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Défis de la gratuité de l'enseignement primaire en RDC.


par Jures NDJETE IMBILE
Université Pédagogique Nationale (UPN) - Licence en Gestion et Administration des Institutions Scolaires et de Formation 2019
  

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1.3. Défis de la gratuité de l'enseignement en RDC

En République Démocratique du Congo, plus particulièrement dans la ville province de Kinshasa, la gratuité de l'enseignement fait face aux multiples défis et les causes sont lointaines. Les problèmes seraient d'ordre politique, économique, institutionnel et managérial. Malgré les efforts déployés par le ministère de l'Éducation, la gratuité a beaucoup d'obstacles à surmonter, à savoir des bâtiments délabrés, le manque de matériel didactique, d'équipement et de personnel de qualité.

Voici la vue préliminaire des défis en phares dont fait face la de l'éducation pour tous en RDC :

1. Faible budget de l'Etat et celui alloué au secteur éducatif.

2. La modicité de l'enveloppe salariale des enseignants face à la détérioration des conditions sociales à Kinshasa.

3. L'insuffisancedes infrastructures et capacités d'accueil des établissements qui n'augmentent pas proportionnellement à l'accroissement du nombre d'élèves.

5. Déficience des méthodes stratégiques mises à la disposition des enseignants pour adapter l'enseignement aux circonstances actuelles.

6. Les barrières d'ordres organisationnel et managérial dues àl'improvisation de la gratuité et à l'absence d'un plan d'opérationnalisation.

Dans le Programme de Renforcement des capacités d'accueil du système élaboré en mars 2010, les experts du ministère de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel reconnaissaient déjà la difficulté d'appliquer la gratuité à l'état actuel des capacités d'accueil. D'ailleurs le chef de l'Etat a reconnu ce défi, et il a même promis, dans son programme de cent jours, la construction et la réhabilitation de 150 écoles et poursuivre l'investissement jusqu'à 10.000 salles de classes. En réponse à l'afflux prévu dans le système comme répercussions de la gratuité, le gouvernement entendait élargir la capacité d'accueil par la construction et la réhabilitation de salles de classe et leur équipement en mobiliers scolaires.

Il est important d'examiner les origines de la crise de l'école congolaise source des défis.

1.4. Etat des lieux de l'école congolaise

1.4.1. Genèse de la crise et survie de l'école congolaise

1.4.1.1. Aperçu général

Réussir à atteindre les objectifs de développement du Millénaire qui visent à instaurer l'éducation primaire universelle partout dans le monde et en Afrique en particulier, nécessite une attention spéciale sur la République Démocratique du Congo, qui est l'un des cinq pays au monde regorgeant le plus d'enfants non scolarisés. Des décennies de conflits violents, de grandes migrations de populations et de privations économiques prolongées ont entraîné un déclin net du système éducatif en RDC. L'instabilité que connaît ce pays depuis plusieurs décennies n'est pas à démontrer ; un investissement public quasi-nul ; la dépense courante réelle par élève serait passée de 109 $ en 1980 à 4 $ en 2002.

Dans leur ouvrage, la survie de l'école primaire congolaise:héritage colonial, hybridité et résilience, Marc Poncelet, Géraldine André, Tom De Herdt(2010, pp.23-41),démontrent quela République Démocratique du Congo connaît une crise exceptionnellement profonde dont les racines sont lointaines et les dimensions multiples.

Dès la première moitié de la décennie 1980, s'affiche la faillite du modèle économique «zaïrianisé»construit sur la rente minière et l'endettement. S'ensuit la montée d'une informalisation générale de l'économie que traduisent les phénomènes de contraction drastique du salariat urbain, de pauvreté croissante et de rupture du contrôle économique. Le pays est placé sous ajustement structurel dès 1982 avant que l'économie soit définitivement désarticulée par les pillages populaires et les « expulsions ethniques » de la première moitié des années 1990.

Le dernier moment de cette conjonction tragique est contemporain, depuis le nouveau millénaire, d'une pacification/transition démocratique sous tutelle internationale. Dans le secteur éducatif, la crise s'est manifestée dès le début des années 1980. Jusqu'à cette époque, l'État post-colonial avait poursuivi et amplifié l'investissement scolaire colonial tardif mais très significatif des années 1955-1960, le budget du MEPSP (Ministère de l'enseignement primaire, secondaire et professionnel) représentait près de 25 % des dépenses publiques globales.

Dans le cadre du programme d'ajustement structurel (1982-1987), imposé par les institutions financières internationales au Zaïre, le budget de l'État consacré à l' éducation a connu une chute historique, passant de 159 $ en 1982 à 23 $ par élève en 1987 : le salaire réel des enseignants est passé de 68 $ à 27 $ et leur nombre a été comprimé fortement pendant la même période.

En fait, le nombre d'enseignants payés par l'État a diminué de manière systématique à partir de 1982, passant de 64 % (1982) à 31 % en 2006, atteignant un minimum vers 2001. C'est en effet au tournant du millénaire que le système scolaire a touché le fond : le poids du budget de l'éducation qui avait diminué de 25 % à 7 % dans les années 1980 est réduit à 2-3 % à la fin des années 1990; le salaire moyen descend à 12,90 $ en 2002.De l'investissement de 159 $ par élève en 1982, il ne reste que 7 $ en 2006. La capacité effective du MINEPSP à intervenir dans le secteur éducatif est donc quasi-nulle et on note une disparition presque totale des dépenses en capital et des dépenses non-salariales.

