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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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3.3. Discussiondes résultats

Rappelons que nous n'avons pas été les premiers à parler de la gratuité de de l'enseignement au Congo, et par honnêteté intellectuelle, nous étions obligés de retracer la part des prédécesseurs. Sur ce, nous avons retenu trois travaux antérieurs dont un mémoire de licence rédigé parArlette Malu (2009-2010); et deux articles publiés : un article par le professeur Gratien Mokonzi(2012) et celui de Tom De Herdt et Emmanuel Kasongo(2013).

Après dissection de ces travaux antérieurs par rapport à notre regard sur le sujet commun de la gratuité de l'enseignement primaire en République Démocratique du Congo, nous avons dégagés beaucoup des points de convergents, des réalités similaires voire complémentaires et moins sont les contradictions apparentes.

Il sied de rappeler ici que le mémoire de Arlette MaluMasiala (2009-2010) s'interrogeait des causes qui entravaient de rendre effective la gratuité de l'enseignement primaire en RDC alors que garantie par la loi fondamentale du pays depuis 2006. Ses investigations l'ont poussé à conclure que la gratuité restait lettre désuète par manque de volonté politique des tenants du pouvoir.

Par contre, les articles du professeur Gratien Mokonzi(2012) et celui de Tom De Herdt et Emmanuel Kasongo (2013)étaient publiés dans un contexte où la gratuité de l'enseignement était déjà en application (à partir de la rentrée scolaire 2010-2011) pour les classes de 1ere, 2e et 3e à travers la république hormis les provinces de Kinshasa et de Lubumbashi. Les deux recherches allaient dans le sens d'évaluer l'incidence de la gratuité sur le rendement scolaire.

Notre recherche intervient aussi dans un contexte où la gratuité est déjà en application. Mais, cette fois, elle est généralisée à travers toute la république et ce pour toutes les classes du primaire.

Bien entendu, nous allons focaliser beaucoup plus l'attention sur le rapport entre notre étude et les deux dernières recherches qui vont presque dans un même sens. Car, pour Arlette Malu, ce qui empêcherait en premier lieu la mise en application de la gratuité de l'enseignement serait le manque de volonté politique. Alors que dans notre contexte avec les deux autres articles, il y a des éventuels prétextes d'une volonté politique.

Bien que les trois recherches soient menées dans différents milieux dont les provinces de Bas-Congo, Bandundu, Kinshasa et Kisangani, les résultats paraissent similaires, si pas les mêmes. Dans tous les cas, Il est à déplorer la considération : « les déclarations des autorités sur la gratuité souffrent d'une absence notoire des politiques de planification stratégique». Cette assertion revient plusieurs fois dans toutes nos recherches.

Voici les similitudes observées :

1. Les plaintes sont unanimes, tant la déclaration de 2010 que celle de 2019, la gratuité de l'enseignement est toujours introduite dans un contexte d'improvisation, et cela sur base des calculs politiques. Pour les études antérieures, la déclaration politique du président Joseph Kabila est intervenue le 30 Août 2010, soit 7 jours avant la rentrée scolaire 2010-2011. Les auteurs traduisent la déclaration politique de 2010 en une stratégie pré-électorale, puisque c'était la veille des élections de 2011. Nous aussi, avons estimé que la déclaration du président Felix Tshisekedi au meeting, samedi le 02/03/2019 n'était pas fondée sur des perspectives pédagogiques, mais surtout au remplissage des tableaux politiques pour atténuer les tensions post-électorales.

Comme son prédécesseur qui convoqua le table ronde sur la gratuité la veille de la rentrée scolaire 2010-2011, cette fois, elle est intervenue le 22 Août 2019 soit une semaine avant la rentrée scolaire 2019-2020 suite aux diverses manifestations des enseignants qui se montraient sceptiques à la gratuité n'ayant pas de garantie sur leur prise en charge. Qui vont participer dans ces assises ? Une sous-commission composée des experts de l'administration publique (Ministres de l'EPSP, budget, du plan et des Finances), les conseillers du Président de la République, et les organisations de la société civile. Les praticiens de l'éducation n'ont pas été intéressés.

Suite à la modicité des recettes de l'état, évalué à 4,9 milliards USD, les membres de la sous-commission optent pour une mise en oeuvre progressive de la gratuité de l'éducation de base tout en échelonnant les besoins pour une période de trois ans (2020-2022). La résolution sera rejetée en bloc par la présidence. Qu'en est-il de la suite aujourd'hui !

2. Dans leurs recherches, au Bas-Congo comme au Bandundu, la gratuité avait comme conséquence directe l'accroissement des effectifs scolaires. Voyons aussi dans notre étude comment le taux d'accroissement des effectifs scolaires s'élève jusqu'à 111%.

3. Dans leurs recherches, la gratuité était contourné par l'invention des nouveaux concepts (savons des enseignants au Bandundu ; transports des enseignants et achats des manuels au Bas-Congo) pour exiger aux parents de continuer à financer la scolarité de leurs enfants. Ici à Kinshasa, les vocables tels que réfection des bâtiments scolaires, fabrications des bancs, soutien aux enseignants non payés...sont d'actualités.

4. Alors que les autres déplorent l'insuffisance d'un dispositif pédagogique adéquat, notre recherche vient déceler un bon nombre de faiblisses, parmi lesquelles l'insuffisance des capacités d'accueils, la modicité de l'enveloppe salariale des enseignants, la dégradation de la pédagogie avec tous les effets collatéraux, etc.

Malgré les similitudes, chacune des recherches avait son originalité, sa visée principale,d'où, les écarts ne peuvent que figurés. Notamment :

1. La recherche de Tom De Herdt et Emmanuel Kasongo (2013)menée dans les provinces de Bandundu et du Bas-Congo s'est limitée à déceler les écarts entre la nouvelle politique de la gratuité et les réalités sur le terrain.

2.La recherche de Gratien Mokonzi(2012) prévoit, qu'au-delà de la loi portant organisation et fonctionnement de l'enseignement, d'éditer une loi spécifique devant organiser la gratuité et en fixer les contours, d'une part, et de mettre en place des institutions chargées du suivi de son application, d'autre part. Il s'agit là des mesures juridique et pratique indispensables pour rendre effective la gratuité de l'enseignement primaire en République Démocratique du Congo.

3. Notre étude est une contribution à la mise des politiques éducatives. Derrière des politiques gouvernementales, nous voudrions que toutes les réformes à venir dans le secteur de l'enseignement soient toujours envisagées dans une perspective pédagogique et la variable qualité doit être au centre des préoccupations éducatives. Pour nous, la gratuité doit nécessairement rimer avec la qualité. Pour y parvenir, nous en appelons à la refondation de l'action gouvernementale autour de la gratuité de l'enseignement. Que les décideurs fassent un examen objectif de cette première phase, déceler les forces, les faiblesses, les menaces et les opportunités afin de projeter ce qui convient le mieux pour consolider une gratuité qui promeut la qualité.

Donc, les études telles que présentées ne se contredisent pas tellement, elles sont plutôt complémentaires. La première étude fait état des lieux de la gratuité, la deuxième insiste sur le juridisme et les aspects administratifs, et enfin, la nôtre se préoccupe des questions pédagogiques et des politiques pour les reformes scolaires.

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"Des chercheurs qui cherchent on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche !"   Charles de Gaulle