Romer, Robert,
Lucas, et Robert Barro. P.M Romer (1986), son
modèle place au coeur de la croissance l'innovation technologique comme
résultat des activités spécifiques et
rémunérée qui est la recherche -
développement. Cette forme de progrès est
endogène dans la mesure où il résulte des décisions
d'agents motivés par le profit. Ce qui laisse entendre la notion du
capital humain désignant le fait cumulé d'activités telle
que l'instruction et la formation professionnelle.
Le modèle de Lucas est que la croissance sera d'autant
plus rapide que l'efficacité de l'investissement en capital
sera élevé. En outre, compte tenu de
l'externalité sur le capital humain, un travail sera d'autant plus
positif et donc mieux rémunéré à qualification
donnée que le pays est fortement doté en capital humain. Ceci
tend à expliquer les différentiels de croissance et
développement observé empiriquement.
En ce qui concerne Barro, il procède par la distinction
de deux types de capital (capital privé à rendement
décroissant et le capital public à rendement croissant). Ce qui
entraine à long terme une croissance constante. Barro propose dans son
modèle en prenant en compte les dépenses de l'Etat
financé par l'impôt remédiant ainsi à
l'insuffisance du capital privé comme facteur de croissance. Cette
approche est déterminante pour appréhender la question du
rattrapage pour les pays émergents (Rousseau P.
Système financier, croissance économique et mondialisation,
2001).
Les traits caractéristiques de modèles de
croissance endogène sont : le caractère endogène de la
croissance, la réhabilitation de l'Etat tout en lui accordant une grande
place dans l'activité économique et la résolution de
problème économique notamment les crises.
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En effet, les nouvelles théories de la croissance
tentent de surmonter les limites présentées ci-dessus,
principalement en faisant du progrès technique un facteur de production
endogène (expliqué par le modèle). Elles ont toutes pour
conséquence de conclure à l'existence de rendements croissants
à long terme susceptible d'entretenir un processus de croissance
permanente. On peut, pour résumer, distinguer quatre sources (telles que
présentées dans les lignes précédentes)
d'amélioration endogène de la productivité à long
terme : l'accumulation de connaissances par l'investissement ; l'accumulation
de connaissance par l'activité de Recherche et Développement ;
l'accumulation du capital humain ; le développement des infrastructures
par les pouvoirs publics.
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