Pourtant, l'école et plus généralement le champ scolaire ont survécu au coeur de la société et d'un État souvent décrit comme «failli». Les effectifs de l'éducation primaire ne se sont pas effondrés ; les chiffres absolus en primaire ont au contraire doublé de 1987 à 2006, passant approximativement de 4 millions à 8 millions.

La force et la constance de la demande de scolarisation visibles dont la capacité des parents à payer sont d'autant plus remarquables que les conditions matérielles et pédagogiques sont très dégradées et corrompues. La performance éducative est hautement mise en question. En contraste avec le sentiment général d'abandon qui prévaut dans la société, on observe la création incessante de nouvelles écoles (pas seulement des écoles privées), le développement de l'appareil administratif scolaire et la permanence d'un débat public relatif à l'école. A noter, la RDC sort d'une longue crise économique et politique qui a eu de graves conséquences sur le système éducatif. Plus de trois décennies de déclin économique, de chaos politique et de guerre ont créé des conditions extrêmement difficiles pour l'éducation au Congo.

Avec un PIB par habitant d'environ 100 $ en 2002, la RDC fait partie des pays les plus pauvres du monde. En plus des effets généraux de l'instabilité politique, du chaos économique et de la guerre, le système éducatif a subi des atteintes directes. Deux épisodes majeurs de pillage par des soldats, en 1991 et 1993, ont entraîné des destructions considérables d'immeubles et d'équipements, dont de nombreuses écoles ne se sont pas remises. Le mauvais entretien des infrastructures routières a conduit à l'abandon des nombreuses écoles dans les zones rurales de l'intérieur. Selon la Banque centrale du Congo (BCC), la situation a continué à se dégrader au cours de l'année 2017, avec une dépréciation mensuelle du franc congolais de 3,4 % entre janvier et juillet, et un taux d'inflation atteignant 52,2 % sur les dix premiers mois de l'année. Ce qui justifie le maigre budget décroissant de 7 Milliards de dollars en 2017 et 5 Milliards de dollars en 2018.

Le secteur de l'éducation, à l'instar d'autres secteurs sociaux en République Démocratique du Congo (RDC), fait face à des défis majeurs compte tenu de la forte croissance démographique - une population de plus de 90 millions, croissant à 3,1 % par an, dont près de 70% vivant en milieu rural, un climat politique fragile en raison de la récurrence des conflits ethniques et une instabilité macroéconomique due à un manque de mécanisme de résistance aux chocs financiers. Les compétences et la motivation des enseignants se sont détériorées à tous les niveaux d'études, et leurs faibles et incertaines rémunérations en sont l'une des causes principales.

Par ailleurs, il y plus de 30 ans, le système éducatif de la RDC était en avance sur celui de nombreux pays subsahariens, en matière de taux brut de scolarisation primaire. Mais présentement, il est à la traîne de la plupart d'entre eux. La RDC avait un système universitaire qui attirait les étudiants d'Afrique francophone; mais aujourd'hui, les universités ont des programmes, des cursus dépassés et des infrastructures en ruine. Toutefois, le système éducatif de la RDC a montré une résilience remarquable en dépit des crises récentes, et même continue à se développer à tous les niveaux. Le système d'administration scolaire a survécu aux perturbations et dans la même perspective, la gestion locale a été solidement prise en main par les parents et les enseignants au niveau de chaque école. Les autorités congolaises et les bailleurs de fonds ont tous admis que la renaissance du secteur éducatif était essentielle au développement de la RDC.

Très loin de la prééminence qu'il avait dans les dépenses totales de l'Etat, il y a environ deux décennies, le secteur de l'éducation compte moins de 6% de la dépense publique totale en termes de taux d'exécution. L'un aspects essentiels du système éducatif congolais est le manque presque total des ressources et des financements gouvernementaux pour tous les niveaux d'éducation, y compris le primaire. Toutes les institutions d'enseignement, qu'elles soient publiques ou privées, sont financées presque entièrement par les ménages.

En 2016, la RDC a consacré à l'éducation 15,29% des dépenses publiques; mais en général la structure du budget 2016 ressort que 10,28 % sont affectés à d'autres affaires concernant l'enseignement" et moins de 5% seulement sont affectés à l'enseignement proprement dit, primaire, secondaire, technique, professionnel et universitaire.Il est vrai que la fréquentation scolaire au primaire a progressé, mais on note cependant des disparités importantes.Malgré les efforts fournis par le Gouvernement de la RDC avec l'appui de ses partenaires techniques et financiers, la scolarisation primaire universelle n'a pu encore se réaliser. Outre, les bouleversements de 30 dernières années, le système éducatif de la RDC a continué à se développer, quoique lentement.

Cependant, cette tendance, surprenantedans un contexte de plus de trois décennies dedéclin économique et de près deux décennies deconflit, ne montre pas jusqu'ici de progrès décisifvers la scolarisation primaire universelle.Les modalités uniques du financement privé adoptées en RDC ont eu des conséquences à la fois sur la scolarisation et la qualité de l'éducation, que sur les motivations des enseignants et des administrateurs.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand