1.5.2.4. L'Enseignant Kinois et la gratuitéde
l'enseignement
Il faut voir les inquiétudes des enseignants face
à l'application de la gratuité ; surtout qu'ils n'avaient
pas été associés aux négociations. Pour les
enseignants des écoles catholiques, le rêve de la gratuité
n'est qu'illusoire étant donné que les difficultés
persistent encore. Prenons par exemple le problème de
rémunération, les enseignants révèlent que ce
qu'ils touchaient comme salaire auparavant qualifié de monnaie de singe
y compris les contributions de ménages était supérieur au
montant touché aujourd'hui pendant qu'ils encadrent des classes
pléthores.
Les auteurs estiment que la principale source d'échec
des réformes scolaires tient cependant aux résistances que les
enseignants manifestent envers toute transformation de leurs pratiques, pas
nécessairement pour de mauvaises raisons. Les inviter à
abandonner leurs routines relativement efficaces pour une innovation sans doute
prometteuse, mais qui n'a pas fait ses preuves, revient à leur demander
de prendre des risques sans leur garantir une contrepartie véritablement
intéressante. De nombreux auteurs décrivent en outre la
capacité des enseignants à interpréter les textes des
réformes de manière à les adapter à leurs propres
priorités (Oelkers, 1994, pp. 71-94. ; Bal, 1998, pp. 70-83).
Les adeptes de la pédagogie nouvelle affirment depuis
toujours que seule une approche centrée sur le terrain et amenant les
praticiens à construire et à diffuser l'innovation
pédagogique, de proche en proche, pourrait permettre de rénover
le système éducatif en profondeur.
GatherThurler (2000, pp. 29-42) fait remarquer que les
nouvelles approches pédagogiques étaient fortement
dépendantes du contexte et ne pouvaient donner leur pleine mesure
dès lors qu'elles étaient appliquées en pièces
détachées, au gré du preneur sans remise en question, ni
réaménagement global du système éducatif. S'ajoute
à cela une série de conflits de pouvoir entre l'administration et
les milieux professionnels, à propos de modes de prise de
décision et de la définition des standards de qualité.
Tout en adhérant par principe, ou par obligation,
à l'idée d'un partenariat entre acteurs sociaux,
l'autorité se trouve dans une posture difficile, cherchant à se
montrer ouverte au changement sans perdre l'adhésion des milieux
conservateurs, à jouer le principe de réalité face aux
propos certes intéressants et parfois pleins de bons sens, mais en
même temps souvent déstabilisateurs venant de l'aile la plus
progressiste. Car c'est elle qui devra rendre compte au politique et assumer,
face au grand public, la responsabilité des réformes et de la
cohérence globale du système.
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