1.2.2. Emergence l'agroécologie au Burkina Faso et
état actuel
Au Burkina Faso, des pratiques agricoles endogènes
visant la fertilisation et la récupération des terres
dégradées sans intrants chimiques, existaient bien avant
l'introduction de la notion de l'agroécologie dans les années
1980. En effet, certaines pratiques agricoles notamment l'utilisation de
compost, le Zaï, les cordons pierreux, l'arboriculture étaient
déjà adoptées par les paysans burkinabè.
L'arrivée de Pierre Rabhi en 1981, paysan et défenseur de
l'agroécologie, fut le déclencheur du mouvement
agroécologique au Burkina Faso. Il forme alors des paysans et des
techniciens de 1985 à 1988 (Gross, 2018). Il fut invité par le
Chef de l'État pour approfondir les connaissances des paysans
burkinabè en matière de techniques et pratique
agroécologiques. Ainsi, la notion d'agroécologie fut introduite
au Burkina Faso sous la révolution de 1983 allant dans l'accomplissement
du projet du Chef de l'État qui était de valoriser le
savoir-faire paysan.
Une des définitions les plus complètes à
ce jour de l'agroécologie, est « l'écologie du
système alimentaire » (Francis et al., 2003). Elle a pour
objectif
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d'affirmer la transformation des systèmes alimentaires
vers la durabilité, de façon à maintenir un
équilibre entre la rationalité écologique, la
viabilité économique et la justice sociale (Gliessman, 2015). Il
faut également noter qu'actuellement, une charte de
l'agroécologie est en cours d'élaboration par les acteurs
promoteurs de l'agroécologie au Burkina Faso. Ceci dans le but d'obtenir
une conceptualisation de l'agroécologie de manière
consensuelle.
Selon Christian Legay, représentant de l'ONG Autre
Terre au Burkina Faso qui contribue au développement de
l'agroécologie en Afrique de l'Ouest, l'agroécologie est un
ensemble de pratiques agricoles dont l'objectif est d'améliorer
l'environnement, ou tout au moins de ne pas lui nuire. Elle est basée
sur l'utilisation de ressources locales, le savoir et les savoir-faire locaux
(Grain de sel, 2014).
Aujourd'hui, plusieurs associations et structures
d'accompagnement entre autres INADES Formation, AVAPAS, ARFA, Autre terre et
Terre Verte interviennent dans l'agroécologie au Burkina Faso. Aussi,
elles se sont organisées en une faitière, le CNABio (Conseil
National de l'Agriculture Biologique du Burkina) créée en 2011,
dont la mission est de promouvoir l'agroécologie et l'agriculture
biologique au Burkina Faso (CNABio, 2011). En effet, elles diffusent
auprès des paysans, des pratiques de production animale et
végétale, des pratiques sur la protection de l'environnement
notamment l'utilisation de l'embocagement dans l'optique de contrer la
dégradation de l'environnement sahélien, et des pratiques sur la
transformation des aliments dans l'optique d'améliorer les conditions de
vie des populations rurales. Aussi à travers la recherche sur des
techniques agroécologiques, la mise en place de structures de stockage
et l'éducation environnementale des élèves de
l'enseignement primaire, certaines associations cherchent principalement
à soutenir et à promouvoir les connaissances endogènes.
Il faut noter que la majeure partie des acteurs promeut le
développement et la vulgarisation des techniques agroécologiques
dans le domaine du maraîchage, dû au fait que le maraîchage
agroécologique participe à l'approvisionnement en aliments frais
localement produits pour les citoyens urbains de diverses classes sociales, et
avec des impacts positifs sur la sécurité alimentaire et
nutritionnelle ainsi que sur les conditions économiques des
ménages à faible revenu (Gravel, 2016).
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