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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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1.4.1.2. Péril du droit à l'éducation

La situation du droit à l'éducation en République du Congo est considérée comme extrêmement critique. La qualité de l'enseignement a fortement baissé à tous les niveaux. Cet état de chose est caractérisé par le désengagement de l'Etat du secteur de l'enseignement national. Par désengagement, il faut entendre le processus de renoncement à accomplir certaines obligations auxquelles on a souscrit en vertu d'une promesse, d'une convention, d'un pacte ou d'une loi.

a) Au comble de l'engagement:la politique scolaire de 1960 à 1967

A l'accession du Congo à l'indépendance, le jeune Etat réaffirma avec une grande détermination la politique d'engagement scolaire amorcée sous la colonisation. Il redéfinit et améliora les termes de ses obligations vis-à-vis du système scolaire. La constitution de la République Démocratique du Congo de 1964 (art. 33), connue sous le nom de la constitution de Luluabourg peut être considérée à cet égard comme l'expression la mieux affirmée de cet engagement: Elle prône les principes fondamentaux de l'éducation, notamment :

Ø Le droit à l'éducation pour tous;

Ø L'obligation et la gratuité de l'enseignement ;

Ø La liberté scolaire.

Aucune autre constitution nationale ne s'est montrée aussi généreuse envers l'enseignement. Au cours de la même période, s'est tenu à Addis-Abeba la conférence sur le développement de l'Afrique et le Congo a fait siennes toutes ces recommandations. Au demeurant, on peut juger de l'impact de cet engagement tout azimut par les résultats obtenus. L'extension du secteur de l'enseignement à tous les niveaux, primaire, secondaire et supérieur. Les preuves éloquentes sont :

Ø Le recrutement des professeurs du secondaire qui faisaient cruellement défaut. Sous les auspices de l'UNESCO qui s'est chargée de cette opération à l'échelle mondiale;

Ø L'ampleur et l'audace des réformes scolaires entreprises;

Ø La hauteur du budget consacré à l'éducation Nationale atteignant jusqu'au quart(25%) du budget national;

Ø L'allocation des bourses d'études aux élèves et étudiants tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays;

Ø La production des manuels scolaires et du matériel didactique; Le recyclage et le perfectionnement du personnel enseignant, etc.

b) Début du désengagement : la politique scolaire de 1967 à 1986

L'année 1967 marque l'amorce du processus de désengagement qui commence avec le Manifeste de la N'Sele et la constitution Révolutionnaire (ainsi que ses multiples révisions) et atteindra son accélération avec la promulgation de la loi-cadre de l'enseignement national en 1986.

En effet, l'avènement du Manifeste de la N'Sele et de la constitution de 1967 ont marqué un tournant décisif dans le domaine de la politique scolaire au Congo. Dans son livre, Education Pour Tous et Par Tous : Piste pour une nouvelle école congolaise (2000, pp.10-40), NGONGO DISASHI met en relief trois faits attestant le désengagement de l'Etat à l'Education: « le mutisme juridique, les critiques acerbes envers le système scolaire et les actes concrets de désengagement. »Considérons les deux derniers faits.

· Les critiques acerbes.

C'est pendant cette période qu'apparut un discours extrêmement Critique à l'égard du système éducatif. Les discours présidentiels, les décisions du comité central du M.P.R (mouvement populaire de la révolution) et les analyses des responsables de l'Education Nationale prirent tous un ton sévère envers l'enseignement.

On lui reprochait, entre autres le manque d'adéquation avec le développement et les besoins nouveaux de la société; son caractère budgétivore; ses résultats peu satisfaisants; sa tendance promotionnelle plutôt que professionnelle; le déséquilibre entre l'enseignement général et professionnel; l'anarchie et la tricherie à tous les niveaux; les effectifs pléthoriques; le chômage des diplômés; la culture des antivaleurs; etc. Toutes ces critiques étaient certes fondées et méritaient que l'on y trouvât des solutions appropriées.

· Les actes concrets de désengagement

Il est bon de relever ici quelques actes et décisions qui caractérisèrent le désengagement. Certains d'entre eux apparurent au début comme non structurés ou incohérents, mais à l'analyse, ils débouchèrent au même résultat.

1. Le désengagement financier

Il se manifesta clairement par la réduction du budget alloué à l'éducation et fut ramené aux seules dépenses de rémunération, lesquelles tout en restant les plus modiques, représentaient au moins 80% de l'ensemble du budget. Les dotations naguère consacrées à l'investissement, à la réfection ou entretien des infrastructures furent progressivement amenuisées, puis supprimées. Les bourses d'études pour étudiants, la prise en charge de leur logement, restauration, transport, etc. furent également supprimées.

2. La gestion directe des écoles par l'Etat

L'Etat décida aussi de gérer lui-même directement toutes les écoles relevant de l'enseignement national. Cette mesure avait été considérée comme un acte d'engagement. Mais en réalité, c'était le contraire. L'Etat se croyait exploité par les gestionnaires des écoles des réseaux conventionnés. Il voulut donc gérer seul ces réseaux afin de réduire l'impact budgétaire notamment en assainissant les effectifs et en fermant les écoles déclarées non viables.

3. L'institution des comités des parents dans les écoles

Jusqu'en 1978, le rôle des parents dans l'éducation consistait à choisir le type d'éducation convenable à leurs enfants, à leur octroyer les fournitures scolaires et à payer les menus frais d'écolage. Depuis le début des années 1990, s'est institutionnalisé un système palliatif mais durable, mobile et complexe dont le coût largement consacré aux rémunérations des enseignants est supporté de manière considérable par les parents. La création dans chaque école d'un comité de parents fut décidée pour les impliquer aux nombreux problèmes que soulevait la scolarisation de leurs enfants. Ils devraient ainsi prendre conscience d'énormes difficultés et sacrifices consentis par l'Etat et accepter de lui alléger la tâche en participant aux frais de fonctionnement, de construction, de réfection ou d'entretien des écoles, bref, à tous les frais, même ceux relatifs aux rémunérations des enseignants. Ces comités devenaient ainsi un bon débarras pour l'Etat.

4. L'encouragement de la création des écoles privées

Délaissant son secteur dans la misère, l'Etat se mit à encourager ou simplement à laisser se développer le réseau de l'enseignement privé dans lequel il ne prend part à aucune charge. Au contraire, toutes les tracasseries administratives deviennent des prétextes pour alourdir les taxes et divers frais. Ainsi, l'agrément d'une nouvelle école fut une véritable aubaine pour gagner de l'argent. Le secteur devint ainsi un sauf-conduit pour l'Etat, le désengagement de ses responsabilités.

5. La loi de l'enseignement (1986)

La loi-cadre n°86/005 a été promulguée le 22 septembre 1986 comme portant régime général applicable à l'enseignement national. Elle fut l'aboutissement logique du processus de désengagement de l'Etat. Attentant depuis longtemps, cette loi-cadre a mutilé tous les principes prônant l'éducation pour tous. Peu après, il survintune baisse sensible du secteur de 1992 à 1993 due bien sûr aux mutineries et aux pillages de triste mémoire.

En définitive, pour ce qui est de l'accroissement des effectifs des élèves en RDC, la population congolaise est jeune et elle rajeunit d'année en année. Les effets cumulés de cette jeunesse de plus en plus nombreuse, de plus en plus inactives, et de moins en moins scolarisée risquent, si on n'y prend pas garde, de provoquer une implosion populaire.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984