Abstract
Market gardening is an agricultural sector which occupies an
important place in the economy of Burkina Faso. However, it is based on an
intensive use of inputs (mineral fertilizers and pesticides/herbicides) with
harmful consequences for human health and the environment. Some market
gardeners have therefore opted for various agroecological practices in order to
improve their yields and the sanitary quality of their products. This study
looked at the roles of these practices in strengthening the resilience to food
insecurity of market gardening households in the provinces of Kadiogo and
Oubritenga in Burkina Faso. The objectives of this study are to inventory
agroecological practices on market gardening sites and to analyze the effect of
these practices and agroecological systems on household food and nutrition
security. Data were collected through focus groups, interviews and individual
surveys with not only agroecological and conventional producers, but also with
support structures involved in agroecology in the study area. This study
revealed not only the existence of a diversity of agroecological practices in
market gardening, but also that the adoption of a given agroecological
technique by a market gardener takes into account his objectives and the
requirements of the speculation produced. The analysis of the food situation
also revealed that market gardener households practicing agroecology have, to
some extent, a fairly diversified diet and a more adequate food consumption.
However, the rate of households exposed to a situation of severe food
insecurity remains high among both agroecological and conventional market
gardener households. Nevertheless, this rate was lower among agroecological
market gardeners compared to the conventional ones. Agroecological practice
could therefore be an effective way for producers to build resilience to food
insecurity.
Keywords: Agroecology, Conventional Market
gardening, Food security, Market gardening households, Burkina Faso.
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INTRODUCTION
Depuis quelques années, le monde fait face à une
insécurité alimentaire et nutritionnelle persistante ; les pays
les plus touchés sont notamment ceux de l'Afrique sub-saharienne avec
une prévalence de la sous-alimentation de 22,8 % en 2018 (FAO, 2019a).
Les déterminants de l'insécurité alimentaire et
nutritionnelle dans cette région de l'Afrique sont entre autres la
pression démographique, la pression foncière, la faible
fertilité des sols, ainsi que les troubles politiques ou les
dysfonctionnements des institutions locales (Vintrou, 2012). Au Burkina Faso,
la prévalence de la sous-alimentation s'élevait à environ
20% en 2017 (FAO, 2018a), et ceci pourrait s'expliquer par la situation
d'insécurité que traverse le pays depuis 2015(avec comme
conséquences entre autres, les déplacements des populations, le
dysfonctionnement des marchés), les périodes sèches et la
baisse des productions agricoles et fourragères (CILSS, 2019). Aussi
jusqu'à une époque récente, les paradigmes de
sécurité alimentaire et nutritionnelle visant à
éradiquer la faim, se concentraient essentiellement sur l'accroissement
de la valeur calorique du régime alimentaire (FAO, 2018b). Cependant,
les approches reposant sur l'utilisation incontrôlée d'intrants
chimiques afin d'accroitre le rendement des terres, l'augmentation des
superficies cultivables et le gain de productivité du travail, la
promotion de la technologie et la monoculture, passent souvent à
côté des causes profondes de la faim et de la malnutrition. Elles
peuvent aggraver la malnutrition en restreignant l'accès à une
plus grande diversité de l'alimentation (FAO, 2012), notamment pour les
pays en voie de développement, où le secteur agricole y est
très peu subventionné et fortement dépendant des
conditions climatiques. Aussi les pays sahéliens, ayant un
système agricole très sensible aux précipitations,
à la température et aux sécheresses graves, et dont une
part importante de la population tire ses revenus de l'agriculture, sont plus
exposés aux risques de famine (FAO, 2018a). Le Burkina Faso
dépend fortement de l'agriculture, qui est caractérisée
par des systèmes de production de subsistance, de petites exploitations
familiales de types extensifs, faiblement mécanisées, et une
diversification limitée (PAM, 2014). Le secteur agricole
burkinabè représente 34 % du PIB, dont 12 % du PIB sont
générés par le secteur des cultures. En outre,
l'agriculture représente environ 60 % des emplois. (Norman et
al., 2019). Cependant l'agriculture burkinabè se heurte à de
nombreuses difficultés qui sont entre autres l'appauvrissement des
terres agricoles, la faible maîtrise de l'eau, les risques
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phytosanitaires et les invasions des bio-agresseurs des
cultures, pouvant réduire les productions agricoles (Cissé,
2017). Aussi dans le souci d'augmenter la production et la productivité
agricoles, les paysans burkinabè abusent des pesticides et engrais
chimiques pour la lutte contre les bio-agresseurs et l'amélioration de
la fertilité des terres (Tarnagda et al., 2017). Ce fait est en
particulier constaté dans le secteur du maraîchage, car il repose
sur un usage intensif d'intrants (engrais minéraux, déchets
organiques, produits phytosanitaires, eaux usées), avec des
conséquences néfastes pour la santé humaine et
l'environnement (Abdulkadir et al., 2013 ; Son et al., 2017).
