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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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1.5.2.3. Les promesses deviennent de plus en plus intenables

Suite à la modicité du budget pour financer la paie des enseignants et la prise en charge des frais de fonctionnement, le Gouvernement compte recourir aux bons du trésor ; au reliquat de la paie issue de l'opération de bancarisation et aux efforts de mobilisation des recettes des administrations financières. Cependant, le calendrier indicatif des adjudications des bons de trésor, publié par le Ministère des finances indique un montant de 89 millions USD pour le dernier trimestre 2019, soit d'octobre à décembre. Alors que la prise en charge de 42.170 écoles primaires publiques et des bureaux gestionnaires, ainsi que de 445.024 enseignants s'évalue à 70,382 millions USD d'octobre à décembre 2019.

Même si le comité de suivi de la paie des agents de l'Etat a découvert au début du mois de septembre 2019 un effectif de 5 823 comptes bancaires fictifs, dont l'impact financier est de 6,18 millions USD, les 4 516 agents de l'Etat devraient bénéficier d'un moratoire dont la durée devrait être déterminée au cas par cas, sans toutefois dépasser 3 mois, avant que ces fonds soient affectés à d'autres besoins. Il est, par ailleurs, difficile pour le gouvernement de compter sur la performance des administrations financières, suite à un environnement économique instable ; la corruption et l'évasion fiscale, qui minent la chaîne des recettes en RDC, soutenue par l'impunité. Aux dernières nouvelles, le Gouvernement compte obtenir un prêt auprès de Afriland First Bank pour payer les enseignants.

Au moment où les enseignants attendent une solution à leurs problèmes, depuis le 6 septembre le trésor public a enregistré un déficit budgétaire de 237 millions USD. Lors de la réunion de la conjoncture économique du 1er octobre, le vice-gouverneur de la BCC a partagé la nouvelle. Une situation qui suscite des inquiétudes du Gouvernement. Les participants à la réunion ont même appelé à la gestion rapide du déficit budgétaire.

Par ailleurs, le projet de Loi des finances 2020 arrêté à 7,0 milliards USD ne rassure pas, avec plusieurs priorités annoncées par le chef de l'Etat. Les dépenses de l'éducation, qui seront portées à 1,7 milliards USD soit 20% ne peuvent résorber le gap rechercher pour financer les besoins de la gratuité de l'éducation de base, évaluée à plus de 2,4 milliards USD. Au niveau du Gouvernement, tout le monde en est conscient. L'échec d'une gratuité totale a été constaté et personne n'y croit encore. Même si les comptes rendus de deux derniers conseils de Ministres n'en fait pas allusion.

C'est la raison pour laquelle le Ministre de l'EPST a annoncé le retrait des classes de 7ème et 8ème de la gratuité de l'éducation de base. Et que les parents sont appelés à payer les frais, qui seront fixés par arrêtés des gouverneurs. Lors de sa rencontre avec la société civile le 22 septembre 2019, Willy Bakonga a sollicité l'apport des ONG à sensibiliser les parents au paiement des différents frais fixés par les Gouverneurs.

Une décision, qui viole la loi cadre de l'enseignement de 2014, qui considère le secondaire général comme faisant partie de l'éducation de base. Ce qui est sûr, même les 245 USD promis par le Gouvernement, ne seront pas payés en totalité, compte tenue de la situation de la trésorerie de la RDC. Ce montant demeure un objectif à atteindre et ne sera payé que par palier. Les modalités de paiement feront l'objet d'un protocole d'accord entre le Gouvernement et le banc syndical de l'enseignement primaire, secondaire et technique, en discussion.D'où le protocole d'accord de Bibwa. Entretemps, sur le terrain, la grogne sociale s'annonce imminente.

Bref, les participants aux assises ont présenté un tableau sombre de l'état des lieux du système éducatif congolais. Vraisemblablement, les problèmes soulevés ont été tous de grande envergure. Toutes les analyses ont été soldées par la sollicitation d'un budget conséquent au secteur de l'éducation.

Paul Jean Jacques (1999, p.360) déplorait le fait que l'image de l'économie de l'éducation soit aujourd'hui altérée par une représentation négative. Sa fonction se limiterait au calcul et à l'ajustement des coûts, tandis qu'elle serait profondément marquée par l'idéologie très complexe. Les conditions d'apprentissage des élèves ne sont généralement pas prise en compte. Pourtant, l'éducation et la formation restent des préoccupations de premier plan, pour lesquelles il faut trouver des ressources et les utiliser au mieux.

Revenons pour dire que la commission était vague quant aux problèmes liés à la construction des écoles puisqu'on notait jadis, une insuffisance des infrastructures et capacités d'accueil des établissements qui n'augmentaient pas proportionnellement à l'accroissement du nombre d'élèves. L'explosion démographique a joué son rôle, mais aucune politique des adaptations n'était prise en compte.

A la même longueur d'onde, le délabrement très avancé des quelques écoles publiques existantes reste constant. Il fallait aussi, penser à la qualité. C'est-à-dire le renforcement des capacités de ces enseignants qui vont encadrer le flux d'élèves comme conséquence première de la gratuité, l'amélioration des dispositifs pédagogiques (bancs et pupitres, manuels scolaires et autres fournitures), le taux d'encadrement, etc.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus