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L'artiste et la ville en Hauts-de-France. Le cas du parcours d'art contemporain d'Amiens métropole.


par Julien Cossart
Université de Picardie Jules Verne - Master 2 Culture, Patrimoine et Innovations Numériques 2020
  

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2. Dessiner la ville

Suite à l'habitat, je peux en venir à la ville telle qu'elle peut être représentée par les artistes. Ainsi, au cours du Parcours d'Art Contemporain, Aude Berton exposera une série de 3 dessins muraux qu'elle a réalisé durant le premier confinement; ces dessins portant sur des architectures. Gabriel Folli part aussi de la ville pour réaliser certaines de ses oeuvres. A l'occasion du Parcours d'Art Contemporain, il créera d'ailleurs des oeuvres avec des étudiants à partir d'observations, de croquis; laissant aussi entrevoir la possibilité d'une exposition en extérieur (« L'intérêt ce sera de faire attention, d'observer, de prendre le temps tu vois, d'observer l'architecture, même de se poser dans un parc avec les gens par exemple, de faire du croquis, de la végétation, l'architecture, et pourquoi pas même travailler directement dans la rue tu vois, pas que en atelier en intérieur par exemple. Donc on peut utiliser la ville pour vraiment créer dans la ville, ça peut être aussi des oeuvres qui soient exposées dans la rue tu vois. »214). Observer, se poser, prendre le temps, réaliser des croquis. Gabriel Folli essaie, de cette manière, de porter une nouvelle vision de la ville pour ses habitants; n'étant pas dans le cadre habituel de la vie quotidienne mais dans un temps de création artistique. Dans sa démarche artistique, Gabriel Folli prend la ville en photo, la redessine, mêle d'anciennes représentations de la ville à de nouvelles (« C'est remettre à jour aussi des lieux auxquels on prête plus attention, ou des gens, ou des événements. Et puis on est tellement dans un flot d'images aussi donc le travail sur l'image il est intéressant parce que la question c'est « Qu'est-ce qu'on fait de l'image ? ». C'est un travail aussi qui mêle les temporalités parce que

213 Entretien avec Aude Berton

214 Entretien avec Gabriel Folli

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c'est un travail sur un présent, le passé, l'avenir; ça mêle tout ça quoi. »215). La ville, souvent caractérisée par son activité, est alors, en étant représentée de cette manière, mise à l'arrêt. Pourtant, s'arrêter sur cette dernière peut permettre de la comparer à elle-même dans ses évolutions, ses mouvements, en-dehors de l'impression de n'être qu'un espace dans lequel s'inscrit la vie quotidienne. Une partie des oeuvres de Gabriel Folli seront exposées à la Maison de la Culture, où sera aussi exposée une fresque réalisée avec des étudiants, d'autres le seront à l'Imprimerie et l'artiste participera aussi à une exposition collective à la Maison de l'Architecture.

Quant à Franck Kemkeng Noah, sa manière de représenter la ville provient de son parcours. En effet, au cours de notre entretien, durant lequel il a pu me montrer quelques unes de ses oeuvres, l'artiste m'expliquait avoir eu du mal à « construire » son travail, à lui donner une orientation. Ce sont alors des rencontres qui lui ont permis de donner un sens à ses oeuvres. Dans un premier temps, à l'UFR des Arts de l'Université de Picardie Jules Verne, il a rencontré sa directrice de mémoire. Cette dernière lui a ainsi conseillé, au-delà de croiser les diverses pratiques qu'il avait, c'est-à-dire la mode, la peinture et la sculpture, de fusionner la culture traditionnelle africaine et la culture européenne. Dans la continuité de cette recherche d'hybridité, Franck Kemkeng Noah, au cours d'un stage à la Maison de la Culture d'Amiens, va rencontrer Fabiana De Moraes, chargée de projets Patrimoine et Arts Visuels d'Amiens Métropole donc, qui va l'amener à construire son travail autour du Manifeste anthropophage, écrit par Oswald de Andrade en 1928, et à se poser des questions sur son origine et sa manière de la représenter; d'une part, en France, d'une autre, dans ses oeuvres (« Elle va me dire « Toi, en tant qu'africain, comment est-ce que tu te représentes aujourd'hui en France ? Comment est-ce que, toi, tu mets ta culture en valeur dans cet environnement-ci ? » »216). Dans les oeuvres que l'artiste m'a montré, des peintures sur tapis, je remarquais alors des personnages représentés dans des tenues de danses traditionnelles africaines, avec des couleurs vives, et, autour d'eux, des éléments architecturaux représentés en noir et blanc. C'est de cette manière que Franck Kemkeng Noah représente la fusion entre l'Afrique, à travers ses danses traditionnelles camerounaises, et l'Europe, à travers son architecture. Les oeuvres qu'il exposera au cours du Parcours d'Art Contemporain, à l'Auberge de Jeunesse ainsi qu'à l'Espace Culturel Nymphéa de Camon, s'inscriront dans ce travail.

Les oeuvres racontées par Franck Kemkeng Noah

« Pour le Parcours d'Art Contemporain, je vais présenter 3 oeuvres. Il y en a d'abord 2, qui sont

215 Entretien avec Gabriel Folli

216 Entretien avec Franck Kemkeng Noah

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sûres, mais j'ai envie de faire une troisième. Les 2 c'est des peintures sur tapis, où une ça serait la cathédrale, parce que c'est un truc qui est vraiment un peu symbolique de la ville d'Amiens, et la tour Perret. Voilà les 2 que je vais peindre, qui seront exposées à Camon pendant la période du Parcours d'Art Contemporain. Et là, sur la cathédrale, je vais peindre justement une danse qui est, un peu, chez nous ... Chez nous, en fait, la culture est liée à la religion, aux croyances; donc je vais essayer de créer cette fusion là entre une croyance traditionnelle africaine et une croyance propre à l'Occident. C'est ça que je vais créer, au niveau de la cathédrale, et, au niveau de la tour Perret, je vais peindre une danse festive, parce que c'est un monument à côté de la gare, tout le monde y passe, c'est un peu comme un carrefour, un lieu de passage, les routes ... »217

Dans les peintures sur tapis de l'artiste, la ville est donc représentée par l'intermédiaire de ses monuments, des monuments qui permettent de l'identifier. Mais la ville, et notamment Amiens dans le parcours de Franck Kemkeng Noah, est encore en interaction avec l'individu qui l'habite, elle est un espace où s'inscrit une personne qui peut venir d'ailleurs avec sa propre culture, ses propres références. De manière similaire à la démarche de Violette Mortier, les oeuvres de l'artiste posent la question de l'identité.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984