En 2018, la culture maraîchère était pratiquée par
environ 698 683 producteurs, dont 445 091 hommes soit 65 % et 244 592 femmes
soit 35 % (MAAH, 2019b). Le maraîchage constitue le secteur de production
agricole qui crée le plus d'emploi pendant la saison sèche au
Burkina Faso, et qui octroie de nombreux postes aux femmes, principaux agents
de commercialisation des produits maraîchers (van Caloen et Dagneau de
Richecour, 2015). Les activités maraîchères augmentent le
revenu des producteurs, leur permettant de satisfaire leurs besoins
socio-économiques (Bognini, 2010). Cependant, le maraîchage peut
avoir des impacts négatifs sur la santé, notamment à cause
de l'usage intensif d'intrants chimiques. Une étude sur des sites
maraîchers de Ouagadougou au Burkina Faso concluait que 65 % des
pesticides utilisés sont classés dans l'échelle de
toxicité de l'OMS et 67,5 % de ces pesticides sont destinés au
traitement du coton et non à des cultures maraîchères
(Tarnagda et al., 2017).
Une transformation fondamentale de ce système de
production à forte demande d'intrants chimiques, en des systèmes
plus productifs mais plus économes en ressources naturelles,
s'avère nécessaire. Et ce, pour permettre au Burkina Faso de
relever le défi de la résilience face à
l'insécurité alimentaire et aux déficiences
nutritionnelles qui affectent les ménages pauvres ou très pauvres
(FAO, 2018b). Aussi, selon une étude menée au Moyen-Ouest du
Vakinankaratra de Madagascar, l'agroécologie contribuerait à
améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des
populations du Sud (Joyeux, 2015). C'est dans ce sens que le gouvernement
burkinabè promeut le développement de pratiques innovantes
agroécologiques en faveur d'une amélioration de la
sécurité alimentaire et nutritionnelle en Afrique de l'Ouest
(CEDEAO, 2018). En effet, l'adoption de ces pratiques innovantes contribuerait
à atténuer les multiples difficultés rencontrées
par les agricultures familiales, notamment la crise de fertilité et la
dégradation des sols, l'instabilité et le changement
climatique
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et la faiblesse et l'irrégularité des rendements
et revenus agricoles (Levard et Mathieu, 2018). Ainsi, l'agroécologie
apparait comme une solution permettant d'aboutir à des systèmes
agricoles, plus productifs et plus résilients (HLPE, 2019).
Fort de ce constat des questions subsistent :
§ Les producteurs maraîchers de la zone urbaine et
péri-urbaine de Ouagadougou ont-ils adopté des pratiques
agroécologiques ? Si oui, lesquelles ?
§ Les pratiques et systèmes
agroécologiques appliqués au maraîchage urbain et
péri-urbain ont-ils une incidence sur le niveau de
sécurité alimentaire d'un ménage maraîcher ?
La présente étude vise à analyser le
rôle de l'agroécologie dans le renforcement de la
résilience à l'insécurité alimentaire des
ménages maraîchers dans les provinces du Kadiogo et de
l'Oubritenga au Burkina Faso. L'objectif général de cette
étude est l'amélioration de la sécurité alimentaire
et nutritionnelle des ménages maraîchers à travers la
pratique de l'agroécologie. Il s'agira plus spécifiquement (i)
d'identifier les pratiques agroécologiques sur les sites
maraîchers de la zone d'étude, et (ii) d'analyser l'effet de ces
pratiques et systèmes agroécologiques sur la
sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages
maraîchers. Pour répondre aux questions posées plus haut
nous allons considérer deux hypothèses qui seront les axes de nos
recherches :
§ Hypothèse 1 : Les pratiques
agroécologiques sur les sites maraîchers dans la zone urbaine et
péri-urbaine de Ouagadougou sont diversifiées et bien
adoptées par les producteurs ;
§ Hypothèse 2 : Les pratiques
agroécologiques améliorent sensiblement le niveau de
sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages.
Ce mémoire qui rend compte du travail effectué,
est constitué de quatre chapitres interdépendants. Les deux
premiers chapitres développent des aspects généraux, dont
une introduction générale, une synthèse bibliographique et
une section qui décrit la zone d'étude. Les deux derniers
chapitres sont consacrés à des sujets spécifiques sur les
questions liées aux résultats d'enquêtes. Ils
présentent les principaux résultats de l'étude, et
discutent des objectifs spécifiques présentés ci-dessus.
Chaque chapitre comprend une introduction, une méthodologie, les
résultats, une discussion et une conclusion partielle. Le document se
termine par une conclusion générale qui consiste en une
synthèse des résultats ainsi que des perspectives pour des
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travaux de recherche futures. Les références
bibliographiques sont présentées à la fin du document.
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